Evangelion : H.I.F

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Répondre
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Evangelion : H.I.F

Message par Smog ShadowSeth »

Bon, malgré mes réticences à poser ma fic sur un faux rhum, je suis les recommandations de vampire-master et Jainas en vous la mettant ici.
Reste à savoir si ça va accrocher les adeptes narutradiens céan...

Pitite précision: un chap par post, parce que sinon on en voit pas le bout et que la base de données du forum risquerait de gueuler...


Sur ce bonne lecture.









Evangelion : H.I.F

Par Smog ShadowSeth

Genre : continuation.

Prologue /: Un jeune homme bicentenaire/Two hundred years after.



Dans une petite salle aux parois grises du métal qui les composait, un homme perdait patience.
Il était assis à l’unique meuble de la pièce, en l’occurrence, une table en acier poli, sur laquelle il faisait taper en cadence ses doigts pour tromper son impatience.
Peine perdue.

L’homme se leva et commença à tourner autour de la table, espérant que cela serait plus efficace pour le distraire. Il se révélait ainsi ; il était de petite taille, avait des traits asiatiques en grande partie couverts par une énorme paire de lunette derrière laquelle deux petits yeux sombres tentaient de trouver un objet digne de pouvoir attirer l’attention de leur propriétaire.
Ils ne trouvèrent qu’une horloge à affichage numérique, accrochée au dessus de l’entrée de la pièce, qui indiquait l’heure et la datte actuelle :
17 h 47, le 4 janvier 2216.

L’homme de petite taille écarta la manche de son habit sombre pour consulter sa propre montre.
C’est après l’avoir brièvement contemplée qu’il perdit définitivement patience.

Il s’avança d’un pas décidé vers l’unique porte de la pièce. Celle ci s’ouvrit pour le laisser passer.
Il se retrouva dans un couloir qui ne lui rappelait que trop la petite pièce où il attendait depuis maintenant une demi-heure.
Un homme en uniforme d’agent de sécurité l’avisa. C’était celui qui gardait l’entrée de la pièce.

« Monsieur ? »

« Dites leur que je ne peut plus attendre, j’ai d’autres affaires à traiter. » lui répondit sèchement le petit homme.

Le cerbère sembla hésiter un moment, puis, détourna son regard de celui de son interlocuteur en plaquant de sa main son oreille droite, dans laquelle il y avait un écouteur, et commença à s’adresser à des instances supérieures, leur transmettant la requête de l’homme.

Après un bref instant de dialogue à distance, le garde se tourna à nouveau vers l’homme.

« Je vous accompagne jusqu’au site où le Commandant Mazaki vous attend, inspecteur » lui dit-il simplement.

« Pas trop tôt… » maugréa l’homme de petite taille.

Il commença à suivre le garde à travers le couloir, qui laissa bien vite la place à une porte.
Une fois celle-ci franchie, les deux hommes se retrouvèrent à l’air libre. Le soleil commençait à amorcer sa descente vers l’ouest, projetant les ombres des bâtiments préfabriqués d’une base provisoire sur le sol rocheux.
L’inspecteur suivit l’agent de sécurité jusqu'à une large excavation qui semblait être cernée par toutes les installations du campement.
Un escalier assez étroit avait été taillé dans la roche, et les deux hommes l’empruntèrent, le garde avec un pas peu sûr, s’aidant de la rambarde de sécurité, l’inspecteur avec une grande agilité, sans se servir de cette rampe. Cela contrastait avec son attitude austère d’homme de bureau.

Une dizaine de mètres plus bas, ils atteignirent le fond de l’excavation.
Celui-ci était tapissé d’un gravier assez fin, qui avait été amené ici afin d’avoir une surface à peu près plate et utilisable pour les opérations de sondages et d’ouverture.
Car il y avait ici, une étrange installation souterraine, qui avait été mise au jour.
Du fond de l’excavation, on ne voyait d’elle qu’une de ses parois de métal qui coïncidait avec l’un des murs de pierre de la fosse.

Sur cette paroi usée par son séjour souterrain, se distinguait nettement une porte ouverte, de laquelle sortait un peu de lumière.

« Entrez. » dit le garde à l’inspecteur, en désignant la porte d’un geste bref, « le commandant est à l’intérieur. »

Sans ajouter autre chose, il remonta vers la surface, laissant l’inspecteur seul face à la porte.
Ce dernier, après quelques moments d’hésitations, la franchi d’un pas pressé.

Il se retrouva dans un couloir très court, vite remplacé par une autre porte, ouverte également.

Une voix masculine provenant de ce passage l’invita à avancer :

« Entrez donc, Inspecteur Osawa. »

L’inspecteur s’exécuta.
Il se retrouva ainsi dans une salle d’une trentaine de mètres carrés éclairée par des lampes halogènes amovibles placées aux quatre coins de la pièce. Leurs faisceau de lumière convergeaient tous vers le centre de cette salle, où collé à la parois du fond, trônait une sorte de gros pavé métallique surmonté de ce pourrait être défini comme un aquarium, rempli d’un liquide aux reflets oranges.
Dans ce liquide, était dispersée une abondante et diverse tuyauterie médicale, dont tous les éléments semblaient sortir du fond de l’aquarium.

L’inspecteur, en examinant du regard cette cuve transparente, renifla dans l’air une odeur de sang. Ou plutôt, l’odeur que répandait ce liquide orange, qui ressemblait à celle du sang.

« Le LCL n’a pas toujours une odeur agréable, inspecteur. »

Osawa se tourna vers la source de ses paroles, juste dans son dos.

Adossé contre le mur, non loin de la porte d’entrée, se tenait un homme âgé d’une trentaine d’années assez grand, vêtu d’une blouse de laborantin défaite, laissant voir le pull vert et le pantalon noir qu’il portait sous son habit de scientifique.
Il avait un visage asiatique allongé doté d’yeux d’un marron très prononcé se cachant en partie derrière une petite paire de lunettes rectangulaires, qui avaient tendance à se situer à mi-longueur de son nez plutôt qu’a son sommet.
Il adressa un sourire imperceptible à l’inspecteur patibulaire avant de tenter de plaquer sur son crâne une mèche rebelle située au sommet de son crâne.

« Je ne suis pas venu pour entendre vos euphémismes, commandant, mais pour m’assurer des faits au nom du gouvernement. » lui répondit l’inspecteur après un bref moment de silence.

« Soit, » lui répondit le commandant en sortant de sa poche un paquet de cigarettes, « puisque vous ne semblez guère enclin à un moment de détente… »

« Nous n’en avons pas le temps, surtout avec cet évènement aussi… surprenant, vous devriez le savoir tout autant que moi. » aboya l’inspecteur.

« Certes. » lui répondit calmement le commandant, « Allez-y donc, posez vos questions… Ou plutôt, les questions du gouvernement… »

L’homme aux allures de scientifique sortit une cigarette de son paquet, la mit dans sa bouche et l’alluma, tandis que l’inspecteur gouvernemental sortait de sa poche un agenda électronique.
L’homme de petite taille le consulta brièvement avant de reprendre la parole :

« Avant, tout, j’aimerais savoir ou il se trouve en ce moment… il n’était pas sensé être là dedans ? » demanda-t-il en désignant d’un geste bref la cuve rectangulaire de LCL .

« Si vous aviez eu un peu plus de patience, » lui répondit calmement Mazaki, « nous vous aurions directement emmené dans la chambre où il à été transféré il y a tout au plus une dizaine de minutes. Je m’étonne d’ailleurs que vous ne l’ayez pas remarqué vous-même, les échelles et les flaques de LCL au sol auraient du vous mettre sur la voie… »

L’inspecteur se retourna pour observer la cuve, et y constata avec frustration la présence des éléments précisés par le commandant Mazaki, furieux de ne pas avoir remarqué lui-même ces détails.

« Très bien… » continua-t-il, avec une pointe d’amertume dans la voix, « passons aux vraies questions, à présent. Avez-vous la confirmation de son identité supposée ? »

Le commandant pris un air plus sérieux en expirant une bouffée de fumée de ses poumons.

« Affirmatif, les tests ADN fait respectivement avec les données de la NERV et celles de l’ancien gouvernement du Japon sont formels. »

« Bien, bien… » fit l’inspecteur en faisant parcourir un stylo sur l’écran de son agenda.

« Nous le verrons tout à l’heure, quand les médecins auront fini avec lui. » précisa le commandant. « Il ne devrait pas se réveiller tout de suite, le sortir de sa catalepsie profonde a été plutôt facile, mais il restera malgré tout endormi pendant plusieurs jours, probablement… »

« Avez-vous une hypothèse valable quant à la présence mystérieuse de ce jeune adolescent de 16 ans enfermé ici ? » questionna à nouveau le fonctionnaire, sans prendre en compte les derniers détails, jugés mineurs pour l’administration.

« J’espérai que vous nous en amèneriez une, ça vous aurai rendu utile… » répondit le commandant sur le ton de la plaisanterie. « Plus sérieusement, » continua-t-il en voyant l’air offusqué de l’inspecteur, « Nous n’en avons aucune idée, j’espère que l’adolescent nous fournira une réponse à cette question dès qu’il sera réveillé… »

Il tira une autre petite bouffée de fumée pendant que l’inspecteur prenait des notes, avant de rajouter :

« Et il a 14 ans, pas 16. »

L’inspecteur s’arrêta brusquement dans ses notes électroniques, avant de lever son regard vers le commandant :

« On m’aurai mal informé ? »

« Pas vraiment, » lui répondit le commandant, « son âge dépend de quel point de vue vous le prenez. Si on s’en tient aux derniers évènement le concernant dans le passé, il devrait avoir 14 ans. Si on considère son âge physique actuel, oui, il à 16 ans. Mais sur l’échelle de temps réelle, il a 214 ans. »

L’inspecteur retourna à ses notes en bougonnant. Il aurai du s’en douter, le commandant Mazaki aimait bien l’embrouiller dans des détails, connaissant son goût pour la précision… depuis le temps que ce petit jeux existait entre eux deux, il n’avait jamais appris à l’anticiper…
Le sujet en question ici avait 16 ans, point barre. Pas la peine de s’embrouiller avec des détails inutiles.

Les questions suivantes ne furent que plus ou moins administratives ; le commandant s’ennuyait déjà au bout de la troisième question posée, ce qui paru divertir l’inspecteur, à en croire le léger rictus d’amusement que celui-ci montra très brièvement sur les dernières questions.

« Avez-vous fini ? » demanda le commandant, lassé.

« Pour les questions, oui. » répondit l’homme de petite taille en rageant son PDA dans sa poche, « il ne me reste plus qu’a aller voir ce jeune homme… S’il est toutefois possible de le faire rapidement, j’ai d’autres cas que le vôtre à traiter. »

« Ca ne devrait pas être un problème, maintenant, » dit le commandant en regardant sa montre, « Hei devrait avoir terminé avec lui. »

« Le Docteur Hei Mazaki, votre femme ? J’ignorais qu’elle faisait partie de l’épique… N’a-t-elle pas de meilleures choses à faire ? » demanda l’inspecteur d’un air suspicieux.

« Cette question n’était pas dans votre formulaire, me semble-t-il… » remarqua le commandant, « Tenez vous en à votre rôle. »

Il eu quelques secondes de silence pendant lesquelles l’inspecteur tenta de soutenir le regard du commandant, qui s’était durcit en entendant cette question, avant de se détourner légèrement de lui tout en maugréant.
Le regard du commandant s’adoucit devant cette réaction.

Sa cigarette étant presque totalement consumée, l’homme aux allures de scientifique l’écrasa sur le mur, avant de la jeter dans une petite corbeille posée non loin de lui.
Ceci fait, il commença à sortir de cet endroit en faisant signe à l’inspecteur de le suivre. Ce dernier s’exécuta rapidement.

Après avoir remonté les marches de l’excavation en silence, les deux hommes se dirigèrent vers un bâtiment préfabriqué du campement, frappé d’une croix médicale verte sur chacune de ses parois.
Ils y entrèrent tous les deux, se retrouvant dans un couloir blanc aseptisé, qui donnait un accès sur trois chambres et un bureau.
La chambre la plus au fond du couloir était éclairée, à l’inverse des deux autres et du bureau.

Les deux hommes s’y avancèrent, l’inspecteur en pestant contre l’odeur désagréable d’éther qui se répandait ici, le commandant sans tenir compte des remarques du fonctionnaire.

Ils s’arrêtèrent devant la vitre d’observation de cette chambre.

Derrière cette paroi transparente, se trouvait un jeune homme de 16 ans allongé sur un lit, recouvert par des draps blanc.
L’adolescent avait une chevelure foncée, totalement en désordre, qui lui masquait partiellement le visage.
Des traces de LCL séché étaient visibles sur ses cheveux lui arrivant jusqu’aux épaules, faute d’avoir étés coupés durant le sommeil profond de leur propriétaire. Et la courte barbe sauvage qui assombrissait davantage le visage de son jeune propriétaire n’était pas en reste.

« Curieux, » fit le commandant en inspectant brièvement du regard la pièce, sans avoir l’air de ce soucier de son occupant, « elle devrait être ici, normalement… »

L’inspecteur, lui, était comme hypnotisé par l’adolescent. Il réajusta ses lunettes sur son nez pour tenter d’apercevoir le maximum de détails.

Mais alors qu’il le faisait, la porte d’accès de l’infirmerie s’ouvrit pour laisser le passage à une femme en blouse blanche d’origine coréenne âgée d’une trentaine d’année.

« Ah, Hei, où était tu passée ? » lui demanda le commandant.

« Partie chercher des ciseaux à ongles. » répondit brièvement le Docteur.

En quelques pas, elle arriva à la hauteur des deux hommes. Elle était presque aussi grande que son mari et avait les mêmes cheveux noirs que lui, de taille beaucoup plus longue, cependant.

« Des … ? Tu ne pouvais pas attendre que les infirmières les lui aient coupés ? Je conçois que ce ne soit pas très agréable à voir mais… »

« Toutes les vérifications médicales ont été faites », coupa le Docteur en mettant la main sur la poignée de la porte de la chambre, « je n’avais plus rien à faire à part vous attendre alors… »

« Je dirais plutôt que tu es une maniaque de l’esthétisme… » rétorqua le commandant avec un léger sourire.

« Peut-être », lui répondit son épouse en lui rendant son sourire, « mais avoue que des ongles de plus de 5 centimètres… »

Le Docteur fut interrompue par quelques raclements de gorge provenant de l’inspecteur.
Elle le salua avant d’entrer rapidement dans la chambre avec un air légèrement confus, n’ayant pas remarqué auparavant la présence d’Osawa, qui avait été en grande partie caché par le commandant alors qu’elle discutait avec lui.

« Oui, inspecteur ? » demanda le commandant en se tournant vers l’homme de petite taille.

« J’en ai fini avec vous, commandant. »

« Ah ? » fit Mazaki, étonné, « Je pensais que vous mèneriez plus loin vos investigations… »

« Que pourrai-je faire d’autre ? Cette affaire dure depuis assez longtemps, j’ai eu tout le loisir de prendre les éléments voulus, mais pour ce qui reste, comme vous me l’avez dit, il faut attendre qu’il se réveille… »

« Il reste tout de même la malle en métal et cette trappe dans le sol de l’installation, vous ne m’en avez pas touché un mot… »

« Le nom inscrit sur la malle indique pourtant clairement qu’il s’agit là d’affaires personnelles de ce jeune homme, donc, vous devriez savoir autant que moi que cela ne concerne pas le gouvernement, dans la mesure où cela entre dans le cadre privé. »

« Et la trappe ? »

« Nous verrons cela plus tard, il y a suffisamment à faire avec ce jeune homme pour le moment. »

Le commandant fut visiblement déçu par la dernière phrase de l’inspecteur.

« Dommage… Je suis sûr que nous aurions trouvé des choses encore plus intéressantes… »

« Vous devez bien être le seul à trouver cette affaire intéressante, commandant… » rétorqua l’inspecteur en se dirigeant vers la sortie de l’infirmerie, « Sur ce, je vous laisse, j’ai d’autres affaires en cours… »

Juste avant de sortir il consulat à nouveau son agenda électronique.

« Zut, encore cette petite peste… » fit il en soupirant d’exaspération.

« Laissez moi deviner : Miss Kordon ? » fit le commandant avec un sourire.

« Tout juste… » répondit l’inspecteur, morose.

Le commandant regarda sortir le fonctionnaire avant d’entrer à son tour dans la chambre du « jeune homme ».
Il plaignait très sincèrement monsieur Osawa ; se retrouver confronté à une adolescente aussi turbulente n’était pas très réjouissant…

Le commandant balaya ces pensées quand il referma la porte de la chambre.
Son épouse venait tout juste d’en finir avec les ongles excessivement longs de l’adolescent, qui gisaient à terre de chaque coté du lit, sales et recroquevillés sur eux même.

« Ce cher inspecteur est déjà partit ? » demanda Hei en ramassant les ongles pour les jeter.

Son époux lui répondit par l’affirmative.
Après s’être débarrassée des ongles, le Docteur alla s’asseoir sur une chaise disposée dans la chambre, et imita son mari qui était en train de contempler le jeune homme avec un regard qui trahissait la réflexion.

Elle fini par rompre le silence au bout de quelques instants :
« Tu as trouvé d’autres hypothèses valables ou pas ? »

Le commandant baissa le regard sur le sol.

« Rien de plus que ce que nous avons déjà échafaudé… » répondit-il, « Cela me semble être la seule explication possible… »

« Pour le qui et le comment, cela va de soit. » rétorqua Hei, « Mais je te parle du pourquoi. »

« Je ne suis pas encore devin, Hei. » répondit le commandant avec un léger sourire.

Mais la réplique de son époux ne sembla pas atteindre le Docteur, le regard toujours fixé sur l’occupant du lit de la pièce.

« Pourquoi ? » fit-elle, « Qu’est ce qui a bien pu le motiver pour cela ? »

« Va savoir… » rétorqua le commandant, « Cet homme était loin d’être clair, dans tous les sens du terme… Les archives ne disent pas du grand bien du premier commandant de la NERV… »

« C’est justement ce qui m’inquiète, » répondit Hei en se tournant vers son mari, « toutes nos archives le décrivent comme un être froid et distant, pourvu d’une âme de manipulateur né. Bien qu’il fût un bon commandant, il n’en est pas néanmoins resté très contesté… »

« C’est ce que disent les archives… » fit le commandant.

« A propos d’elles, tu n’y a rien trouvé de plus, je suppose ? »

« Pas le moindre indice. »

« Et dans le système MAGI mère ? »

« Même résultat. »

Le Docteur poussa un soupir de résignation.

« Nous allons donc devoir nous en tenir à la procédure d’accueil de nouveau pilote… »

« S’il désire re-piloter. » précisa le commandant.

« Tu crois qu’il aura vraiment le choix ? » lui rétorqua son épouse, « Les seules choses qui peuvent être similaire au milieu qui l’entourait jadis se trouvent là où il était avant : dans une EVA, à la NERV. Il ne connaît rien de ce monde, alors il va forcément se raccrocher à son seul repère qui a pu traverser les siècles. »

« Tant qu’il ne se sera pas réveillé, nous ne serons sûr de rien. » objecta l’homme aux allures de scientifique, « Et il n’y a pas que la NERV et les EVA qui ont traversé les siècles, il y a aussi cette malle… » fit il en désignant du menton l’objet en question, posé dans un coin de la pièce.

« En parlant d’elle, tu n’as pas eu envie de l’ouvrir ? » demanda le Docteur en regardant brièvement la malle métallique.

« Le couvercle a été soudé au reste de la malle, et il n’y a pas le matériel adéquat pour l’ouvrir ici. Et puis, ça ne se fait pas de fouiller dans les affaires d’autrui. »

« Oui, mais enfin, une malle dont le contenu pèse plus de 500 kilos… Il a fallu six ouvriers et une grue pour… »

« Ca n’est pas le plus important, Hei. » coupa le commandant, « Tu as ordonné son transfert ? »

« Oui, » répondit le Docteur, déçue d’être interrompue, « en principe, ce soir, il dormira à la base côtière. »

« Bien, » fit le commandant, tout en se rapprochant de sa femme.
Quand il lui fit face, il posa sa main sur son épaule et lui dit :
« Je sais que c’est frustrant, mais nous devons attendre au moins son réveil avant de pousser plus loin nos investigations. »

« Je le sais bien… » répondit le Docteur.

« Et toi, comme d’habitude, tu veux toujours aller trop vite… » lui dit il avec un sourire.

« Et tu vas encore me répéter que c’est grâce à toi que je me retient ? » répondit Hei en lui rendant son sourire.

« Si tu le sais déjà, pourquoi te le répèterais-je ? »

Les deux époux rirent brièvement ensemble après cette réplique, avant que le commandant ne se décide à sortir de la chambre, tout en saluant son épouse.

Le Docteur s’apprêta à sortir également, mais avant, son regard se posa une nouvelle fois sur le jeune homme, puis sur la malle qui l’avait accompagné.

Sur cette malle, un petit écriteau signalait :
Affaires de :
Ikari Shinji.



A suivre…


Chapitre suivant : Eveil brutal/The choice.



Note: les soulignés et les italiques se sont barrés... C'est normal en ne faisant qu'un simple copir/coller, mais ça m'énerve et j'ai la flemme de tout refaire...
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Message par Smog ShadowSeth »

Evangelion : H.I.F

Par Smog ShadowSeth

Genre : continuation.

Chapitre 1 /: Eveil brutal/The choice.



Encore en retard...
C’est ce que constatait le Docteur Mazaki en consultant sa montre. Elle était en retard, pour la sixième fois consécutive cette semaine.
La faute, en grande partie à « sa » découverte. Elle restait souvent jusqu'à très tard dans la soirée pour travailler sur ce mystérieux évènement. Ce qui la faisait prendre le chemin de son bureau avec une, voire deux heures de retard sur son horaire le lendemain.

Elle progressait calmement dans les méandres de la NERV, malgré son retard. Elle trouvait complètement futile de vouloir se dépêcher d’y arriver, comme si elle allait pouvoir rattraper le temps qui s’était déjà écoulé.

La femme du commandant rouvrit pour la énième fois le maigre dossier qu’elle tenait dans ses mains ; il s’agissait de « son » bilan médical établit hier, au moment où on l’avait retiré de sa cuve de LCL.
Comme beaucoup de membres haut placés de la NERV, elle avait du mal à croire les faits tels qu’ils semblaient êtres. Croire qu’un jour, le fameux Third Child, un des tout premiers pilotes d’EVA, puisse être retrouvé plongé dans un profond sommeil au fond d’un trou aménagé…
Comme beaucoup, la question « Pourquoi ? » revenait souvent à l’esprit du Docteur. Le « qui » ne faisait aucun doute, bien qu’il n’ait pas encore été démontré. Et le « comment » n’était pas vraiment à se poser ; une chose pareille était tout a fait réalisable avec les moyens de l’époque…

Hei Mazaki interrompit ses réflexions quand elle se rendit compte que ses pas l’avaient machinalement amenée devant la porte de son bureau.
Adossée à la droite de cette porte, une jeune fille aux cheveux teintés d’un vert marin luisant, les bras croisés, semblait prendre son mal en patience, à en juger par les cercles qu’elle traçait de son index gauche sur son avant-bras droit, et son visage somnolent.

Le Docteur referma son dossier avant d’interpeller l’adolescente :
« Clara ? »

La dénommée Clara sembla sortir d’un seul coup de sa léthargie.

« Ah, Mazaki-sensei… » fit la jeune fille en s’étirant, engourdie par son attente, « je commençais à me demander si vous viendriez un jour… »

Son regard d’une couleur étrangement similaire à celle de ses cheveux se porta sur le Docteur.

« Vous n’êtes pourtant pas une adepte de la grasse matinée… » continua Clara, alors que Hei déverrouillait la porte de son bureau.

« Les dossiers que je traite actuellement sont lourds et demandent une énorme part de travail, et me prennent parfois mes heures de sommeil, comme hier soir… Entre donc, je suppose que tu voulais me voir ? » répondit le Docteur en franchissant l’entrée de la pièce.

« Oui, j’ai quelque chose à vous demander… » dit Clara en suivant Mme Mazaki dans son bureau.

« Assied toi, le temps de ranger mon dossier et d’allumer mon ordinateur, et je serai toute ouïe. » lui dit le Docteur.

La jeune fille s’exécuta. Elle alla s’asseoir sur l’une des deux chaises qui étaient installées devant le bureau de Hei, trônant au centre de la pièce.
En attendant que le Docteur puisse l’écouter, elle se relaxa dans sa chaise, mettant ses mains derrière la tête et croisant ses jambes.
Jambes qu’on ne voyait que partiellement, car recouvertes d’une part par le vêtement une pièce qui lui recouvrait tout le corps, à l’exception des bras et d’une partie des cuisses, et d’autre part par les bottes qu’elle portait aux pieds, qui lui remontaient jusqu’aux genoux.
L’ensemble épousait parfaitement les contours de son corps aux endroits où il le recouvrait, et était coloré en blanc et en vert marin. Les flancs héritaient de la couleur tandis que l’avant et le dos étaient immaculés. La séparation de couleur se reportait également sur les bottes, qui semblaient faites dans le même tissu épais et souple que le vêtement.
Des bracelets blanc en métal aux poignets et un bandeau noir sur le front de l’adolescente, âgée à vue d’œil de 16 ans, venaient compléter sa tenue vestimentaire.
La dernière chose à remarquer était le symbole circulaire bleu frappé d’un trident qui était cousu sur le front du bandeau.

« Tu as bien fait de venir, quelle qu’en soit la raison. » lui dit Hei alors qu’elle s’asseyait à son bureau, et poussait l’interrupteur de son ordinateur. « J’aillais te convoquer. »

« Ah ? » fit la jeune fille, étonnée. « Et pourquoi ? »

« Parlons d’abord de ce qui t’amène ici, nous verrons ça après. » lui répondit le Docteur.

« Eh bien, il s’agit d’une rumeur un peu trop insistante à mon goût qui circule depuis deux semaines ici… »

Le Docteur Mazaki porta son regard sur l’écran plat de son ordinateur, et se mit à pianoter sur son clavier tout en continuant à discuter avec Clara.

