Muse
Modérateur : Ero-modos
-
- Chunnin
- Messages : 679
- Inscription : mer. 27 juil. 2005, 06:36
- Localisation : Sûrement au pieu
Muse
Hop ! Voilà, c'est ma première fic sur l'univers de Naruto (ma première fic tout court, en fait) j'espère qu'elle vous plaira ^^.
N'hésitez pas à poster vos commentaires, ça fait toujours plaisir. La suite arrivera sous peu (dès que je l'aurai écrite) avec normalement un peu plus d'action ... et peut-être en un peu plus court.
Bonne lecture !
Premier Chapitre - 10 h 28
Hatake Kakashi avançait tranquillement dans les couloirs silencieux des bureaux de l'Hokage. Il jeta un oeil entr'ouvert à sa montre bracelet : 10 h 28. Il avait rendez-vous à 10 heures. Pas la peine de se presser. Il passa lentement devant les baies vitrées et savoura le plaisir de sentir les rayons du soleil réchauffer sa peau. Après être resté alité plusieurs jours à l'hôpital suite à la mission de sauvetage du Kazekage Gaara, il n'avait pas eu l'occasion de profiter du beau temps. De plus, il était resté trop longtemps inactif et se sentait prêt à reprendre ses activités. Résolu à agir, il frappa à la porte du bureau de Tsunade-sama.
« Entrez, c'est ouvert ! » beugla une voix excédée. Kakashi poussa la porte et s'assit comme à l'accoutumée sur le seul fauteuil qui n'était pas totalement submergé sous la paperasse administrative, alors que l'Hokage finissait de déguster son saké.
« Je ne t'attendais pas si tôt, Kakashi. » lança Tsunade d'un air ironique.
« Yo ... j'ai un peu traîné en route. Hokage-sama, est ce que Naruto ... ? »
« Ne t'inquiète pas » coupa Tsunade en s'essuyant la bouche d'un revers de manche. « Il est reparti en mission avec Sakura et un troisième coéquipier. Il s'appelle Sai, et bien qu'il soit jeune, c'est un chuunin très compétent. »
« Ils sont repartis en mission ? Sans moi ? »
« Tu es jaloux ? » s'exclama Tsunade avec un petit sourire en coin.
« Absolument pas. » Le terrain était glissant. Il détourna le regard et changea le sujet de la conversation : « Vous avez lu mon rapport sur la mission en coopération avec Suna ? »
« Heu ... non. C'est vraiment chiant de lire tous ces rapports. Tu ne veux pas me faire un topo sur le sujet ? »
Kakashi considéra l'Hokage quelques secondes et soupira.
« Bon, si je suis venu vous voir, c'est parce que ... »
« ... parce que tu veux reprendre le boulot ? T'as de la chance, je t'ai justement assigné à une mission sympathique. » Elle lui tendit un dossier frappé d'un 'A' rouge et reprit sans lui laisser le temps de parler : « C'est une simple mission de surveillance. Tu dois juste patrouiller pour quatre jours à la frontière de Tsuchi no Kuni. »
Le jounin soupira une nouvelle fois et abandonna toute idée de contestation.
« Les cailloux bougent ? »
« On peut voir ça comme ça. Des agents sur place m'ont signalé des mouvements de troupes. Nous voulons juste nous assurer que leurs intentions sont pacifiques. Bien sûr, vous opérez dans le secret le plus total. Surtout si vous intervenez auprès des agents de Iwa. Deux de nos chuunin sont déjà sur place, dans le village de Sadoyashi. Ils vous attendent pour ce soir. Des questions ? »
« Pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ? »
« Parce que tu es notre meilleur élément, imbécile. Allez, fonce, j'ai du boulot ! » s'écria Tsunade en fronçant les sourcils d'un air sérieux, la main sur la bouteille de saké.
Kakashi soupira une troisième fois, et sortit du bâtiment administratif en parcourant les détails de l'ordre de mission. La vieille avait raison, c'était sans doute le meilleur plan pour se remettre doucement en jambe après une petite convalescence. Et puis, elle comptait sur lui ... elle n'arrêtait pas de répéter qu'il était son « meilleur élément ».
« C'est sans doute vrai » songea Kakashi sans prétention aucune, alors qu'il invoquait un chien-loup puissant et rapide, qui lui permettrait d'atteindre un village nommé Sadoshiya en quelques heures ... quelques secondes plus tard, il s'éloignait du village caché de la Feuille sous un soleil radieux.
10 h 28. Le jeune homme brun qui regardait l'imposante horloge sans la voir sentit le poignard dans sa poitrine se retirer lentement, puis replonger dans sa chair et briser son souffle déjà court.
Une pluie battante s'abattait sur Iwa no Kuni, et des vents violents faisaient trembler les fenêtres fines de la chambre de Murasaki Shigei. Installé en tailleurs sur une chaise rustique, il fixait des yeux les deux rapports posés sur son bureau. Sans pouvoir bouger, sans pouvoir retirer le poignard qui lacérait sa poitrine, lentement, délicatement. Aux yeux de Shigei, le temps s'était arrêté.
Il alluma une énième cigarette, et quitta son siège inconfortable pour contempler le village caché d'Iwa à travers les baies inondées par la pluie diluvienne. La beauté apparente du village ne l'émouvait pas. La pluie l’indifférait. Le froid le blessait.
Shigei passa machinalement une main dans ses cheveux bruns et sentit sa tête tourner. Ses yeux bleus étaient vides, les traits fins de son visage étaient tirés par la fatigue, et une barbe de trois jours était apparue depuis qu'il avait lu ce rapport ... Shigei avala une nouvelle bouffée de fumée et écrasa sa cigarette contre le rebord de la fenêtre d'un air absent. Il l'avait lu tellement de fois, ce rapport, il le connaissait presque par coeur.
Par contre, le second, le plus récent, était bien plus énigmatique. Il avait été déposé chez lui par un ami proche, à peine deux heures auparavant. Le contenu de la missive était très bref et explicite. Shigei retourna lentement vers le bureau et reprit le rapport dans ses mains afin de le relire encore une fois, comme si ça avait pu l'aider à prendre sa décision.
Rapport ponctuel de mission
Destiné à Kowade Farudo, Commandant en chef des forces de contre-espionnage
Notre équipe, T4, composée de l'agent Toriga et de moi-même, a repéré deux espions étrangers ayant infiltré le village de Sadoyashi depuis plusieurs jours. Conformément aux nouvelles instructions, nous les avons pris en filature pendant 48 heures avant de faire ce rapport. Les intrus sont des espions du village de la Feuille. Leur mission est secrète. Ils semblent suspecter une activité militaire suspecte. Bien que nous n'ayons pas pu découvrir leurs intentions, nous savons qu'ils attendent un nouvel agent dont nous connaissons l'identité. Il s'agit de Hatake Kakashi, jounin de Konoha.
Conformément à la procédure, nous attendons les ordres du Commandant de notre division.
Agent Torishi, division T4 des services de contre-espionnage.
La pluie cognait toujours contre les vitres solides de la chambre.
« Hatake Kakashi, hein ? »
La voix de Shigei était rauque, à cause de toutes ces cigarettes, et de toute cette douleur. Ses yeux bleus se fermèrent quelques instants et le poignard sembla s'enfoncer un peu plus dans sa poitrine. Néanmoins, son corps se décida enfin à bouger. Il enfila une veste sombre par dessus son gilet de protection et enroula délicatement une écharpe de soie blanche autour de son cou. Il attrapa un petit carnet, une sacoche d'armes de jet, et un grand shuriken de bois qu'il attacha derrière son dos. Enfin, il accrocha un petit pendentif autour de son cou et le blottit contre sa poitrine.
Shigei ouvrit la fenêtre. La pluie giflait son visage, le vent lui faisait plisser les yeux. Cela importait peu, désormais. Une rage nouvelle venait de naître en lui, et le poignard contre son coeur avait cessé de le torturer.
La chasse commençait.
« 10 h 28. »
« Quoi ?! C'est tout ? » s'étrangla Naruto en jetant des regards désespérés à la montre de Sakura. « Et on doit encore monter la garde jusqu'à ce soir, minuit ? Encore 14 heures à attendre sous ce foutu brouillard ?! »
« 13 heures et 32 minutes. Pas 14. »
« Merci de ton aide, Sakura-chan » marmonna Naruto.
Il était littéralement frigorifié. Sous le dur brouillard de Kiri no Kuni, la province de la brume, sa patience fondait comme neige au soleil. La mission de la nouvelle équipe 7 était de monter la garde devant la demeure d'un homme d'affaires qui voulait discuter tranquillement avec d'autres personnes aussi riches, fortunées, et égocentriques que lui.
« Naruto, arrête de te plaindre ! Je signale que c'est toi qui as voulu faire cette mission ! » s'exclama Sakura d'une voix courroucée.
Sai était un peu en retrait de ses coéquipiers. Il méprisait leurs petites disputes et lâcha discrètement un soupir lorsque Naruto émit un nouveau « Sakura-chaaaan ! » ... insupportable. Le brouillard ne le gênait pas. La mission n'était pas vraiment passionnante. La seule chose vraiment intéressante, en cet instant, c'était l'heure. Sai murmura pour lui-même : « 10 h 28 ... le premier pion devrait commencer à bouger. »
« Sai-kun ? Tu as dit quelque chose ? Je n'ai rien entendu à cause de cet imbécile. »
« Je disais : j'espère que l'on va commencer à bouger. »
« Ouais, moi aussi ! Je veux de l'action ! » Naruto frappa ses poings l'un contre l'autre. Sakura soupira.
Sai les regarda longuement et sourit.
C’était rassurant de voir qu’ils réagissaient exactement comme il l'avait prévu.
________________________________
Second Chapitre - L'Artiste et la Mort
« Sai-kun ? »
Sakura pesta intérieurement contre le brouillard épais de Kiri no Kuni. Elle cherchait des yeux le troisième de ses coéquipiers. Naruto était parti en quête de quelque chose à manger, et elle aurait voulu sentir une présence à ses côtés. Même si la mission était de rang B et que les seuls brigands qui osaient s'approcher de la demeure avaient un niveau de combat ridicule, elle préférait sentir une présence à ses côtés.
« Je suis là. Derrière toi. »
« Ah ... d'accord. » dit précipitamment Sakura en espérant que son sursaut soit passé inaperçu. « Tu ... je peux te parler ? Pendant que Naruto n'est pas là. »
« Bien sûr. » Sakura ne voyait pas le visage de Sai, mais elle était sûr qu'il souriait. Il souriait toujours.
Elle s'assit aux côtés de lui, sur un petit muret de béton. Plusieurs secondes furent nécessaires pour trouver les mots justes. Quand elle se lança, sa voix était un peu plus aigüe que d'habitude.
« Tu sais ... depuis que tu es dans notre équipe ... bon, ça fait très peu de temps, mais bon ... depuis que nous formons une équipe, tu t'es déjà battu deux fois avec Naruto et ... » Elle ne savait pas vraiment comment amener le sujet. « Est ce que tu ... ? »
« Est ce que je sais que c'est un jinchuriki et qu'il possède le Kyuubi dans son corps ? Oui. Ne t'inquiète pas, Tsunade-sama m'a briefé après avoir autoriser ma venue dans l'équipe 7. A propos de Sasuke Uchiwa, aussi. Et si je me bats avec Naruto, c'est plus par ... esprit de compétition. Il est très fort, et il aime le combat, alors je ne crois pas que ça le gêne vraiment. »
« Ah ... je comprends. »
Il y eut un lourd silence. Le brouillard sembla s'intensifier entre eux. Sakura n'osait pas porter son regard vers Sai. Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose dans cette voix, dans ces yeux, dans cette noblesse teintée de distance, quelque chose lui rappelait irrésistiblement Sasuke, le Sasuke qu'elle avait connu et qu'elle avait aimé. Celui qui avait été l'ami de Naruto.
« On dirait bien que l'équipe 7 est de retour » songea Sakura en regardant Naruto revenir vers eux en exhibant un paquet de ramen instantanés.
Sans s'en rendre compte, elle avait esquissé un petit sourire.
Sadoyashi était un village paisible, situé en haut d'un col rocailleux surplombant une vallée verdoyante. Kakashi était arrivé quelques heures avant le rendez-vous avec ses contacts, et il avait passé plusieurs heures à méditer sur une aiguille rocheuse. Le cadre était magnifique, et il aimait cette région. Ici, il n'y avait que le silence, et la beauté.
La nuit finit par tomber. Kakashi avala un repas sommaire et enfila une cagoule sombre. Il y avait deux types de missions : celles qui étaient commandités par des civils, et d'autres qui concernaient directement Konoha. Cette mission était dans la deuxième catégorie : quand il repartirait d'ici, personne ne devrait avoir vu son visage, ni même avoir aperçu sa silhouette. Une ombre parmi les ténèbres.
