Réalisé par Paul Thomas Anderson
Adapté du roman "Pétrole!", écrit par Upton Sinclair
Avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, ...
Genre : Drame
Durée : 2h 38min
La sirène d'alarme retentit, comme un funeste signe annonciateur, sur le plan fixe du paysage en relief. Au fond d'une mine grise et profonde, Daniel Plainview est seul, à la recherche d'argent. Une explosion, un nuage de poussières et des jets de rocailles. Ca s'est passé comme ça, au tout début. Puis, au son d'une seconde sirène d'alarme, l'environnement s'est noirci. Le pétrole afflue et exhale une odeur forte, celle de la fortune et des conflits ultérieurs... Superbe introduction dotée d'une bande son inquiétante.
Quelques années plus tard, D. Plainview devient un magnat du pétrole, voyageant de ville en ville pour proposer ses services de forage pétrolier, il est accompagné de son jeune fils, H.W., qui est aussi son plus proche collaborateur. Un soir, quelqu'un demande à le voir. Il affirme qu'un "océan" de pétrole gît sous la terre stérile de Little Boston, une ville à l'Ouest de la Californie.
Daniel et H.W. décident de s'y rendre.
Cette séquence où ils ne sont que tous les deux, le dos chargé de sacs, marchant et chassant à travers la vaste étendue desséchée de Little Boston, m'a fait sourire car c'est le premier moment de complicité du film entre le père et le fils, où l'on remarque que ce père est légèrement sévère, et ce fils très dévoué et obéissant. Ils parlent très peu, ils communiquent à travers le regard, je pense notamment à la première apparition d'Eli Sunday, quand celui-ci repart, Daniel P. jette un regard mi-amusé, mi-étonné à son fils. Exquis et drôle (enfin pour moi).
SPOIL
Sans doute le seul moment de complicité qui respire un semblant de bonheur. Une fois entâchée par cet océan de pétrole, cette complicité sera perdue à jamais...
Little Boston sera le théâtre silloné par l'or noir, de confrontations récurrentes, menées par deux hommes: Daniel P. assoiffé de pétrole et Eli S. acapparé par l'église. Ils se confrontent mais l'un a besoin de l'autre pour étendre, agrandir chacun leur pouvoir (*). Quand quelques hommes s'attèlent au derrick (la tour de forage), d'autres en parallèle, sont en train de construire l'église de la troisième Révolution. Eli Sunday est un prêtre falot, impassible, qui s'exprime doucement et ne hausse sa voix qu'en état de transe, gesticulant pour dissiper le mal, acclamé par toute une communauté, et cette scène est captivante tant l'interprétation de Paul Dano est convaincante dans ce rôle de guérisseur. Mais aux yeux de Daniel P., considérant la croyance comme une mascarade, il n'est qu'un affabulateur s'adonnant aux spectacles grotesques. Et en fin de compte, ils ne sont pas si différents que ça, car le prospecteur lui-même est un affabulateur, à sa façon, pour arriver à ses fins.Evidemment, il y a encore plein de choses à dire sur eux...
(*)
SPOIL
Plainview contraint de se faire purifier (baptiser) pour pouvoir construire le big pipeline. Et Sunday a besoin d'argent pour rénover son église.
Une magnifique scène d'explosion marque la décadence, les valeurs humaines sombrent dans le liquide noir.
Remarquable prestation que nous offre Daniel Day Lewis dont le rôle recèle mille facettes, il est tour à tour un père rigoureux, complice, tourmenté; un prospecteur ambitieux et fourbe, un homme seul, trahi, éblouissant de colère, de rage, de folie. J'ai littéralement peur de ce personnage imprévisible, peur de ses éclats de colère qui me ratatinent sur le siège...
(à suivre au prochain post désolée pour ce topic décousu)