« Ne t’as t’on jamais appris à te méfier des ragots ? » lui dit-elle.

« Je ne me serai pas permise de vous déranger pour un truc bidon, » rétorqua l’adolescente, « mais ce dont je parle concerne la NERV… Enfin je pense… »

La jeune fille décroisa ses jambes et pris sur sa chaise une position plus apte à la réflexion.

« Ca s’appuie sur pas mal d’éléments sérieux et concerne même une bonne partie du personnel à haute responsabilité… »

« Si tu pouvais me dire ce en quoi « ça » consiste sans détours, je pense que nous irions plus vite. » l’interrompit Hei.

Clara fit la moue.

« Et bien, vous allez peut être rire, mais certains pilotes, notamment du coté des RedStorm, prétendent que la NERV aurai découvert un des trois premier pilotes d’EVA endormi dans une espèce de salle souterraine aménagée… Je sais que ça à l’air très farfelu, mais il y a pas mal d’éléments concrets sur lesquels ils s’appuient pour dire ça… Enfin bref, je voulais vous demander si c’est sérieux ou si c’est bidon. »

Le Docteur n’eu aucune réaction visible à cette révélation.

« Qui a commencé à répandre cette rumeur, et sur quoi s’appuyait-il précisément ? » demanda-t-elle.

« RötenBlitz. » répondit brièvement Clara, avec une pointe d’amertume dans la voix. « Je pense qu’elle est encore allée satisfaire sa curiosité dans les archives de la NERV, à un degré qui ne lui était pas autorisé. D’ailleurs, elle a reçu la visite de l’inspecteur général du gouvernement… mais une fois de plus, il n’a pas réussi à la mater… » déplora la jeune fille.

« J’ai pourtant eu un rapport avec les excuses de Karla, et la punition dont elle s’est acquittée… » précisa Hei.

« Une façade. » rétorqua Clara en haussant les épaules. « Depuis le temps que ça dure, vous ne croyez pas que… »

« Miss Kordon a toujours été turbulente, mais elle est en grande partie pardonnée de par ses aptitudes exceptionnelles au pilotage. » dit Hei.

« J’ai le même niveau qu’elle, » rétorqua Clara, « c’est pas pour autant que je me permet de faire n’importe quoi. Quoi qu’il en soit, vu qu’elle semble sortir ça de sources sérieuses, je me suis dit qu’il valait peut être mieux vérifier avant de démentir tout ça devant mon équipe… »

« Et tu as bien fait. » lui répondit le Docteur, « car je t’avais précisément convoquée pour ce sujet. »

« La rumeur ? » fit Clara avec un air légèrement étonné.

« En quelque sorte, puisque je te la confirme. »

Cette fois, la jeune fille afficha un air franchement étonné.

« Pardon ? »

Il y eût un bref instant de silence, avant que Clara ne passe subitement d’un état d’hébétude complète à celui d’une surexcitation exagérée.

« Mais attendez un peu, là ! Vous être en train de me dire que cette histoire à deux balles est vraie ? On a vraiment trouvé le Third Child ?! »

L’adolescente se leva brusquement de sa chaise en gesticulant.

« Mais enfin, un truc pareil c’est… Enfin je veux dire, comment, en deux siècles… »

« Calme toi, Clara. » lui ordonna Hei en levant son regard vers elle. « Rassied toi, je n’ai pas fini. »

L’autorité naturelle contenue dans la voix du Docteur eu raison de l’agitation de Clara, qui se rassit tout aussi brutalement qu’elle s’était levée, non sans garder sur son visage une expression fortement étonnée.
Le Docteur retourna momentanément à son écran avant de focaliser toute son attention sur la jeune fille.

« Oui, Ikari Shinji, le « troisième élu », a été retrouvé enfermé dans une étrange installation souterraine qui l’a maintenu en vie durant deux siècles, et que nous avons mis au jour. Nous sommes passés par tous les moyens de vérifications possibles pour nous assurer de l’identité de l’occupant de cette installation, mais il n’y a quasiment plus de doutes. La confirmation définitive ne se fera cependant que lorsqu’il se sera réveillé ; il est actuellement encore plongé dans un lourd sommeil dû à sa mise en catalepsie, probablement. »

Clara resta muette, d’étonnement probablement. Le Docteur en profita pour continuer.

« Il a été transféré ici, il se réveillera dans peu de temps. Vu son passé, il serait évidement très intéressant pour la NERV de le « récupérer » en tant que pilote, mais la décision lui appartient. Quant à savoir pourquoi il a été enfermé dans une installation pareille, c’est un mystère. »

Il y eu une brève période de silence juste après les derniers mots de Hei, qui fut rompue par une Clara visiblement dubitative.

« Je m’attendais pas à ce genre de réponse… » avoua-t-elle calmement, « Mais qu’est ce que je viens faire dans tout ça ? Puisque vous m’aviez convoqué pour ça, à la base, du moins, c’est ce que j’ai compris… »

« C’est simple, » répondit le Docteur, « si le troisième élu acceptait de re-piloter, il sera alors obligatoirement intégré à un clan, comme pour tout nouveau pilote. Et ici, plutôt que de le laisser choisir, je pense que nous allons lui imposer d’aller dans le tien. »

Les yeux de Clara s’agrandirent jusqu'à lui manger tout le visage.

« Hein ? » fit elle d’un air benêt, avant de se ressaisir quelque peu, « Attendez, vous voulez dire que le LEGENDAIRE Third Child sera dans MON clan, sous MES ordres ? »

« S’il accepte de piloter à nouveau. » précisa encore Hei.

Il y eu un autre moment de silence durant lequel la jeune fille se demanda si elle n’était pas en train de rêver. Puis, après quelques instants de mutisme complet, elle poussa soudainement un énorme « YEEEEHAAA !!!! » dans le bureau jusqu’ici calme. Le cri rivalisait sans conteste avec ceux poussés par les cow-boys de pacotille du cinéma, ne laissant plus aucun doute au Docteur sur les origines américaines de l’adolescente.

« Calme toi, Clara ! » fit l’épouse Mazaki sur un ton plus élevé, « Ce n’est pas parce qu’il est une légende qu’il n’aura pas besoin de soutien ou de formation ; n’oublie pas qu’il a combattu il y a deux siècles ! Et que qui plus est, il n’était pas vraiment à l’aise avec son entourage, ce qui ne va pas faciliter les choses. »



* * *



« Ca va faire deux heures, maintenant, non ? »

« Exact, je me demande ce qu’elle fiche… »

« Vous croyez pas que c’est un peu long pour une rumeur ? »

« A moins que le toubib se soit pas encore levé ? »

« Nan, ce serai abusé, là… »

Une quinzaine d’adolescents discutait dans ce qui ressemblait vaguement à une salle de classe avec des pupitres gavés de haute technologie informatique.
Tous les membres de cette petite assemblée étaient vêtus du même type de vêtement que ceux que portait Clara, avec des coloris différents. Certains avaient les cheveux teins, d’autres préféraient conserver leur couleur naturelle. La moitié des participants étaient des filles, et tout ce beau monde discutait par petits groupes mixtes sur l’éventuel retour de leur leader, qui se faisait attendre.
Tous avaient également, qui un bandeau au front, qui un pendentif, qui des boucles d’oreilles, qui un brassard sur lesquels étaient frappés le symbole circulaire bleu doté d’un trident.

Assis à ce qui pourrait être vu comme le bureau de l’enseignant, un jeune homme ne participait pas à la conversation de ses camarades. Affaissé sur le bureau, il était à moitié somnolent, et n’observait que distraitement ses camardes derrière ses paupières mi-closes.
Il était vêtu de la même façon qu’eux, avec des flans de couleur bleue et un brassard noir frappé du symbole du trident sur son avant bras gauche.
Contrairement à beaucoup de ses camarades, lui avait conservé la couleur naturelle de ses cheveux, cours et légèrement bouclés, d’un châtain très clair, au point qu’on ne savait jamais s’il était blond ou simplement d’un brun très clair.
Il s’abstenait également de porter des lentilles de contact colorées, se contentant du marron naturel de ses pupilles.

Il poussa un soupir. Généralement, dans les longs moments d’attente, il avait tendance à s’endormir, mais avec tout le bruit que faisait les autres…

Sa somnolence fut cependant interrompue par le bruit d’ouverture de la porte automatique de la salle.

Toute l’attention des adolescents se concentra alors sur le pas de porte, où se tenait fièrement Clara.
Le silence était tombé d’un seul coup, tous attendant la réaction de la jeune fille.

« Que tout le monde ouvre bien ses oreilles, j’ai quelque chose d’important à dire… » dit elle en se dirigeant vers le bureau où était avachi l’adolescent somnolent.

« C’est pas trop tôt, Clara-chan… » fit celui-ci en se redressant et en s’étirant, « Qu’est ce que tu as fait pendant deux heures ? C’était aussi long pour une simple rumeur ? »

« Non, c’était juste que notre chèèèère responsable scientifique s’était levée à la méga bourre… Rassure toi, t’as pas été le seul à rien foutre pendant deux heures. »

« Bon… alors, cette rumeur ? » demanda l’adolescent, sensiblement du même âge que Clara.

« Eh bien, » commença-t-elle en se tournant vers l’ensemble du groupe d’adolescent qui avaient leurs yeux rivés sur elle, « ça parait incroyable, mais Mazaki-sensei m’a confirmé la rumeur. »

Il y eût un moment de silence des plus significatif dans la salle, avant que l’ambiance ne passe d’un coup d’un état de calme intense à celui d’un état d’agitation générale, également intense.
Des questions fusaient de toutes part, plus ou moins pertinentes :

« C’est vrai ?! »

« Mais il est dans quel état ? Deux siècles, quand même… »

« Il va re-piloter ? »

« Chez qui ? »

« Où il est ? On peut le voir ? »

« C’est vraiment le Thrid Child ? »

« Hé, du calme ! » fit Clara d’une voix forte.

Elle attendit que les questions cessent avant de continuer :

« Oui, on a bel et bien trouvé LE Thrid Child dans une installation souterraine qui l’a maintenu en léthargie pendant tout ce temps. Il a été transféré ici, à l’hôpital, et il devrait se réveiller dans pas longtemps, d’après ce que m’a dit le Docteur. Quant à savoir s’il va piloter à nouveau, c’est à lui de décider quant il se sera réveillé. Mais si c’est le cas… »

Clara prit une attitude de grande satisfaction, avant d’annoncer la véritable bonne nouvelle :

« …vu son passé et ses antécédents psychologiques, plutôt que de lui laisser choisir sa division de combat, nos supérieurs ont décidé de le mettre d’office dans la plus accueillante, en l’occurrence, la nôtre… »

Il y eu de nouveau une grande agitation dans la salle, quand tout le monde eu saisi la véritable ampleur de la nouvelle. Plutôt que d’interrompre ses camarades une nouvelle fois, Clara attendit qu’ils se clament d’eux même pour reprendre la parole :

« Je préciserais juste que s’il décide de piloter à nouveau, il faudra être des plus compréhensif avec lui, il a beau avoir une réputation, il ne sait pas comment il est perçu ici… Il faudra donc le considérer comme un pilote normal. De plus, ce n’est pas parce qu’il a fait un carton y’a deux cents ans qu’ils sera en mesure de refaire la même chose dans l’immédiat, il faudra le réhabituer aux Eva, et je compte sur vous tous pour ça. C’est comprit ? »

L’ensemble des adolescents approuva leur leader.

« Des questions ? »

Une jeune fille aux cheveux noirs luisant prit la parole :

« Est-ce qu’il ressemble toujours à ce qu’il était au départ ? »

« Tu veux dire : est ce qu’il ressemble à celui qu’on voit sur les photos d’archives ? » précisa Clara, « Non, sa mise en léthargie ne l’a pas transformé en vieillard, sinon y’ pourrait plus piloter des masses… Physiquement, Mazaki-sensei m’a dit qu’il avait deux ans de plus, ça lui fait seize ans… Je ne l’ai pas vu personnellement, alors je n’en sais pas plus. »

Un garçon prit la parole :

« Qu’est que tu veux dire par « antécédents psychologiques » ? Il a eu des problèmes dans le passé ? »

« J’en sais pas plus que toi. » avoua Clara, « Mais c’est ce que m’a rapporté Mazaki-sensei, ils sont mieux informé que nous là-dessus, je pense… Après tout, on a peut-être une image un peu idéaliste de nos pionniers… »

Une fille à l’apparence délurée et aux cheveux roses demanda :

« On a le droit de diffuser cette info ? Que le Third Child est bien ici ? »

« Affirmatif. » répondit Clara, « Et précisez bien que c’est officiel. »

« Et on peut… aller le dire aux RedStorms ? » demanda la même fille.

A l’écoute de cette question, un sourire sadique se forma sur le visage de Clara.

« Sans aucun problème, et avec ma bénédiction… Je vous donne l’autorisation exceptionnelle de vous vanter auprès d’eux… »

« De se vanter auprès de qui ? »

Tous les adolescents présents dans la salle eurent une réaction crispée en entendant la personne qui venait de poser cette question. Une jeune fille légèrement plus âgée que Clara, venant d’être révélée par la porte qui s’était ouverte.
Assez grande, elle était presque entièrement parée de rouge, avec sa chevelure d’un roux très prononcé agrémentée d’une bonne dizaine de mèches longues teintées en rouge vif, les flancs de son habit coloré également en rouge, et les yeux ornés de lentilles de contacts rendant ses pupilles également rouges.
Rien qu’au premier abord, on pouvait discerner à travers ses attitudes et ses expressions faciales une arrogance très prononcée. Le ton de sa voix s’y prêtait d’ailleurs à merveille.
Grande et plutôt jolie, elle ne faisait cependant aucun effet aux garçons présents dans la salle, qui ne connaissaient que trop bien son sale caractère.

La jeune fille repoussa ses longs cheveux roux en arrière de la main droite avant de parler à nouveau :

« Hé bien ? On peut savoir ce qui vous excite ce matin ? On vous entend à l’autre bout de la base… »

« N’exagère rien, RötenBlitz, » lui répondit Clara, « C’est pas parce que ta petite personne est affectée par nos bruits que tout le monde l’est… On a des salles de réunion voisine, c’est normal… »

« Mais pas pour faire autant de boucan. » coupa la dénommée RötenBlitz, « J’ai néanmoins vaguement saisi qu’il était question de rumeur… »

« Tu viens encore gratter des infos ? T’en n’as pas assez eu dans les archives de MAGI ? » rétorqua un adolescent de la petite assemblée.

« Je m’adresse à ton leader, pas à un sous-fifre comme toi. » lui rétorqua la jeune fille rousse en lui lançant un bref regard dédaigneux.

Le jeune homme prit un air offusqué et eu envie de répondre, mais un geste de Clara lui fit comprendre que ce n’était pas le moment pour ce genre de disputes puériles.

« Puisque tu es là, autant en profiter. » dit Clara à RötenBlitz. « Nous devons annoncer à tous les pilotes de la base que la rumeur que tu as lancée concernant le Third Child est véridique… »

« Evidement qu’elle l’est. » rétorqua la jeune fille, en entrant franchement dans la salle. « Tu ne m’apprend rien de neuf, Clara. »

« Oh, je suis sûre que je vais quand même t’apprendre quelque chose, Karla… » lui rétorqua Clara sur un ton similaire à celui de son interlocutrice, avec en prime un grand sourire de satisfaction.
Les autres membres de la petite assemblée ne purent s’empêcher d’avoir le même sourire sur leur visage, certains l’affichant clairement, d’autres tentant de le dissimuler plus ou moins.

« Quoi donc ? » demanda la dénommée Karla, à peine intriguée.

« Que déjà, il vient d’être transféré ici, et qu’il devrait se réveiller d’ici peu. On lui laissera ensuite la possibilité de redevenir pilote. »

« A la bonne heure, » fit Karla, l’air satisfait, « il faudra bien sur qu’il choisisse un clan ? »

Le groupe d’adolescent élargit d’avantage son sourire commun.

« Vu la situation, » répondit Clara en prenant un air faussement sérieux, « nos supérieurs on jugé plus approprié de lui attribuer d’office un clan, afin qu’il ne se retrouve pas avec n’importe qui… »

Les sourcils de RötenBlitz se soudèrent.

« Comment ça, lui en attribuer un ? Ne me dit pas que… »

« …ce clan, c’est le mien ? Mais si, très chère… »

La jeune fille rousse se tut momentanément, étonnée par cette nouvelle. Clara mit à profit ce silence pour appuyer les faits :

« C’est le clan « Océan » qui accueillera le célèbre Third Child, s’il désire néanmoins piloter à nouveau, rien n’est sûr. »

« Pourquoi ? » demanda brièvement Karla, la voix parée d’un ton à l’agressivité à peine voilée.

« Oh, je ne sais pas… » répondit Clara, l’air faussement innocent, « Peut-être parce que je ne tyrannise pas les membres de mon clan ? »

« Nous verrons. » rétorqua Karla d’un ton sec. « Ca m’étonnerait que la liberté de choix d’un pilote puisse être entravée ainsi, il ne s’agit peut-être que d’un passage pour sa réadaptation. Il choisira sûrement son clan après. »

« Je ne sais pas, » continua Clara, « Ca m’étonnerait qu’il ait envie de changer de clan dès qu’il sera habitué au nôtre… »

« Il verra très vite qui sont les meilleurs, et changera de clan. »

« Primo : d’après ce que m’a dit Mazaki-sensei, il n’est pas vraiment comme on l’imagine. Deusio : Vous n’avez que deux anges de plus que nous sur vôtre tableau de chasse, c’est pas ce qui fait de vous les meilleurs. Et tertio… »

Un raclement de gorge très prononcé provenant du jeune homme châtain clair interrompit Clara.

« Je ne voudrais pas jouer les moralisateurs, » dit il en se levant pour aller se placer entre les deux filles, « mais j’ai l’impression de voir deux gamines en train de se disputer pour un paquet de bonbon, qu’elles ne sont même pas sûres d’avoir, en plus… Rien n’est sûr au sujet du Third, alors ne vendez pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Qu’il y ait de la rivalité entre nos deux clans est normal, mais il ne faut pas trop pousser… »

Les deux adolescentes se toisèrent mutuellement du regard.

« Il n’a pas vraiment tord. » fini par dire Karla, « Nous verrons bien en temps voulu. »

Sur ces derniers mots, elle tourna les talons et se dirigea vers la porte de la salle de réunion du clan Océan.

Avant de la franchir, elle lança à Clara :

« Tu as vraiment de la chance d’avoir un fiancé aussi raisonnable, je me demande ce que tu serai sans lui… »

« Hein ?! » fit Clara, piquée au vif, « Et c’est TOI qui me dit ça ?! »

RötenBlitz sortit de la salle en riant, sous les insultes de Clara.



* * *



Un monde s’éclaircissait. Le monde d’un jeune homme, qui venait d’en prendre conscience.

Il est lui.

Tant de questions pour en arriver là.

Autour de lui, les gens qu’il connaissait le félicitaient. Des êtres qui lui sont cher, et d’autres l’étant moins. Mais leur paroles avaient la même valeur à ses yeux, quel que soit celui qui la prononçait.

Il leur dit à tous :

« Merci… »

Puis, subitement, tout devint blanc. L’adolescent fut momentanément aveuglé.
Il du faire un effort considérable pour relever ses paupières, comme si elles n’avaient pas bougées depuis des siècles.

Les premières images qu’il perçut étaient floues. Il ne voyait que des formes, trop vagues pour qu’il puisse leur poser un nom dessus. Mais sa vision s’améliora petit à petit, et il se retrouva bientôt face à l’image d’un plafond blanc.
Un plafond qu’il cru dans un premier temps être familier. Mais après quelques secondes d’observations, il se rendit compte qu’il ne le connaissait pas.

Il voulu dire quelque chose. Mais ses mots ne franchirent pas la barrière de ses lèvres, desséchées, tout autant que ses cordes vocales.

Il avait subitement l’impression de peser plusieurs tonnes. Il était incapable de faire le moindre mouvement. Il était cloué dans un lit, et vraisemblablement dans une chambre d’hôpital.

Il fallu encore du temps avant que ses cinq sens puissent le renseigner pleinement. Il sentit alors sur sa peau de fines plaques gélatineuses par endroit. Du LCL séché. Il en était sûr, il avait tellement vu, avalé et sentit de ce liquide…

Il entendit un bruit. Le bruit d’une porte qui s’ouvre. Et des bruits de pas. Aussitôt après, il entendit quelqu’un lui parler, mais il était encore trop assommé pour y prêter attention. C’est tout juste s’il hocha la tête quand on lui demanda s’il voulait boire.

Ses pensées étaient encore en partie focalisées sur l’étrange rêve qu’il venait de faire…



* * *


« Vous en êtes sûre ? Il est complètement réveillé ? »

« Oui madame, il est encore un peu dans le potage, mais ce n’est pas un réveil intempestif, cela va faire deux heures qu’il est éveillé… »

Le Docteur Mazaki arpentait à pas vifs les couloirs de l’hôpital de la base accompagnée d’une infirmière.

« A-t-il dit ou demandé quelque chose ? »

« Rien, » avoua l’infirmière, « il est d’un calme presque inquiétant… il n’a pas ouvert la bouche une seule fois. Du moins, quand j’étais avec lui… C’est tout juste s’il a hoché la tête quand je lui ai demandé s’il voulait boire… »

« A-t-il bougé ? »

« Je ne pense pas non plus… C’est la première fois qu’on a affaire à un cas pareil, vous pensez bien qu’on ne sait pas trop quoi faire, comme nous ne connaissons absolument pas les effets d’un tel traitement… Mais son long séjour en léthargie a du tétaniser ses muscles. Rien de grave, cependant, il devrait retrouver sa mobilité normale dans un jour ou deux… »

« Le temps que son organisme se réhabitue… Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenue plus tôt ? »

« Je ne pensais pas que ce serait un réveil définitif… »

« Nous allons bien voir… Les deux pilotes que je vous ai demandé de convoquer sont là ? »

« Ils attendent devant l’entrée de sa chambre. »

« Bien. »

Les deux femmes parcoururent encore quelques instants les couloirs aseptisés avant de se retrouver dans une section de l’hôpital qui semblait être à part des autres, rien que par son unique accès gardé par une porte automatique blindée.

Elles ne purent la franchir qu’après avoir passé les tests d’identification rétinienne.

Après un autre bref parcours, elles atteignirent enfin la chambre du troisième élu, devant laquelle attendaient Clara et son camarade aux cheveux châtain clair.

« Vous pouvez disposer. » dit le Docteur à l’infirmière, « Je vais devoir lui parler un moment… Il n’y a rien qui justifie obligatoirement votre présence, pour le moment ? »

« Rien, » répondit l’infirmière, « mais au moindre problème, il faudra m’appeler… »

« Je suis médecin, au cas où vous l’oublierez. »

L’infirmière parut énormément confuse quand le Docteur lui rappela ceci.

« Excusez-moi, mais avec un patient aussi… Enfin, je suis un peu plus nerveuse que… »

« Inutile d’en rajouter, je comprend parfaitement. Laissez-nous, maintenant. »

L’infirmière s’éloigna sans ajouter un mot de plus.

« Pourquoi vous ne la mettez pas dans le coup ? » demanda l’adolescent au Docteur Mazaki.

« Je serai peut-être forcée de parler avec le Third Child de choses dont elle n’a rien à savoir, Frederik. On ne sait pas ce que les premiers pilotes connaissaient de leur domaine, imaginez un peu qu’il se mette à parler en sa présence d’affaires qui ont mauvaises réputations… »

« Comme les magouilles de son père ? » demanda Clara.

« Par exemple… » admit Hei.

Le silence tomba complètement après cette dernière réplique du Docteur. Ils étaient maintenant tous captivés par la porte de la chambre. Même le Docteur Mazaki, dernière son calme apparent, ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée.

Le Third Child. Le premier pilote d’Evangelion à avoir combattu les anges. Sans entraînement préalable, qui plus est, à l’inverse des First et Second. A lui seul, il avait éliminé six anges sur les quinze qui étaient apparus aux alentours de Tokyo-3, et sa contribution avait été capitale pour la destruction de quasiment tous les autres.
Il a été le seul à obtenir un taux de synchro élevé dès ses premières séances de pilotages. Personne n’était parvenu à réitérer cet exploit, même deux siècles après.

Voilà ce que savaient les pilotes Clara Thempsan et Frederik Klamsthät, ainsi que le Docteur Hei Mazaki ; et qu’il se répétaient en leur fort intérieur.

Cette dernière fut la première à sortir de ses contemplations.

« Attendez-moi ici. » dit-elle aux deux adolescents, « Il est préférable que j’y aille d’abord, si j’estime que vous pouvez le voir, alors je vous appellerais. »

Les deux pilotes cachèrent leur déception, et laissèrent le Docteur entrer d’un pas légèrement hésitant dans la chambre.

Quand elle referma la porte derrière elle, elle vit le visage de l’occupant se tourner vers elle, d’un air somnolent. Les infirmières avaient pris soin de le raser et de lui raccourcir un peu ses cheveux, histoire qu’il soit plus présentable. Mais de nombreuses plaques de LCL séché étaient restées dans ses cheveux. On n’avait pas pris l’initiative de le laver entièrement.

« Bonjour. » commença Hei, en s’avançant vers le jeune homme. « Je suis le Docteur Mazaki Hei, et je viens pour t’informer de… ton état. »

L’hésitation marquée par le Docteur était du au fait qu’elle n’arrivait pas à trouver exactement un terme approprié pour décrire la situation.

« Tout d’abord, je te demanderais de répondre à cette question : es-tu Ikari Shinji, l’anc… le pilote exclusif de l’unité Evangelion 01 ? » demanda-t-elle en s’asseyant sur une chaise posée à proximité du lit.

Il y eût quelques secondes de silence, qui parurent interminable au Docteur.
Puis, l’adolescent agitât les lèvres, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il hocha alors lentement la tête de haut en bas.



* * *



Une heure et demie après l’entrée du Docteur dans la chambre du Third Child, Clara et Frédérik prenaient leur mal en patience.