Le rendez-vous était fixé à 23 heures, à la lisière d'une forêt sur le flanc est de la montagne. Kakashi salua brièvement ses deux collègues, cagoulés eux aussi. La communication par la parole devrait être restreinte à son minimum. Quelques signes rapides, et ils commencèrent leur patrouille nocturne. Kakashi observa furtivement le ciel : des nuages épais couvraient une lune décroissante - l'obscurité leur offrirait la meilleure des protections.
« Quelque chose cloche ... »
Ils devaient patrouiller depuis environ une heure, passant d'un point d'observation à un autre ; lorsque Kakashi leva la main droite et l'abaissa deux fois vers le sol. Ils étaient tous trois sur un petit promontoire rocheux qui donnait sur un gouffre profond d'une cinquantaine de mètres et qui offrait une vue sur un dès nombreux hameau de la vallée.
« Bon, expliquez moi quelque chose, » commença Kakashi « Pourquoi est ce que j'ai l'impression qu'il n'y a rien de suspect ici ? Je n'ai même pas vu l'ombre d'une éraflure d'un kunaï. Vous pouvez m'expliquer en quoi vous avez repéré des activités militaires suspectes ? »
Les deux autres se regardèrent pendant quelques secondes, avec un air oscillant entre l'incompréhension et la honte. Le plus petit bredouilla quelque chose qui ressemblait à :
« Sempai, je ... enfin ... nous ... »
« Calme-toi, et explique moi ce qui se passe. Vous avez perdu leur trace, c'est ça ?
« Nous ... euh ... c'est que ... »
« Ca peut arriver à tout le monde. Nous allons les retrouver et ... »
« Sempai, » coupa brusquement le plus grand des deux, « vous devez faire erreur. Nous n'avons jamais signalé de mouvements de troupes ennemis. »
Kakashi n'eut aucune réaction visible de surprise, mais il posa un doigt sur sa bouche et fit une succession de signes qui traduisaient littéralement : « Taisez vous, un ennemi arrive par derrière, mettez vous en position de combat. »
Les deux chuunin se retournèrent brusquement et se mirent rapidement en position. Kakashi était dos au gouffre, et s'il ne comprenait pas pourquoi son ordre de mission était érroné, il ne comprenait pas non plus qui était le jeune homme imprudent qui s'approchait d'eux.
Les nuages qui entouraient la lune blême étaient partis, et une lumière laiteuse illuminait ce jeune homme qui marchait sans crainte vers eux, les mains dans les poches. Kakashi le dévisagea rapidement : assez petit, pas très musclé, un bandeau de ninja représentant deux rochers, noué sur son biceps gauche, une veste de chuunin sur le torse sous un manteau sombre, et surtout, le corps tremblant de peur. Une barbe de trois jours et des cheveux bruns désordonnés montraient une certaine négligence. Son écharpe fragile de soie blanche flottait au vent fort qui soufflait sur le pic de roche, et son visage était tourné vers le sol en signe d'humilité.
Il s'arrêta à une dizaine de mètres des ninja de Konoha, toujours immobiles. Le vent s'accéléra, il releva la tête. Les deux chuunin se raidirent, prêt à combattre. Mais le ninja garda les mains dans les poches, et demanda d'une voix blanche :
« Lequel de vous trois est Hatake Kakashi ? »
Personne ne bougea. L'un des chuunin se tourna vers Kakashi, lui demanda en signe si ils devaient s'occuper du chuunin - une cible facile pour deux combattants. Kakashi était désagréablement surpris qu'un ninja d'Iwa soit averti de sa présence ici. Raison de plus pour l'éliminer.
Il acquiesça d'un hochement de tête.
Le plus grand des chuunin s'était élancé vers le ninja de la Roche en sortant d'un fourreau à sa ceinture un Wakizashi teinté de bleu. Le ninja ennemi, qui n'avait pas encore compris la gravité de la situation et qui attendait, les mains dans les poches, que quelqu'un réponde poliment à sa question. Le bras qui tenait le Wakizashi s'éleva dans les airs, prêt à frapper ...
Puis tout se passa très vite.
Le pied gauche du shinobi percuta avec une rapidité incroyable l'avant-bras du chuunin. Le Wakizashi s'envola, et dans le même temps, le ninja de la roche avait sorti les mains de ses poches et enchainait coups de coudes, coups de genoux, et coups de paumes beaucoup trop rapidement pour que son adversaire puisse se défendre.
Un puissant coup de pied envoya finalement le chuunin s'écraser contre un rocher, dans un bruit sinistre de craquement. Kakashi le savait sans avoir besoin de l'examiner : il avait perdu connaissance. Au minimum.
Le ninja de la Roche leva doucement les yeux vers le ciel. Le second chuunin avait sauté très haut dans les airs et enchaînait rapidement de nombreux signes. Kakashi identifia immédiatement la technique : Katon, Housenka no Jutsu - la technique de la Balsamine.
L'autre posa la main sur le large Shuriken qu'il portait derrière son dos et l'envoya vers le chuunin dans un geste ample mais rapide. Mais il ne trouva pas sa cible : le shinobi de Konoha l'avait facilement esquivé tout en continuant sa technique - et finalement, il fit la tao du tigre.
« Crève !! Katon - »
La technique n'atteignit jamais sa cible. Le grand shuriken de bois du ninja de la Roche avait frappé proprement l'arrière de son crâne. Il poussa un cri, et, déstabilisé, tomba sur le sol. Inconscient.
« Un boomerang ? » murmura Kakashi pour lui-même.
Le son mat du choc contre la roche lui avait fait reprendre ses esprits. Cet homme avait une façon tellement ... étrange de se battre. Chacun de ses mouvement était fluide et beau. Les coups pleuvaient comme une chorégraphie, les attaquent ressemblaient à des danses. De sa longue expérience des missions de terrain, il n'avait jamais vu quelque se battre comme ça. Il planta son regard dans le sien pendant plusieurs secondes. Peu à peu, il reprenait le contrôle de ses sens et de ses esprits, alors que le vent s'affaiblissait ...
« Alors, tu es Hatake Kakashi ? »
« C'est exact. » Il enleva sa cagoule : elle était désormais inutile. « Et toi, tu es un chuunin d'Iwa, venu en mission pour mettre fin aux patrouilles de Konoha dans cette zone, non ? »
« Non. »
La voix calme avec laquelle il avait prononcé ce « Non » étonna Kakashi. Comment pouvait-on mentir aussi éffontément ?
« Je ne suis pas chuunin. J'étais considéré comme un jounin il y a moins d'un mois, j'ai été cassé de mon grade. Et je ne suis plus un shinobi de la Roche, puisque j'ai désobéi aux ordres de la justice de mon pays en venant ici. » Il marqua une pause et ajusta l'écharpe autour de son cou.
« Alors pourquoi es-tu venu ici ? » demanda Kakashi d'une voix exaspérée.
« Je suis venu ici pour te donner une leçon d'Art. »
Kakashi fronça un sourcil. Il était donc réellement fou.
« Premièrement, » reprit le jeune homme sans prendre garde au visage incrédule de Kakashi, « l'artiste. Qu'est ce qu'un artiste ? L'artiste est celui qui créée une oeuvre d'art unique de ses mains avec le génie, le sens artistique qui le caractérise. L'artiste vit sa vie comme il l'entend. Mais le point qui nous intéresse aujourd'hui, c'est la mort de l'artiste. »
Kakashi se raidit sur ses positions. Le chuunin d'Iwa baissa la tête en tremblant, et la releva dans un sursaut. Son regard transperça Kakashi ; sa voix avait également changé. « L'artiste dédie sa vie à l'Art. Il vit pour l'Art, par l'Art. En reconnaissance de son talent et de sa contribution à la civilisation, les gens se doivent de respecter l'artiste et de le laisser libre de créer. L'artiste choisit également sa mort, car plus qu'une oeuvre, sa vie elle-même est Art. Tu comprends, Hatake Kakashi ? »
Celui-ci ne répondit rien. Ce regard ... il avait compris. Seul un doujutsu pouvait provoquer un tel changement. Il l'avait senti. De plus, les images gracieuses de son combat lui revenaient en mémoire ...
« Je vais te faire comprendre à quel point tu as eu tort de ne pas avoir respecté Shizumi Deidara dans sa mort. Je vais te faire comprendre pourquoi tu as eu tort de tuer mon meilleur ami. »
Sa voix était tremblante, mais ni son corps, ni son visage ne montrait de la peur. Une expression de haine, totale, implacable, s'installa sur son visage. Ses yeux froids étaient étrangement vivants ; le bleu de ses pupilles semblait onduler comme la surface d'un océan. Il jeta sa veste de chuunin et son écharpe de soie sur le sol et se mit en position de combat.
« Je m'appelle Murasaki Shigei. »
« Enchanté » murmura Kakashi en retirant le bandeau qui recouvrait son oeil gauche. « Je m'appelle Hatake Kakashi. »
________________________________
Troisième Chapitre - Existence
Naruto regarda sa montre.
Minuit.
* Minuit ! *
« MINUIT !! FIN DE LA MISSION ! » Il lança ses bras en l'air et poussa un rugissement de satisfaction, qui attira rapidement le poing de Sakura dans sa joue droite.
« Mais arrête de crier ! Tu veux que j'm'énerve ?! T'as vraiment rien appris pendant tout ce temps ? »
« Chut. Tous les deux. »
Sai était apparu derrière eux, l'index délicatement posé sur ses lèvres serrées dans une expression glaciale. Naruto lui lança un regard mauvais. Ce type était vraiment un boulet. En plus de l'insulter - lui, le futur Hokage ! - et de régulièrement malmener Sakura-chan, il se vantait de sa puissance d'insecte, et faisait le fier avec ses petits genjutsu. Histoire de se la ramener encore un peu plus, il avait oser le défier à plusieurs reprises et avait bassement utilisé des illusions pour le piéger : une vraie technique de lâche. Même si il aurait préféré mourir dans d'atroces souffrances plutôt que de l'avouer devant lui, Naruto savait pertinemment que Sai était fort, très fort, peut-être plus que lui. Presque digne d'être son rival ... à cette pensée, Naruto détourna le regard. Pourquoi est ce qu'il se disait des trucs dans ce genre ? Son rival, c'était Sasuke. Et lui, il n'était rien à côté de Sasuke ; rien du tout ...
Pourtant, même si Naruto avait dit à Sakura qu'il n'était pas d'accord avec elle, que l'autre avorton n'avait rien à voir avec Sasuke, ça lui crevait les yeux. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Une marée montante de réactions déferlaient sur Naruto chaque fois qu'il plongeait son regard dans celui de Sai. Est ce qu'il devrait s'intéresser à lui, l'ignorer, ou tout simplement lui taper dessus ? C'était vraiment bizarre. Dans la voix de Sai, il entendait les accents de celle de Sasuke ; dans son dédain glacial, il percevait le mépris de Sasuke ; dans sa manière de penser, de parler, de se battre, d'être, il voyait inéxorablement le fantôme de Sasuke.
« Naruto ? »
« Quoi ? » C'était plus un grognement qu'une réponse articulée.
« Tu viens ou quoi ? On va pas y passer la nuit ! »
Naruto haussa les épaules. Elle avait raison, Sakura. Maintenant que la mission était terminée, autant quitter cette île miteuse et rentrer le plus vite possible à Konoha. Il emboîta le pas de ses coéquipiers et, après quelques minutes de marche silencieuse, ils atteignirent le petit quai, au bord duquel ils avaient rendez-vous avec le passeur et sa caravelle branlante qui devaient les ramener sur le continent.
Sakura fut la première à exprimer ce qu'ils pensèrent tous les trois en voyant le quai totalement désert.
« Quoi ? Il est pas encore là ? Mais ... il devait arriver il y a une demi-heure ! »
« Il nous a probablement oublié, » murmura Sai, « après tout, même si on l'a payé, il n'avait pas l'air bien motivé pour venir nous chercher. »
« Pff ! Pas grave ! » s'écria Naruto avec mauvaise humeur, « on fera sans cette poule mouillée ! Je vais nous faire arriver à Konoha en un rien de temps ! »
Sai le regarda d'un air incrédule, Sakura fronça les sourcils. Naruto haussa de nouveau les épaules. Ils le sous-estimaient vraiment ? Même Sakura ? Naruto se mordit le pouce avec fureur, exécuta quelques signes rapides et plaqua une main sur le sol. Un cri de rage, une secousse sous ses pieds, un nuage de fumée : l'instant d'après, ils se trouvaient tous trois sur une grenouille globuleuse, pourvue d'une selle gigantesque et d'un petit harnais qui se terminait en une cordelette fine dans les mains de Naruto. Celui-ci ne put empêcher un sourire niais de naître sur son visage à la vue de l'air de surprise débile de ses coéquipiers - même si Sai faisait le blasé, Naruto était sûr qu'il était impressionné.