Clara faisait les cents pas devant la porte, et Frédérik pour sa part était accroupit contre le mur de la chambre, en se tournant les pouces.

« Décidément, » fit celui-ci, dans une énième tentative pour détendre l’atmosphère, « on aura passé notre matinée à poireauter… »

Clara ne sembla même pas l’avoir entendu. Elle fixait le sol d’un air à moitié anxieux tout en tournant en rond.

« Mais qu’est ce qu’elle fout ? » lançait-elle de temps à autre.

Quand le Docteur se décidât à enfin sortir de la chambre, elle cru que la jeune pilote allait lui sauter à la gorge.

« Alors ? » demanda avidement la jeune fille.

« Vous ne le verrez pas pour l’instant. » déclara Hei.

« Hein ?! Mais pourquoi ? » demanda Clara d’une voix forte.

« Moins fort… » rappela le Docteur, « Non, il n’est pas vraiment en état… » avoua-t-elle d’un air désolé, « Je lui ai tout dit d’un coup, mais je me demande si j’ai bien fait… Il n’est pas en mesure de parler encore, son séjour dans le LCL lui ayant légèrement abîmé les cordes vocales, mais son visage suffit… il avait l’air totalement désemparé… »



* * *



Shinji ne pouvait pas pleurer. Son organisme qui venait de passer deux cent ans dans du LCL recyclé n’en avait pas encore la force. Mais les traits décomposés de son visage en disaient long sur sa tristesse.

Asuka. Ayanami. Misato. Ritsuko. Tôji. Kensuke. Et tous les autres…
Tous qu’il venait juste de voir le féliciter… Parce qu’il avait enfin trouvé SA raison…
Ils étaient tous mort.
Deux siècles. Pourquoi ?
Pourquoi lui ? Pourquoi ENCORE lui ?
Son père ? Pourquoi ?
Pourquoi avait-il fait ça ?

Et maintenant, il devait encore faire un choix.
Celui d’aller vivre seul, perdu dans un monde qu’il ne connaissait pas.
Ou celui de piloter à nouveau l’EVA.

L’EVA. Encore elle. Maudite machine…
Même après deux siècles, les anges étaient toujours là ? N’en avait-il pas fini avec Kaworu ?

Où ?
Comment ?
Et… Pourquoi ?




A suivre…


Chapitre suivant : L'ère des anges/What earth is now.
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Message par Smog ShadowSeth »

Evangelion : H.I.F

Par Smog ShadowSeth

Genre : continuation.

Chapitre 2 /: L'ère des anges/What earth is now.



Un couloir sombre. Très sombre. Uniquement éclairé par quelques lueurs rougeâtres occasionnelles, provenant de panneaux d’avertissements sur d’éventuels fouineurs un peu trop curieux. Malgré l’obscurité et les avertissements écrits, quelqu’un progressait à pas lents dans ce couloir.

Pas de bruit. Le moins de bruit possible. Il faillait qu’il reste le plus discret possible…

A la lueur d’une torche fluorescente en fin de vie, l’intrus se révélât momentanément.
Taille moyenne, silhouette très fine, cheveux courts et sombres, lunettes et blouse de laborantin. Il tenait fermement quelque chose au creux de sa main droite.
Trois ans… cela faisait trois années qu’il attendait ce moment… Trois ans pendant lesquels il avait du infiltrer la NERV avec la plus grande précaution, acquérir la confiance de ses supérieurs, obtenir des renseignements sur ce lieu mystérieux qu’était le central Dogma… Et surtout, un moyen de pouvoir y pénétrer. Aujourd’hui, ces objectifs étaient atteints. Il ne restait plus qu’à plonger au cœur de cet immense complexe secret de la NERV.

L’intrus cessa soudainement sa progression et se retourna vivement. Personne. Curieux… Il lui avait semblé percevoir des bruits de pas… Il écouta encore brièvement les alentours en quête du bruit perçu. Rien.
Il sortit un mouchoir de la poche de sa blouse et s’épongea le front. L’émotion, sans doute… Et il y avait de quoi. S’il réussissait, les informations récupérées seraient d’une importance capitale pour sa confrérie. Les maîtres seraient satisfaits au-delà des espoirs qu’ils avaient placés en lui.

L’espion reprit sa marche silencieuse, jusqu'à ce qu’il se retrouve en face d’une porte verrouillée. Il lui fallait un passe spécial pour la franchir, mais le verrou électronique était également doté d’un port d’entrée de secours. Une faille qu’il allait utiliser sans remords.

Le faux laborantin ficha dans ce port l’objet qu’il tenait dans sa main. Il attendit quelques instants, puis, sortit sa carte d’accès d’une des poches de sa blouse, et la passa dans la fente du dispositif de fermeture.
Rien.
L’espion fronça les sourcils. Il repassa à nouveau la carte dans la fente. Aucune réaction. Les connecteurs du port étaient peut-être encrassés ?
Il retira le petit gadget électronique du port, tenta de le nettoyer plus ou moins avec la manche de sa blouse, puis reconnecta le gadget et retenta de passer sa carte.
Aucune réaction.
Mais que se passait-il ? Il avait les dernières mises à jour des codes sur son gadget… ou alors, la combinaison n’était pas celle qu’il avait privilégiée. Il retira à nouveau le dispositif du port d’entrée, puis commença à modifier les positions des pins situés en surface de son engin. Mais avant qu’il eu terminé sa tâche, une main froide s’abattit sur son épaule, suivi d’une voix grave :

« Tu veux un coup de main, l’ami ? »

L’intrus commença à se retourner tout en cherchant le plus rapidement possible son arme dans les poches de sa blouse. Mais il n’eu pas le temps de la saisir. A peine s’était il retourné complètement vers l’auteur de ses froides paroles qu’il reçu un coup de poing au visage. La violence du coup le fit s’affaler sur la console d’entrée de la porte blindée. A demi assommé, il voulu cependant faire face à son adversaire. Il n’allait pas échouer ici, si près du but.
Un deuxième coup au visage interrompit le fil de ses pensées. L’intrus s’effondra sur le sol, et vit son arme tomber d’une de ses poches. Il s’en saisit rapidement, et tenta d’aligner son adversaire. Mais le voile de sang qui commençait à lui couvrir le regard, ajouté à l’obscurité du lieu, ne firent que le faire tomber un peu plus dans la panique.
Un coup sec porté à son poignet le désarma, suivi de deux autres coups, l’un au visage, et l’autre dans l’estomac.
Le peu de forces qu’il restait à l’intrus le quitta alors, et il s’affala sur le sol en émettant de faibles plaintes rageuses. Il fini par s’évanouir quelques secondes plus tard.

« Un gringalet. » déclara alors la voix grave qui s’en était prise à l’espion. « Décidément, il ne savent plus quoi envoyer au casse pipe. »

Une torche s’éclaira et se braqua sur l’intrus, inconscient, les narines et la bouche ensanglantées.

« Il lui manquait peut-être juste un peu de force et il aurai pu réussir, qui sait… » déclara une voix féminine.

Une silhouette d’homme grand à la forte carrure se pencha sur le corps du laborantin.

« Un peu ? Sauf votre respect Docteur, je vous trouve optimiste. Il a des épaules de serpent et un cou de poulet. Il n’aurait même pas pu résister à un soldat débutant. »

« Est-il encore vivant, au moins ? » s’enquérit la femme.

L’homme posa sa main sur la carotide de l’espion.

« On dirai bien, oui… »

A ce moment, une série de pas précipités se fit entendre dans le couloir. Au loin, on pouvait apercevoir d’autres lampes torches progresser rapidement vers les lieux de la bagarre.

« Ah, bah quand même ! » déclara l’homme fortement bâti en se relevant. Il se tourna en direction des arrivants :
« Il faut que le géofront saute pour que vous vous décidiez à intervenir ou quoi ? Ca va faire bientôt un quart d’heure qu’il a été repéré ! »

« Nous sommes désolés, capitaine… a-t-il réussi à… »

L’homme en tête de la troupe arrivante ne cacha pas son soulagement en voyant l’espion étendu à terre.

Le capitaine saisi ce dernier par le col de sa blouse et le projeta violement sur celui qui venait de lui parler. Ce dernier failli perdre l’équilibre, mais retint tout de même l’intrus inanimé.

« Pas d’excuses, » déclara le capitaine, « j’oublierait votre faute si vous parvenez à me faire sortir quelque chose de lui. Autrement, retenue sur salaire. Maintenant, débarrassez le plancher, j’ai à faire avec le Docteur Mazaki. »

« B… bien, capitaine. »

Quand les renforts disparurent dans le couloir en emportant l’intrus mal en point, le capitaine dit d’une voix empreinte de mécontentement :

« Depuis le temps que je dis que ces vigiles ne sont que des incompétents… La sécurité de la NERV est a peine assurée avec eux. »

« Les remplacer par des soldats comme vous le préconisiez n’est pas vraiment une bonne option… Nous devons faire avec. » déclara le Docteur.

« Peut-être, mais en tout cas, ils seraient moins longs à la détente, eux ! »

« Passons » dit le Docteur, « ce n’est pas l’ordre du jour. »

Hei Mazaki se dirigea vers le verrou électronique que l’espion avait tenté de forcer. Elle y passa sa carte et tapa rapidement un code sur le clavier. Un bip sonore se fit entendre, et la lourde porte commença à s’ouvrir, révélant un endroit encore plus sombre que le couloir. Le Docteur s’y engagea sans hésiter, suivie de l’officier qui l’accompagnait. La porte se referma lentement, et laissa tomber l’obscurité complète là où ils étaient entrés. Qui s’estompa bientôt par un filet de lumière filtrant à travers l’ouverture d’une seconde porte, qui était en train de libérer l’accès aux deux visiteurs.

Le spectacle qui était derrière cette seconde porte laissait muet pendant un bref instant le capitaine. Il s’agissait d’une petite pièce éclairée par ce qui semblait être des rubans métalliques lumineux. Ces rubans parcouraient les parois de la pièce de façon anarchique, avant de se retrouver au centre de celle-ci, formant un tube délimité par la structure en ADN qu’ils adoptaient sur cette partie.

« C’est un ascenseur. » commenta brièvement le Docteur au soldat.

Ce dernier se révélait d’ailleurs à la lumière de ces étranges rubans. Il dépassait d’au moins deux bonnes têtes le Docteur Mazaki, et la lumière ne mis que plus en valeur son impressionnante carrure. Ce colosse était également doté d’une mâchoire carrée et de petits yeux d’un marron très prononcé, qui lui donnaient un air légèrement patibulaire. Ses cheveux sombres et ras étaient partiellement à l’abri sous le béret rouge du gradé, auquel était assortit la veste rouge de l’uniforme des officier de la NERV. Les galons présents sur le béret et sur les épaulettes de la veste attestaient du grade de leur porteur.
C’était là les seuls vêtements militaires qu’il portait, sa tenue se complétant par un jean et une chemise blanche tout ce qu’il y a de plus civil.

« Ah. » répondit le capitaine, encore sous l’effet de surprise.

Il se contenta de suivre sans un mot de plus le Docteur dans ce qui semblait être la cabine de cet « ascenseur », qui était toute aussi lumineuse que l’hélice d’ADN qui faisait office de cage. La cabine se mit doucement en mouvement vers le bas lorsque ses portes se refermèrent.

« Pour en revenir à tout à l’heure, madame, avant que nous ne soyons interrompu par l’alerte qu’a déclenché cet espion… » commença le capitaine.

« Oui, capitaine Tsuno ? »

« Vous avez vraiment l’intention de la sortir d’ici ? »

Un bref silence. Puis, le Docteur répondit :

« Il me semble que c’est ce pour quoi nous sommes venus, capitaine. »

« Oui, bon, d’accord, » répondit le soldat, un peu embarrassé, « mais sauf votre respect, les quelques restes de mes leçons d’histoire m’ont toujours fait état d’échecs permanents avec elle… Vous pensez avoir plus de chance qu’il y a dix ans, par exemple ? »

« Nous avons désormais par ce qui est soit un caprice du destin, soit celui d’un homme, soit les deux réunis, la seule personne qui pourrait y survire, et savoir la manier. »

« Même s’il a pris sa décision, je crois me souvenir que c’est le gouvernement qui peut seul décider ou non de la remise en service de cette unité… »

« Sa remise en service, oui, mais pour ce qui est des expérimentations susceptible de pouvoir se dérouler avec cette unité, la NERV a les pleins pouvoirs pour la sortir de son caisson cryogénique. »

« En clair, vous la sortez en anticipant l’accord de l’UMG ? Avec tout le respect que je vous dois, je vous trouve cependant audacieux, vous et votre mari… »

« C’est lui qui a visiblement une idée précise de l’utilité de cette unité. Personnellement, je me rangerais plutôt de votre coté, capitaine, l’antique unité 01 devrait rester ici, dans les sous-sols protégés du central Dogma. »

« Ainsi que la 02. » fit remarquer le capitaine Tsuno.

« Ainsi que la 02, » confirma le Docteur, « Nos prédécesseurs ont rencontré nombre de problèmes avec ces unités en tentant de leur trouver de nouveaux pilotes… »

« Le commandant ne vous a donc pas exposé clairement ses projets avec cette unité ? » demanda le colosse.

« Non. » répondit brièvement le Docteur.

Sur le moment, le capitaine Hiroto Tsuno trouva que le commandant Mazaki faisait un bien piètre mari, à ne faire qu’aussi peu de confidences à sa femme. Mais il se rappela tout aussitôt que n’étant pas marié lui-même, il était sans doute le plus mal placé pour savoir ce qu’était une vie de couple. Et si le Docteur connaissait réellement les intensions de son mari, elle le lui aurait clairement dit, sans toutefois en préciser le contenu s’il n’y avait pas lieu de le faire. Le capitaine connaissait bien l’attitude franche de cette femme. Il préféra donc s’abstenir de commentaire, et changer de sujet.

« En quoi ma présence à l’opération de décongélation est-elle nécessaire ? » demanda-t-il.

« En tant que chef des opérations tactiques, vous serez peut-être amené à diriger des batailles avec dans nos rangs l’unité 01, si le gouvernement donne son accord pour son utilisation en combat. Et comme il s’agit de l’un des modèles de test, il y a plusieurs choses dont vous devez être informé sur cette unité… et les sous-sols du central Dogma sont à l’abri de toute oreille indiscrète. »

« Je vois… »


* * *


Le commandant Mazaki s’alluma une cigarette, et consultât brièvement sa montre. Curieux. Deux minutes de retard. D’habitude, ils étaient on ne peut plus ponctuels…
Son regard parcourut pour la centième fois au moins la vaste pièce sombre dans laquelle il se trouvait assit, accoudé à une grande table circulaire faite d’un matériaux translucide coloré en noir comparable à du verre. Quelques rares spots de lumières plutôt discrets éclairaient cette table, la laissant à peine se distinguer dans l’obscurité. Sur le mur situé en face du commandant, se trouvait un grand et complexe symbole doré.
Il était composé principalement d’une étoile à cinq branches, avec en son centre un aigle déployant ses ailes, faisant toucher de ses dernières plumes les deux pointes des branches supérieures de l’étoile. Le tout était entouré d’une couronne de lauriers, et orné d’une inscription en lettres dorées suivant sur le haut la circonférence de la couronne :
United Mankind Governement.

« Le Gouvernement de l’Humanité Unie… » dit à voix basse le commandant alors qu’il relisait cette inscription.
Un titre symbolique que s’était donné le gouvernement des dernières régions du globe résistant depuis deux siècles aux assauts des anges. Car comparer les 250 millions d’âmes humaines encore en vie par rapport à ce qu’était autrefois l’humanité… Le même rapport pouvait se faire au niveau des régions encore contrôlées par les derniers humains, se résumant au Japon, à la Corée et à une vaste partie de la manchourie. Un pâle reflet de l’ère humaine… Dont les seules chances de survie étaient incarnées par la titanesque barrière entourant ces territoires, et par les Evangelions, sans qui les défenses de la muraille deviendraient inutiles.

Il y avait cependant une part de vérité dans la dénomination de ce gouvernement ; étant donné que la population survivante était composée de gens provenant de tous les horizons… Cependant, les majoritaires restaient les asiatiques, territoires natals oblige. La seconde majorité était celle des européens, qui avaient émigré en masse lorsque les dernières forteresses de la vielle Europe étaient tombées, il y a 25 ans. Les territoires fortifiés d’Amérique avaient disparu depuis 75 ans, et les survivants s’étaient réfugiés en Europe. A présent, on arrivait sur les derniers territoires humains à la moitié de la population étant d’origine asiatique, un tiers d’origine européenne, et la partie restante était composée des autres représentant ethniques de l’humanité. Leur petit nombre s’expliquait par la pauvreté des pays d’où ils provenaient, qui furent les premières victimes des anges, n’ayant pas les moyens de se défendre face à de telles créatures…

Les anges. Ces créatures gigantesques contre lesquelles se battait l’humanité n’étaient plus ce qu’il avaient été… Autrefois, du temps des débuts de la NERV, il s’agissait d’entités indépendantes, qui agissaient de la sorte pour des raisons qui restent encore floue pour une large partie de la population… Mais pas pour les membres haut placés du gouvernement ou de la NERV. Toutefois, c’était une question obsolète à cette époque, car les anges qui s’en prenaient à l’humanité n’étaient que des copies de ces anges originaux, manipulés par une bande de fou qui se désignait sous le nom de SEELE. Ils avaient à leurs ordres une armée de fanatiques prêt à les servir dans leur cause morbide : anéantir l’humanité. Pourquoi ? Mystère. Des rapports faisaient état d’une religion inspirée des récits Kabbalistiques, mais…

Les pensées du commandant furent interrompues par un bip sonore, suivi d’une voix féminine au timbre électronique :

« Monsieur, les membres du haut conseil de l’UMG sont en ligne. »

« Bien. » répondit ce dernier en écrasant sa cigarette consumée dans un cendrier, « Tu peux nous faire basculer en ligne également. »

Aussitôt, des hologrammes apparurent tout autour de la table, représentant une vingtaine d’hommes et de femmes de tout âges et de tout horizons. Tous portaient accroché qui à sa veste, qui à son pull, qui à sa chemise, une broche argentée formée du sigle de l’UMG. Un seul d’entre eux l’avait de couleur dorée, et il se tenait juste en face du commandant. Il était sensiblement du même âge que ce dernier, était vraisemblablement d’origine européenne avec ses cheveux blond et ses yeux d’un bleu profond, qui semblaient pénétrant à tout interlocuteur se tenant en face de lui.
Il s’adressa au commandant :

« Veuillez excuser ce léger retard, Mazaki, le ministre de la défense a eu un petit souci juste avant la réunion » dit-il en désignant d’un geste un homme d’origine africaine au regard sévère qui dépassait en hauteur tous les autres membres de cette réunion.

« Vous n’avez pas d’excuses à me fournir, monsieur le président. » rétorqua Mazaki en souriant. « Les affaires de l’état sont prioritaires dans notre situation actuelle… »

« …Et la NERV en fait partie, vous en souvenez vous ? » lui dit le président en lui renvoyant son sourire, « Alors commençons sans plus tarder cette séance. La priorité de sujet revient au ministre de la défense, et je suis tenté de dire, sans surprises, avec ce qu’il s’est passé récemment… »

« Effectivement, merci monsieur le président. » répondit le ministre d’un ton bourru en se tournant vers le commandant, « Commandant Mazaki, comme nous le savons tous ici, l’arrivée du Third Child ainsi que son approbation pour le combat en enchante plus d’un, à commencer par la population elle-même, à laquelle nous venons de révéler les faits. C’est une très bonne chose, et cela remonte le moral de nos troupes et de nos citoyens. Mais il y a quelque chose que je vous ai toujours reproché, c’est de toujours voir les choses en grand, et vous n’échappez pas à ce fait une fois encore… »

« Où voulez vous en venir ? » demanda le commandant, qui connaissait pertinemment la réponse.

« Ne faites pas le malin, » rétorqua le ministre d’un air médisant, « je parle de l’ordre de décongeler l’unité 01. »

A ces mots, une bonne partie des membres de cette réunion eut une réaction trahissant leur surprise.

« Vous êtes probablement dit, » continua le ministre sans en tenir compte, « que le pilote et l’unité faisaient paire dans le prestige ; ce que je ne conteste pas, mais ce prestige fait partie de l’histoire, et je ne suis pas prêt à prendre des risques pour tenter de le faire revivre d’une manière ou d’une autre. Cette chose est… un danger, vous devriez le savoir mieux que moi, non ? Combien de pilotes d’élite avons-nous sacrifié de par le passé afin de tenter de résoudre cette soi-disant « légende des premières EVA » ? Ils ont payé de leur vie une tentative de synchronisation avec cette unité ! Et vous voudriez y placer le Thrid Child, un symbole inespéré de combat ? »

« Effectivement. » affirma le commandant, « mais pas pour des questions de prestige. Pour des questions de victoire. »
Mazaki s’y attendait, le ministre de la défense avait une excellente intuition et avait anticipé sa manœuvre. D’un coté, ça lui évitait de devoir annoncer par lui-même la chose, il n’y avait plus qu’a rectifier quelques détails. Plus facile à dire qu’à faire, vu comment le ministre prenait la chose…

« De victoire ? Expliquez vous. »

Le commandant, ainsi que tous les membres de cette réunion furent surpris, s’attendant à entendre la voix du ministre de la défense, alors que celle qui venait de s’exprimer provenait d’une vielle femme toute rabougrie. Assise sur son siège, les mains s’appuyant sur une canne juste devant elle, cette petite femme sans âge fixait le commandant avec un regard interrogatif.

« Vous savez pertinemment que nous n’avons ni les moyens, ni le temps de préparer une quelconque offensive en dehors de nos territoires contrôlés, ce qui serai cependant indispensable pour une supposée victoire. Je suis étonnée que vous proposiez ce genre de chose avec autant d’assurance… »

« Vous voudriez l’écouter, madame le ministre de l’intérieur ? » s’étonna le ministre de la défense.

« Le commandant Mazaki n’est pas connu pour son originalité, comme vous voudriez bien le faire croire, » lui répondit d’un ton neutre la femme âgée. « Moi, je suis prête à l’écouter. Vous savez tout autant que nous, commandant, quels ont été les grands accidents, ou plutôt devrai-je dire, les catastrophes, qui ont suivit les tentatives de synchronisation de l’EVA 01 avec de nouveaux pilotes. Connaissant votre caractère et vos compétences indéniables en tant que dirigeant de la NERV, vous m’étonneriez beaucoup en proposant un projet digne de la SEELE. »

« Ridicule. » coupa le ministre de la défense, « Nous perdons du temps et il vaut mieux nous consacrer au renforcement de nos défenses… »

« Vous n’êtes pas seul à pouvoir lever le veto sur l’unité 01. » l’interrompit à son tour le ministre de l’intérieur, « Ceci se fait par vote, et tous les membres du présent conseil y participent. Alors laissez leur se faire une opinion des idées du commandant. »

Pour toute réponse, le ministre de la défense grommela. « Je persiste à croire que pour quelque raison que ce soit, sortir l’unité 01 de son caisson cryogénique est une erreur. Mon prédécesseur a payé de son poste l’approbation de sa sortie il y a dix ans, et vous savez tous comment cela a fini… »

« Pour l’instant, laissons donc le commandant s’exprimer. » dit le président. « Je me range du coté de madame le ministre de l’intérieur : écoutons avant tout. Nous tirerons des conclusions après. »

Intérieurement, le commandant sourit. Le plus dur était fait, trouver un créneau pour exposer ses idées. Et il n’avait même pas eu à intervenir. La chance lui souriait. D’habitude, il n’avait guère la parole…



* * *



Allongé sur son lit d’hôpital, Shinji observait le paysage à travers la fenêtre de sa chambre. Il avait légèrement redressé l’oreiller afin d’éviter de prendre un torticolis, comme il en avait beaucoup pris ces derniers jours, à trop regarder ce paysage, qui se situait sur le mur de droite de sa chambre.
L’expression de son visage était d’un calme inquiétant, que quelques légers spasmes nerveux secouaient de temps à autre. On eu dit une façade prête à s’écrouler au moindre coup de vent. Il était encore sous le choc, bien que la première visite de ce Docteur Mazaki datait d’à présent deux semaines. Depuis, il avait l’esprit en berne, et passait son temps à considérer et reconsidérer cette situation, celles qu’il avait vécues, et que regretter au final ; d’avoir quitté un monde où il commençait à avoir des repères, ou bien en avoir un totalement inconnu pour repartir de zéro ?
Enfin de zéro… Les expériences passées elles, n’avaient pas disparues de sa mémoire. Misato. Asuka. Ayanami… et son père. Son père. Qu’en penser ? Un bâtard froid et sans cœur, ou bien un être réservé, tout comme lui ? Ce qui était en train de lui arriver faisait plutôt pencher Shinji sur la première hypothèse. Même lui, dans ses moment de rage intense, ne soulevait que rarement l’idée de devoir blesser quelqu’un, de quelque façon que ce soit. Il ne s’était jamais vraiment attaché à cette situation à Tokyo-3, mais regrettait tout de même d’avoir dû quitter le seul endroit où il avait un tant soit peu de repères. Il avait même de trop vagues souvenirs sur un rêve dans lequel tous ceux qui le connaissaient le félicitaient. Le félicitaient pour quoi ? Sa mémoire refusait de répondre à cette question. Et plus le temps passait, plus cet étrange souvenir devenait vague.

Etrange souvenir… Etrange… Ce monde était aussi étrange. Du moins, le peu qu’il avait pu en voir. Il était visiblement à la NERV. Mais à en juger par le paysage qu’il observait alors, ce n’était pas la même NERV que celle qu’il avait connue. Les quelques fois où il avait du sortir de sa chambre, pour des examens médicaux ou des séances de rééducation, lui ont confirmé qu’il n’était pas à l’hôpital du Géo-front. Ou alors, beaucoup de choses avaient changé en deux siècles.
Et puis, il y avait eu cet homme… qui s’appelait Mazaki, également. Il avait essayé d’expliquer à Shinji la situation de cette époque, mais il était encore trop choqué pour avoir pu intégrer tout ce que cet homme lui a dit. Il se souvenait juste qu’a un moment, il lui avait demandé s’il désirait à nouveau piloter une EVA, et se battre contre les anges.
Une idée folle avait alors traversée Shinji à ce moment. Il avait prononcés ses premières paroles dans ce monde, en demandant à cet homme si l’EVA 01 existait toujours. Il se souvenait que son interlocuteur avait hésité avant de lui répondre par l’affirmative.

« Je ne piloterait à nouveau que si je me sert de l’EVA 01. » avait-il alors dit. Les gens qu’il connaissait n’avaient pas survécu au temps, ou aux anges, mais l’EVA 01 était toujours là. Et sa mère…
Shinji le savait. Il l’avait ressentit plusieurs fois. Sa mère. Dans l’EVA 01. Elle était toujours là.
Au moins, il n’avait pas perdu ça.
L’homme, à cette réponse lui avait assuré qu’il ferai son possible pour ce soit le cas, puis, s’était en allé.
Il y avait eu ces deux personnes de son âge, aussi… Clara et Frederik, si sa mémoire n’était pas encore défaillante. Eux aussi avaient tenté de lui expliquer la situation. Il avait tout de même retenu quelques points : les anges étaient toujours présents, et attaquaient désormais en grand nombre. Ils avaient rasé la quasi-totalité de la planète, et les seules régions épargnées étaient entourées d’une gigantesque muraille faite d’un seul tenant. Ce mur géant était défendu par des escadrons d’EVA à chaque assaut des anges. Les EVA étaient plus de 8000 à cette époque. 8000. Sa situation n’avait plus rien d’exceptionnel ici. Fallait-il s’en réjouir ? S’il n’était plus le seul dans cette situation… Quoique. Avant, les autres avaient commencé à lui accorder un peu d’attention parce qu’il était devenu pilote d’EVA.
En tout cas, il avait déjà droit à une certaine attention ici. Il n’était pas rare qu’il s’aperçoive que le personnel médical lui parlait avec beaucoup de respect. Il en était de même pour Frederik et Clara… Etait-ce simplement une habitude de l’époque, ou bien était-ce parce que c’était lui ? Il faudra qu’il se concentre plus lors de leur prochaine visite, histoire de ne rien rater cette fois. Curieusement, cet endroit et cette situation commençaient à l’intéresser malgré lui… Il savait également que le gouvernement était une « technocratie »… d’après ce qu’il avait comprit, c’était un état où les élites avaient le devoir de gouverner le peuple ; il y avait un système de renseignement très affiné pour dénicher les meilleurs penseurs de ce qu’il restait de l’humanité. Et ces gens là étaient contraints de diriger les territoires libres, sans qu’une approbation de leur part soit attendue. C’était un devoir ici, en tant qu’élite, de mettre son intelligence au service de l’humanité. Il y avait des gens de tous horizons et de toute classe sociale, placés là où ils étaient les plus doués. Il n’en savait pas vraiment plus. Juste que ce n’était pas une dictature, mais plutôt un état démocratique ; avec cependant, l’impossibilité pour les gens standards d’accéder à des fonctions politiques, et d’élire leurs dirigeants. Par contre, il ne voyait pas l’intérêt d’un tel état. Shinji n’en savait peut-être pas encore assez… Et la politique en général ne l’intéressait que très peu.
Qu’avait-il retenu de plus ? Que les pilotes d’EVA étaient répartis en divisions de combats, que tout le monde ici désignait sous le terme moins pompeux de « clan ». Celui dans lequel il était amené à piloter est le clan Océan.
Et c’est tout. Tout ce qu’il avait pu retenir. Il en retiendra peut-être plus la prochaine fois…

Les paupières de Shinji se firent lourdes. Il avait beau avoir « dormi » pendant deux siècles, son conditionnement forcé l’avait énormément affaiblit. Il avait petit à petit repris quelques forces, mais il avait toujours besoin de dormir au moins pendant une dizaine d’heures tout au long de la journée, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de temps pour tenter de faire autre chose, ou simplement discuter avec ses rares interlocuteurs. Encore que, discuter est un bien grand mot. Il leur adressait bien souvent des réponses et quelques questions plutôt somnolentes… Il était choqué d’avoir été « projeté » dans le futur contre son gré, mais il cherchait néanmoins à avoir un contact avec les gens d’ici, aussi inconnus leur soit-ils. Shinji ne se comprenait pas lui-même… Il fuyait auparavant tout contact, et maintenant, il voulait en engager ?
D’ailleurs, sur le « auparavant », quels étaient ses derniers souvenirs, mis à part ce rêve étrange ? Shinji essaya de se concentrer, malgré sa fatigue.
C’était après la mort de Kaoru, ça, pas de doutes. Cela l’avait d’ailleurs une fois de plus fait tombé dans un renfermement extrême. Il y avait de quoi, aussi. Tokyo-3 était rasée, Rei n’était plus la même, Asuka avait tenté de se suicider, ne supportant plus sa mise au ban depuis sa défaite contre le 15ème ange, et ses rares amis avaient dû quitter la ville… Misato était sur les nerfs, et Shinji la savait profondément éprouvée par la mort de Kaji. Curieusement, elle ne s’était pas vraiment plongé en deuil, mais avait plutôt tendance à travailler davantage après cet évènement…
Voilà pour le décor. Maintenant, ses dernier souvenirs… Shinji voyait sa chambre, plongée dans l’obscurité. C’était un soir assez avancé, et Misato était encore à la NERV ce jour là. Il était occupé à ressasser dans son esprit les derniers évènements, en culpabilisant. Puis, il avait entendu quelque chose tomber, dans une pièce voisine, et le bruit l’avait tiré de sa torpeur. Mais juste après, le panneau de sa chambre avait rapidement été ouvert, et un objet dégageant de la fumée avait été jeté par l’ouverture. Shinji se souvint avoir respiré de cette fumée… Puis plus rien.
Shinji s’étonna lui-même lorsqu’il eu remis en place tous ces éléments. Quelques jours plus tôt, il était incapable de se souvenir de ses derniers moments datant de deux siècles. Un signe d’amélioration de son état ? Peut-être. En attendant, ce souvenir éveillait bien des questions, comme s’il n’en avait pas assez eu, en son fort intérieur. Mais pour l’heure, le sommeil gagnait du terrain, et Shinji décidât de remettre ces questions à plus tard. Peut-être que les gens d’ici connaissaient les conditions de sa mise en léthargie… Et pourraient lui apporter des réponses.



* * *



A la base du Géofront, le capitaine Tsuno observait d’un air tendu la face géante de démon métallique qui se tenait en face de lui. Celle de L’EVA 01, qui avait été décongelée, puis remontée en dehors du central Dogma. A présent, elle était fixée à son module de transport, solidement arrimé aux parois de la cage.

Les teintes violettes qui recouvraient autrefois son armure n’attestaient plus de leur ancienne présence que par quelques rares portions de métal encore recouvertes de cette couleur. Le gris du métal de l’armure était ponctionné de quelques tâches violacées, et les protections de plastique souple des bras étaient entièrement décolorées, ne laissant qu’une teinte blanchâtre bâtarde. L’armure était cabossée en certains endroits, et la corne monumentale de cette unité n’était plus tout à fait droite.
L’unité 01 avait bien piètre allure… Les congélations successives et les expériences passées avaient détérioré peu à peu le modèle de test des EVA. Qui malgré tout, était toujours opérationnel.

C’était ce que trouvait étrange le capitaine. L’équipement et l’électronique de l’unité 01 avaient fait preuve d’une incroyable résistance au temps, le pire des ennemis, après les anges. Les quelques fois où on avait du la sortir, avec l’unité 02, le montrait d’ailleurs de façon flagrante ; là ou la 02, unité pourtant plus récente et plus accomplie, présentait de nombreux dégâts dus entre autres à la congélation, l’unité 01 ne présentait que des détériorations mineures, comme la peinture qui partait. L’antenne tordue et les dégâts sur son armure n’étaient dus qu’aux « accidents » qui avaient suivi une tentative d’insertion de nouveau pilote…

A présent, elle était de nouveau sortie de son caisson pour une tentative de synchronisation, mais avec son pilote originel. Le gradé trouvait cela tout de même très risqué et farfelu. Pourquoi vouloir remettre en état une EVA aussi vielle ? Celle qui a causé le plus de difficultés à la NERV dans le passé, qui plus est ? Elle était complètement dépassée… L’autonomie de ces vieux modèles était de cinq minutes, si les souvenirs du colosse étaient bons, et ces EVA devaient se traîner un câble d’alimentation en combat, accroché dans leur dos… Alors qu’aujourd’hui, une EVA disposait de trente minutes d’autonomie, et son alimentation courante était assurée par des stations émettrices de micro-ondes, réparties sur la barrière de protection des territoires. Une alimentation sans fil, laissant bien plus de liberté aux unités de combat. De telles améliorations auraient d’ailleurs été possibles il y a deux siècles, et la NERV en avait les moyens. Nul ne savait pourquoi de telles limitations avaient été tolérées alors…

Un mystère de plus à mettre sur le dos de la SEELE et du commandant Ikari, qui tiraient les ficelles de la NERV à cette époque. L’un avait emporté le secret dans sa tombe, et les autres étaient maintenant le nouvel ennemi.

« Capitaine ? »

Le gradé sortit de ses pensées et se tourna vers la personne qui l’avait interpellé, une opératrice assise à une console de mesures.

« Les préparatifs de transport de l’unité 01 sont terminés. » ajouta-t-elle quand elle vit que le colosse lui avait accordé son attention. Son ton était globalement neutre, mais on y pouvait y déceler quelques intonations trahissant l’inquiétude de sa propriétaire.

« Bien. Je vais aller rejoindre le convoi. Catapultez-la en surface dès que possible. » répondit-il en se retournant vers la baie vitrée du poste de contrôle de la cage où il se trouvait. Il y observa une dernière fois le géant avant de se diriger vers la sortie de la pièce.

« Capitaine… » l’interpella l’opératrice juste avant qu’il ne sorte, « devons nous vraiment la faire sortir ? »

« C’est un ordre qui vient d’en haut. » lui répondit le colosse.

« Vous ne pouvez rien faire ? »

« Pour ? »

« Faire en sorte qu’elle ne quitte pas le central Dogma. »

« J’aimerai aussi qu’elle y reste… mais je ne suis pas le commandant Mazaki, et encore moins le gouvernement. Obéissons, point barre. »

L’opératrice eu un temps d’hésitation avant de répondre :

« Ma mère était scientifique pour le compte de la NERV il y a dix ans… Et elle a participé à l’expérience de synchronisation. Comme toutes les installations alentours, elle a été réduite en cendres. Je n’ai pas envie que… »

« Ce ne sera pas de notre faute si une autre catastrophe se déclenche ; inutile de culpabiliser. » coupa le capitaine. « Nous ne sommes que des exécutants. »

L’opératrice resta muette. Le capitaine en profita pour sortir de la pièce ; il n’avait pas vraiment envie d’être confronté à d’autres questions de ce style. Et ce n’était pas la première à les lui poser… depuis qu’il était remonté du central Dogma avec le Docteur Mazaki, les mêmes questions se répétaient dans la bouche de chaque employé de la NERV qu’il croisait. Autant le mythe des premiers pilotes avait la peau dure, autant la terrifiante réputation de l’unité 01 lui était équivalent ; une idée préconçue basée sur les constats passés. Mais quand les « constats » en questions sont des anéantissements purs et simples des constructions situés autour de cette EVA pendant les tests… Les réactions étaient prévisibles, et encore plus compréhensibles.

« J’espère qu’il sait ce qu’il fait. » marmonna le colosse en enfonçant son béret sur son crâne, tout en prenant le chemin de la surface.



* * *



Quelques heures plus tard, le Docteur Mazaki volait en direction de l’ancien Tokyo, là où était installé la plus importante base secondaire de la NERV ; là où Shinji était hospitalisé. Le VOTL qui la transportait passa à un moment au dessus d’une large autoroute ; tellement large qu’une cinquantaine de rangées de poids lourd auraient pu y circuler à l’aise. Sauf que le seul véhicule qui y circulait actuellement était une sorte de gigantesque traîneau sur lequel était couché une forme géante vaguement humanoïde, couverte par des bâches. La vitesse du véhicule n’excédait pas les 50 Km/h, et l’engin volant eu vite fait de rattraper et dépasser ce convoi. Hei l’observa pensivement pendant qu’il était encore dans son champ de vision, puis détourna le regard vers l’avant de l’appareil. Elle pouvait voir en face d’elle la base côtière de la NERV se rapprocher petit à petit à l’horizon ; et la large voie du convoi sillonnait à travers le paysage vers le même objectif.

Encore plongée dans ses pensées, le Docteur n’en fût tiré que par un brusque écart effectué par son transport. Le pilote de l’appareil se mis à lancer milles jurons dans sa radio à l’engin qu’il avait failli percuter. Hei se retourna pour identifier celui-ci, un hélicoptère de la presse. Des journalistes. Les « fouilles merde » comme les appelait si poétiquement le commandant. Toujours à la recherche d’un scoop ou de l’exclusivité d’une information concernant la NERV et ses actions. Avec l’annonce publique de la découverte du Third Child, cela allait empirer pensait Hei. Ceux-ci avaient du couper leur GSM* afin de passer au nez et à la barbe du contrôle aérien…

Le Docteur détourna son regard de l’hélicoptère, que quelques VOTL de surveillance abordaient déjà. Elle soupira en repensant à une époque pas si lointaine, où c’était la vie privée des plus grands pilotes d’EVA qui animait les chroniques. L’UMG avait du prendre des mesures sévères à l’encontre de la presse qui avait été bien au-delà du raisonnable. Désormais, il en coûtait très cher à un journaliste de tenter de s’informer sur un pilote ; et rien que tenter d’en aborder un dans la rue peut lui valoir une très forte amende et le retrait de sa carte de presse durant un an. Malgré le type de gouvernement des derniers territoires libres, la liberté de penser et d’entreprendre n’était pas remise en cause… Et nombre de puissants organismes de presse se plaisaient à cracher régulièrement sur cet organe de pouvoir élitiste, ne prenant, selon eux, que peu en compte les « desideratas du peuple ». Des critiques qui parlaient sans rien dire, qui reprochaient sans savoir ; la plupart d’entre eux n’avaient jamais quitté la capitale et se complaisaient dans leur bureau à fumer de gros cigares. Nul d’entre eux ne savait ce qu’était réellement un ange… Et ils se permettaient de donner des leçons de stratégie à la NERV dans leurs articles. La critique est aisée mais l’art est difficile, disait le proverbe…
Si la presse n’était guerre magnanime à propos de la NERV, c’était toutefois réciproque. Chaque employé, du haut responsable au balayeur, en passant par les pilotes, pensait plus ou moins la même chose de la presse que ce que venait d’en penser Hei.

Quelques minutes passèrent, durant lesquelles le Docteur se contenta d’observer ce qu’il restait de paysage entre elle et la base défiler, avant de s’apercevoir que le VOLT était passé en phase d’atterrissage sur l’une des nombreuses aires prévues à cet effet sur le toit de la base.
Elle ne fût pas surprise de constater, en descendant de l’appareil, que son mari l’attendait, une cigarette à la bouche et l’air visiblement très satisfait.

« Laisse moi deviner… » lui dit Hei avant qu’il n’aie pu ouvrir la bouche, « ils ont accepté ? »

« Tout juste. » lui répondit simplement le commandant en tirant une bouffée de fumée sur sa cigarette, « Ca a été beaucoup moins compliqué que prévu… Et de ton coté ? »

« L’EVA 01 est en route… Et j’ai du affronter l’incompréhension des employés de la NERV… »

Elle réajustât ses lunettes sur son visage avant de continuer :

« Tu peux me dire exactement ce que tu compte faire avec elle ? »

« Uniquement si tu me promet de ne pas en parler avant qu’on en aie une confirmation. »

« Tu fais bien des mystères… » soupira l’épouse du commandant, « mais j’accepte. »

Takeaki Mazaki fini de consumer sa cigarette avant d’inviter d’un geste sa femme à le suivre à l’intérieur de la base.

« Les murs ont des oreilles, ici… » dit-il

« Des oreilles, je ne sais pas, mais ce qu’il faudrait aux toit de la base, c’est des cendriers… tu devrait arrêter de fumer. » répliqua avec un léger sourire Hei.

« On verra ça quand les anges serons vaincus. » dit en retour le comandant, avec au large sourire.


A suivre…


Chapitre suivant : Intégration/Adam’s Daughter awakening.


Coin définitions :
GSM : système de localisation d’appareils aériens basé sur le GPS ; est destiné à remplacer l’obsolète et trop cher radar à terme. Est déjà en application dans des régions où les ondes radar passent difficilement, comme les montages de l’alaska. Fonctionne à partir d’un émetteur qui renseigne le contrôle sur sa position, mais également les autres appareils.
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Message par Smog ShadowSeth »

Evangelion : H.I.F

Par Smog ShadowSeth

Genre : continuation.

Chapitre 3 /: Intégration/Adam’s Daughter awakening.



En tout début de cette matinée, la NERV était silencieuse. Ses « locataires » avaient des habitudes biens confortables au niveau de leur sommeil, en particulier les pilotes, qui dormaient bien souvent jusqu’à titiller les dix heures du matin.
Mais il y avait des exceptions.
Et Karla était l’une d’elle. Regardant brièvement d’un air blasé les sept heures qu’affichait sa montre digitale, elle parcourait rapidement les méandres de la base afin de rejoindre la salle de réunion dédiée à la division d’Evangelions qu’elle dirigeait ; la division RedStorm. Un des « clans » de pilotes les plus performant de la NERV, à niveau égal avec Océan, son principal rival.
Mais le leader des RedStorms avait actuellement autre chose en tête que cette petite guéguerre quotidienne avec Clara ; aujourd’hui était un jour important.
Le jour de sa sortie.

Et Karla n’avait toujours pas réussi à obtenir qu’il fasse son propre choix de clan, et encore moins de savoir pourquoi c’était les Océans qui étaient jugés plus apte qu’eux à l’accueillir. Mais ce n’était pas ce qui la préoccupait le plus, du moins, pour le moment.
Comme tous les chefs de clans, elle avait reçu des instructions précises à propos de l’attitude à avoir face au Third Child ; qu’ils devaient tous impérativement transmettre aux membres de leur division. Et elle avait attendu le dernier moment pour le faire… une semaine s’était pourtant écoulée depuis que l’EVA 01 avait été acheminée ici, mais elle avait eu d’autres préoccupations. A présent, il fallait qu’elle transmette « à l’arrache » les consignes du commandement de la NERV.

Habituellement, Karla n’était pas une adepte de l’improvisation… Elle se voulait être l’héritière du prestige du Second Child, celle qui fût la mieux préparée, la mieux entraînée, et donc, la plus efficace des trois pilotes. Bien que l’histoire ne soit pas tout à fait de cet avis, Karla n’en avait cure. En ce moment même, à trop se pencher sur du superficiel, elle en oubliait sa fonction de chef de clan, et donnait une bien mauvaise image de cet ancien prestige. Des mauvaises langues osaient encore prétendre que cet engouement pour l’ancienne pilote aux trois nationalités japonaise, allemande et américaine, était dû à une sur médiatisation des faits et geste de cette adolescente… Foutaises.
Karla admirait le Second Child depuis bien longtemps, avant même qu’elle ne soit sélectionnée pour le pilotage d’EVA. Tout ce qu’elle pouvait changer lui était d’ailleurs dédié, de son apparence jusqu’au nom de son clan, en passant par l’excès de coloration rouge qu’elle se mettait où que possible ; vêtements, cheveux, lentilles de contact, Plug-suit, et bien sûr, Evangelion. Les plus médisants la considéraient comme une sorte « d’otaku-female », à la voir ainsi se dédier presque entièrement à son culte du Second Child.
Mais pour l’heure, elle n’avait nulle envie de penser à tous ces niais. Elle devait profiter de l’intervalle de temps entre son réveil et celui des autres membres de son clan pour préparer brièvement le briefing sur Shinji. A supposer qu’elle veuille bien attendre les plus fainéants, elle avait trois heures devant elle pour mener cette tâche à bien.

Arrivée devant la porte de la salle des RedStorms, elle poussa un soupir de résignation. Etant donné qu’elle n’avait encore rien lu des infos officielles données par la NERV, elle avait du travail devant elle…

Quand elle eut franchit la porte, elle fut surprise de constater que malgré l’heure, quelqu’un était déjà présent.

« C’est pourtant pas fréquent de ta part de te lever à pas d’heure… » dit-elle à l’occupante en entrant.

Cette dernière, une jeune fille du même âge que Karla, était assise au premier rang, les jambes croisées sur son pupitre. Elle tourna nonchalamment la tête vers son chef, son regard sombre trahissant la fatigue.

« J’ai fait un rêve. » répondit simplement celle-ci.

Karla leva les yeux au ciel. Ca l’aurait étonnée que ce soit pour autre chose…

« Et ? » dit-elle en se dirigeant vers son bureau, sachant pertinemment que sa collègue allait lui sortir un baratin divinatoire des plus stéréotypés.
Il faut dire qu’elle avait de quoi. Cette fille était ce qu’elle appelait un « curieux mélange », au sens ethnique ; de père égyptien et de mère japonaise, elle avait également un nom à coucher dehors : Netiosabeksethi, ou un truc dans ce genre. Mais tout le monde préférait l’appeler Sethi. Son père avait un penchant pour les vielles croyances égyptiennes, et sa fille en avait hérité. C’était d’ailleurs cet attrait pour ces anciennes croyances qui éloignaient la gent masculine d’elle, sans cela, elle avait tout pour plaire, du moins physiquement… Cheveux sombres, yeux assortis, et la peau matte, bien sûr. Elle portait l’uniforme des pilotes, rouge sur la partie colorée, tout comme Karla, ainsi qu’une paire de boucles d’oreilles dorées en forme d’un antique symbole religieux égyptien, une sorte de croix avec une anse au sommet.

« J’ai rêvé que je buvait de la bière chaude. » continua Sethi. « D’après la Clé des songes *, ça veut dire qu’on va avoir des ennuis avec un fonctionnaire. »

« Et c’est pour me dire ça que tu t’es levée si tôt ? » répondit Karla en s’asseyant au pupitre principal, « Franchement, je pense que tu as mieux à faire de ton temps, non ? Le lieutenant des RedStorms devrait avoir autre chose en tête que des pensées et des textes vieux comme le monde. »

« C’est ton point de vue, pas le mien. » répondit l’égyptienne. « Mais ça ne t’a pas empêché d’admettre que j’avais eu raison à plusieurs reprises, une bonne partie du temps, je crois même. »

Karla grommela en allumant l’ordinateur du bureau. Oui, bon, les trois quarts du temps, ses « prédictions » se réalisaient, mais là… avoir des ennuis avec un fonctionnaire… encore Osawa ? Remarque, ça se pourrait bien, vu qu’elle était encore allée fouiller dans des rapports…

« Et il t’arrive de prédire quelque chose de joyeux ? » lança-t-elle.

« Ne te plaint pas. » répondit durement Sethi, « Ca pourrait être pire. D’après la Clé des songes, rêver que l’on devient fonctionnaire signifie qu’on est proche de la mort. **»

Karla réprima difficilement un soudain fou rire. Elle qui ne portait pas les fonctionnaires dans son cœur, voilà quelque chose qui lui confirmait ses idées sur le sujet… et qui visiblement existait déjà dans les temps reculés. Mais bon, d’un autre coté…

« Au cas où tu ne l’aurai pas remarqué, » dit-elle en retenant encore quelques hoquets de rire, « on est payé par l’état pour piloter des Eva, donc, on est aussi des fonctionnaires… A en croire ton bouquin, on a du souci à se faire… »

« Parce que pour toi, la situation des pilotes est enviable ? »

Karla mis deux bonnes secondes à interpréter ce que venait de lui dire Sethi, avant de se pencher en grommelant à nouveau vers l’ordinateur du pupitre. Son lieutenant avait un point…

« Bon, c’est sûr qu’on doit pas être couverts par la chance, vu les tuiles qui nous tombent dessus régulièrement… mais de là à dire qu’on est proche de la mort… »

« Et une espérance de vie de 21 ans, c’est pas être proche de la mort, pour toi ? »

Hmpf. Encore un point pour elle.

« Peut-être, peut-être, m’enfin il faut en rêver, non ? Et pas l’être ? Parce que sinon, y’aurais plus personne pour administrer le pays… Et puis, quand on dit un fonctionnaire, on pense plus au petit binoclard accroché à son papier, son bureau et son horloge, plutôt qu’à des pilotes d’élites comme nous… »

« Certes, je te faisait simplement remarquer que nous ne sommes pas les plus privilégiés au monde, bien au contraire… et que jusqu'à maintenant, rien ne nous a été bien favorable. »

« Mouais, mouais… ben au moins je suis au courant ; si une nuit je rêve de paperasserie administrative, je saurai que le lendemain, j’aurai intérêt à réfléchir sur un épitaphe… » fit Karla en riant nerveusement.

« Pour en revenir au début, » répliqua Sethi, « si on va encore être entravés par un fonctionnaire, ça ne peut-être qu’Osawa, vu le nombre de fois que ça arrive… et cela veux aussi dire que tu as fait la pêche aux infos. »

« Toi, on peut rien te cacher. » répondit Karla en commençant à naviguer sur le réseau de la base, à la recherche des instructions concernant le Third Child.

« Alors ? »

« Plutôt intéressant. J’ai appris que nos supérieurs vont faire fermer le mausolée des trois Children, et enquêter sur les deux autres tombes qui sont sensées être pleines… On dirait bien qu’ils se demandent si le Third n’est pas le seul à avoir « survécu » de cette façon là. Ce qui est plutôt logique, en somme. T’imagines si le second était elle aussi mise en hibernation ? »

« Mh…Et ils vont fermer la nécropole, donc ? »

« Non » fit une Karla déçue par le manque d’enthousiasme de sa collègue face aux chances de voir ressurgir la légende rouge à cette époque. « Seulement le sommet ; là où y’a leurs tombes, d’après ce que j’ai lu. »



* * *



Shinji se releva brusquement sur son lit, le visage en sueur. Un rêve, pensa-t-il… Ce n’était qu’un rêve. Enfin, un cauchemar, plutôt.