« Accrochez-vous ! Si on fait vite, on sera à Konoha dans cinq ou six heures. »
Sai sortit une corde de son sac et s'amarra silencieusement à la selle, pendant que Sakura tentait de réaliser ce qui se passait. Il y a dix secondes, elle était sur de l'honnête terre ferme, prête à frapper Naruto au besoin ; maintenant, elle s'accrochait désespérément à une selle sur le dos d'un crapaud géant. L'envie de taper du blondinet commençait à monter.
« Prêts ? »
« NON ! Pas du t- »
« C'est partiiiiiiiiiii ! »
Le crapaud s'élança brutalement dans les airs, encouragé par les cris texans de Naruto, le silence consterné de Sai, et les hurlements terrifiés de Sakura.
Shigei se précipita sur Kakashi et attaqua rapidement avec un coup de coude et un coup de genou - parés tranquillement par son adversaire. Le rythme s'accéléra brusquement, avec d'un côté une rafale de coups très rapides, et de l'autre, une série d'esquives de parades parfaites, qui ne laissaient aucun angle mort.
Soudain, le Sharingan se figea. Une faille !
* Maintenant ! *
Kakashi para de son bras gauche le genou de son assaillant et amorça sa riposte. Les attaques pleuvaient avec la même rapidité, et une tornade de pieds, de coudes et de genoux s'abattit sur Shigei qui esquivait tout avec une vélocité impressionnante. Le coup de pied final de Kakashi vers la mâchoire de Shigei le fit voler sur quelques mètres ... avant un atterissage gracieux sur la roche. Visiblement, il avait réussi à éviter cette dernière attaque, mais il semblait réellement troublé.
Kakashi fit craquer sa nuque et lança un regard plein d'assurance à son adversaire, accroupi sur le sol. Il venait de démontrer clairement sa supériorité. Il lança avec une nonchalance presque ennuyée :
« Une personne normale se serait pris cette attaque de plein fouet ; je suppose que ton Seishingan t'a permis de voir que je me préparais à donner le coup de grâce ? Seishingan, le doujutsu le plus inutile en combat, celui qui permet de lire et de comprendre les sentiments d'un être humain en regardant la couleur de son âme ... tu croyais vraiment pouvoir rivaliser avec moi ? »
« Sharingan ... » murmura Shigei d'une voix blanche. « Tu ... tu as copié mon taijutsu ? »
Kakashi acquiesça.
« Le style de combat de ton clan est très intéressant ... une succession d'attaques rapides utilisées pour feinter l'adversaire avant le coup final - et surtout, une techniques de taijutsu qui n'utilise jamais les doigts du combattant. Après tout, vos doigts sont vos armes les plus précieuses, n'est ce pas ? »
Shigei ne prononça pas un mot. Il ne voulait pas laisser transparaître son étonnement et son admiration. En quelques secondes, ce jounin avait copié son style de combat au corps à corps dans les moindres détails, et l'avait utilisé avec la même habileté. Il avait même deviné comme Shigei avait esquivé son coup de pied - était-il un monstre ? Comment un simple doujutsu pouvait-il donner autant de puissance ?
« C'est exact, » dit Shigei après un long silence. « Ne crois pas que tu as gagné la partie simplement parce que ton sharingan te permettent de copier mon taijutsu. Tout pouvoir a ses limites ... » Sur ces mots, il sortit de sa poche un petit carnet qu'il cala contre son poignet et posa délicatement ses doigts sur le papier nacré. « Je vais te montrer mes créations ; mes plus belles, mes plus terribles créations. »
Kakashi sentit une goutte de sueur perler sur son front. Le Sharingan ne pouvait rien contre les techniques héréditaires. Se préparant au pire, il se mit en position de combat, alors que face à lui, Shigei détachait en souriant des feuilles de son carnet. Elles dansèrent quelques instants dans le vent, avant de s'extraire de la surface du papier et de se transformer en créatures réelles, vivantes, et prêtes à combattre.
L'une était une sorte de golem trapu aux muscles puissants, qui fissurait le sol rien que par son pas lourd et maladroit ; l'autre était un archer vêtu d'une tunique sombre, aux yeux aussi noirs que ses cheveux, et portait un carquois aux dimensions incroyables sur son dos. La dernière créture était une jeune fille blonde d'une douzaine d'année, vêtue d'un ensemble bleu foncé assez court, qui brandissait deux dagues avec un sourire malicieux.
« L'Art est ... existence. »
Shigei lâcha cette phrase avec une certaine assurance, et lança un sourire à Kakashi. La haine latente et implacable n'avait pas disparu en lui ; mais la joie pure de la création illuminait son regard. Kakashi n'avait pas besoin de Seishingan pour s'en rendre compte. Le jounin de la Roche accrocha son petit carnet à sa ceinture, se saisit de son boomerang, et le tendit à bout de bras vers Kakashi.
« Tu sais, je vais te parler un peu de lui avant de me débarasser de toi. Deidara était le meilleur sculpteur du village. Sa matière de prédilection était l'argile, mais il pouvait créer avec n'importe quoi. Rien ne lui résistait. Sans avoir jamais rien appris, il faisait preuve d'un talent extraordinaire. Il avait un don. L'insinct qui reliait son oeil, son imaginaire et son bras. Plus qu'un simple artisan, il était doué pour voir la beauté des choses et la révéler à nos yeux à travers le burin et la roche. Un jour, il m'a fait une faveur et m'a fabriqué une arme - cette arme - et il l'a appellée Hurricane Flower. Elle ne m'a jamais quitté. C'était comme si il avait toujours été avec moi, depuis tout ce temps, tout le temps ... comme si il n'était jamais parti ... »
Sa voix se brisa. Le poignard contre son coeur le faisait souffrir à nouveau. Les vestiges du passé remontaient lentement à la surface ... des rires, des pleurs, des cris, des visages et des regards, des voix et des paroles ... Shigei passa sa manche sur ses yeux clos. Ce n'était pas le moment de regretter.
« Pourquoi ... pourquoi veux-tu venger quelqu'un qui est passée du côté de l'Akatsuki ? Il a tué des tas de gens et a failli détruire le village du Sable ! Ce n'est plus ton ami ! Ce n'est plus l'homme que tu as connu ! » cria Kakashi.
« C'est faux ! C'est faux ! » Shigei hurlait aussi ; et à présent, rien au monde n'aurait pu lui faire retenir ses larmes. « Quand j'ai entendu qu'il avait rejoint l'Akatsuki, je suis parti de mon village et j'ai recherché sa trace pendant des mois et des mois ! Et j'ai fini par le retrouver, j'ai vu qu'il était avec les membres de l'Akatsuki, qu'il était parmi eux, avec eux, mais je n'ai jamais pu croire qu'il les avait rejoint de son plein gré ! Je savais au plus profond de moi que jamais, jamais, il n'aurait fait une chose pareille ; et quand j'ai sondé mon âme avec mon Seishingan, j'ai trouvé quelque chose d'incroyable que je n'avais jamais vu avant ... »
« Deux âmes ! Deux âmes dans un même corps ! Au début, je n'y ai pas cru, je me disais que c'était un simple effet de mon imagination ... mais en fait, c'était vrai. Non seulement il y avait deux âmes dans son corps, mais en plus, elles se combattaient inlassablement, l'une et l'autre. L'une était l'âme de Deidara, telle que je la connaissais ; l'autre était un esprit de haine et de douleur, qui asservissait totalement l'âme de mon ami et faisait dominer sa noirceur ... »
« Je n'aurais jamais pu l'arrêter moi-même, je sentais qu'il était devenu plus fort que moi. Alors je suis revenu à Iwa, j'ai voulu convaincre mes supérieurs de se battre pour récupérer Deidara, le faire revenir parmi nous ! Il devait y avoir un moyen de le libérer ! ... mais le lâche qui nous sert de Tsuchikage a refusé de défier l'Akatsuki. Il m'a seulement cassé de mon grade, et pour me punir de ma désertion, m'a consigné à domicile pendant un mois. »
« Alors je me suis dit que j'attendrais quelque temps avant de trouver un moyen, par moi-même, de retrouver Deidara. Deux semaines plus tard, j'ai reçu deux rapports : le premier attestait officiellement de la mort de Deidara par des ninja de Konoha sous la direction de Hatake Kakashi et Maïto Gai ; et le second annonçait que les services de contre-espionnage avaient repéré deux espions de la Feuille, qui attendaient des renforts. Un certain Hatake Kakashi ... »
Le souffle court, Shigei renforça sa prise sur Hurricane Flower et lança un regard de haine à celui qu'il appris à maudire depuis deux jours. Un monde, une vie le séparait de l'espoir qui l'avait amené à revenir dans son village natal et du gouffre sans fond où l'avait plongé ce maudit rapport. A cause de lui. Tout était à cause de lui !
Kakashi poussa un long soupir. Pour seule réaction, il ferma son oeil droit et tendit la main devant lui. « Viens. » dit-il simplement. Il n'aurait pas l'impolitesse de chercher à le raisonner.
Shigei projeta son bras en arrière. Le sourire de Deidara réapparut brièvement devant ses yeux, son regard se durcit. Tout ça allait bientôt se terminer.
« L'art est ... existence !! »
Son cri déchira la nuit comme un voile ; l'instant d'après, Hurricane Flower et les trois créatures de papier se lançaient sur Kakashi. Pour tuer.
________________________________
Quatrième Chapitre – Muse
Shigei poussa un hurlement de haine et lança Hurricane Flower sur Kakashi, de toutes ses forces. Kakashi s'affaissa sur le sol en position d'esquive et sentit le large shuriken de bois frôler le haut de son crâne. Il ne prit pas la peine de se relever et enchaîna directement quelques signes de ninjutsu : l'instant d'après, un large mur de pierre contrait la volée de flèches qui avaient suivi de près Hurricane Flower.
Toujours accroupi, il se retourna instantanément, sortit deux kunaï et contra les dagues de la jeune fille qui avait cherché à le prendre à revers. L'invocation lui lança un coup de pied rapide en plein visage qu'il ne put éviter ; il roula sur quelques mètres mais parvint à se remettre debout rapidement. Sa lèvre saignait ; mais étrangement, le coup était beaucoup moins puissant que ce à quoi il s'attendait.
* Plus rapide que puissante ? *
Kakashi renforça sa prise sur ses kunaï et lança un bref regard à la jeune fille, toujours souriante. Cette fois, il ne se laisserait pas surprendre. Elle s'élança vers lui à une vitesse incroyable ; mais Kakashi voyait chacun de ses mouvements. Il esquiva la première, la seconde, la troisième attaque ; elle accéléra le mouvement et l'obligea à se replier, à reculer de quelques pas. Kakashi passa sa manche sur sa lèvre qui saignait toujours. Le taijutsu ne marcherait pas, elle était bien trop rapide – ou lui bien trop lent.
Ses mains formèrent quelques signes rapides, et une demi-douzaine de Kakashi apparurent aux côtés du vrai. La jeune fille eut un petit rire cristallin et s'élança vers les clones de l'ombre. Elle en détruisit, un, deux, trois, les dépassant totalement en vitesse. Elle fit disparaître le sixième clone et se tourna vers Kakashi – mais c'était trop tard : il avait déjà formé le tao du tigre. Le temps d'une profonde inspiration, et une gigantesque boule de feu pulvérisait la jeune fille ; elle se consuma pendant plusieurs secondes avant de s'évaporer en une volute de fumée noire.
* Plus que deux ! *
Il bondit sur son côté droit et se rétablit avec une petite roulade : Hurricane Flower venait de frôler son flanc. A peine s'était il relevé qu'il sentit la pointe d'une flèche érafler sa cuisse et le sang couler contre le tissu.
* Merde ! *
La flèche venait de sa gauche. Il se tourna dans cette direction et aperçut l'archer aux yeux noirs – une vingtaine de mètres le séparait de Kakashi. Celui-ci sentit son pouls s'accélérer lorsque l'invocation de papier sortit rapidement de son carquois quatre flèches qu'il posa sur la corde tendue.
Kakashi poussa un juron et forma rapidement quelques signes. Il ne fallait pas perdre de temps. Un nouveau mur de pierre se dressa promptement à ses pieds et il entendit le son des pointes métalliques des flèches ricocher contre la roche. Il reprit son souffle l'espace d'une seconde, forma un signe rapide : deux clones de l'ombre apparurent à ses côtés. Il sortit de sa poche un kunaï qu'il entoura d'une note explosive, puis une petite sphère violette qu'il serra au creux de son poing gauche. Il n'avait pas le droit à l'erreur.