Drôle de cauchemar, d’ailleurs. Il se souvenait d’un paysage marécageux avec un arbre géant aux formes étranges en son centre, le tout encadré par deux épaisses nappes de brouillard, desquelles semblaient émaner des voix ; des voix de gens qu’il avait connu il y a deux siècles dans l’une, et des voix de ceux qu’il venait de rencontrer à cette époque dans l’autre. Le jeune homme se souvint également qu’il avait tenté d’entrer dans cette purée de poix, mais que les masses de brouillards semblaient reculer à chaque fois qu’il allait y pénétrer.
Ensuite, après avoir tenter une énième fois d’y entrer, il avait été poursuivit par un monstre étrange aux contours vagues et dotés d’une paire d’yeux rougeoyants qui terrorisaient Shinji. Il se souvint ensuite être tombé dans une marre d’eau stagnante… et de s’être réveillé.

Il se laissa tomber sur le matelas avec un soupir de soulagement. Machinalement, il regarda l’horloge qui était accrochée sur le mur d’en face. Sept heures vingt. Frederik ne viendrait le chercher que dans une heure et demie, à peu près. Une heure pour se préparer, il lui restait donc quarante minutes pour flâner au lit. Enfin, flâner…



* * *



Le commandant Masaki baillât dans l’ascenseur qui le conduisait aux niveaux les plus bas de la base. Il n’avait pas beaucoup dormi la nuit dernière, et manque de chance, il avait été appelé d’urgence de bon matin pour un problème en rapport avec l’EVA 01. Il ne savait pas en quoi consistait ce problème, simplement qu’il était suffisamment important pour justifier un report des premiers tests avec Shinji, qui devaient avoir lieu dans l’après midi.
C’était donc à contre cœur que le commandant avait du quitter son lit aux abords des huit heures pour aller voir ce qu’il en retournait. En temps normal, il aurait donné son accord pour un report, mais le surprenant contenu d’une annonce arrivée la veille à la base l’en empêchait...

L’ascenseur sonna brièvement, marquant son arrivée au niveau demandé par le commandant, qui sortit aussitôt de la cabine en émettant un autre bâillement. Ce niveau là n’était utilisé que pour les tests des unités en conditions extrêmes, et les blindages et autres multiples protections qui isolaient ces niveaux du reste de la base assureraient une bonne protection de cette dernière en cas « d’incident majeur » avec l’unité 01. C’était d’ailleurs la seule base à posséder encore ce type d’infrastructure, les autres ayant également eu droit à la visite de l’EVA 01 ; mais connaissant les conséquences de ces premières tentatives de synchronisations, on imaginait bien qu’elles n’étaient plus opérationnelles depuis longtemps… En reconstruction pour la plupart, elles n’étaient pas aussi bien protégées que ne l’est actuellement leur dernière représentante fonctionnelle, et n’avaient pas pu contenir l’explosion qui s’était alors produite sur chacune d’elles. Compte tenu de l’ampleur de ces catastrophes, la puissance des explosions avait pu être facilement évaluée, et les équipements souterrains de cette base avaient, théoriquement, largement les moyens d’y résister. On avait donc logiquement fait descendre l’unité 01 ici.
Le commandant se demanda au passage pour quelle raison des tests précédents n’y avaient jamais eu lieu. Bizarre. La zone occupée par la base était certes un des lieux stratégiques les plus importants des territoires libres, et prendre le risque de la perdre n’était même pas envisageable par les gouvernements successifs, et ne l’est certainement pas plus aujourd’hui, même s’il n’y aura pas destruction totale en cas d’accident. Risquer d’affaiblir un tant soit peu un des rares passages où les anges pouvaient passer de la mer à la terre avec une très grande facilité n’était pas concevable, même par le plus stupide des tacticiens. Alors pourquoi avoir donné le feu vert pour ce test ? Même si au fond, c’était exactement ce que souhaitait le commandant, il ne s’attendait pas à ce que l’UMG accepte toutes ces requêtes concernant l’unité 01 aussi facilement. Cela était dû en grande partie au ministre de l’intérieur, elle qui n’avait guère été présente au niveau de la défense des territoires offrait, sans même que ce dernier le lui ai demandé, un soutien inconditionnel au commandant. Et l’intérieur n’était pas un ministère que l’on pouvait facilement ignorer, une bonne partie de l’administration et des forces d’auto défense étaient sous sa tutelle, autant dire une majeure partie des rouages et des exécutants du gouvernement. L’autre partie majeure était la défense, dont le rôle principal se bornait à la gestion de la monumentale barrière de protection des territoires, à la mise au point d’armes de hautes technologies et également au commandement des forces militaires offensives de ce qui restait de l’humanité, qui n’avaient d’offensif que le nom. Les EVA, malgré leur rattachement au gouvernent, formaient encore un domaine largement indépendant de tout ministère ; bien que les plus sollicités soient la défense et l’intérieur, justement. On pourrait presque considérer le commandant de la NERV comme un ministre à part entière, s’il n’avait de compte à rendre qu’au président, mais c’est devant le gouvernement au complet qu’il devait rendre des comptes.

Takeaki Masaki stoppa là ses réflexions internes quand il arrivât au poste de contrôle de la cage blindée renfermant l’unité 01. Il y trouvât le responsable informatique rattaché aux maintient des EVA, visiblement dans un état de fatigue extrême. D’après ce qu’en savait Masaki, le pauvre homme avait passé la nuit entière à tenter de résoudre le fameux problème justifiant la présence actuelle du commandant. Vêtu de la même manière que celui-ci, il se leva lourdement de son siège pour aller le saluer d’une voix molle et assez faible.

« Merci d’être venu, commandant. » en lui tendant la main. « Je suis désolé d’avoir dû vous déranger, mais la solution à mon actuel problème passe, je pense, par vous… »

« De quoi s’agit-il, exactement ? » demanda Masaki après avoir échangé une poignée de main avec l’ingénieur.

« Je suis ennuyé avec l’écrasement de l’ancien OS de l’unité 01… » dit-il en se rasseyant à sa console, « Ca a commencé en début de soirée hier ; MAGI ne me donnait aucune réponse lorsque je lui ordonnais de procéder à la destruction des anciennes données, et après vérification, il s’est avéré qu’elle n’a jamais touché à ces données malgré mes multiples injonctions. J’ai d’abord pensé à une panne ou un bug au niveau de la reconnaissance vocale, et j’ai essayé via clavier, mais rien n’y faisait. J’ai poussé plus en avant mes analyses et suis effectivement tombé sur un bug à une portion de code à laquelle j’avais heureusement accès, et j’ai cru rétablir les choses. En fait, je n’ai réglé que les fonctions de réponses face au cas que je lui présentais… Ca m’a pris une bonne partie de la nuit, pour en fin de compte ne déterrer que le vrai problème. Les MAGI me disent que je n’ai pas un niveau d’accès suffisamment élevé pour exécuter cette requête. Ce qui est totalement absurde… »

« Comment ça, « pas assez élevé ? » » fit le commandant en fronçant les sourcils.

« C’est exactement ce que je me suis dit. J’ai fait des centaines de fois cette manœuvre avec d’autres unités, sans avoir eu le moindre problème d’accès ou dieu sait quoi d’autre ; j’ai en théorie un niveau de privilège suffisamment élevé pour procéder à l’écrasement de n’importe quelles données sur n’importe quelle EVA, c’est d’autant plus étrange. »

« Alors ne sachant pas comment résoudre rapidement ce problème, vous avez appelé la personne qui dispose des privilèges les plus élevés sur la plate forme informatique de la NERV… »

« Exactement, Commandant. »

« Je peux comprendre votre inquiétude à ce sujet, mais était-ce bien nécessaire de m’appeler aux aurores alors que les tests n’ont lieu qu’en fin d’après midi et qu’il n’y avait rien d’autre à faire à par ce fameux formatage ? » demanda Masaki en réprimant un bâillement.

« Vous n’êtes pas le seul à être fatigué ici, comandant, et sauf votre respect, quand l’un se plaint d’être tiré du lit, l’autre ne demande qu’a y plonger sans pour autant oublier de transmettre cet incident, qui entrave totalement toute action avec l’EVA01. » rétorqua l’informaticien en réprimant également un bâillement.

« De plus, » continua-t-il plus sérieusement, « ce problème d’accès implique des manipulations externes à la NERV sur notre propre système, et avec la recrudescence d’espions de la SEELE ces dernier temps, je préférais vous en parler seul à seul. »

« Je ne dit pas le contraire ; j’essayai juste de détendre l’atmosphère. » fit le commandant en ré-adoptant également un air grave.

« Vous n’êtes pas toujours doué pour, on dirai… »

« Je dois l’avouer. Bon, venons-en aux faits… Je suppose que tout est déjà prêt pour l’écrasement, et que je n’ai qu’à lancer l’ordre à MAGI ? »

« Tout a fait. L’OS à supplanter sur l’ancien est sur le serveur de cette cage. »

L’homme aux allures de scientifique s’avança vers la baie vitrée de la pièce, derrière laquelle se trouvait l’unité 01. Elle n’avait pas meilleure allure que lors de sa sortie du central Dogma, on lui avait seulement retiré pour l’instant les parties qui demandait le plus de rénovations, comme sa corne et ses plaques de fixations des épaules.
La cage n’était qu’assez peu éclairée, et les jeux d’ombres que projetait la lumière bleutée du système d’éclairage donnait un coté lugubre au modèle de test des premières EVA.

Le commandant en détourna son attention pour l’orienter vers une console inoccupée collée à la vitre de la petite salle. Il pianota brièvement sur le clavier avant de se relever pour déclamer à un interlocuteur invisible :

« MAGI, ici Commandant Masaki Takeaki. Demande l’installation du système d’exploitation présent sur le serveur local sur l’unité 01, aux dépends du système actuellement présent. »

Une voix féminine au timbre électronique lui répondit aussitôt :

« Négatif, commandant. Ordre non applicable. »

« Comment ça ?! » fit butalement l’informaticien.

« Niveau d’accès insuffisant pour l’exécution d’un tel ordre. »

Le commandant fronça les sourcils.

« Appartiens-je au niveau le plus élevé ? » demanda-t-il.

« Oui, commandant. »

« Dans ce cas, pourquoi n’ai-je pas la permission d’exécuter cet ordre ? »

« Votre niveau d’accès est insuffisant. »

« Il y a contradiction MAGI ; comment puis-je avoir un niveau insuffisant alors que je suis au rang le plus élevé ? »

Il y eu un silence après cette question qui ne fut pas du goût des deux hommes. Finalement, la voix électronique du système MAGI s’exprima après une bonne dizaine de secondes de mutisme :

« Aucune réponse à fournir. »

Le commandant se tournât vers l’informaticien.

« Il semblerait que vos doutes soient confirmés… Il va falloir inspecter minutieusement tout le système de la base pour voir si quelqu’un a tenté quelque chose dessus, et rétablir l’original au besoin. »

« En attendant, je crois que nous sommes bon pour un report définitif du test… » suggéra l’autre homme en se levant de sa console pour ranger ses affaires éparpillées dans toute la pièce.

« Pas sûr… » fit le commandant en tentant de rabattre la mèche rebelle de sa racine capillaire. « MAGI ? Existe-t-il un moyen de rendre opérationnelle l’unité 01 avec la version d’OS demandée précédemment, sans toucher aux données déjà présentes sur l’unité ? »

« Affirmatif. » répondit l’IA de la base, « certaines parties du système actuellement présent sur l’unité 01 peuvent être mises à jour avec celle du système demandé, en conservant cependant le noyau et certaines autres parties. »

« Ca ne risque pas d’affecter la manipulation de l’unité ? »

« Ce système hybride une fois installé possèdera 99.64% de la fiabilité actuelle du système le plus récent. Risque de panne ou blocage critique estimé à 0.0429%. »

« Et les fonctionnalités du système ? »

« Toutes celles contenues dans la version à installer seront présentes sur l’EVA 01 après manipulation malgré la manœuvre elle-même. »

« Bien. » fit le commandant d’un air soulagé, en se tournant vers l’informaticien, « C’est suffisamment fiable pour une solution provisoire, à votre avis ? »

« Ma foi, » répondit l’interloqué, « l’idée de demander directement une solution à MAGI ne m’avait même pas effleuré l’esprit… mais elle est la mieux placée pour connaître toutes les manipulations possible là-dessus ; je pense que ce qu’elle propose peut faire une bonne solution de remplacement. Mais sur un plus long terme, je suis moins optimiste que ses statistiques. »

« Pourquoi ? »

« Ni vous ni moi ne pouvons savoir ce que referment ces données mystérieuses que nul ne peut effacer. De deux choses l’une : soit l’EVA 01 contient des informations ou tout autre type d’indication qu’il serai malvenu de tomber entre nos mains pour nos ennemis, et qui justifierai une manipulation du système pour nous le cacher via les droits d’accès ; soit pour justifier ce même piratage, on peut supposer à un sabotage plutôt bien monté visant à nous faire utiliser ce type de configuration proposé par MAGI, et à terme, mettre hors service l’unité 01, ou qui sait, son pilote, dans lesquels les pirates doivent voir une grande menace… Je penche plus pour cette option, ou du moins, c’est que je crains le plus ; on ne sait pas ce que referment les parties non accessibles, qui sait si ce n’est pas… »

« Ca va, ça va, inutile d’aller plus loin. » coupa le commandant, l’air amusé, « en clair, il y a une zone d’ombre dans cette affaire qui n’est pas de vôtre goût, et dans l’intérêt général, il vaut mieux rétablir la situation normale le plus tôt possible, et restreindre l’utilisation de l’unité 01 en attendant. »

« Pour autant que vouliez vraiment vous en servir commandant. » ajouta l’informaticien, « d’ailleurs, si ce n’est pas indiscret, avant d’aller prendre du repos, pourriez vous me dire ce qui vous motive dans la réutilisation de ce modèle aux tristes réputations ? »

« Je crains que ce soit trop indiscret. » répondit le commandant d’un ton neutre.

« Alors, j’espère seulement que vous savez ce que vous faites. » conclu l’ingénieur en s’apprêtant à partir.

« Ne vous inquiétez pas ce coté-ci. »

« Puissiez-vous avoir raison, commandant… »

Sur ces dernières paroles, l’informaticien quitta la salle de contrôle de la cage en réprimant un bâillement.



* * *



Shinji était impressionné, et ce pour la première fois depuis deux siècles.
Comme convenu, Frederik était venu le chercher pour lui faire faire un petit « tour du propriétaire » comme il disait. Jusque là, ils n’étaient aller voir que des sections que Shinji s’apprêtait à trouver dans ce genre de base : cage des EVA, salles de tests, laboratoires, centre de commandement, rampes de lancement… Il ne manquait plus que la partie dédiée au logement du personnel permanent, en d’autres termes, des pilotes.
Mais son guide avait préféré lui montrer autre chose avant cela.

Il avait conduit le Third Child à l’extérieur de la base, et ce dernier avait admiré un superbe jardin en terrasses dont les différentes parties descendaient jusqu'au bord de mer, là ou ils étaient actuellement. Ce n’était plus l’arrangement des jardins à la française qu’observait Shinji en ce moment, mais le paysage grisâtre qui s’étendait devant lui, sur la mer.
La plage sur laquelle ils se trouvaient n’était pas naturelle, d’une part par le sable amené ici qu’ils foulaient de leurs pieds, et d’autre part, par le petit golfe, trop circulaire pour être naturel, qu’elle occupait. Enfin petit ; il occupait la bagatelle d’une bonne dizaine de kilomètres de diamètre, tout de même. De l’aveu de Frederik ; cet endroit était auparavant un quartier du vieux Tokyo, qui avait été rasé à grand coup de mine N2 ; d’où le golfe.
Ce n’était pas le plus impressionnant, et c’était encore moins l’objet de l’attention de Shinji. Non, le jeune homme n’avait d’yeux que pour le titanesque mur de métal et de béton qui se dressait devant lui à l’horizon, à l’entrée du golfe. La muraille passait par les deux extrémités de ce cirque aquatique, et semblait se poursuivre à l’infini dans les deux directions de sa continuité. Cette fortification avait beau se trouver à plus de 5 kilomètres de la plage d’où les adolescents l’observaient, son impression de gigantisme restait intacte malgré la distance. Ce n’était pas qu’elle soit très haute, non, mais c’était plutôt la masse de cette chose, posée en plein milieu du paysage maritime, qui imposait le respect.

Après quelques minutes de contemplation silencieuse, le lieutenant du clan Océan se racla la gorge avant de déclarer :

« Voici, au sens propre, le dernier rempart derrière lequel s’abrite ce qu’il reste de l’humanité, Shinji. Ce que tu vois n’est que la première barrière, la plus haute et la plus massive. Elle tape dans les 200 mètres de haut et pas loin de la centaine à la base. Il y a trois autres rangées de remparts derrière celle-ci. C’est sur cet ensemble que nous nous défendons des assauts des anges. Il est équipé d’un arsenal assez impressionnant aux points de passages sensibles, comme celui-ci. Cette quadruple protection entoure le peu de territoires encore contrôlés par les parasites que nous sommes… »

« Elle entoure le Japon ? » demanda Shinji sans quitter du regard cette version futuriste de la grande muraille de Chine.

« Pas que le japon. » précisa Frederik, « La Corée et la Manchourie aussi. Mais le mur ne traverse pas la mer à proprement parler, et ces régions n’ont pas de mur indépendant de celui-là ; sur les hautes profondeurs, ce sont des plates formes alignées sur la mer tenant un gigantesque filet métallique traversé par un courant balèze ; je connaît pas les détails, mais je sais juste que ça génère des champs magnétiques ou un truc dans ce genre suffisamment balèze pour rendre fou un ange. Du coup, ils évitent le bras de mer qui sépare le japon du reste des territoires. En surface, on peut pas faire pareil, malheureusement, alors, il a fallu construire cette muraille et fabriquer à la chaîne la seule arme qui savait résister à ces pourritures…»

« L’Evangelion… » dit faiblement Shinji.

« Ouais. »

Frederik se dirigea vers le sommet de la plage, pour aller s’asseoir sur le muret de béton qui séparait cette dernière du chemin côtier la longeant.

« Allez, assis-toi là. » dit-il en tapant de sa main une portion du muret, « On discute mieux que debout. »

Shinji détourna lentement son regard de la barrière géante pour aller rejoindre son guide. Ce dernier se redemanda intérieurement ce qui avait bien pu pousser Shinji à choisir une tenue « civile » de pilote de couleur noire ; à savoir, le même type de vêtement qu’ils portaient tous, mais avec des bandes colorées noires. D’après ce qu’il en savait, le bleu était plutôt la couleur préférée du Third. Enfin…

« C’est plus agréable de discuter ici, dehors, plutôt qu’enfermé dans ce pavé géant. » dit Frederik alors que Shinji s’asseyait, le regard vide, à coté de lui. Ce à quoi le guide de Shinji faisait allusion par « pavé géant » était la partie de la base située en surface, qui ressemblait à une très large barre d’immeubles haute d’une centaine de mètres à peu près, suivant une partie du contour de la côte, en plus d’être affligé d’une architecture assez moche au goût de Frederik ; le bâtiment géant était fait comme une espèce de pyramide inca qu’on aurait trop étirée sur la base. Certain lui donnaient même une forme de lingot, c’est dire.

« C’est surtout plus agréable de ne pas être entourés de curieux. » ajouta également Frederik.

« Mh. » répondit faiblement Shinji. Sur ce point c’était vrai, ici, personne ne les dérangeait. Depuis qu’ils avaient commencé la visite, Shinji se sentait épié de partout par chaque personne qu’ils croisaient…

« Bon… Vu que as l’air un peu plus frai que les dernières fois, je suppose que j’peux te filler les derniers détails sur notre monde foireux. Tu veux qu’on commence par quoi ? »

Shinji resta un moment silencieux. Frederik eu peur que son compagnon ne se mure dans le silence, comme il avait l’habitude de faire autrefois, lui avait-on dit, mais finalement, Shinji fini par prononcer quelques paroles d’une voix morne:

« Qu’est ce qu’il s’est passé ? »

La question était aussi simple que la réponse était complexe, et Frederik ne savait pas trop comment répondre correctement à son interlocuteur…

« Heu, qu’est ce qu’il est passé pour toi, tu veux dire ? »

« Non. » répondit Shinji sur le même ton morne, « Après. Après que j’ai été… »

« Ah, tu veux que je te résume les événements qui nous ont conduit à cette situation, tu veux dire ? »

Shinji hocha la tête.

« Ca a été un beau bordel, tu peux me croire. J’ai pas pensé à revoir mes notes historiques, mais je vais essayer de résumer ça… Je vais commencer par… Ah, mais d’abord, est-ce que tu sais ce qu’est la SEELE ? »

Shinji fronça légèrement les sourcils.
« J’ai entendu Misato prononcer plusieur fois ce mot… mais je n’en sais pas plus. »

« Je m’en doutait un peu… Bon, la SEELE, pour faire simple, ce sont nos ennemis actuels, ceux qui nous balancent des anges dans la tronche. Mais à ton époque, c’était eux qui dirigeaient vraiment la NERV. Ils l’avaient créée dans un but personnel, qui est aussi mystérieux qu’il est dangereux, puisque tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il signifierait la destruction de l’humanité. Bref, ils manipulaient la NERV en coulisse pour que celle-ci accomplisse un truc pour eux. Ton pè… le commandant de l’époque avait également un plan dans le même genre, mais qui était légèrement différent de celui de la SEELE. Sauf qu’un jour, il y a eu un accident majeur à la NERV, qui a fait pèter une bonne partie des installations. Et parmi celles-ci se trouvait une partie du central Dogma, qui aurai, selon toute vraisemblance, renfermé des choses nécessaires à l’accomplissement du plan d’Ikari. On ne sais pas s’il y a renoncé après ça, ou bien s’il a pris une voie différente, mais toujours est-il que c’est peu après cet évènement que tu as disparu dans des circonstances mystérieuses… Peu après, la SEELE et Ikari ont commencé à ne plus pouvoir se voir en peinture, et la SEELE a décidé de récupérer ce qu’il restait de mathos par la force pour pouvoir accomplir son plan. Ils se sont donc servis des premiers modèles d’Eva séries, qui étaient 13, je crois… Je sais plus le nombre exactement, mais y’en avait une bonne dizaine, en tout cas. Et en plus, la SEELE comptait foutre dans le lot l’armée japonaise ; mais heureusement, sur ce coup, le vice commandant de la NERV était justement en visite chez le commandant en chef de l’armée, et a pu convaincre celui-ci qu’il était manipulé. Du coup, ça a fait une carte de moins à la SEELE, qui espérait pouvoir détruire facilement les installations de la NERV par les forces humaines. »

« Mais… la NERV n’avait plus d’Eva, non ? » demanda Shinji, qui avait fini par être capté par le récit, « Moi partit, l’unité 00 détruite et Asuka qui… »

« C’est justement le second Child qui a sauvé la mise, » continua Frederik, « alors que la NERV l’avait planquée dans l’EVA 02 qu’ils avaient expédié dans un lac, et qu’ils étaient en train de tenter de synchroniser le first avec l’unité 01, le pilote de l’unité 02 est brusquement sortit de sa déprime, et est allé donner une leçon de kung-fu aux eva de séries. Putain, seule contre 13, ça a dû être quelque chose… et le pire, c’est qu’elle les a tous éclatés. Ils étaient coriaces, en plus, ces Eva avaient un pouvoir de régénération assez impressionnant… le seul moyen de les mettre HS c’était de réduire en bouillie les plugs et les pilotes ennemis, ce qu’elle n’a pas manqué de faire. »

Par-dessus son désarroi et son manque de repères, Shinji ressentit un peu de chaleur dans son cœur lorsque Frederik prononça ces paroles. Finalement, elle avait pu s’en sortir… Et le montrer visiblement d’une façon spectaculaire. Shinji le savait ; la chose qu’il admirait le plus chez Asuka, c’était sa détermination, une chose qu’il n’aurai probablement jamais en quantité suffisante… Etre capable de tuer des pilotes ennemis, tout adversaire qu’ils soient, Shinji ne savait pas s’il en aurai été capable. Et combattre 13 Eva, aussi… Bon, en même temps, ce n’était qu’une histoire racontée un peu maladroitement par un gars qui n’avait jamais vécu à cette époque, mais quand bien même… ça rassurait Shinji.

« Bon, tout n’est pas rose non plus… » poursuivi le narrateur improvisé, « il y a eu la dernière Eva qui était particulièrement coriace, ou le Second qui était trop fatiguée, enfin je sais plus pourquoi, mais toujours est-il que… hum, comment dire… »

Shinji sentit à nouveau le désarroi monter en lui quand il entendit ces mots.

« Que quoi ? » demanda-t-il, nerveux

« Hé ben… » continua Frederik, en se grattant brièvement arrière du crâne, l’air gêné, « tu dois bien te douter qu’elle aurai pas survécu deux siècle non plus, mais… enfin je veux dire…hum, le dernier combat a été particulièrement féroce, et il y a eu… égalité. »

Le Third frissonna. C’était absurde comme réaction, il le savait, Asuka était morte de toutes façons, vu le temps qu’il avait passé endormi, alors au combat ou de vieillesse… Mais tout de même… Encore cette sensation ; il avait du mal à y croire…

« Les deux Eva se sont éclaté la gueule mutuellement, et la plug de l’eva série a fini par être touchée, mais en même temps, l’ennemi avait porté un coup sur celle de la 02… il l’avait pas éclatée, non, juste un peu… tordue, on va dire, mais le pilote était dans un sale état quand ils l’on sortit de là… Et partir de là, y’a eu toute une polémique autour de sa survie, le commandant Ikari a tenu secret l’état de santé du second Child, et a même fait savoir quelques semaines plus tard qu’elle était… hum, décédée. Mais y’avait pas mal de gens de la NERV qui prétendaient l’avoir vue vivante, alors personne n’y a vraiment cru. Bref, ça a duré jusqu'à ce que ce soit au tour du First de disparaître dans des conditions… hum, plutôt atroces… »

Rei aussi ? Mais bon sang, que s’était-il passé ?

« On a pas d’éléments concrets pour justifier son décès, mais on pense que c’est un coup de la SEELE… Elle a été retrouvée chez elle, le dos criblé par une rafale de…hum, je m’égare, j’en ai trop dit, là… désolé Shinji. » fit Frederik en voyant couler une larme de l’œil de son compagnon.

Shinji ne pouvait plus pleurer. Il avait déjà trop pleuré. Il savait pertinemment que tous ceux qu’il avait connu autrefois étaient morts et enterrés, il le savait, merde. Alors pourquoi il réagissait comme ça ? Trop émotif, c’est sûr. Mais il avait le droit, non ? Qui pourrai le lui reprocher ? Cette putain de réalité, celle qui vient tout le temps vous rappeler que vous êtes dans un monde de merde… encore une fois, elle n’avait pas manqué son coup, pensa Shinji.

« Désolé, Shinji… » répéta Frederik, « je me doute bien que ça doit pas être la joie de ton coté, et que c’est pas la peine d’en rajouter plus que ça, mais… de toutes façon, tu t’en doutais bien, non, que plus personne n’était là ? Je peux avoir l’air d’un mec froid maintenant, mais je pense aussi que ça sert à rien de se cacher l’évidence. C’est pas en restant déprimé que tu t’en sortiras, vieux. Tu sais, on… on te doit tous notre survie jusqu'à c’t’époque, Shinji, et même si c’est pas la meilleure, je crois que c’est à nous de te devoir quelque chose maintenant, même si tu vas continuer à te battre encore… »

« Je n’ai rien fait de spécial… » fit timidement Shinji, touché par les paroles de Frederik

« Rien de spécial ? » s’exclama celui-ci, heureux de pouvoir détourner le morne sujet des disparus, « Si tu trouves ça normal de passer sa vie à combattre des créatures géantes alors que vous n’étiez que 3 unités primitives et que vous aviez moins de moyens que nous pour les repousser, on a pas la même définition du mot « spécial », alors. Enfin bref, tout ça pour dire qu’on est là pour s’entraider, Shinji ; je vais encore être très franc, on a une espérance de vie assez faible, en tant que pilote… alors il parait logique de ne pas se prendre la tête avec des complexes mentaux à la mord moi le nœud, et de se laisser encore moins emmerder par notre passé, quel qu’il soit. De profiter du peu de vie qu’on a, quoi. Alors si t’as un problème, faudra pas garder ça pour toi, Shinji… »

« Plus facile à dire qu’à faire… » fit Shinji machinalement.

« T’as p’tet pas eu des masses d’occasions de te confier, mais si jamais t’en avais envie, vient me voir. Je suis pas un grand psychologue, mais au moins, t’auras une oreille pour écouter tes soucis, ok ? »

Pour la première fois depuis son réveil, Shinji sourit. Très légèrement.

« Merci. »

« De rien, c’est on ne peut plus normal ; on est tous dans la même galère, non ? Toi depuis bien plus longtemps que nous, en plus… » répondit Frederik en se levant, « Bon, c’est pas tout ça, mais on a une visite à finir, nous. »

Sur ce, il sauta le muret avant de secouer ses sandales pour enlever le sable qui traînait dedans. Shinji fit de même, et une fois qu’ils eurent fini, ils commencèrent à gravir en silence les terrasses qui conduisaient au pied du bâtiment de la NERV.

Shinji était un peu plus rassuré, même s’il continuait à appréhender ce monde… tous les problèmes ne peuvent pas se régler par de simples paroles, mais au moins celles-ci pouvaient les panser.
Il se rendit compte, alors qu’ils entraient dans le bâtiment, que Frederik n’avait pas répondu à la question initialement posée, du moins, pas entièrement… Bah, qu’importe. Il savait que les anges continuaient d’attaquer sous les ordres de cette SEELE, ça lui convenait. Et que c’était eux qui étaient à l’origine du déclin de l’humanité, depuis le jour où Shinji avait piloté pour la première fois son Eva. Il n’avait aucune idée d’en quoi consistait les « plans » des uns des autres dont avait parlé Frederik, mais au moins pouvait-il deviner que l’un des derniers plans de son père fut de l’enfermer dans cette cuve de LCL et de le faire dormir pendant deux siècles. Pourquoi ? C’était la prochaine question à résoudre, son arrivée ici étant une surprise, ce n’est pas les gens de cette époque qui le lui apprendront… Y’avait-il seulement la réponse encore quelque part ?

Tout en ressassant intérieurement ces questions, le Thrid Child suivait un Frederik enthousiasmé, qui lui expliquait les derniers détails qu’il ne savait pas encore à propos de la base. Comme ils l’avaient déjà vus ensembles, la majeure partie des installations directement relatives aux Eva se situaient en sous-sol, et ils parcouraient actuellement la partie en surface. Elle contenait principalement toute une batterie d’instruments de communication et détection sur le toit, adjoint à l’héliport. A l’intérieur, il y avait les appartements des pilotes et de quelques autres membres du personnel permanent, comme le commandant, par exemple. Frederik estimait d’ailleurs que c’était la moindre des choses de faire vivre les pilotes en surface ; ils avaient déjà des conditions de « travail » et une espérance de vie assez désespérante, s’il fallait en plus être forcés de vivre sous terre comme des troglodytes…
Le bâtiment gigantesque abritait également quelques laboratoires mineurs, ainsi que quelques cellules militaires, scientifiques et techniques. A cela il faut ajouter les services de restauration et de divertissement présents dans le bâtiment pour avoir un aperçu global de son contenu. La partie qui les intéressait pour le moment était celle des appartements, là où Frederik conduisait Shinji. Ceux-ci étaient répartis coté sud du bâtiment sur les trois-quarts de sa hauteur ; la base étant essentiellement du béton plein servant à consolider les assises de la bâtisse, mise à mal par la multitude de tunnels de communications avec le sous-sol, occupait un bon quart de la hauteur. Il fallait remarquer d’ailleurs que les jardins en terrasse se chargeaient très bien cacher cette partie ; entourant entièrement le pied de la base, ils permettaient aux habitants de rejoindre la terre ferme, située 25 mètres plus bas que les sorties du bâtiment, en suivant les pentes de « lingot » du bâtiment, sur lesquelles ont été creusés chemins, escaliers, places, jardins et bassins.

Ils avaient cependant quitté cette partie depuis un petit moment, et arrivaient dans la section refermant les appartements. Cette dernière procura un léger sentiment de nostalgie à Shinji. Un puit de lumière, un peu comme dans l’immeuble de Misato, offrait une large vision de l’intérieur du complexe résidentiel ; le puit s’élargissant au fur et à mesure qu’il descendait les étages à cause de la forme du bâtiment, donnant l’impression à un observateur tel que Shinji d’être au cœur d’une vaste pyramide à degré creuse. Les appartements étaient intégrés aux épaisses parois de la base, et étaient accessibles par des coursives externes donnant directement sur le vide interne du puit, atteignables par trois ascenseurs et trois jeux d’escaliers incrustés chacun dans l’une des trois parois soutenant le complexe.
Le complexe étant assez vaste, Shinji se perdit un moment dans l’immensité du vide du puit de lumière, observant la vingtaine d’étage qui composaient cet endroit.

En rabaissant son regard au sol, il aperçu, sur la surface du rez-de-chaussée qu’occupait le « fond » du puit à travers lequel il venait d’observer toit transparent et étages, un bassin visiblement assez profond. Il semblait y avoir en son centre une fontaine immergée. Shinji demanda à Frederik par curiosité, ce dernier lui confirma la présence d’une fontaine dans ce bassin, mais elle n’était qu’assez rarement mise en route, il y avait souvent des problèmes de pompe avec elle, vu son âge, pas loin de 60 ans. Frederik omit de préciser à Shinji qu’il n’avait pas été placé là pour faire joli ; il a surtout servi a réduire les suicides de pilotes déprimés qui se jetaient souvent depuis l’une des coursives du complexe résidentiel. Depuis, ce bassin avait été construit et les coursives s’étaient vues dotées de vitres blindées couvrant presque toute la hauteur que n’occupait pas la rambarde de béton. La fente au sommet assurant une arrivée d’air était trop fine pour qu’un corps puisse y passer.
Mais il était inutile de troubler le Third avec cette histoire plutôt sombre.

Ils prirent donc un des trois ascenseurs pour monter à l’étage de l’appartement du « nouveau » pilote. Ce dernier trouva l’engin assez curieux, puisque qu’il n’avait pas de cage à la verticale mais en biais vers le haut, en suivant la pente du bâtiment. Arrivés à l’étage voulu, ils en sortirent pour aller rejoindre la future résidence de Shinji. Alors qu’ils y arrivaient, Ce dernier remarqua que la porte voisine était décorée d’une écharpe noire. Frederik l’avait également aperçu, et grommela :

« Bon sang, encore ? »

« Encore quoi ? » demanda Shinji.

« Hum… » fit un Frederik gêné, « Ca m’a échappé, désolé, oublie. »

Le Third Child insistât néanmoins pour savoir. Il commençait à s’intéresser malgré lui à ce nouvel univers malgré sa part sombre, alors pourquoi ne rien vouloir lui dire de plus ?

« Bon. » fini par céder Frederik, « Cet appart est occupé par une fille qui a perdu son petit copain dans une bataille y’a quatre mois maintenant. Depuis, elle n’a pas arrêté de déprimer, en plus d’exprimer son deuil à tout le monde avec des trucs dans ce genre. » dit-il en pointant du doigt l’écharpe. « C’est pas qu’on lui en veuille spécialement, perdre quelqu’un qu’on aime, et dieu sais qu’elle l’aimait ce trou du cul, c’est pas spécialement drôle, mais elle ne fait absolument aucun effort pour s’en remettre et nous rejette systématiquement, en plus d’être devenue particulièrement maladroite avec son Eva… »

« …Trou du cul ? » fit un Shinji désagréablement surpris.

« Excuse le terme, » répondit Frederik, « mais c’est comme ça que j’appelle tous ceux qui croient que les Eva, c’est l’eldorado, qu’on sauve le monde, qu’on est des héros aimés et super fort, tout ça… alors qu’ils n’ont absolument aucune idée de ce qui les attend réellement. Je trouve que pour en arriver à une conclusion aussi stupide à notre époque, faut en avoir une sacrée couche, quand même. Et il se trouve ce gars là en était un. Deux mois. Il a tenu deux mois avant qu’un ange vienne lui rappeler la réalité dans la tronche. C’est un recors pour un type qu’y a cru jusqu’au bout. D’habitude, les moins cons acceptent la réalité au bout d’un mois, mais lui, on aurai dit un vrai petit utopiste… M’enfin bon, c’était tout ce qu’il avait comme tare, à part ça il était plutôt sympa. Mais sympa ou pas, pour moi, considérer que piloter un de ces trucs est un privilège est la plus grosse connerie qu’il puisse exister au monde, aussi réduit soit il en ce moment.»

« C’est pas entièrement faux… » admit Shinji en pensant à Kensuke.

« N’est-ce pas ? » fit Frederik en souriant légèrement, « Si même toi tu le confirme, je pense que c’est un fait bien approuvé. Tu en as au moins bavé autant que nous, j’en suis sûr. »

Le guide de Shinji se détourna de la porte de l’endeuillée pour faire face à celle de l’appartement de Shinji.

« Ouais… » continua-t-il, « Seuls les imbéciles profond peuvent désirer piloter une Eva de toute leur forces, rien que par prestige, par satisfaction personnelle ou dieu sais quoi d’autre… ***»

« Alors… » demanda avec difficulté Shinji, « pourquoi tu pilote une Eva ? »

« Parce que c’est un devoir, pour moi qui suis l’un des rares gars à pouvoir piloter un de ces trucs… Si je le fait pas, j’aurai l’impression que tout le monde va me regarder en pensant : qu’est que tu fous là, ducon ? Tu dois nous défendre, sinon on va tous crever ! Hum, bref, c’est parce que j’ai la possibilité de le faire pour contribuer à notre survie… »

Après un petit moment de silence, Frederik ajouta :

« Et toi ? »

Shinji mis un moment avant de répondre, assez embarrassé :

« C’est à peu près pareil pour moi… A l’époque, nous n’étions que trois à pouvoir le faire et… Je n’aimais pas ça non plus, mais malgré tout, après un certain temps, j’ai su que si je ne le faisais pas, tout le monde risquait de mourir…à cause de moi. »

« Ouaip. » fit Frederik en souriant, « Deux siècles d’écart, mais toujours les mêmes raisons. Et t’as plus de mérite que nous pour ça, en plus, beaucoup suivent ton exemple en s’engageant à contrecoeur… comme moi. »

Shinji fut vraiment très embarrassé. Il s’attendait bien à ce qu’il éveille les curiosités, mais là…

« Allez, tire pas c’te tronche ! » dit son guide en éclatant de rire devant la tête du héros modèle involontaire. « On s’efforcera de te considérer comme un pilote normal, en tout cas, t’aura pas trop à t’inquiéter d’hommages dans ce genre, je suis juste un peu partit en live, c’est tout. »

Shinji eu un sourire forcé avant de recentrer le sujet sur l’appartement. Frederik ouvrit donc la porte de ce dernier à l’aide d’une carte magnétique. Le Third Child s’étonna d’ailleurs qu’il n’y eu pas de moyen plus « futuriste » de verrouillage, ça ressemblait énormément aux serrures électroniques des portes de son temps… Mais il préféra ne pas faire la remarque à son guide. Ce dernier l’invita à le suivre dans le logement. Dans l’entrée, tout de suite à droite s’ouvrait un petit séjour à l’occidentale, composé d’une table basse en verre transparent, d’un canapé et d’un fauteuil.
En face de l’entrée se trouvait un couloir menant au fond de l’appartement. Sur la gauche, une pièce fermée, qui était un lieu de travail et de recherches, contenant quelques livres, deux bureaux et deux ordinateurs reliés au réseau de la base. Les deux adolescents continuèrent la visite après avoir ôté leurs sandales. Le couloir dans lequel ils s’avancèrent était en fait l’espace qui séparait la salle de travail de la cuisine, pièce également encloisonnée, qui communiquait aussi bien avec ce couloir qu’avec le séjour par des portes glissantes à la japonaise. Au bout du couloir, il y avait une petite pièce non fermée qui n’avait pas de fonction spécifique ; sa seule particularité était d’offrir un accès à un petit balcon donnant sur l’orientation directe de l’appartement, du coté ouest. A droite, la salle de bain, classique, et à gauche la chambre à coucher, disposant de portes fenêtres menant elles aussi sur un balcon. Shinji trouva le lit un peu large pour une seule personne, mais Frederik lui répondit que c’était à cause de la tendance des pilotes à se mettre rapidement en couples ; il avait fini par y avoir des logement standardisés conçus pour accueillir aussi bien une seule personne que deux, et la taille intermédiaire de ce lit en témoignait. Shinji ne demanda pas plus de détails, ayant une vague idée de ce qui pouvait pousser les pilotes à avoir ce genre de comportement ; dans une situation pareille, tous les moyens pour se réconforter sont les bienvenus, et prendre une petite amie ou un petit copain avait dû être un des moyens les plus fréquemment utilisés par les jeunes pilotes… Ca se comprend.
Frederik termina assez rapidement la visite par les toilettes, qui se trouvaient à droite en sortant de la chambre, dans l’alignement du couloir, placé juste à coté de l’entrée des toilettes.

« J’espère que ça te conviendra… » acheva Frederik, « Tient, tu vois, ils ont amené tes affaires. » dit-il en pointant du doigt la malle qui avait été trouvé avec le Third, posée dans un coin de la pièce menant au balcon.
Shinji voulu naturellement aller voir le contenu, curieux de savoir ce que son père avait jugé utile de lui laisser, Mais Frederik l’interrompit avant qu’il ait pu toucher le couvercle dessoudé de la malle.

« Désolé Shinji, mais faudra voir ça plus tard. On a un peu trop traîner, et si on va pas casser la croûte maintenant, t’aura plus assez de temps pour te préparer à ton test de synchro. »

Shinji se résigna à suivre son guide en soupirant discrètement. Bon, c’était juste des tests de synchro courant, après cela, il n’avait rien d’autre à faire de la journée… Ca passera rapidement.



* * *



Le commandant était légèrement nerveux. Ce n’était plus le problème avec l’Eva 01, réglé entre-temps, qui le préoccupait, mais plutôt le VOTL qui atterrissait devant lui, sur le toit de la base, transportant le Ministre de l’intérieur, qui avait subitement décidé de s’inviter à la séance de synchro entre l’Eva 01 et son pilote originel.
Takeaki rabattit nerveusement la mèche rebelle de son crâne. Il n’avait cru qu’a moitié à ce que le communiqué arrivé la veille annonçait, mais son contenu était bel et bien en train de se réaliser…

Il réalisa également que ce sera la première fois qu’il verrait le Ministre en chair et en os, ne l’ayant auparavant aperçue que par le biais de la transmission holographique régulière devant le gouvernement au complet. Cette petite vieille dont on disait qu’elle était aussi efficace que mystérieuse, qui était à la tête d’un des ministères les plus influent des territoires humains. Elle n’était pas spécialement réputée pour agir sur un coup de tête, et le subit enchaînement de ses actions en faveur du commandant surprenait l’intéressé en premier. Elle qui était plutôt modérée se rangeait d’un coté bien précis avec des actions concrètes, et venir en personne sur les lieux d’un test à haut risque ne faisait qu’affirmer ce revirement soudain.

Il mit fin à ses réflexions internes quand il la vit descendre de son appareil, encadrée par deux gorilles des services de sécurité, et alla l’accueillir.



* * *



« Alors ? Tu te sens comment ? »

« Je vois pas trop de différence avec celles de mon époque… »

« Ouais, bon ok, c’était une question stupide, aussi… »

Frederik venait d’achever d’aider Shinji à enfiler sa plug-suit ; cela lui avait paru nécessaire dans la mesure où en deux siècles, les modèles avaient forcément évolués. Pas tant que ça en fin de compte, les seules choses frappantes étant la disparition du climatiseur accroché dans le dos des pilotes, plus des gans et des bottes indépendantes du reste de la combinaison, les gants privés des boutons de pressurisation, qui se trouvaient à présent sur la partie rigide enserrant le cou. Le casque de synchro n’avait pas changé d’un iota, par contre, du moins en apparence.

Le déjeuné avait été expédié en vitesse, non sans cependant avoir attiré tout le clan auquel Shinji était rattaché à leur table, le chef y compris. Les curiosités de la plupart d’entre eux s’étaient exprimées, même si l’objet de ces attentions avait bien sentit qu’elles étaient plutôt retenues. Après quoi, Frederik était allé se changer puis avait conduit Shinji ici, à la cage de test.

« Au fait, » demanda Shinji, « Pourquoi tu t’es changé avant ? Tu aurais pu le faire ici, non ? »

« Hé ben, d’une, ma plug-suit n’était pas ici, et de deux, j’ai une séance d’entraînement avec les collègues dans pas longtemps, et je risquais d’être à la masse si je m’habillait pas avant… Y’a un horaire fixe pour moi, mais pour ton test, c’est un peu flottant, vu ta situation particulière. »

Frederik considéra un instant le nouveau membre de son clan avant de lui demander :

« Tu m’arrête si je dis une connerie, mais tu portais pas une plug-suit bleue et blanche avant ? »

« Si, pourquoi ? »

« Pour rien… m’en rappelait plus trop, en fait. » fit vaguement Frederik, qui commençait à se douter de ce qui avait fait choisir une combinaison noire avec quelques touches de blanc au Third Child. Il espérait juste qu’a l’avenir, ça ne prendra pas trop d’importance à l’instar de sa voisine de palier.

« Bon, sur ce… » ajouta-t-il en s’avançant vers la sortie des vestiaires, suivit de Shinji, « je vais rejoindre mon équipe. Attend à l’entrée du vestiaire, y’a le docteur Masaki qui viendra t’y chercher. »

Ils sortirent tout deux de la pièce et Frederik s’éloigna en souhaitant bonne chance à Shinji.



* * *



« Unité 01, entry-plug insérée. » fit la voix nerveuse d’une opératrice.

« Début des procédures d’enregistrement internes. » fit une autre, toute aussi nerveuse.

A l’intérieur de l’Eva, Shinji se rappelait le goût désagréable du LCL, qui même malgré les siècles et les améliorations passées, était toujours aussi mauvais. Il était néanmoins plus aisé de « respirer » dans ce LCL là que dans celui qu’il avait connu jadis ; sa viscosité avait été atténuée, ce qui n’était pas du luxe, pensa le Third.

Hei lui avait expliqué les procédures à suivre avant le test de synchro à proprement parler ; les systèmes de gestion ou un truc dans ce genre ayant été considérablement amélioré depuis le temps, le pilotage d’une Eva actuelle ne se faisait plus tout à fait de la même manière. Les pilotes avaient depuis l’aide directe d’une IA implantée sur leurs unités fonctionnant par reconnaissance vocale, ce qui selon Hei, facilitait grandement les manœuvres, bien que Shinji ne voie pas vraiment en quoi, d’ailleurs.

Dès que la plug fut connectée à l’unité, un écran holographique apparu devant Shinji, suivit bientôt d’une voix féminine au timbre électronique :

« Unité 01 en mode pré-démarage ; requête : exécution d’enregistrement de pilote attitré ; pilote présent, affirmatif ; état du pilote, opérationnel ; test de transmission neurale, positif. Bienvenue, pilote. Veuillez décliner nom, prénom, section de combat. »

« Ikari Shinji. Océan. » répondit Shinji presque aussi machinalement que son interlocutrice artificielle.

« Données reçues. Identification vocale et encéphalographique fixées. Confirmez vous les données ? »

Les informations s’affichèrent sur l’écran en face de Shinji, qui les confirma à l’IA.

« Veuillez me désigner un identifiant. » poursuivit-elle, « Il doit être d’un minimum de 3 lettres, et d’un maximum de 15. »

Shinji réfléchit brièvement. Comment appeler cet ersatz d’intelligence ? C’était en somme quelque chose sensé l’assister au combat… l’aider au combat… l’aider…

« Misato. » fit machinalement le jeune homme.

« Désormais, je suis Misato. Confirmation ? »

« Oui. »

« Procédure d’enregistrement terminée ; passage en mode externe ; Attente d’instructions. »

Dans la cabine de contrôle de la cage, un opérateur signala au commandant la fin de la procédure.

« Hé bien, » fit celui-ci en écrasant son mégot dans un cendrier, « nous y sommes. » Il se tourna vers le Ministre de l’intérieur, qui était assise au fond de la pièce, encadrée par ses deux gardes sur corps, également assis.
« Pas de regrets, Madame le Ministre ? »

« Aucun. » affirma celle-ci, « Je puis vous dire qu’aucun test précédemment effectué n’a pu compléter un enregistrement avec succès avant que l’unité ne se soit emballée ; cette première réussite va vers la bonne voie. »

« Puissiez-vous avoir raison. » fit une opératrice, avant de se rétracter subitement en s’excusant.

« Bien. » fit le commandant en se tournant vers sa femme, assise à un pupitre de contrôle, « Nous y allons, Hei. Lancement de la synchronisation. »

« Comprit. » fit le Docteur machinalement, « Ouverture des liaisons nerveuses entre l’unité 01 et le pilote. »

« Effective. » répondit l’opératrice, de plus en plus nerveuse, « Lancement du cycle de valeurs progressives. »

« Valeurs à 12%. » fit une autre opératrice, tout aussi nerveuse, « Immersion neurale effective ; lien A10 établit. Valeurs à 31% »

Les énormes yeux de l’unité 01 s’allumèrent, augmentant encore plus la pression qui régnait dans le poste de contrôle.

« Valeurs à 57%. » continua l’opératrice, « Estimation du franchissement de la borderline : 15 secondes. »

L’énumération du nombre de secondes restantes fut un supplice pour la grande partie des occupants de la salle, qui ne voyaient à la fin de ce décompte que le pire.
Quand au bout de ce décompte, la limite fut franchie sans que rien de particulier ne se passât, ce fut le silence complet dans la cabine. Un silence qui dura quelques secondes, avant que l’opératrice chargée du décompte ne se rende compte qu’ils étaient toujours vivants, et que tout le monde la fixait pour qu’elle dise la suite de la procédure.

« E…Eva 01 synchronisée. » fit elle, encore sur le coup de la surprise, « Taux de synchronisation : 37,4 %. Pas d’instabilité à signaler. »

« C’est fait… » fit le commandant en s’épongeant le front.

Tous, dans la salle de contrôle, poussaient des soupirs de soulagement, remerciaient le ciel ou tentaient d’arrêter de trembler stupidement maintenant que le danger était passé. Tous, sauf le ministre, qui elle, se contentait de sourire.




A Suivre…

Chapitre suivant : L'éternelle cité des héros/Pilot Necropolis.


Coin définitions :
*Clé des Songes : Recueils datant de l’Égypte antique dans lesquels les sages, scribes et prêtres y consignaient les rêves qu’ils avaient eu et leur signification pour le futur plus ou moins immédiat s’il la trouvaient.
**Concernant le coup de la prédiction concernant les fonctionnaires, je vous assure que ce fait est authentique et que je n’ai rien de particulier à l’encontre des fonctionnaires, sauf quand ils font traîner la paperasse que je leur demande XD.
*** : note : ceci est un message caché à l’attention des auteurs de SI/ÜberKid.



Voilà pour ce qui est déjà disponible. Je précise que cette fic a été commencée y'a royalement un an et que oui, pour ce qui est de la rédaction depuis un an, je suis très lent, mais j'espère que ça va s'arranger... Je vais essayer de faire le prochain chapitre pour les vaccances de Nowel. J'ai bien dit: essayer. XD

Smog, spas aux nombre de messages qu'on devrait faire un affichage d'ancienneté de membre, mais au nombre de caractère... Comment ça c'est tout aussi pourri? XD
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Aizen
Sannin
Messages : 4107
Inscription : lun. 25 juil. 2005, 13:57
Localisation : Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes

Message par Aizen »

Il s’avança d’un pas décidé vers l’unique porte de la pièce. Celle ci s’ouvrit pour le laisser passer.
Il se retrouva dans un couloir qui ne lui rappelait que trop la petite pièce où il attendait depuis maintenant une demi-heure.
Un homme en uniforme d’agent de sécurité l’avisa. C’était celui qui gardait l’entrée de la pièce.
Bon je vais tenter de faire une critique un tant soi peu constructive ^^.
Alors tout d'abord comme souligné dans l'extrait quelques répétitions qui alourdissent l'ensemble. Ici et là quelques fautes d'ortho mais ça c'est pas bien méchant, on en fait tous et on voit plus facilement celles des autres :lol: .