Ses deux clones s'élancèrent des deux côtés du mur de pierre, et une seconde plus tard, Kakashi bondissait dans les airs, le plus haut possible. Un premier clone se fit abattre, puis le second ; mais l'archer n'eut pas la possibilité de transpercer Kakashi de ses flèches. Le jounin lança son fumigène aux pieds de l'invocation, puis son kunaï armé d'une note explosive. Il se réceptionna au sol : au même moment, la note explosa, dissipant la fumée. Kakashi fonça vers l'invocation, sonnée par la déflagration, et lui enfonça un kunai dans le coeur. Une seconde plus tard, l'archer s'évaporait dans un râle d'agonie et une petite feuille de papier tombait doucement vers le sol, éventrée.
A cet instant précis, Kakashi se rendit compte de deux choses : premièrement, la lumière de la lune n'éclairait plus l'endroit où il se tenait ; deuxièmement, il remarqua qu'au dessus de sa tête, un bloc de pierre d'une taille incroyable allait le broyer vivant si il restait sur place.
Le jounin reprit rapidement ses esprits et combina une volée de signes : instantanément, une demi-douzaine de pilliers de terre surgirent du sol : le bloc de pierre les percuta dans un grand bruit sourd et fissura une bonne partie des pics de roche. Kakashi, les mains jointes sur le signe du chien pour renforcer les pilliers avec son chakra, se crut, l'espace d'une seconde, écarté du danger.
Juste avant d'entendre vers le haut du bloc un cri de fureur rauque, suivi d'un choc puissant contre la roche ; l'instant d'après, le bloc explosait en une myriade de petits rochers qui s'effondrèrent sur Kakashi. Le golem chuta du haut du bloc et détruisit une partie du sol dans son atterissage raté. Après, il ne bougea plus.
Comment définir son état d'esprit ? Il était né à la vie sous la plume du Maître, il avait grandi sous l'égide de Son esprit. Il s'était juré de le protéger et de combattre pour Lui. Lorsqu'il était né à l'Existence, lorsque son dessin avait été libéré dans le vent, il s'était promis de tuer cet étranger aux cheveux argentés qui avait fait souffrir le Maître. Oui, il le tuerait, et son Maître serait heureux. Son ami serait vengé. Maintenant, l'étranger était mort, enseveli sous des tonnes de roche. Il avait accompli son devoir. Il pouvait rester allongé là, sur le sol, et attendre paisiblement que le Maître lui demande de retourner au Néant.
N'était-ce pas là sa destinée ?
Il aurait voulu mourir lorsqu'il vit, debout, à côté de lui, l'étranger aux cheveux argentés qui le regardait de ses yeux de démon. Oui, il aurait voulu mourir, de honte, de désespoir, de haine. Il ouvrit la bouche pour crier quelque chose et ordonna à son bras de bouger – il n'était pas fini, sa mission n'était pas finie, la vie devait encore courir dans son corps. Alors que le poing de l'étranger se rapprochait de son visage, il se rappela celui du Maître. Et lui demanda pardon d'avoir échoué, pour lui et pour ses amis, du plus profond de son âme.
Kakashi observa silencieusement le golem s'évaporer après avoir broyé sa tête d'un coup de poing. La puissance de ces invocations avait largement dépassé ses calculs. Comment de simples dessins pouvaient-ils être aussi forts ? Il avait échappé à l'avalanche de rochers en se réfugiant sous la surface du sol grâce une technique Doton, mais il avait été touché à l'épaule droite et sentait du sang couler de son arcade sourcillière. Lui, il avait été blessé par de simples dessins ...
Shigei observa longuement Kakashi. Lui-même n'avait pas bougé, plongé dans son observation des capacités de combat du jounin, et surtout des couleurs de son âme. Il s'était fugitivement demandé si il avait déjà vu avant une âme aussi équilibrée : aucune teinte violente ne traduisait de réaction de peur, ou de colère. Une calme maîtrise de soi, un esprit de décision rapide ; pourtant, Shigei percevait une amertume dans l'agencement de ses couleurs. Une impression âcre de tristesse mêlée de mélancolie ... du regret ? Non, cette teinte pâle n'exprimait aucun regret. De la mélancolie, oui ... comment pouvait-il penser au passé à cet instant précis ? Il regrettait d'avoir tué Deidara ? Du regret ? Est ce qu'il se rendait finalement compte de l'ampleur de son erreur, de sa faute ?
« C'est trop tard ! »
Kakashi sursauta. Shigei avait hurlé en se saisissant de son boomerang. « C'est trop tard pour regretter ! Tu n'aurais jamais dû le tuer, tu aurais dû comprendre ! Comment quelqu'un d'aussi fort que toi a-t-il pu tuer un homme de sang-froid, sans se douter qu'il était innocent ! Répond-moi, Hatake Kakashi !! »
« Ferme-là » rétorqua froidement Kakashi, « Je ne regrette pas la mort de cette raclure ... je pensais juste à un vieil ami. »
Shigei ne pouvait en supporter davantage. Il lança Hurricane Flower sur Kakashi et se précipita sur lui en combinant quelques signes ; Kakashi évita le boomerang qui frôla sa main gauche, et enchaîna à son tour les signes de ninjutsu. Deux puissants pics de roche surgirent simultanément du sol et se contrèrent mutuellement. Shigei envoya une volée de shuriken sur Kakashi qui les contra facilement avec ses propres étoiles ninja.
« Tu ne sais faire que copier, hein ?! »
Kakashi ne répondit pas et esquiva rapidement le retour de Hurricane Flower, rattrapé avec agilité par Shigei.
« Tu sais ce qu'il disait, ton ami, Deidara ? » articula lentement Kakashi, en baissant les yeux, « Il disait toujours : ' L'art est ... explosion ' »
Shigei considéra le jounin quelques instants, interloqué. Il ne mentait pas ; son âme était sincère. En revanche, il pouvait y déceler une sobre satisfaction, le sentiment de contentement que l'on a lorsqu'un plan fonctionne comme on l'avait prévu.
« Je suis désolé, Murasaki Shigei. »
Celui-ci remarqua trop tard la note explosive sur Hurricane Flower et se prit la déflagration de plein fouet : il fut projeté contre un mur de roche dans un hurlement de douleur. Brûlé sur une partie du visage, sa veste sombre totalement calcinée laissant apparaître un petit pendentif émeraude ; il tenait toujours de sa main tremblante le boomerang de bois, qui était maintenant irrémédiablement endommagé. Sans pouvoir les esquiver, il encaissa une volée de kunaï dans les épaules. Un filet de sang échappait de ses lèvres serrées.
« La partie est terminée. »
Kakashi le considéra quelques secondes et tourna les talons.
« Pourquoi ?! Pourquoi tu ne me tues pas ? » haleta Shigei, alors que les larmes commençaient à couler sur son visage, « Tu as pitié de moi ? Tu veux me faire souffrir davantage ? »
« Non. » Kakashi ne se retourna pas et continua à s'éloigner. « Je veux que tu comprennes les raisons de ta défaite et l'absurdité de ce combat. Ton ami est mort, c'est comme ça. Va de l'avant ... »
De l'avant ? Il ne comprenait vraiment rien. Shigei baissa les yeux et laissa couler ses larmes. Il était trop faible. Il n'avait pas pu venger Deidara parce qu'il était trop faible. Il ne pourrait jamais vivre en paix, parce qu'il était trop faible. Jamais plus il ne reverrait son meilleur ami, jamais plus il n'entendrait son rire, jamais plus il ne lui confierait un secret. Il ne pouvait même pas mourir. Il n'avait pas la force de se tuer. Il ne l'aurait jamais. Il n'avait pas non plus celle de se battre ...
Se battre ?
Et si la force n'était qu'imagination de l'esprit, aberration de l'âme ? Une envie, une passion, un souhait ? Et si rien n'était impossible ? Et si trouver la force en soi n'était qu'une simple formalité motivée par l'amour et la haine ?
Le visage de Kakashi.
Le visage de ses parents.
Le visage de Deidara.
Le visage de son frère.
Se battre ...
Kakashi se retourna brusquement lorsqu'il sentit un frisson parcourir son échine. Une immense quantité de chakra hostile venait d'émerger derrière lui. Il sentit le souffle du vent décoiffer ses cheveux et ses yeux s'écarquiller sous l'effet de la terreur primitive qui parcourait chaque fibre de son corps. Shigei s'était relevé, ses blesssures se guérissaient les unes après les autres, sous l'effet d'un chakra bien dense et puissant que celui de Kakashi. Le pendentif sur son torse nu semblait incandescent et déversait dans le corps de Shigei un chakra infini, immense, terrifiant ...
A des centaines de lieu de là, Naruto sentit son regard se porter vers le nord. Il avait froid. Le vent septentrionnal glaça le sang dans ses veines. « Mauvais ... pressentiment ... » Il n'avait fait que murmurer, les yeux perdus dans le vague.
Le bureau de Kazekage était encore éclairé, malgré l'heure tardive. Mais Gaara ne travaillait pas. Il plongeait son regard dans le paysage de Suna, vers le Nord. Sans s'en rendre vraiment compte, il se dit pour lui-même : « Quelque chose de sombre se prépare ... »
Sur le versan du pic de Sadoyashi, deux silhouettes sombres, vêtues de longues robes noires parsemées de nuages rouges, observaient avec attention le chakra qui s'échappait librement du corps de Shigei. L'un des deux portait un masque ; il se pencha vers l'autre, et chuchota rapidement : « Qu'en pensez vous, Deidara-san ? »
Le jeune homme blond ne détacha pas son regard du combat, mais répondit à Tobi d'une voix calme.
« Aucun doute. Le sceau a été dissout. Il s'est finalement libéré ... »
Kakashi sentit en lui la peur monter. Il n'avait pas vu un tel chakra depuis que Naruto avait failli perdre le contrôle de Kyuubi. Les blessures de Shigei guerrissaient à une vitesse incroyable, son chakra devenait plus puissant à chaque instant.
« Yu ... yuma ... »
Le sharingan avait prévenu Kakashi du choc imminent d'un poing contre sa joue droite ; mais son corps, paralysé par le chakra surnaturel qui émanait du corps de Shigei, n'avait pas pu réagir à temps. Projeté au sol, crachant un peu de sang sur la roche ; il se releva et tenta de reprendre son calme. Shigei se plaça en position de combat et lança un regard de haine pure à Kakashi.
« Yuma ? » répondit Shigei, « C'est plus, beaucoup plus qu'un simple yuma ... »
Sa voix tremblait, néanmoins, lorsqu'il termina sa phrase, son regard signifiait qu'il avait de nouveau confiance en sa force.
« Les anciens de mon clan l'appellent Muse. »
________________________________
J'oubliais :
Disclaimer : ... sclaimer.
Plus sérieusement : merci à Asahi " : o " Kira de m'avoir autorisé à utiliser le clan Murasaki. Dieu lui rendra au centuple.
N'hésitez pas à poster vos commentaires, ça fait toujours plaisir. La suite arrivera sous peu (dès que je l'aurai écrite) avec normalement un peu plus d'action ... et peut-être en un peu plus court.
Bonne lecture !
Premier Chapitre - 10 h 28
Hatake Kakashi avançait tranquillement dans les couloirs silencieux des bureaux de l'Hokage. Il jeta un oeil entr'ouvert à sa montre bracelet : 10 h 28. Il avait rendez-vous à 10 heures. Pas la peine de se presser. Il passa lentement devant les baies vitrées et savoura le plaisir de sentir les rayons du soleil réchauffer sa peau. Après être resté alité plusieurs jours à l'hôpital suite à la mission de sauvetage du Kazekage Gaara, il n'avait pas eu l'occasion de profiter du beau temps. De plus, il était resté trop longtemps inactif et se sentait prêt à reprendre ses activités. Résolu à agir, il frappa à la porte du bureau de Tsunade-sama.
« Entrez, c'est ouvert ! » beugla une voix excédée. Kakashi poussa la porte et s'assit comme à l'accoutumée sur le seul fauteuil qui n'était pas totalement submergé sous la paperasse administrative, alors que l'Hokage finissait de déguster son saké.
« Je ne t'attendais pas si tôt, Kakashi. » lança Tsunade d'un air ironique.
« Yo ... j'ai un peu traîné en route. Hokage-sama, est ce que Naruto ... ? »
« Ne t'inquiète pas » coupa Tsunade en s'essuyant la bouche d'un revers de manche. « Il est reparti en mission avec Sakura et un troisième coéquipier. Il s'appelle Sai, et bien qu'il soit jeune, c'est un chuunin très compétent. »
« Ils sont repartis en mission ? Sans moi ? »
« Tu es jaloux ? » s'exclama Tsunade avec un petit sourire en coin.