Tout d'abord je n'ai lu que le premier chapitre donc je n'ai pas d'avis arrêté sur le scénario ^^, par contre au niveau du style, je trouve que cela manque de fluidité, tu as un style d'écriture très heurté (je sais pas si je suis très clair :???: ). J'ai d'ailleurs un peu le même défaut :???: ... enfin bref passons, sinon mis à part ces quelques remarques pointilleuses, c'est une excellente fic et je m'y replongerai dés que j'aurai à nouveau un peu de temps :grin: .
Jainas
Jounin
Messages : 1096
Inscription : dim. 24 juil. 2005, 15:15
Contact :

Message par Jainas »

Je suis un peu d'accord avec Aizen, le premier chapitre est un peu lourd, mais ça s'arrange assez bien dans les chapitres suivants.

Ensuite, quelques fautes effectivement, mais vu la taille de tes chapitres, c'est relativement négligeable.
Décidément, il ne savent plus quoi envoyer au casse pipe. »
ce ne serait pas plutôt "qui" ?

Le scénar à présent : interessant. C'est la première fic Evangelion que je lis, et je suis loin d'être une spécialiste de cette série, mais ton partit pris "continuation" me semble pour l'instant scénaristiquement blindé, et tu laisse planer un suspens redoutable.
Le rythme est parfois un peu lent (certaines descriptions ne sont pas indispensables ou pouraient être tournées de manière plus fluide), mais étant donner la quantité d'infos à assimiler c'est raisonnable.

J'attents la suite avec impatience.
Aizen
Sannin
Messages : 4107
Inscription : lun. 25 juil. 2005, 13:57
Localisation : Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes

Message par Aizen »

Ah bah je me suis remis à cette fic (me faut le temps à moi :lol: ).
Le deuxième chapitre (enfin le premier ^^) est nettement meilleur et beaucoup plus agréable à lire :grin: .

Commentaire plus approfondi quand j'aurai tout lu ^^.
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Message par Smog ShadowSeth »

J'attend ça avec intérêt^^.
Sinon, juste pour dire que le chapitre suivant ne devrait plus tarder. Le temp à mes prélecteurs de faire leur office...

Smog.
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Kydash
Chunnin
Messages : 764
Inscription : jeu. 17 nov. 2005, 17:49

Message par Kydash »

bon fan fic enfin lue comme promis.

si je m'étais basé sur ma premiere approche il y a quelques mois j'aurais été du même avis qu'aizen sauf qu'aujourd'hui, j'ai eu la chance de revoir la série (en vo en plus) dans sa totalité.
le scénario qui me paraissait à l'époque un peu abracadabrantesque est franchement bien ficelée.les pov sont bien ficelés ainsi que les descriptions.

C'est un régal de te lire smogg mais... pour un adepte d'evangelion. les autres auront du mal à accrocher car c'est un fandom spécial pour une série tout aussi spéciale. lire ou regarder evangelion, c'est basculer dans une autre dimension, niponne moderne et très psychanalystique.

Maintenant il y a peut être à la fois un petit peu d'exagération (l'histoire se passe deux ans dans le futur avec plus de 8000 eva) mais rien de bien grave. enfin c'est ce que j'ai ressentis.
L'autre point important est l'impression de revoir les memes personnages avec un style pas totalmeent identique mais ayant une forte ressemblance. Quoi que je t'avoie franchement, que tu me bluffes pas mal sur l'explication de leur ressemblance. tu as (très bien rattrapé) la chose et je t'en félicite.
L'avant dernier point que j'aimerai soulever, c'est la lenteur de parution. meme si tout est fignolié jusqu'au bout, je pense que l'histoire merite une publication un poil plus soutenue quitte à ne pas prendre trop de beta lecteurs.

Je ne me suis pas ennuyé mais par contre eu du mal a trouver le courage à lire tout ton travail à cause de la longueur croissante et crescendo de tes chapitres.

l'histoire est longue (55 pages pour 3 chapitres). mais s'ennuie t'on vraiment ?
je ne trouve pas. tu joues agréablement bien sur le ton, la description et les pov des personnages et autre. pour moi les 55 pages sont très bien remplies et j'ai tout relu assez facilement à partir du moment ou je m'y penchait sérieusement.
J'ai peut être trouvé de l' "exagération" dans les pov de shinji, notre depressif convulsif mais pas de quoi foutetter un chat. ex : tu commence par utiliser le sujet "féliciatation" un peu rapidement et j'ai cru avoir l'interpretation personnelle d'un fan que du shinji.

Conclusion : en dehors de la parution plutot longue et de légers petites reproches franchement mineur, HIF est l'une des rares fan fic evangélion que je suivrai dans l'avenir attirant mon attention.
Enfin, je trouve que c'est une fic qui donne envie de se réessayer ou découvrir la série évangelion car écrite en finesse, smog prouve que l'on peut faire vivre un univers manga dans une fiction amatrice.

Bon, a très bientot et bon courage.
Smog ShadowSeth
Aspirant ninja
Messages : 250
Inscription : jeu. 24 nov. 2005, 11:47

Message par Smog ShadowSeth »

C'est un régal de te lire smogg mais... pour un adepte d'evangelion. les autres auront du mal à accrocher car c'est un fandom spécial pour une série tout aussi spéciale. lire ou regarder evangelion, c'est basculer dans une autre dimension, niponne moderne et très psychanalystique.
C'est un fait. Mais en même temps je conçois difficilement que l'on puisse lire une fic d'un fandom sans connaître un tant soit peu le fandom en question au préalable XD.
L'autre point important est l'impression de revoir les memes personnages avec un style pas totalmeent identique mais ayant une forte ressemblance. Quoi que je t'avoie franchement, que tu me bluffes pas mal sur l'explication de leur ressemblance. tu as (très bien rattrapé) la chose et je t'en félicite.
Si tu parles de Karla, c'est vrai que ça a été assez dur de la démarquer d'Asuka XD. Maintenant, je ne souvient pas particulièrement avoir cherché une ressemblance avec les autres personnages; peut-être est-ce le fait que ce soit dans un milieu identique, la NERV, qui fait ressortir les nouveaux personnages par rapport aux anciens.
L'avant dernier point que j'aimerai soulever, c'est la lenteur de parution. meme si tout est fignolié jusqu'au bout, je pense que l'histoire merite une publication un poil plus soutenue quitte à ne pas prendre trop de beta lecteurs.
Je l'attendait celle là... Bordel, comme j'aimerai que le temps soit une marchandise payable contre espèces sonnates et trébuchantes...


Sinon, merci pour vos critiques (depuis le temps que j'aurai du le dire...), et pour aller de l'avant...


-------------------------------------------------------


Evangelion : H.I.F

Par Smog ShadowSeth

Genre : continuation.

Chapitre 4 / : L'éternelle cité des héros/Pilot Necropolis.



Une semaine s’était écoulée depuis le premier test de synchronisation, semaine durant laquelle Shinji dû en faire tellement d’autres qu’il ne les comptait plus. Mais à part ces tests et faire connaissance avec les membres de son clan, il n’avait pas grand-chose à faire ; il ne pouvait pas encore participer aux séances d’entraînement sur simulateur, son Eva n’étant pas encore tout à fait ajustée pour cette utilisation, étant donné que la simulation se déroulait directement à partir des plugs des Eva.

Aujourd’hui, c’était un jour de repos, et Shinji en avait profité pour demander à Frederik de lui faire visiter un endroit spécial. Ce n’était pas encore l’heure ; et pour patienter, il faisait ce qu’il avait fait depuis une semaine lorsqu’il était seul : il observait et ré observait lentement sous tous les angles son vieil SDAT. Son lecteur faisait partie des affaires contenues dans la malle qui l’avait accompagné dans son voyage temporel.

A l’intérieur, Shinji y avait trouvé nombre de souvenirs de l’époque qu’il avait quitté, principalement des documents écrits comme une copie d’un journal qu’avait apparemment tenu Misato durant son séjour à la NERV, et des photos. Parmi ces dernières se trouvaient celles qu’ils avaient faites avec sa gardienne et ses camarades, mais plus surprenant encore, il y en avait une qui montrait son père, sa mère et lui, tout bébé. Cette photo lui avait d’ailleurs valu une demi journée complète de quasi aphasie tellement il en avait été ému. Son père lui avait pourtant affirmé qu’il avait tout brûlé…
Il n’avait pas exploré davantage le contenu de cette paperasse jaunie depuis qu’il y avait déniché son baladeur. Il avait bien tenté de le faire marcher avec les batteries qui étaient encore à l’intérieur, mais elles n’avaient pas survécu à deux siècles d’inactivité.

La sonnette retenti, et Shinji abandonna la contemplation de son vieux baladeur pour aller ouvrir. Il fût surpris de trouver Frederik sur le palier.

« Le boulot que j’avais prévu de faire avec Clara a été plus court que prévu. » expliqua-t-il au Third Child en entrant, « Alors en attendant de partir, je suis venu taper la causette… »

« On ne peut pas y aller tout de suite ? » demanda Shinji.

« T’es si pressé que ça d’y aller ? » répondit ironiquement le lieutenant du clan Océan, « En fait, Clara voudrait nous accompagner, mais comme elle a été appelée par certains membres pour des problèmes mineurs, elle ne sera pas dispo avant une bonne demi-heure au moins… »

Shinji invita Frederik à passer dans le petit salon, où se trouvait le SDAT, posé sur un fauteuil. Frederik ne manqua pas de le remarquer.

« C’était dans tes affaires ? » demanda-t-il en s’emparant délicatement de l’engin.

« Oui. Fait attention… » répondit Shinji, légèrement inquiet.

« ‘Tain, il a pas l’air d’être trop amoché malgré l’âge… » ajouta Frederik en observant la chose sous tous les angles, « Il marche pas encore, tout de même ? »

« Non… J’aimerais bien le faire réparer… »

« Le réparer ? Hum, je suis pas un spécialiste, mais je sais pas si ce sera possible… A moins que… »

« Que ? »

Frederik reposa le baladeur sur le fauteuil.

« Je t’ai déjà parlé du clan Kumo *, non ? »

« Oui… c’est celui qui est toujours derrière vous et RedStorm, c’est ça ? »

« Exact. Et arrête de dire « vous » quand tu parles des Océans, tu en fais partie maintenant. Bon, je t’ai déjà parlé de Minoru, le chef des Kumo ? »

« Vaguement… »

Frederik lui donna alors plus de précisions. Il avait un an de moins qu’eux et n’était pas très causant, mais il était sans conteste un excellent chef de clan, en plus d’avoir un petit faible pour les araignées et tout ce qui touchait au domaine informatique et électronique. S’ils allaient le voir, peut-être pourrait-il faire quelque chose pour le SDAT… Et cela donnerait l’occasion à Shinji de le connaître.

Ils sortirent donc de l’appartement du Third Child, ce dernier tenant délicatement le baladeur à cassette entre ses mains. Frederik le guida dans le complexe résidentiel jusqu'à l’habitation du chef des Kumo.
Frederik y sonna, et un jeune garçon faisant une bonne tête de moins que lui leur ouvrit. Le lieutenant des Océan le salua et lui exposa brièvement la raison de leur venue, tout en présentant Shinji.

« Alors c’est toi le fameux Third Child… » fit le dénommé Minoru d’un ton neutre en toisant Shinji de son regard sombre, avant de les inviter à entrer.

Extérieurement, ce garçon ne payait pas de mine. Petit car moins âgé qu’eux, des cheveux noirs épais et pas vraiment bien coiffés, plutôt frêle et doté d’une voix plutôt grave pour son âge qui s’accordait à la perfection à son regard pessimiste.
Shinji sursauta lorsqu’il remarqua un autre détail : une araignée grosse comme son poing était tranquillement posée sur l’épaule de Minoru, agitant mollement ses mandibules.

« Ah, elle ? » fit le chef des Kumo en tapotant du doigt l’abdomen de l’arachnide, « C’est Octo ; mon araignée apprivoisée. »

« Je t’avais bien dis qu’il était accro des araignées… » glissa discrètement Frederik à l’oreille de Shinji.

« A qui est-ce que tu présentes ton petit monstre, Minoru ? » demanda une voix masculine provenant du fond de l’appartement.

« Au Third Child, » répondit l’intéressé. « D’ailleurs tu pourrais venir te fendre d’un bonjour au lieu de rester cloîtré dans le labo. »

Le bruit de plusieurs objets subitement renversés se fit entendre, suivit rapidement par l’apparition d’un second adolescent dans le couloir.

« Désolé… » fit celui-ci en se grattant le coin de la bouche. « Je ne pensais pas que de modestes bricoleurs comme nous pourraient recevoir une visite de cette importance… »

Il se révélait au fur et à mesure qu’il avançait vers les trois autres garçons. De taille et de corpulence comparable à Frederik, il se démarquait par son allure décontractée et son regard direct. Sa tenue vestimentaire se composait de l’uniforme des pilotes teint d’un bleu criard, d’un bandeau rouge visible sur tout le pourtour de son crâne au milieu de sa chevelure noire et dense.

« Rey Azrael, lieutenant des Kumo pour te servir. » fit-il ironiquement en tendant la main à Shinji, que ce dernier serra après un moment d’hésitation.

« Pas la peine de faire cette tête, je mord pas ! » fit Rey amusé par l’attitude du Third, « Alors, qu’est ce qui t’amène ici ? »

« Ca. » lui répondit Minoru en lui présentant le SDAT, « Il voudrait le remettre en état de marche. »

Rey se mit à examiner l’engin en plaisantant sur sa vétusté. Puis, prenant un air un peu plus sérieux, il demanda à Shinji ce qu’il voulait exactement conserver.

« Parce que tu vois, » expliqua-t-il, « le lecteur, à supposer qu’il puisse encore marcher, vu son âge il risque de foutre en l’air le contenu de la bande pour peu que la tête de lecture aie morflée ; bref, y’a trop d’incertitudes pour pouvoir réparer le tout à 100%. Mais… »

« Mais ? »

« En revanche, on peut tenter sans trop de risque d’enregistrer le contenu de la cassette sur quelque chose d’un peu plus moderne. » acheva Rey en enclenchant délicatement le mécanisme d’ouverture du baladeur, qui libéra la cassette en question avec quelques réticences.

« Il te faudra une tête hypersensible par contre, vu l’âge de la bande… » fit remarquer Minoru.

« Pas besoin, si je m’y prend avec une méthode photomagnétique… »

S’en suivi une conversation entre les deux compères composée essentiellement de termes techniques incluant diverses méthodes de lectures de bande magnétiques que ni Shinji ni Frederik ne parvenaient à comprendre. Après les avoir laissé parler pendant dix bonnes minutes, le lieutenant du clan Océan les interrompit :

« Est-ce que vous pourriez nous faire la traduction ? Ou bien est ce qu’il serrai pas plus simple de dire à Shinji si c’est faisable, au lieu de nous faire perdre du temps. »

« Pourquoi ? T’es pressé ? » demanda Rey, « Y’a pas de tests de prévu il me semble. »

« C’est réalisable. » dit Minoru, ignorant complètement les remarques de Rey. « Mais il nous faudra un nouveau lecteur sur lequel mettre le contenu de la bande, puisque je pense que le but est de conserver ça pour un baladeur… »

« Oui… » confirma Shinji.

« Bon, » enchaîna Frederik, « faut qu’on trouve un autre lecteur et on revient te voir alors ? »

« Pour mettre les pistes sur le support du lecteur, oui. Pour enregistrer le contenu de la bande, on en a pas besoin, alors je vais garder la cassette et on te fera ça dès que possible. »

« Merci. » fit Shinji.

« Z’avez toujours pas répondu à ma question… » dit Rey, un rien frustré.

« Si je te dit que ma tendre fiancée nous attend quelque part depuis probablement quelques minutes, ça te convient ? » fit Frederik.

« C’est valable. » répondit Rey sur un ton faussement sérieux.

« Où devez vous aller ? » demanda Minoru.

« Hum… A la nécropole… » répondit le lieutenant du clan Océan, légèrement gêné.

« Je vous accompagne alors. J’ai quelque chose à y faire. »

« Laisse moi deviner : encore l’endeuillée de service ? »

« Ce n’est pas très charitable de l’appeler ainsi, mais c’est bien la cause de mon déplacement. » confirma Minoru.


* * *

« Je suis vraiment une idiote. »

« Ca, je veux bien te croire, mais ça me serai utile de savoir sur quoi tu te bases pour dire ça, quand même… »

« Je me suis trompée dans mon interprétation des rêves. J’ai confondu boire de la bière chaude avec manger du crocodile… »

« … Et alors ? »

« C’est de manger du crocodile qui signifie avoir des ennuis avec un fonctionnaire ; boire de la bière chaude veux dire qu’on va nous voler quelque chose. »

Assises quelque part dans l’immense complexe de terrasses implanté sur le « pied » de la base, Karla et Sethi tuaient le temps en discutant de choses et d’autres, et leur conversation avait pris les teneurs mystiques de Sethi lorsque cette dernière s’était rendu compte que son chef n’avait pas eu de visite d’un énième fonctionnaire visant à la sanctionner une fois de plus pour ses intrusions abusives dans la base de donnée du complexe militaire.

« Cherche pas pour le vol. » fit Karla en soupirant, « Ca a déjà eu lieu : le Third Child. »

« Je ne vois pas en quoi il nous "appartenait" spécifiquement. »

« On dirige un des rare clan à avoir à l’esprit même le combat des premiers pilotes, il aurai dû venir ici, point barre. Y’a rien à ajouter. »

« Mais bien sûr… » fit Sethi en soupirant à son tour.

« Et il n’est même pas venu à l’idée du Third de protester contre cette attribution forcée de clan… Il aurait eu le choix, je suis sûre qu’il aurait pris le nôtre… Bon, d’accord, il est un peu plus porté sur le second Child que sur lui, mais quand même, ils étaient compagnons de combat. On dit même qu’ils auraient été am… »

« Et tu prêtes considération à des idées farfelues tout droit sortit des cerveaux des pires fans existants ? » l’interrompit Sethi avant que sa collègue n’eu fini sa phrase.

« Bah pourquoi pas, » répondit ironiquement Karla, « Tu t’appuie bien sur des rêves pour tenter de lire l’avenir… »

« Sauf que pour moi, des faits réels ont pu appuyer lesdits rêves, tandis qu’il n’y a rien de concret quand à une hypothétique relation amoureuse entre ces deux pilotes… »

Karla répondit en faisant la moue :

« Mouais… T’as pas vraiment tord non plus ; même si c’est séduisant d’un coté, ça reste un phantasme de fanatique. »

« C’est l’Hôpital qui se fout de la Charité là, non ? » fit Sethi en jetant un regard insistant sur l’accoutrement écarlate clairement dédié à l’idole de sa camarade que cette dernière arborait.

Le leader des RedStorm n’eu cependant pas le loisir de répliquer, car une alarme fit entendre son cri strident dans toute la base. Elle fut suivie d’une annonce :

« A tout le personnel de la base, passage en niveau d’alerte 3 ; un groupe d’assaut d’anges a franchi la première limite critique. Je répète, un groupe d’assaut d’Anges a franchi la première limite critique, la base passe en alerte niveau 3. Toute sortie en dehors du périmètre de la base est strictement interdite. »

Le reste du message indiquait aux personnels techniques responsables de la muraille de protection de gagner leur poste au plus vite, après quoi l’alarme se tût.

* * *


Bien qu’il fussent à l’extérieur du bâtiment de la base au moment où l’alerte fut déclenchée, Shinji, Frederik, Minoru et Clara, qui les avait entre-temps rejoints, entendirent le message par le biais des hauts parleurs placés régulièrement le long du chemin de bitume qu’ils empruntaient.

« C’est une attaque ? » demanda Shinji, soudainement tendu.

« Pas vraiment, » répondit Frederik, « mais ça en annonce une, en quelque sorte… »

Il lui expliqua alors les différents niveaux d’alertes. Ceux-ci étaient au nombre de 5 ; plus le niveau de l’alerte était élevé, plus grand était le danger d’attaque. Le passage d’un niveau à l’autre se fait par estimation de présence d’Anges dans un périmètre précis autour des territoires humains via observation satellite.
Car ils ne subissaient jamais d’attaque directement lancée contre eux ; la Seele avait engendré environ 150 groupes d’anges dont la taille pouvait varier d’une petite centaine à un millier dans les cas extrêmes. Et à chaque fois que l’un de ces groupes, livrés à eux-mêmes, au hasard de son parcours sur la planète, était détruit par sa rencontre avec la barrière de protection humaine, un nouveau apparaissait systématiquement, probablement recréé par la Seele.
Ainsi, le niveau d’alerte dépendait de la plus courte distance à laquelle se trouvait un groupe d’anges. Le premier niveau était atteint lorsqu’ils parvenaient à moins de 5000 Km de la barrière ; le second, à moins de 2500 Km ; le troisième, à moins de 1000 Km ; le quatrième, à moins de 450 Km ; et le dernier niveau, le cinquième, lorsque des Anges réussissaient à pénétrer les défenses. Un niveau qui toutefois, n’avait que très rarement été atteint. Il était également très rare de ne pas être au moins en niveau 1, vu la portée démesurée lui étant adjointe. D’ailleurs, depuis le début du séjour de Shinji à cette base côtière de la NERV, l’alerte n’était jamais descendue en dessous de 1 malgré le fait qu’aucune attaque n’était à déplorer.

Chemin faisant durant cette explication, ils avaient atteint une petite gare où ils prirent un train qui les emmena jusqu’au pied d’une sinistre colline dont les pentes étaient recouvertes de boue, de roches ternes et de végétaux sombres.

« La Nécropole des pilotes, » fit Minoru en désignant la colline, « nous y sommes. »

« Elle est creusée à l’intérieur. » ajouta Clara devant le regard interrogateur de Shinji.

Frederik pour sa part, entraîna le groupe vers un téléphérique qui visiblement les mènerait au sommet.
L’ascension dans la cabine se fit dans le plus grand silence. Deux des adolescents réfrénaient leur envie de poser une question qui aurai pu paraître fâcheuse à Shinji, réglementation oblige, tandis que l’autre se contentait de se demander comment il allait bien pouvoir ramener sa subordonnée à la base.
Quant à Shinji, il se remémorait les raisons de sa venue en ce lieu. Le seul esprit de "commémoration" qu’il n’ait jamais eu était plutôt d’ordre personnel, puisqu’il s’était limité dans sa "courte" vie à la visite de la tombe symbolique de sa mère. Ce n’était donc pas pour cela qu’il allait dans ce cimetière. C’était juste que malgré les siècles passés, il avait du mal à se faire à l’idée que tout son passé en était vraiment un ; l’organisation, les technologies et surtout la mentalité des gens ne différaient guère de son époque. Tant mieux d’un coté, il se faisait déjà assez remarquer par sa nature, s’il fallait en plus qu’il le soit par un comportement décalé par rapport à l’époque…
Quand il avait entendu parler de cette nécropole dont on disait que personne n’en ressortait insensible, il s’était dit que ça lui permettrait sûrement de constater les faits et de s’ancrer définitivement cette situation dans son esprit. Ce n’était pas comme si un alignement de tombes pouvait lui faire quelque chose, du moment que ce n’était pas en pleine nuit. Mais même si les morts ne parlent pas, leur nombre serait plus que démonstratif de la violence du conflit opposant l’humanité et cette Seele, et cela pourrai lui faire prendre conscience de l’ampleur de sa tâche de pilote. Car ici, il n’était plus question de piloter une Eva pour se faire reconnaître d’autrui, dans la mesure où de la reconnaissance, il en avait plus qu’il ne lui en fallait avec sa "réputation" historique. Mais c’était cette même réputation qui lui posait problème ; contrairement à "avant" où on lui demandait de faire de son mieux pour piloter, ici, on attendait de lui un haut niveau de maîtrise de sa "chose" de combat. Ayant gagné une certaine reconnaissance, même si elle était parfois difficile à supporter, il serait stupide de la perdre en décevant ses compagnons. Et il était le mieux placé pour savoir ce qui le motiverait le plus pour honorer leurs espoirs : avoir pleinement conscience de la situation et faire le tri dans sa tête. Le fantôme de Kaoru hantait encore ses cauchemars et laissait surtout en lui une incertitude de taille : les Anges était-ils vraiment ce que l’on disait d’eux ? Ou bien Kaoru était-il un cas à part parmi eux, le seul qui se soit un tant soit peu "humanisé" ?
Shinji savait pertinemment que se poser de telles questions serai néfaste au combat, et donc néfaste à sa reconnaissance. Il fallait impérativement qu’il retrouve une certaine foi du coté des "humains", foi qu’il avait perdu depuis son "arrivée" à cette époque, voire peut-être depuis que ses relations avec son père s’étaient aggravées.
La visite de ce cimetière, si tant est qu’il puisse mériter sa réputation, l’aiderait probablement en ce sens. Cela devenait d’autant plus urgent qu’une attaque d’Ange était, d’après Frederik, imminente…
Certes, sa conscience n’en serait pour autant pas totalement éclaircie, mais ça pourrait lui donner quelques repères de plus à quoi s’accrocher.

Le Third Child fut tiré de ses réflexions par un léger choc de la cabine, indiquant que celle-ci avait heurté le quai de sa destination.
Les quatre pilotes descendirent du téléphérique pour se retrouver devant une courte allée bétonnée qui s’enfonçait dans la colline, dont la limite se traduisait par la présence des portes de la nécropole.

« Elle est… à l’intérieur ? » s’étonna Shinji.

« Je vois qu’on m’écoute quand je parle, ça fait plaisir. » fit Clara sur un ton légèrement moqueur.