« Absolument pas. » Le terrain était glissant. Il détourna le regard et changea le sujet de la conversation : « Vous avez lu mon rapport sur la mission en coopération avec Suna ? »
« Heu ... non. C'est vraiment chiant de lire tous ces rapports. Tu ne veux pas me faire un topo sur le sujet ? »
Kakashi considéra l'Hokage quelques secondes et soupira.
« Bon, si je suis venu vous voir, c'est parce que ... »
« ... parce que tu veux reprendre le boulot ? T'as de la chance, je t'ai justement assigné à une mission sympathique. » Elle lui tendit un dossier frappé d'un 'A' rouge et reprit sans lui laisser le temps de parler : « C'est une simple mission de surveillance. Tu dois juste patrouiller pour quatre jours à la frontière de Tsuchi no Kuni. »
Le jounin soupira une nouvelle fois et abandonna toute idée de contestation.
« Les cailloux bougent ? »
« On peut voir ça comme ça. Des agents sur place m'ont signalé des mouvements de troupes. Nous voulons juste nous assurer que leurs intentions sont pacifiques. Bien sûr, vous opérez dans le secret le plus total. Surtout si vous intervenez auprès des agents de Iwa. Deux de nos chuunin sont déjà sur place, dans le village de Sadoyashi. Ils vous attendent pour ce soir. Des questions ? »
« Pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ? »
« Parce que tu es notre meilleur élément, imbécile. Allez, fonce, j'ai du boulot ! » s'écria Tsunade en fronçant les sourcils d'un air sérieux, la main sur la bouteille de saké.
Kakashi soupira une troisième fois, et sortit du bâtiment administratif en parcourant les détails de l'ordre de mission. La vieille avait raison, c'était sans doute le meilleur plan pour se remettre doucement en jambe après une petite convalescence. Et puis, elle comptait sur lui ... elle n'arrêtait pas de répéter qu'il était son « meilleur élément ».
« C'est sans doute vrai » songea Kakashi sans prétention aucune, alors qu'il invoquait un chien-loup puissant et rapide, qui lui permettrait d'atteindre un village nommé Sadoshiya en quelques heures ... quelques secondes plus tard, il s'éloignait du village caché de la Feuille sous un soleil radieux.
10 h 28. Le jeune homme brun qui regardait l'imposante horloge sans la voir sentit le poignard dans sa poitrine se retirer lentement, puis replonger dans sa chair et briser son souffle déjà court.
Une pluie battante s'abattait sur Iwa no Kuni, et des vents violents faisaient trembler les fenêtres fines de la chambre de Murasaki Shigei. Installé en tailleurs sur une chaise rustique, il fixait des yeux les deux rapports posés sur son bureau. Sans pouvoir bouger, sans pouvoir retirer le poignard qui lacérait sa poitrine, lentement, délicatement. Aux yeux de Shigei, le temps s'était arrêté.
Il alluma une énième cigarette, et quitta son siège inconfortable pour contempler le village caché d'Iwa à travers les baies inondées par la pluie diluvienne. La beauté apparente du village ne l'émouvait pas. La pluie l’indifférait. Le froid le blessait.
Shigei passa machinalement une main dans ses cheveux bruns et sentit sa tête tourner. Ses yeux bleus étaient vides, les traits fins de son visage étaient tirés par la fatigue, et une barbe de trois jours était apparue depuis qu'il avait lu ce rapport ... Shigei avala une nouvelle bouffée de fumée et écrasa sa cigarette contre le rebord de la fenêtre d'un air absent. Il l'avait lu tellement de fois, ce rapport, il le connaissait presque par coeur.
Par contre, le second, le plus récent, était bien plus énigmatique. Il avait été déposé chez lui par un ami proche, à peine deux heures auparavant. Le contenu de la missive était très bref et explicite. Shigei retourna lentement vers le bureau et reprit le rapport dans ses mains afin de le relire encore une fois, comme si ça avait pu l'aider à prendre sa décision.
Rapport ponctuel de mission
Destiné à Kowade Farudo, Commandant en chef des forces de contre-espionnage
Notre équipe, T4, composée de l'agent Toriga et de moi-même, a repéré deux espions étrangers ayant infiltré le village de Sadoyashi depuis plusieurs jours. Conformément aux nouvelles instructions, nous les avons pris en filature pendant 48 heures avant de faire ce rapport. Les intrus sont des espions du village de la Feuille. Leur mission est secrète. Ils semblent suspecter une activité militaire suspecte. Bien que nous n'ayons pas pu découvrir leurs intentions, nous savons qu'ils attendent un nouvel agent dont nous connaissons l'identité. Il s'agit de Hatake Kakashi, jounin de Konoha.
Conformément à la procédure, nous attendons les ordres du Commandant de notre division.
Agent Torishi, division T4 des services de contre-espionnage.
La pluie cognait toujours contre les vitres solides de la chambre.
« Hatake Kakashi, hein ? »
La voix de Shigei était rauque, à cause de toutes ces cigarettes, et de toute cette douleur. Ses yeux bleus se fermèrent quelques instants et le poignard sembla s'enfoncer un peu plus dans sa poitrine. Néanmoins, son corps se décida enfin à bouger. Il enfila une veste sombre par dessus son gilet de protection et enroula délicatement une écharpe de soie blanche autour de son cou. Il attrapa un petit carnet, une sacoche d'armes de jet, et un grand shuriken de bois qu'il attacha derrière son dos. Enfin, il accrocha un petit pendentif autour de son cou et le blottit contre sa poitrine.
Shigei ouvrit la fenêtre. La pluie giflait son visage, le vent lui faisait plisser les yeux. Cela importait peu, désormais. Une rage nouvelle venait de naître en lui, et le poignard contre son coeur avait cessé de le torturer.
La chasse commençait.
« 10 h 28. »
« Quoi ?! C'est tout ? » s'étrangla Naruto en jetant des regards désespérés à la montre de Sakura. « Et on doit encore monter la garde jusqu'à ce soir, minuit ? Encore 14 heures à attendre sous ce foutu brouillard ?! »
« 13 heures et 32 minutes. Pas 14. »
« Merci de ton aide, Sakura-chan » marmonna Naruto.
Il était littéralement frigorifié. Sous le dur brouillard de Kiri no Kuni, la province de la brume, sa patience fondait comme neige au soleil. La mission de la nouvelle équipe 7 était de monter la garde devant la demeure d'un homme d'affaires qui voulait discuter tranquillement avec d'autres personnes aussi riches, fortunées, et égocentriques que lui.
« Naruto, arrête de te plaindre ! Je signale que c'est toi qui as voulu faire cette mission ! » s'exclama Sakura d'une voix courroucée.
Sai était un peu en retrait de ses coéquipiers. Il méprisait leurs petites disputes et lâcha discrètement un soupir lorsque Naruto émit un nouveau « Sakura-chaaaan ! » ... insupportable. Le brouillard ne le gênait pas. La mission n'était pas vraiment passionnante. La seule chose vraiment intéressante, en cet instant, c'était l'heure. Sai murmura pour lui-même : « 10 h 28 ... le premier pion devrait commencer à bouger. »
« Sai-kun ? Tu as dit quelque chose ? Je n'ai rien entendu à cause de cet imbécile. »
« Je disais : j'espère que l'on va commencer à bouger. »
« Ouais, moi aussi ! Je veux de l'action ! » Naruto frappa ses poings l'un contre l'autre. Sakura soupira.
Sai les regarda longuement et sourit.
C’était rassurant de voir qu’ils réagissaient exactement comme il l'avait prévu.
________________________________
Second Chapitre - L'Artiste et la Mort
« Sai-kun ? »
Sakura pesta intérieurement contre le brouillard épais de Kiri no Kuni. Elle cherchait des yeux le troisième de ses coéquipiers. Naruto était parti en quête de quelque chose à manger, et elle aurait voulu sentir une présence à ses côtés. Même si la mission était de rang B et que les seuls brigands qui osaient s'approcher de la demeure avaient un niveau de combat ridicule, elle préférait sentir une présence à ses côtés.
« Je suis là. Derrière toi. »
« Ah ... d'accord. » dit précipitamment Sakura en espérant que son sursaut soit passé inaperçu. « Tu ... je peux te parler ? Pendant que Naruto n'est pas là. »
« Bien sûr. » Sakura ne voyait pas le visage de Sai, mais elle était sûr qu'il souriait. Il souriait toujours.
Elle s'assit aux côtés de lui, sur un petit muret de béton. Plusieurs secondes furent nécessaires pour trouver les mots justes. Quand elle se lança, sa voix était un peu plus aigüe que d'habitude.
« Tu sais ... depuis que tu es dans notre équipe ... bon, ça fait très peu de temps, mais bon ... depuis que nous formons une équipe, tu t'es déjà battu deux fois avec Naruto et ... » Elle ne savait pas vraiment comment amener le sujet. « Est ce que tu ... ? »
« Est ce que je sais que c'est un jinchuriki et qu'il possède le Kyuubi dans son corps ? Oui. Ne t'inquiète pas, Tsunade-sama m'a briefé après avoir autoriser ma venue dans l'équipe 7. A propos de Sasuke Uchiwa, aussi. Et si je me bats avec Naruto, c'est plus par ... esprit de compétition. Il est très fort, et il aime le combat, alors je ne crois pas que ça le gêne vraiment. »
« Ah ... je comprends. »
Il y eut un lourd silence. Le brouillard sembla s'intensifier entre eux. Sakura n'osait pas porter son regard vers Sai. Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose dans cette voix, dans ces yeux, dans cette noblesse teintée de distance, quelque chose lui rappelait irrésistiblement Sasuke, le Sasuke qu'elle avait connu et qu'elle avait aimé. Celui qui avait été l'ami de Naruto.
« On dirait bien que l'équipe 7 est de retour » songea Sakura en regardant Naruto revenir vers eux en exhibant un paquet de ramen instantanés.
Sans s'en rendre compte, elle avait esquissé un petit sourire.
Sadoyashi était un village paisible, situé en haut d'un col rocailleux surplombant une vallée verdoyante. Kakashi était arrivé quelques heures avant le rendez-vous avec ses contacts, et il avait passé plusieurs heures à méditer sur une aiguille rocheuse. Le cadre était magnifique, et il aimait cette région. Ici, il n'y avait que le silence, et la beauté.
La nuit finit par tomber. Kakashi avala un repas sommaire et enfila une cagoule sombre. Il y avait deux types de missions : celles qui étaient commandités par des civils, et d'autres qui concernaient directement Konoha. Cette mission était dans la deuxième catégorie : quand il repartirait d'ici, personne ne devrait avoir vu son visage, ni même avoir aperçu sa silhouette. Une ombre parmi les ténèbres.
Le rendez-vous était fixé à 23 heures, à la lisière d'une forêt sur le flanc est de la montagne. Kakashi salua brièvement ses deux collègues, cagoulés eux aussi. La communication par la parole devrait être restreinte à son minimum. Quelques signes rapides, et ils commencèrent leur patrouille nocturne. Kakashi observa furtivement le ciel : des nuages épais couvraient une lune décroissante - l'obscurité leur offrirait la meilleure des protections.
« Quelque chose cloche ... »
Ils devaient patrouiller depuis environ une heure, passant d'un point d'observation à un autre ; lorsque Kakashi leva la main droite et l'abaissa deux fois vers le sol. Ils étaient tous trois sur un petit promontoire rocheux qui donnait sur un gouffre profond d'une cinquantaine de mètres et qui offrait une vue sur un dès nombreux hameau de la vallée.
« Bon, expliquez moi quelque chose, » commença Kakashi « Pourquoi est ce que j'ai l'impression qu'il n'y a rien de suspect ici ? Je n'ai même pas vu l'ombre d'une éraflure d'un kunaï. Vous pouvez m'expliquer en quoi vous avez repéré des activités militaires suspectes ? »
Les deux autres se regardèrent pendant quelques secondes, avec un air oscillant entre l'incompréhension et la honte. Le plus petit bredouilla quelque chose qui ressemblait à :
« Sempai, je ... enfin ... nous ... »
« Calme-toi, et explique moi ce qui se passe. Vous avez perdu leur trace, c'est ça ?
« Nous ... euh ... c'est que ... »
« Ca peut arriver à tout le monde. Nous allons les retrouver et ... »
« Sempai, » coupa brusquement le plus grand des deux, « vous devez faire erreur. Nous n'avons jamais signalé de mouvements de troupes ennemis. »
Kakashi n'eut aucune réaction visible de surprise, mais il posa un doigt sur sa bouche et fit une succession de signes qui traduisaient littéralement : « Taisez vous, un ennemi arrive par derrière, mettez vous en position de combat. »
Les deux chuunin se retournèrent brusquement et se mirent rapidement en position. Kakashi était dos au gouffre, et s'il ne comprenait pas pourquoi son ordre de mission était érroné, il ne comprenait pas non plus qui était le jeune homme imprudent qui s'approchait d'eux.
Les nuages qui entouraient la lune blême étaient partis, et une lumière laiteuse illuminait ce jeune homme qui marchait sans crainte vers eux, les mains dans les poches. Kakashi le dévisagea rapidement : assez petit, pas très musclé, un bandeau de ninja représentant deux rochers, noué sur son biceps gauche, une veste de chuunin sur le torse sous un manteau sombre, et surtout, le corps tremblant de peur. Une barbe de trois jours et des cheveux bruns désordonnés montraient une certaine négligence. Son écharpe fragile de soie blanche flottait au vent fort qui soufflait sur le pic de roche, et son visage était tourné vers le sol en signe d'humilité.
Il s'arrêta à une dizaine de mètres des ninja de Konoha, toujours immobiles. Le vent s'accéléra, il releva la tête. Les deux chuunin se raidirent, prêt à combattre. Mais le ninja garda les mains dans les poches, et demanda d'une voix blanche :
« Lequel de vous trois est Hatake Kakashi ? »
Personne ne bougea. L'un des chuunin se tourna vers Kakashi, lui demanda en signe si ils devaient s'occuper du chuunin - une cible facile pour deux combattants. Kakashi était désagréablement surpris qu'un ninja d'Iwa soit averti de sa présence ici. Raison de plus pour l'éliminer.
Il acquiesça d'un hochement de tête.
Le plus grand des chuunin s'était élancé vers le ninja de la Roche en sortant d'un fourreau à sa ceinture un Wakizashi teinté de bleu. Le ninja ennemi, qui n'avait pas encore compris la gravité de la situation et qui attendait, les mains dans les poches, que quelqu'un réponde poliment à sa question. Le bras qui tenait le Wakizashi s'éleva dans les airs, prêt à frapper ...
Puis tout se passa très vite.
Le pied gauche du shinobi percuta avec une rapidité incroyable l'avant-bras du chuunin. Le Wakizashi s'envola, et dans le même temps, le ninja de la roche avait sorti les mains de ses poches et enchainait coups de coudes, coups de genoux, et coups de paumes beaucoup trop rapidement pour que son adversaire puisse se défendre.
Un puissant coup de pied envoya finalement le chuunin s'écraser contre un rocher, dans un bruit sinistre de craquement. Kakashi le savait sans avoir besoin de l'examiner : il avait perdu connaissance. Au minimum.
Le ninja de la Roche leva doucement les yeux vers le ciel. Le second chuunin avait sauté très haut dans les airs et enchaînait rapidement de nombreux signes. Kakashi identifia immédiatement la technique : Katon, Housenka no Jutsu - la technique de la Balsamine.
L'autre posa la main sur le large Shuriken qu'il portait derrière son dos et l'envoya vers le chuunin dans un geste ample mais rapide. Mais il ne trouva pas sa cible : le shinobi de Konoha l'avait facilement esquivé tout en continuant sa technique - et finalement, il fit la tao du tigre.
« Crève !! Katon - »
La technique n'atteignit jamais sa cible. Le grand shuriken de bois du ninja de la Roche avait frappé proprement l'arrière de son crâne. Il poussa un cri, et, déstabilisé, tomba sur le sol. Inconscient.
« Un boomerang ? » murmura Kakashi pour lui-même.
Le son mat du choc contre la roche lui avait fait reprendre ses esprits. Cet homme avait une façon tellement ... étrange de se battre. Chacun de ses mouvement était fluide et beau. Les coups pleuvaient comme une chorégraphie, les attaquent ressemblaient à des danses. De sa longue expérience des missions de terrain, il n'avait jamais vu quelque se battre comme ça. Il planta son regard dans le sien pendant plusieurs secondes. Peu à peu, il reprenait le contrôle de ses sens et de ses esprits, alors que le vent s'affaiblissait ...
« Alors, tu es Hatake Kakashi ? »
« C'est exact. » Il enleva sa cagoule : elle était désormais inutile. « Et toi, tu es un chuunin d'Iwa, venu en mission pour mettre fin aux patrouilles de Konoha dans cette zone, non ? »
« Non. »
La voix calme avec laquelle il avait prononcé ce « Non » étonna Kakashi. Comment pouvait-on mentir aussi éffontément ?
« Je ne suis pas chuunin. J'étais considéré comme un jounin il y a moins d'un mois, j'ai été cassé de mon grade. Et je ne suis plus un shinobi de la Roche, puisque j'ai désobéi aux ordres de la justice de mon pays en venant ici. » Il marqua une pause et ajusta l'écharpe autour de son cou.
« Alors pourquoi es-tu venu ici ? » demanda Kakashi d'une voix exaspérée.
« Je suis venu ici pour te donner une leçon d'Art. »
Kakashi fronça un sourcil. Il était donc réellement fou.
« Premièrement, » reprit le jeune homme sans prendre garde au visage incrédule de Kakashi, « l'artiste. Qu'est ce qu'un artiste ? L'artiste est celui qui créée une oeuvre d'art unique de ses mains avec le génie, le sens artistique qui le caractérise. L'artiste vit sa vie comme il l'entend. Mais le point qui nous intéresse aujourd'hui, c'est la mort de l'artiste. »
Kakashi se raidit sur ses positions. Le chuunin d'Iwa baissa la tête en tremblant, et la releva dans un sursaut. Son regard transperça Kakashi ; sa voix avait également changé. « L'artiste dédie sa vie à l'Art. Il vit pour l'Art, par l'Art. En reconnaissance de son talent et de sa contribution à la civilisation, les gens se doivent de respecter l'artiste et de le laisser libre de créer. L'artiste choisit également sa mort, car plus qu'une oeuvre, sa vie elle-même est Art. Tu comprends, Hatake Kakashi ? »
Celui-ci ne répondit rien. Ce regard ... il avait compris. Seul un doujutsu pouvait provoquer un tel changement. Il l'avait senti. De plus, les images gracieuses de son combat lui revenaient en mémoire ...
« Je vais te faire comprendre à quel point tu as eu tort de ne pas avoir respecté Shizumi Deidara dans sa mort. Je vais te faire comprendre pourquoi tu as eu tort de tuer mon meilleur ami. »
Sa voix était tremblante, mais ni son corps, ni son visage ne montrait de la peur. Une expression de haine, totale, implacable, s'installa sur son visage. Ses yeux froids étaient étrangement vivants ; le bleu de ses pupilles semblait onduler comme la surface d'un océan. Il jeta sa veste de chuunin et son écharpe de soie sur le sol et se mit en position de combat.
« Je m'appelle Murasaki Shigei. »
« Enchanté » murmura Kakashi en retirant le bandeau qui recouvrait son oeil gauche. « Je m'appelle Hatake Kakashi. »
________________________________
Troisième Chapitre - Existence
Naruto regarda sa montre.
Minuit.
* Minuit ! *
« MINUIT !! FIN DE LA MISSION ! » Il lança ses bras en l'air et poussa un rugissement de satisfaction, qui attira rapidement le poing de Sakura dans sa joue droite.
« Mais arrête de crier ! Tu veux que j'm'énerve ?! T'as vraiment rien appris pendant tout ce temps ? »
« Chut. Tous les deux. »
Sai était apparu derrière eux, l'index délicatement posé sur ses lèvres serrées dans une expression glaciale. Naruto lui lança un regard mauvais. Ce type était vraiment un boulet. En plus de l'insulter - lui, le futur Hokage ! - et de régulièrement malmener Sakura-chan, il se vantait de sa puissance d'insecte, et faisait le fier avec ses petits genjutsu. Histoire de se la ramener encore un peu plus, il avait oser le défier à plusieurs reprises et avait bassement utilisé des illusions pour le piéger : une vraie technique de lâche. Même si il aurait préféré mourir dans d'atroces souffrances plutôt que de l'avouer devant lui, Naruto savait pertinemment que Sai était fort, très fort, peut-être plus que lui. Presque digne d'être son rival ... à cette pensée, Naruto détourna le regard. Pourquoi est ce qu'il se disait des trucs dans ce genre ? Son rival, c'était Sasuke. Et lui, il n'était rien à côté de Sasuke ; rien du tout ...
Pourtant, même si Naruto avait dit à Sakura qu'il n'était pas d'accord avec elle, que l'autre avorton n'avait rien à voir avec Sasuke, ça lui crevait les yeux. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Une marée montante de réactions déferlaient sur Naruto chaque fois qu'il plongeait son regard dans celui de Sai. Est ce qu'il devrait s'intéresser à lui, l'ignorer, ou tout simplement lui taper dessus ? C'était vraiment bizarre. Dans la voix de Sai, il entendait les accents de celle de Sasuke ; dans son dédain glacial, il percevait le mépris de Sasuke ; dans sa manière de penser, de parler, de se battre, d'être, il voyait inéxorablement le fantôme de Sasuke.
« Naruto ? »
« Quoi ? » C'était plus un grognement qu'une réponse articulée.
« Tu viens ou quoi ? On va pas y passer la nuit ! »
Naruto haussa les épaules. Elle avait raison, Sakura. Maintenant que la mission était terminée, autant quitter cette île miteuse et rentrer le plus vite possible à Konoha. Il emboîta le pas de ses coéquipiers et, après quelques minutes de marche silencieuse, ils atteignirent le petit quai, au bord duquel ils avaient rendez-vous avec le passeur et sa caravelle branlante qui devaient les ramener sur le continent.
Sakura fut la première à exprimer ce qu'ils pensèrent tous les trois en voyant le quai totalement désert.
« Quoi ? Il est pas encore là ? Mais ... il devait arriver il y a une demi-heure ! »
« Il nous a probablement oublié, » murmura Sai, « après tout, même si on l'a payé, il n'avait pas l'air bien motivé pour venir nous chercher. »
« Pff ! Pas grave ! » s'écria Naruto avec mauvaise humeur, « on fera sans cette poule mouillée ! Je vais nous faire arriver à Konoha en un rien de temps ! »
Sai le regarda d'un air incrédule, Sakura fronça les sourcils. Naruto haussa de nouveau les épaules. Ils le sous-estimaient vraiment ? Même Sakura ? Naruto se mordit le pouce avec fureur, exécuta quelques signes rapides et plaqua une main sur le sol. Un cri de rage, une secousse sous ses pieds, un nuage de fumée : l'instant d'après, ils se trouvaient tous trois sur une grenouille globuleuse, pourvue d'une selle gigantesque et d'un petit harnais qui se terminait en une cordelette fine dans les mains de Naruto. Celui-ci ne put empêcher un sourire niais de naître sur son visage à la vue de l'air de surprise débile de ses coéquipiers - même si Sai faisait le blasé, Naruto était sûr qu'il était impressionné.
« Accrochez-vous ! Si on fait vite, on sera à Konoha dans cinq ou six heures. »
Sai sortit une corde de son sac et s'amarra silencieusement à la selle, pendant que Sakura tentait de réaliser ce qui se passait. Il y a dix secondes, elle était sur de l'honnête terre ferme, prête à frapper Naruto au besoin ; maintenant, elle s'accrochait désespérément à une selle sur le dos d'un crapaud géant. L'envie de taper du blondinet commençait à monter.
« Prêts ? »
« NON ! Pas du t- »
« C'est partiiiiiiiiiii ! »
Le crapaud s'élança brutalement dans les airs, encouragé par les cris texans de Naruto, le silence consterné de Sai, et les hurlements terrifiés de Sakura.
Shigei se précipita sur Kakashi et attaqua rapidement avec un coup de coude et un coup de genou - parés tranquillement par son adversaire. Le rythme s'accéléra brusquement, avec d'un côté une rafale de coups très rapides, et de l'autre, une série d'esquives de parades parfaites, qui ne laissaient aucun angle mort.
Soudain, le Sharingan se figea. Une faille !
* Maintenant ! *
Kakashi para de son bras gauche le genou de son assaillant et amorça sa riposte. Les attaques pleuvaient avec la même rapidité, et une tornade de pieds, de coudes et de genoux s'abattit sur Shigei qui esquivait tout avec une vélocité impressionnante. Le coup de pied final de Kakashi vers la mâchoire de Shigei le fit voler sur quelques mètres ... avant un atterissage gracieux sur la roche. Visiblement, il avait réussi à éviter cette dernière attaque, mais il semblait réellement troublé.