« Heu… Oui, je sais, tu l’as déjà dit mais… Je veux dire… Ca me semble un peut petit, on est presque au sommet et la surface couverte par ce cimetière n’a pas l’air bien grande par rapport à… »

Shinji n’arrivait pas à trouver les mots pour terminer sa phrase, mais Frederik le soulagea en achevant :

« Par rapport au nombre de morts que tu t’imaginais, n’est ce pas ? »

Son timide compagnon hocha affirmativement la tête.

« C’est normal. » continua Minoru, « Cette cité des morts n’a pas qu’un seul étage, mais plusieurs, qui s’enfoncent dans les bases de la colline. Elle est construite à l’intérieur en forme de pyramide, donc plus on va vers le fond, plus les étages sont grands. Le sommet de ce monument enterré renferme les plus anciens pilotes, tandis que les plus récents forment la base. C’est un moyen à la fois symbolique et pratique de préserver nos morts des Anges ; si jamais nous étions amenés à disparaître et que "quelqu’un" découvre un jour les restes de nos civilisations, cette nécropole fera sans doute partie des vestiges qu’ils trouveront et ils comprendront notre histoire… Tout du moins, c’est ce qu’en pensaient les huiles qui ont commencé à la bâtir il y a deux siècles. »

« Mais alors… Pourquoi cette cabine si le cimetière est plus bas dans la colline ? » demanda Shinji.

« Parce qu’a l’époque où les premiers éléments ont étés bâtis, il n’y avait que deux étages, l’un auquel on accède par cette porte et l’autre, au dessus de celui-là, spécialement réservé à… aux tout premiers pilotes. » acheva Clara.

« Le reste a été creusé au fur et à mesure et on a pas fait d’accès supplémentaires ; mais c’est vrai que le dernier étage actuellement en construction ne doit pas être bien loin du sol… » ajouta Frederik.

Shinji constata en regardant le paysage que la colline devait bien faire entre 500 et 600 mètres de haut… Ce qui faisait un paquet "d’occupants" à cette nécropole. Autant de morts en deux siècles… Il en avalât sa salive.

« On y va ? » demanda Minoru d’un ton neutre.


* * *


Le Docteur Masaki fronçât les sourcils. Certes, ce n’était pas la première surprise qu’elle et toute l’équipe d’analyse et de remise en état de l’unité 01 rencontrait, mais celle là, elle était de taille. Voire un peu trop grosse.

« Ca n’est pas possible » fit Hei en jetant sur son bureau le rapport concernant les fonctions d’alimentation de l’Eva, « Si je comprends bien, vous auriez repéré une seconde source d’énergie interne à laquelle il n’y a, à priori, aucun moyen d’accéder et encore moins de contrôle ? »

« C’est la seule solution envisageable. » lui répondit son interlocuteur, un scientifique d’une trentaine d’année avec de longs cheveux bruns attachés en queue de cheval dans son dos. « Nous avons vérifié plusieurs fois les nouvelles batteries que nous avons installées en croyant à un disfonctionnement, mais il n’y avait rien d’anormal. »

« Toutefois, » objecta la scientifique, « vu la faiblesse de cette soi-disant source, il y a de fortes chances pour ce soit une anomalie dans les accus plus qu’autre chose… »

« C’est pourquoi nous avons d’abord cherché sur les nouvelles batteries, avant de constater que la source était bien trop constante pour que cela soit issu d’une anomalie quelconque. Nous aurions besoin de scanner l’unité 01 lors d’un test de synchro pour d’en savoir plus. »

« Pour localiser la "source" ? Vu sa puissance négligeable, ça sera difficile…»

« Pas si on se concentre sur les parties que nous avons estimé "suspectes" de l’unité, comme ce dôme noir sur son poitrail… »

« Soit. Si ça peut nous aider à y voir plus clair. »

L’épouse du commandant attrapa un gobelet de café posé sur son bureau et en but une gorgée tout en se détournant de son subordonné.

« Néanmoins, » ajouta-elle, « Il faudra attendre un autre moment, car c’est le jour hebdomadaire de repos des pilotes et que nous avons en plus cette alerte niveau 3 sur les bras… Dans l’immédiat, veillez à ce que l’unité 01 soit prête au combat. »

« Malgré tout ce qu’il reste à faire dessus ? » s’étonna le scientifique.

« A la guerre comme à la guerre. » répondit le Docteur, « Je suis certaine que le commandant ne fera pas d’exception pour elle et son pilote ; plus nous avons d’unité engagées, plus nous avons de chances de gagner. Même si une large partie de son armure reste à rénover, du moment qu’elle est opérationnelle… »


* * *


Impressionnant ? Non, ce n’était pas ce qui conviendrait… du moins pas pour Shinji. C’était sans doutes imposant mais de là à en être impressionné…

Les quatre jeunes pilotes avaient franchi les portes de la nécropole pour trouver face à eux une salle dont ils voyaient à peine les limites, et dont le sol de marbre était parsemé d’étroites allées de pierres tombales. Si l’on mettait de coté la hauteur inhabituelle de la salle, une vingtaine de mètres environ, et l’éclairage agressif des néons, ça n’avait rien "d’exceptionnel" pour un cimetière.
Minoru remarqua la mine dubitative du Third Child, mais préféra ne pas en demander la raison.

« C’est la partie consacré aux pilotes qui vous ont directement succédés. » commenta Frederik à voix basse.

« …Et… "nous" ? » demanda le Third, indécis.

« Vous ? » fit Clara.

« Eh bien… Nous les trois premiers… on était sensés être morts aussi… »

« Le premier étage. » dit Minoru, qui voyait où Shinji voulait en venir, « Au dessus. Il était exclusivement consacré à vous trois. Mais depuis ta "réapparition", on l’a fait fermer. On y a donc pas accès. »

Le jeune homme au regard pessimiste fit une pause avant de reprendre :

« Ici, ce sont des sépultures primaires, qui sont bien moins impressionnantes que celles des autres étages… »

« Celles des autres étages ? Qu’est-ce qu’elles ont ? » demanda Shinji.

Clara écrasa discrètement les orteils de son confrère chef de clan, mais ce dernier se contenta d’une grimace à peine visible avant de répondre :

« A toi de décider de le voir. Moi, en tout cas, je dois me rendre au dernier sous-sol. »

Minoru se détacha alors du groupe pour s’engager dans l’allée principale du mémorial, menant au mur opposé de la salle sur lequel on pouvait distinguer plusieurs portes d’ascenseur.
… Les autres étages étaient différents ? Tant qu’à faire autant suivre Minoru. C’est ce que fit Shinji une fois cette réflexion faite, sous les regards étonnés de ses deux confrères de clan. Après s’être remis à sa hauteur, suivi par sa fiancée, Frederik lui demanda s’il voulait vraiment y aller.

« Parce que c’est vraiment autre chose qu’ici, tu peux me croire… Et ça fait à peine une semaine que t’es à peu près remis, ça serai mauvais pour toi si tu voyais quelque chose qui pourrai te flinguer ta santé ment… ta stabilité, quoi. Déjà que j’étais pas très d’accord pour que tu viennes… »

C’était à ce point inquiétant ? Mais Shinji n’en eu cure sur le moment : il n’était plus à un choc près… Et il avait besoin de connaître l’ampleur réelle de cette catastrophe. Il y avait déjà plus de sépultures qu’il n’en avait imaginé pour cet unique étage, qu’en serai-t-il des autres ?

Le petit groupe d’Océan rejoignit donc Minoru à l’accès de l’ascenseur devant lequel le chef des Kumo s’était planté. Ce dernier ne s’étonna même pas de leur présence ; il prit juste la peine de préciser au Third :

« C’est un élévateur qui utilise les parois de la nécropole comme ligne directive, il descend donc en biais. »

Clara se surprit à se demander pourquoi il prenait la peine de préciser ce détail inutile, avant de se rappeler que c’était dans sa nature d’être aussi tatillon de temps à autres.
Les portes leur libérèrent l’accès à la cabine de l’ascenseur au bout petit moment de silence. Le groupe y entra et le chef des Kumo pressa le bouton du dernier sous-sol : le n°25.
Vingt-cinq. Vingt-cinq étages de sépultures dont la surface croissait progressivement lorsque l’on s’enfonçait dans le sol. Shinji avait évalué à un bon millier les tombes présentes sur l’étage qu’ils venaient de traverser ; et si la proportion était respectée dans les autres, ce mémorial n’avait guère besoin de se justifier de son appellation de nécropole.
La cabine les emporta dans les profondeurs de cette cité funéraire, les laissant entrapercevoir chaque étage à travers les portes de verre. Après trois bonnes minutes de descente, ils finirent par ralentir et s’arrêtèrent au dernier sous-sol.
Ils sortirent et se retrouvèrent dans l’intersection de trois allées. Contrairement au lieu par lequel ils étaient entrés, ces passages étaient des allées avec leurs propres murs, hauts de trois mètres environ. Murs quelques peu curieux au premier abord, car franchement concaves.
Les deux premières allées longeaient les bords de la nécropole, tandis que la dernière s’enfonçait devant eux, laissant à la vue des jeunes gens l’impression d’une allée sans fin jonchée régulièrement d’intersections semblables à celle-ci.
Shinji nota que la lumière des néons accrochés vingt mètres plus haut au plafond était réfléchie par la partie inférieure des murs incurvés, qui bizarrement semblait droite et non en arc de cercle, formant une sorte miroir divisé en rectangles sur toute la moitié basse du mur.
Le Third s’approcha de ces miroirs, pour constater avec stupeur que ce n’était des blocs de verre transparent posés dans une cavité rectangulaire couvrant toute la partie inférieure du mur concave. Et que dans ces blocs se trouvaient des corps habillés de plug-suits colorées. Des corps dont la tête était encagoulée de la même couleur que le vêtement funeste et dont le visage était recouvert d’un masque lisse, également de la même couleur. Les mains croisées sur le ventre, tous semblaient dormir, prêts à se réveiller au moindre bruit.
Shinji comprit. Les "rectangles" qui formaient avant ce "miroir" n’étaient autres que des tombes. C’était donc là des allées dont les murs étaient faits en partie de blocs de verre inclinés contenant les corps des braves, séparés par de fines cloisons de béton reprenant la forme concave du mur. Au dessus d’eux, sur la surface creuse montante du mur, était gravé dans du bronze leur nom, le clan auquel ils avaient appartenu, le nombre d’Anges qu’ils avaient tué ainsi que leur date de naissance et de mort. En promenant son regard à moitié figé de surprise et de terreur, Shinji vit que certaines tombes n’avaient qu’une simple plaque de métal cuivré à la place de la surface d’un bloc de verre. D’autres étaient également faits d’une plaque aux reflets pourpres, mais avec en leur centre une demi boule de verre au milieu de laquelle était figé une pierre précieuse bleue. Une barrière de fer forgé empêchait les visiteurs de trop s’approcher des défunts.

« Surpris ? »

La voix calme de Minoru fit sursauter le jeune homme, lui rappelant qu’il n’était pas seul.

« C’est… » commença-t-il, encore sous le choc, « c’est le moins… qu’on puisse dire… »

Qui avait eut cette idée farfelue ? Exposer ainsi les corps à la vue des visiteurs… C’était quelque peu intimidant. Voilà donc d’où cette cité des morts tenait sa réputation.

« Traitement spécial de conservation. » commenta le plus petit des adolescents, « On synthétise d'abord un sarcophage de diamant aux mensurations exactes du corps, avant de le sceller à l'intérieur. On coule ensuite autour de ce sarcophage un bloc de verre. Le temps n'est pas près de faire des ravages sur ce genre de cercueil... »

Il continua devant le regard à la fois inquiet et intrigué de Shinji.

« Les responsables de cette forme d'enterrement ont pensé ainsi faire passer un message plus fort auprès des visiteurs, auprès de ceux qui sont défendus par les Eva; ceux qui, retirés dans les terres, n'ont quasiment jamais vécu un affrontement avec des anges et qui ont commencé à prendre ça comme un élément banal dont on ne devait pas s'inquiéter plus que la probabilité d'un astéroïde venant percuter la planète. »

Une pause. Puis il reprit:

« Ceux qui n'ont pas la "chance" d'avoir un corps à mettre dans leur dernière demeure ont une tombe symbolique ici, couverte par une plaque de cuivre. Et ceux qui n'avaient que des restes pas très présentables ont été incinérés et leurs cendres transformées en un diamant bleu qui... »

« Minoru, ça suffit. » le coupa Clara, qui ajouta à son oreille: « Shinji a déjà beaucoup de cran pour venir ici alors qu’il n’est pas tout à fait remis, alors n'ajoute pas de détails qui pourraient le plomber à nouveau, ok? »

Le chef de clan s'apprêtait à protester mollement mais une série de pas lents l'en dissuada. A entendre cette démarche, ça ne pouvait être que le vieux concierge de la nécropole.
Un vieil homme au crâne luisant apparu effectivement à l'embranchement d'un couloir. Un seau d'eau en main et un balai sur son épaule, il se dirigea d'un pas fatigué vers les jeunes visiteurs. Shinji nota, en plus de ses vêtements hors d'âge, l'impressionnante balafre dont était décoré le haut de son crâne, comme si quelque chose avait tenté autrefois de le fendre ce vieil homme en deux. Et ce n'était pas peu dire.

Il salua les jeunes visiteurs d’une voix usée de laquelle n’émanait plus la moindre once de joie de vivre, sans leur accorder plus d’attention. Puis, au moment de les dépasser, il s’arrêta, tourna son regard sombre vers Minoru et lâcha :
« Si tu cherches Xéa, elle était en train d’errer quelque part dans l’allée f-06 lorsque je l’ai croisée. »

« Elle n’est pas devant la tombe de… ? » Minoru n’acheva pas sa phrase, voyant le vieillard lui faire un signe vague de la main avant de poursuivre son chemin jusqu'à l’ascenseur et d’y pénétrer.

« Toujours aussi expressif… » fit Clara, mécontente du manque de courtoisie du vieil homme qui n’avait même pas relevé la présence de Shinji.

« Franchement, il n’y a pas de quoi lui en vouloir. » rétorqua Minoru.

« Pourquoi ? » fit un Shinji intrigué, mais surtout désireux de détourner son esprit de la vision des pilotes inhumés à la vue de tous.

« D’après ce que j’en sais, » commença le chef des Kumo malgré le regard courroucé de Clara, « C’est un ancien pilote qui a eu un accident grave lors d’une bataille ; tu as vu sa cicatrice sur sa tête, non ? C’est de là qu’elle vient. Ce jour là, il a perdu deux choses : sa capacité à piloter et sa fiancée. La première à cause de l’endroit où son corps à été atteint ; une bonne partie de ses liaisons nerveuses on été sérieusement endommagées et il ne pouvait plus se synchroniser avec son Eva. Et la seconde est tombée au combat dans le même affrontement. Depuis cet évènement, il a demandé à devenir le responsable de la nécropole, et d’après les dires, il nettoie quotidiennement avec un soin drastique la tombe de sa bien aimée, encore aujourd’hui. Ca peut paraître étrange, mais pour moi, c’est juste de la fidélité envers son amie poussée au paroxysme. »

« En parlant de lui, qu’est ce qu’il foutait avec un seau et un balai ? » demanda Frederik, « Ce sont pas des robots qui assurent le nettoyage ? Je le vois mal se taper tout le ménage du mémorial, le pauvre vieux. Et en plus, c’est pas à ce niveau qu’est la tombe de sa copine. »

« Non, mais les robots ne peuvent pas être déployés en permanence après chaque passage d’un visiteur… » rétorqua Clara d’un ton un peu acide.

« Ah merde, c’est vrai… » fit Frederik en se tapant le front, puis devant le regard interrogateur de Shinji précisa : « On a quelqu’un qui vient régulièrement cracher sur la tombe d’un ancien pilote du clan qui était autrefois les RedStorms… Enfin autrefois, c’était y’a deux ans, hein, c’est pas si lointain. Et ça fait deux ans qu’on tente de choper celui qui fait ça avec des moyens ridicules, alors qu’il suffirait d’une analyse génétique de la salive pour l’attraper… Mais la NERV a visiblement d’autres priorités. »


* * *


Un coup d’œil à droite. Un autre à gauche. Personne. Bien.
Le technicien qui venait de faire cette constatation près de l’accès à la salle des machines d’une des rampes de catapultage de la base ouvrit rapidement l’accès en question, pénétra dans la pièce sombre et referma promptement la porte à clé.
Il détestait ces moments là. Non pas que la cause pour laquelle il se battait réellement lui déplaisait, ça non, mais c’était plutôt d’être obligé de faire ses rapports à son supérieur dans de tels endroits… Non, ce n’étant pas tant les lieux qui le dérangeait, mais plutôt l’ambiance qu’il y régnait une fois son supérieur présent. C’était quelqu’un d’assez glauque en fin de compte, et leur situation d’espions ralliés à la cause de la Sainte SEELE les obligeait à utiliser de tels coins sombres et discrets. Et ce n’était pas pour rassurer le pseudo technicien, qui non seulement n’aimait pas ce coté noir de son chef, mais qui en plus était assez sensible au fait que ce soit un gamin qui lui commande. Certes, il était pilote d’Eva et donc nécessairement jeune, mais merde, il aurait pu avoir un type un peu plus âgé que ce gosse nombriliste de seize ans.
L’homme soupira en espérant du fond du cœur que la Réunion promise par les maîtres serait pour bientôt, histoire d’écourter le temps qu’il devrait encore passer avec cet ado. Bon quelque part, le fait qu’il soit son chef était justifié par sa nature spécifique… Mais merde, il allait avoir droit au même traitement que lui lors de la Réunion, alors ce n’était pas une raison pour se comporter en être supérieur, simplement parce que ses gènes avaient été fusionnés avec ceux d’Anges.

« Tu es en avance. Comme d’habitude. »

Le technicien sursauta. Il aurait bien aimé rétorquer que, comme d’habitude également, ce gosse aimait le surprendre. Mais il se contenta d’une phrase plus diplomatique :

« Je n’aime jamais faire attendre, surtout dans ce genre de job assez contraignant en soi. Cependant, c’est gros risque pour moi ; nous sommes en alerte 3… »

Un silence. Puis il reprit la parole :
« Cette convocation exceptionnelle cache quelque chose de grave, je suppose ? »

« Tout juste. » répondit l’autre, « Un autre de nos membres a été capturé. Il ne répond plus à mes appels depuis deux semaines… »

« Qui ? »

« Un scientifique qui travaillait au Geofront. Celui qui devait aller sonder le central Dogma et récupérer des informations sur Mère. »

« Effectivement, c’est grave… »

« Tant que nous ne savons pas dans quel état est Mère précisément, la Réunion ne pourra pas avoir lieu… Je me demande comment il a pu échouer. Une idée ? »

« Peut-être ; deux semaines ça correspond à la date de sortie de l’unité 01. Comme toute information là-dessus était confidentielle, je dirai qu’il n’a pas eu de chance et s’est retrouvé nez à nez avec les équipes chargées de la remonter. »

« L’imbécile… » fit avec mépris le « gosse ». « Et nous n’avons plus personne là bas. Il va encore falloir patienter pendant au moins un an… »

Le technicien était d’accord. Encore un an, voire plus, avec lui, c’était l’enfer.

« Je pense cependant qu’on aura de quoi s’occuper d’ici là. » enchaîna-t-il, « à commencer par le cas du fils d’Ikari… »

Le « supérieur » ricana brièvement à l’évocation de Shinji par le technicien.

« Je ne sais pas à quoi pensait cette larve d’Ikari en envoyant son fils dans le futur, mais toujours est-il qu’il nous rend un grand service… »

« Pardon ?! » fit son subordonné, ne pouvant retenir une expression de surprise, « sauf votre respect, » corrigeât-il immédiatement, dieu qu’il détestait faire ça, « je pense qu’il y aurai plutôt intérêt à l’éliminer au plus vite… »

Malgré l’obscurité, il senti peser sur lui le regard méprisant et agressif du pilote, qui fini par dire :
« Abruti. Réfléchit deux secondes : De quoi a-t-on besoin pour la Réunion ? »

« De mère et de… Je n’y avais pas pensé. » avoua le technicien.

« Je ne peux pas vraiment t’en vouloir pour cette erreur. » fit l’adolescent sur un ton qui se voulait rassurant, mais n’en était que plus mauvais, « Il est vrai que ce rôle était dévolu à père, mais comme ce bâtard d’Ikari l’a réduit à néant, nous n’avons d’autre choix que d’utiliser sa plus proche réplique existante. Donc le fait qu’ils aient sortit l’unité 01 du central Dogma nous est bénéfique puisqu’elle n’est plus sous haute surveillance ni d’ailleurs dans l’incapacité de se déplacer… Nous avons au contraire intérêt à ce que le Third Child reste en vie jusqu’au jour tant attendu. S’il venait à périr, ils redescendraient l’unité dans le central Dogma, et il nous faudrait attendre encore pour pouvoir trouver un moyen de l’en faire sortir et de fusionner avec Mère… »

« Je vois… » fit l’adulte, frustré de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Un moment de silence. Puis l’autre ricana de nouveau avant d’ajouter :

« J’ai hâte de voir la tête que vont faire les autres en découvrant la vraie nature des ancienne unités… Les leurs ne sont que des tas de barbaque en conserve à coté… »

« Vous parlez du combat à venir ? »

« Oui. Ils ne sont plus très loin, je les sens. Nous ne devrions plus tarder à passer en niveau 4 et mobiliser les pilotes… Tu ferais mieux de regagner ton poste. »

« Et que fait-on pour Mère ? »

« Prend contact au plus vite avec notre cadre infiltré ; il nous faut une mutation d’un de nos membres vers le central Dogma au plus vite… Voire plusieurs si jamais ce sont tous des imbéciles comme leur prédécesseur. »


* * *


Après avoir parlé de cette affaire de profanation, Shinji, Frederik et Clara étaient sortis de la nécropole à la demande du Third Child, qui avait du mal à ignorer les sépultures indiscrètes de cette cité mortuaire. Une cité qui, au vu de son mode d’inhumation, était bien partie pour défier le temps. L’éternelle cité des "héros"…
Dans la cabine qui les reconduisait au pied de la colline, Shinji se demanda au final ce que lui avait bien apporté cette visite, ci ce n’était la confirmation de l’ampleur des dégâts. Et la perspective de risquer un jour de finir en pièce d’exposition post-mortem n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour le motiver. Néanmoins, l’exemple du gardien de la nécropole l’interpellait.

De leur coté, les fiancés étaient occupé à discrètement s’engueuler, profitant de la plongée profonde de leur coéquipier dans ses pensées.

« Minoru en a déjà fait assez comme ça, c’était pas une raison pour en rajouter ! Qu’est ce qui t’as pris de continuer avec le détail du seau ? Tu m’a obligée à m’insérer dans la conversation pour ne pas paraître suspecte !» chuchota Clara.

« Ben… Quelque part, je pense que Minoru se dit que trop cacher de trucs a Shinji va le rendre méfiant à force ; tu le connais, il est trop franc pour mentir à qui que ce soit ou tenir sa langue. Et c’est plus ou moins ce que je pense aussi, donc j’ai un peu "aidé", mais j’ai aussi minimisé les dégâts en parlant de ce détail à la con, justement. Sinon, c’est vrai que ça aurai pu être pire.»

« Je vois mal comment ça pourrai être pire… Regarde le, il s’enferme à nouveau ! »

« Mais ça vaaaa, laisse le un peu ; tu sortirais avec un cœur de pierre d’un endroit pareil, toi ? »

Clara n’eu pas le loisir de poursuivre la joute verbale, car le hurlement sinistre des sirènes retentit, suivit simultanément d’une confirmation d’un passage en alerte 4 par les hauts parleurs de la cabine du téléphérique et par le bip strident et répétitif des bracelet du chef des Océans et de son lieutenant.

« Putain ! Déjà ?! » s’exclama Frederik.




A suivre…


Définitions :

Kumo : araignée en japonais.





Smog, depuis le temps que je me le traîne celui là... Et le pire, c'est qu'il va peut-être faloir retoucher certains détails XD. Nan je déconne. Ou alors ce sera mineur.
L'Univers et la bêtise humaine sont infinis. Pour l'Univers, je ne suis pas sûr.
Albert Einstein
Jainas
Jounin
Messages : 1096
Inscription : dim. 24 juil. 2005, 15:15
Contact :

Message par Jainas »

Wow...
Un nouveau chapitre fleuve, au rythme toujours aussi lent, ou du moins posé. On sent qu'on est encore dans la phase de construction de l'univers... Mais cela n'est pas vraimenbt grave, parce que le chapitre est malgré tout bien rempli, avec la découverte de nouveaux personnages plutôt sympatiques et un début d'intrigue plus poussée qui laisse songeur.
Le passage de la nécropole est intéressant, et on sent que tu y a bien réfléchi. Le lieu est d'ailleurs plutôt impressionant... La somme de petits détails insignifiants permet de rendre l'univers beaucoiup plus crédible (exemple le type qui va cracher sur la tombe... ou même le simple fait que Shinji veuille faire réparer son lecteur... d'ailleurs va t'il y trouver simplement de la musique, ou autre chose ?)

Peu voir pas de fautes, un style plutôt bon... En fait la seule chose qui pèche est peut être un manque "d'ambiance", ton écriture étant très froide et descriptive...

Voila mon avis, et encore chapeau bas, parce que cette fic s'annonce vraiment une oeuvre titanesque et betonnée ^^ :)
Raito_Kamui
Etudiant à l'académie
Messages : 68
Inscription : dim. 05 mars 2006, 13:48

Message par Raito_Kamui »

Je continue mon passage dans la section Fanfic.

Evangelion HIF..... Je crois que c'est grace à cette fic que j'ai commancer a en lire d'autres.

Etant un énorme fan d'Evangelion, je ne peux pas passer a travers cette énorme histoire. Le style narratif est très propre, l'histoire avance assez lentement mais surement.
Grace aux descriptions on peut visualiser parfaitement l'univers où se retrouve Shinji.

je n'est pas grand chose a dire, a part t'encourager a continuer ;-)
Répondre