Kakashi fit craquer sa nuque et lança un regard plein d'assurance à son adversaire, accroupi sur le sol. Il venait de démontrer clairement sa supériorité. Il lança avec une nonchalance presque ennuyée :
« Une personne normale se serait pris cette attaque de plein fouet ; je suppose que ton Seishingan t'a permis de voir que je me préparais à donner le coup de grâce ? Seishingan, le doujutsu le plus inutile en combat, celui qui permet de lire et de comprendre les sentiments d'un être humain en regardant la couleur de son âme ... tu croyais vraiment pouvoir rivaliser avec moi ? »
« Sharingan ... » murmura Shigei d'une voix blanche. « Tu ... tu as copié mon taijutsu ? »
Kakashi acquiesça.
« Le style de combat de ton clan est très intéressant ... une succession d'attaques rapides utilisées pour feinter l'adversaire avant le coup final - et surtout, une techniques de taijutsu qui n'utilise jamais les doigts du combattant. Après tout, vos doigts sont vos armes les plus précieuses, n'est ce pas ? »
Shigei ne prononça pas un mot. Il ne voulait pas laisser transparaître son étonnement et son admiration. En quelques secondes, ce jounin avait copié son style de combat au corps à corps dans les moindres détails, et l'avait utilisé avec la même habileté. Il avait même deviné comme Shigei avait esquivé son coup de pied - était-il un monstre ? Comment un simple doujutsu pouvait-il donner autant de puissance ?
« C'est exact, » dit Shigei après un long silence. « Ne crois pas que tu as gagné la partie simplement parce que ton sharingan te permettent de copier mon taijutsu. Tout pouvoir a ses limites ... » Sur ces mots, il sortit de sa poche un petit carnet qu'il cala contre son poignet et posa délicatement ses doigts sur le papier nacré. « Je vais te montrer mes créations ; mes plus belles, mes plus terribles créations. »
Kakashi sentit une goutte de sueur perler sur son front. Le Sharingan ne pouvait rien contre les techniques héréditaires. Se préparant au pire, il se mit en position de combat, alors que face à lui, Shigei détachait en souriant des feuilles de son carnet. Elles dansèrent quelques instants dans le vent, avant de s'extraire de la surface du papier et de se transformer en créatures réelles, vivantes, et prêtes à combattre.
L'une était une sorte de golem trapu aux muscles puissants, qui fissurait le sol rien que par son pas lourd et maladroit ; l'autre était un archer vêtu d'une tunique sombre, aux yeux aussi noirs que ses cheveux, et portait un carquois aux dimensions incroyables sur son dos. La dernière créture était une jeune fille blonde d'une douzaine d'année, vêtue d'un ensemble bleu foncé assez court, qui brandissait deux dagues avec un sourire malicieux.
« L'Art est ... existence. »
Shigei lâcha cette phrase avec une certaine assurance, et lança un sourire à Kakashi. La haine latente et implacable n'avait pas disparu en lui ; mais la joie pure de la création illuminait son regard. Kakashi n'avait pas besoin de Seishingan pour s'en rendre compte. Le jounin de la Roche accrocha son petit carnet à sa ceinture, se saisit de son boomerang, et le tendit à bout de bras vers Kakashi.
« Tu sais, je vais te parler un peu de lui avant de me débarasser de toi. Deidara était le meilleur sculpteur du village. Sa matière de prédilection était l'argile, mais il pouvait créer avec n'importe quoi. Rien ne lui résistait. Sans avoir jamais rien appris, il faisait preuve d'un talent extraordinaire. Il avait un don. L'insinct qui reliait son oeil, son imaginaire et son bras. Plus qu'un simple artisan, il était doué pour voir la beauté des choses et la révéler à nos yeux à travers le burin et la roche. Un jour, il m'a fait une faveur et m'a fabriqué une arme - cette arme - et il l'a appellée Hurricane Flower. Elle ne m'a jamais quitté. C'était comme si il avait toujours été avec moi, depuis tout ce temps, tout le temps ... comme si il n'était jamais parti ... »
Sa voix se brisa. Le poignard contre son coeur le faisait souffrir à nouveau. Les vestiges du passé remontaient lentement à la surface ... des rires, des pleurs, des cris, des visages et des regards, des voix et des paroles ... Shigei passa sa manche sur ses yeux clos. Ce n'était pas le moment de regretter.
« Pourquoi ... pourquoi veux-tu venger quelqu'un qui est passée du côté de l'Akatsuki ? Il a tué des tas de gens et a failli détruire le village du Sable ! Ce n'est plus ton ami ! Ce n'est plus l'homme que tu as connu ! » cria Kakashi.
« C'est faux ! C'est faux ! » Shigei hurlait aussi ; et à présent, rien au monde n'aurait pu lui faire retenir ses larmes. « Quand j'ai entendu qu'il avait rejoint l'Akatsuki, je suis parti de mon village et j'ai recherché sa trace pendant des mois et des mois ! Et j'ai fini par le retrouver, j'ai vu qu'il était avec les membres de l'Akatsuki, qu'il était parmi eux, avec eux, mais je n'ai jamais pu croire qu'il les avait rejoint de son plein gré ! Je savais au plus profond de moi que jamais, jamais, il n'aurait fait une chose pareille ; et quand j'ai sondé mon âme avec mon Seishingan, j'ai trouvé quelque chose d'incroyable que je n'avais jamais vu avant ... »
« Deux âmes ! Deux âmes dans un même corps ! Au début, je n'y ai pas cru, je me disais que c'était un simple effet de mon imagination ... mais en fait, c'était vrai. Non seulement il y avait deux âmes dans son corps, mais en plus, elles se combattaient inlassablement, l'une et l'autre. L'une était l'âme de Deidara, telle que je la connaissais ; l'autre était un esprit de haine et de douleur, qui asservissait totalement l'âme de mon ami et faisait dominer sa noirceur ... »
« Je n'aurais jamais pu l'arrêter moi-même, je sentais qu'il était devenu plus fort que moi. Alors je suis revenu à Iwa, j'ai voulu convaincre mes supérieurs de se battre pour récupérer Deidara, le faire revenir parmi nous ! Il devait y avoir un moyen de le libérer ! ... mais le lâche qui nous sert de Tsuchikage a refusé de défier l'Akatsuki. Il m'a seulement cassé de mon grade, et pour me punir de ma désertion, m'a consigné à domicile pendant un mois. »
« Alors je me suis dit que j'attendrais quelque temps avant de trouver un moyen, par moi-même, de retrouver Deidara. Deux semaines plus tard, j'ai reçu deux rapports : le premier attestait officiellement de la mort de Deidara par des ninja de Konoha sous la direction de Hatake Kakashi et Maïto Gai ; et le second annonçait que les services de contre-espionnage avaient repéré deux espions de la Feuille, qui attendaient des renforts. Un certain Hatake Kakashi ... »
Le souffle court, Shigei renforça sa prise sur Hurricane Flower et lança un regard de haine à celui qu'il appris à maudire depuis deux jours. Un monde, une vie le séparait de l'espoir qui l'avait amené à revenir dans son village natal et du gouffre sans fond où l'avait plongé ce maudit rapport. A cause de lui. Tout était à cause de lui !
Kakashi poussa un long soupir. Pour seule réaction, il ferma son oeil droit et tendit la main devant lui. « Viens. » dit-il simplement. Il n'aurait pas l'impolitesse de chercher à le raisonner.
Shigei projeta son bras en arrière. Le sourire de Deidara réapparut brièvement devant ses yeux, son regard se durcit. Tout ça allait bientôt se terminer.
« L'art est ... existence !! »
Son cri déchira la nuit comme un voile ; l'instant d'après, Hurricane Flower et les trois créatures de papier se lançaient sur Kakashi. Pour tuer.
________________________________
Quatrième Chapitre – Muse
Shigei poussa un hurlement de haine et lança Hurricane Flower sur Kakashi, de toutes ses forces. Kakashi s'affaissa sur le sol en position d'esquive et sentit le large shuriken de bois frôler le haut de son crâne. Il ne prit pas la peine de se relever et enchaîna directement quelques signes de ninjutsu : l'instant d'après, un large mur de pierre contrait la volée de flèches qui avaient suivi de près Hurricane Flower.
Toujours accroupi, il se retourna instantanément, sortit deux kunaï et contra les dagues de la jeune fille qui avait cherché à le prendre à revers. L'invocation lui lança un coup de pied rapide en plein visage qu'il ne put éviter ; il roula sur quelques mètres mais parvint à se remettre debout rapidement. Sa lèvre saignait ; mais étrangement, le coup était beaucoup moins puissant que ce à quoi il s'attendait.
* Plus rapide que puissante ? *
Kakashi renforça sa prise sur ses kunaï et lança un bref regard à la jeune fille, toujours souriante. Cette fois, il ne se laisserait pas surprendre. Elle s'élança vers lui à une vitesse incroyable ; mais Kakashi voyait chacun de ses mouvements. Il esquiva la première, la seconde, la troisième attaque ; elle accéléra le mouvement et l'obligea à se replier, à reculer de quelques pas. Kakashi passa sa manche sur sa lèvre qui saignait toujours. Le taijutsu ne marcherait pas, elle était bien trop rapide – ou lui bien trop lent.
Ses mains formèrent quelques signes rapides, et une demi-douzaine de Kakashi apparurent aux côtés du vrai. La jeune fille eut un petit rire cristallin et s'élança vers les clones de l'ombre. Elle en détruisit, un, deux, trois, les dépassant totalement en vitesse. Elle fit disparaître le sixième clone et se tourna vers Kakashi – mais c'était trop tard : il avait déjà formé le tao du tigre. Le temps d'une profonde inspiration, et une gigantesque boule de feu pulvérisait la jeune fille ; elle se consuma pendant plusieurs secondes avant de s'évaporer en une volute de fumée noire.
* Plus que deux ! *
Il bondit sur son côté droit et se rétablit avec une petite roulade : Hurricane Flower venait de frôler son flanc. A peine s'était il relevé qu'il sentit la pointe d'une flèche érafler sa cuisse et le sang couler contre le tissu.
* Merde ! *
La flèche venait de sa gauche. Il se tourna dans cette direction et aperçut l'archer aux yeux noirs – une vingtaine de mètres le séparait de Kakashi. Celui-ci sentit son pouls s'accélérer lorsque l'invocation de papier sortit rapidement de son carquois quatre flèches qu'il posa sur la corde tendue.
Kakashi poussa un juron et forma rapidement quelques signes. Il ne fallait pas perdre de temps. Un nouveau mur de pierre se dressa promptement à ses pieds et il entendit le son des pointes métalliques des flèches ricocher contre la roche. Il reprit son souffle l'espace d'une seconde, forma un signe rapide : deux clones de l'ombre apparurent à ses côtés. Il sortit de sa poche un kunaï qu'il entoura d'une note explosive, puis une petite sphère violette qu'il serra au creux de son poing gauche. Il n'avait pas le droit à l'erreur.
Ses deux clones s'élancèrent des deux côtés du mur de pierre, et une seconde plus tard, Kakashi bondissait dans les airs, le plus haut possible. Un premier clone se fit abattre, puis le second ; mais l'archer n'eut pas la possibilité de transpercer Kakashi de ses flèches. Le jounin lança son fumigène aux pieds de l'invocation, puis son kunaï armé d'une note explosive. Il se réceptionna au sol : au même moment, la note explosa, dissipant la fumée. Kakashi fonça vers l'invocation, sonnée par la déflagration, et lui enfonça un kunai dans le coeur. Une seconde plus tard, l'archer s'évaporait dans un râle d'agonie et une petite feuille de papier tombait doucement vers le sol, éventrée.
A cet instant précis, Kakashi se rendit compte de deux choses : premièrement, la lumière de la lune n'éclairait plus l'endroit où il se tenait ; deuxièmement, il remarqua qu'au dessus de sa tête, un bloc de pierre d'une taille incroyable allait le broyer vivant si il restait sur place.
Le jounin reprit rapidement ses esprits et combina une volée de signes : instantanément, une demi-douzaine de pilliers de terre surgirent du sol : le bloc de pierre les percuta dans un grand bruit sourd et fissura une bonne partie des pics de roche. Kakashi, les mains jointes sur le signe du chien pour renforcer les pilliers avec son chakra, se crut, l'espace d'une seconde, écarté du danger.
Juste avant d'entendre vers le haut du bloc un cri de fureur rauque, suivi d'un choc puissant contre la roche ; l'instant d'après, le bloc explosait en une myriade de petits rochers qui s'effondrèrent sur Kakashi. Le golem chuta du haut du bloc et détruisit une partie du sol dans son atterissage raté. Après, il ne bougea plus.
Comment définir son état d'esprit ? Il était né à la vie sous la plume du Maître, il avait grandi sous l'égide de Son esprit. Il s'était juré de le protéger et de combattre pour Lui. Lorsqu'il était né à l'Existence, lorsque son dessin avait été libéré dans le vent, il s'était promis de tuer cet étranger aux cheveux argentés qui avait fait souffrir le Maître. Oui, il le tuerait, et son Maître serait heureux. Son ami serait vengé. Maintenant, l'étranger était mort, enseveli sous des tonnes de roche. Il avait accompli son devoir. Il pouvait rester allongé là, sur le sol, et attendre paisiblement que le Maître lui demande de retourner au Néant.
N'était-ce pas là sa destinée ?
Il aurait voulu mourir lorsqu'il vit, debout, à côté de lui, l'étranger aux cheveux argentés qui le regardait de ses yeux de démon. Oui, il aurait voulu mourir, de honte, de désespoir, de haine. Il ouvrit la bouche pour crier quelque chose et ordonna à son bras de bouger – il n'était pas fini, sa mission n'était pas finie, la vie devait encore courir dans son corps. Alors que le poing de l'étranger se rapprochait de son visage, il se rappela celui du Maître. Et lui demanda pardon d'avoir échoué, pour lui et pour ses amis, du plus profond de son âme.
Kakashi observa silencieusement le golem s'évaporer après avoir broyé sa tête d'un coup de poing. La puissance de ces invocations avait largement dépassé ses calculs. Comment de simples dessins pouvaient-ils être aussi forts ? Il avait échappé à l'avalanche de rochers en se réfugiant sous la surface du sol grâce une technique Doton, mais il avait été touché à l'épaule droite et sentait du sang couler de son arcade sourcillière. Lui, il avait été blessé par de simples dessins ...
Shigei observa longuement Kakashi. Lui-même n'avait pas bougé, plongé dans son observation des capacités de combat du jounin, et surtout des couleurs de son âme. Il s'était fugitivement demandé si il avait déjà vu avant une âme aussi équilibrée : aucune teinte violente ne traduisait de réaction de peur, ou de colère. Une calme maîtrise de soi, un esprit de décision rapide ; pourtant, Shigei percevait une amertume dans l'agencement de ses couleurs. Une impression âcre de tristesse mêlée de mélancolie ... du regret ? Non, cette teinte pâle n'exprimait aucun regret. De la mélancolie, oui ... comment pouvait-il penser au passé à cet instant précis ? Il regrettait d'avoir tué Deidara ? Du regret ? Est ce qu'il se rendait finalement compte de l'ampleur de son erreur, de sa faute ?
« C'est trop tard ! »
Kakashi sursauta. Shigei avait hurlé en se saisissant de son boomerang. « C'est trop tard pour regretter ! Tu n'aurais jamais dû le tuer, tu aurais dû comprendre ! Comment quelqu'un d'aussi fort que toi a-t-il pu tuer un homme de sang-froid, sans se douter qu'il était innocent ! Répond-moi, Hatake Kakashi !! »
« Ferme-là » rétorqua froidement Kakashi, « Je ne regrette pas la mort de cette raclure ... je pensais juste à un vieil ami. »
Shigei ne pouvait en supporter davantage. Il lança Hurricane Flower sur Kakashi et se précipita sur lui en combinant quelques signes ; Kakashi évita le boomerang qui frôla sa main gauche, et enchaîna à son tour les signes de ninjutsu. Deux puissants pics de roche surgirent simultanément du sol et se contrèrent mutuellement. Shigei envoya une volée de shuriken sur Kakashi qui les contra facilement avec ses propres étoiles ninja.
« Tu ne sais faire que copier, hein ?! »
Kakashi ne répondit pas et esquiva rapidement le retour de Hurricane Flower, rattrapé avec agilité par Shigei.
« Tu sais ce qu'il disait, ton ami, Deidara ? » articula lentement Kakashi, en baissant les yeux, « Il disait toujours : ' L'art est ... explosion ' »
Shigei considéra le jounin quelques instants, interloqué. Il ne mentait pas ; son âme était sincère. En revanche, il pouvait y déceler une sobre satisfaction, le sentiment de contentement que l'on a lorsqu'un plan fonctionne comme on l'avait prévu.
« Je suis désolé, Murasaki Shigei. »
Celui-ci remarqua trop tard la note explosive sur Hurricane Flower et se prit la déflagration de plein fouet : il fut projeté contre un mur de roche dans un hurlement de douleur. Brûlé sur une partie du visage, sa veste sombre totalement calcinée laissant apparaître un petit pendentif émeraude ; il tenait toujours de sa main tremblante le boomerang de bois, qui était maintenant irrémédiablement endommagé. Sans pouvoir les esquiver, il encaissa une volée de kunaï dans les épaules. Un filet de sang échappait de ses lèvres serrées.
« La partie est terminée. »
Kakashi le considéra quelques secondes et tourna les talons.
« Pourquoi ?! Pourquoi tu ne me tues pas ? » haleta Shigei, alors que les larmes commençaient à couler sur son visage, « Tu as pitié de moi ? Tu veux me faire souffrir davantage ? »
« Non. » Kakashi ne se retourna pas et continua à s'éloigner. « Je veux que tu comprennes les raisons de ta défaite et l'absurdité de ce combat. Ton ami est mort, c'est comme ça. Va de l'avant ... »
De l'avant ? Il ne comprenait vraiment rien. Shigei baissa les yeux et laissa couler ses larmes. Il était trop faible. Il n'avait pas pu venger Deidara parce qu'il était trop faible. Il ne pourrait jamais vivre en paix, parce qu'il était trop faible. Jamais plus il ne reverrait son meilleur ami, jamais plus il n'entendrait son rire, jamais plus il ne lui confierait un secret. Il ne pouvait même pas mourir. Il n'avait pas la force de se tuer. Il ne l'aurait jamais. Il n'avait pas non plus celle de se battre ...
Se battre ?
Et si la force n'était qu'imagination de l'esprit, aberration de l'âme ? Une envie, une passion, un souhait ? Et si rien n'était impossible ? Et si trouver la force en soi n'était qu'une simple formalité motivée par l'amour et la haine ?
Le visage de Kakashi.
Le visage de ses parents.
Le visage de Deidara.
Le visage de son frère.
Se battre ...
Kakashi se retourna brusquement lorsqu'il sentit un frisson parcourir son échine. Une immense quantité de chakra hostile venait d'émerger derrière lui. Il sentit le souffle du vent décoiffer ses cheveux et ses yeux s'écarquiller sous l'effet de la terreur primitive qui parcourait chaque fibre de son corps. Shigei s'était relevé, ses blesssures se guérissaient les unes après les autres, sous l'effet d'un chakra bien dense et puissant que celui de Kakashi. Le pendentif sur son torse nu semblait incandescent et déversait dans le corps de Shigei un chakra infini, immense, terrifiant ...
A des centaines de lieu de là, Naruto sentit son regard se porter vers le nord. Il avait froid. Le vent septentrionnal glaça le sang dans ses veines. « Mauvais ... pressentiment ... » Il n'avait fait que murmurer, les yeux perdus dans le vague.
Le bureau de Kazekage était encore éclairé, malgré l'heure tardive. Mais Gaara ne travaillait pas. Il plongeait son regard dans le paysage de Suna, vers le Nord. Sans s'en rendre vraiment compte, il se dit pour lui-même : « Quelque chose de sombre se prépare ... »
Sur le versan du pic de Sadoyashi, deux silhouettes sombres, vêtues de longues robes noires parsemées de nuages rouges, observaient avec attention le chakra qui s'échappait librement du corps de Shigei. L'un des deux portait un masque ; il se pencha vers l'autre, et chuchota rapidement : « Qu'en pensez vous, Deidara-san ? »
Le jeune homme blond ne détacha pas son regard du combat, mais répondit à Tobi d'une voix calme.
« Aucun doute. Le sceau a été dissout. Il s'est finalement libéré ... »
Kakashi sentit en lui la peur monter. Il n'avait pas vu un tel chakra depuis que Naruto avait failli perdre le contrôle de Kyuubi. Les blessures de Shigei guerrissaient à une vitesse incroyable, son chakra devenait plus puissant à chaque instant.
« Yu ... yuma ... »
Le sharingan avait prévenu Kakashi du choc imminent d'un poing contre sa joue droite ; mais son corps, paralysé par le chakra surnaturel qui émanait du corps de Shigei, n'avait pas pu réagir à temps. Projeté au sol, crachant un peu de sang sur la roche ; il se releva et tenta de reprendre son calme. Shigei se plaça en position de combat et lança un regard de haine pure à Kakashi.
« Yuma ? » répondit Shigei, « C'est plus, beaucoup plus qu'un simple yuma ... »
Sa voix tremblait, néanmoins, lorsqu'il termina sa phrase, son regard signifiait qu'il avait de nouveau confiance en sa force.
« Les anciens de mon clan l'appellent Muse. »
________________________________
J'oubliais :
Disclaimer : ... sclaimer.
Plus sérieusement : merci à Asahi " : o " Kira de m'avoir autorisé à utiliser le clan Murasaki. Dieu lui rendra au centuple.
Dernière modification par Hyourinmaru le sam. 18 févr. 2006, 01:16, modifié 11 fois.
Global VoicesRidicule-Dandy a écrit :Car sache le sans Mozart il n’y aurait pas eu les Beatles
Cooooooool :D
Une fic qui colle à l'actualité, et très bien écrite en plus...
Bonne caractérisation jusque là, je suis curieuse de voir ce que tu c=vas faire de Sai...
J'ai bien aimé le passage avec l'image du kunaï... Et l'organisation du récit en fonction de l'heure marche très bien.
Rien de négatif à dire pour l'instant, j'attends la suite avec impatience.
Une fic qui colle à l'actualité, et très bien écrite en plus...
Bonne caractérisation jusque là, je suis curieuse de voir ce que tu c=vas faire de Sai...

J'ai bien aimé le passage avec l'image du kunaï... Et l'organisation du récit en fonction de l'heure marche très bien.
Rien de négatif à dire pour l'instant, j'attends la suite avec impatience.

-
- Sannin
- Messages : 4107
- Inscription : lun. 25 juil. 2005, 13:57
- Localisation : Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes
Shinkaaaaaaaa
(désolé Houyariendmaran, c'est trop colmpliqué comme pseudo pour moi
).
C'est ton petit fils dans la fic
?
Désolé désolé, c'était tentant ^^.
C'est avec enthousiasme que je lis ce premier chapitre qui jette de bonnes bases pour la suite
.
Ah oui j'oubliais, tu écris toujours aussi bien petit saloupiaud
.




C'est ton petit fils dans la fic

Désolé désolé, c'était tentant ^^.
C'est avec enthousiasme que je lis ce premier chapitre qui jette de bonnes bases pour la suite

Ah oui j'oubliais, tu écris toujours aussi bien petit saloupiaud


-
- Corbeau Myope
- Messages : 10387
- Inscription : lun. 01 août 2005, 13:05
- Localisation : Konoha... autrefois
Très bien très bien, au moins on peut dire que Sai suscite un certain interêt, il est âgé de 5 ou 6 pages dans le manga et ya déjà une fic sur lui
Il a bien l'air d'un vrai ninja : distant, stoïque, et ne s'interessant qu'à une chose : la mission^^Qui nous est encore inconnue, bref ça pose de très bonnes bases tout ça 


Nanarland, le monde des mauvais films sympathiques
Reflexions of fear make shadow of nothing...
Shadow of Nothing...
You're still blind if you see winding road
'cause ther's always a straight way to the point you see.
Pour arrêter le hoquet, prendre un sucre avec du vinaigre : dégueu mais efficace
Reflexions of fear make shadow of nothing...
Shadow of Nothing...
You're still blind if you see winding road
'cause ther's always a straight way to the point you see.
Pour arrêter le hoquet, prendre un sucre avec du vinaigre : dégueu mais efficace

-
- Sannin
- Messages : 3872
- Inscription : mer. 14 sept. 2005, 23:06
- Localisation : Qui t'as dis que j'existais ?
Cette phrase est géniale (qui a dit : rien ne sert de courir, tu es déjà en retard ? ).10 h 28. Il avait rendez-vous à 10 heures. Pas la peine de se presser.
Fic bien écrite, le scénario a de bonnes bases qui promettent une suite palpitante.
Bref, que du bonheur pour le moment.
Affaire à suivre et je suivrai.

Très bon début, c'est très bien écrit, en plus c'est assez court (j'ai remarqué que les débuts doivent etre courts pour ne pas rebuter le lecteur, si on voit un truc énorme sans meme savoir de quoi ca parle, on va tracer notre route ! Par contre, une fois que tu nous auras accroché à ton histoire, il faudra les faire plus longs pour satisfaire notre dépendance...).
Par contre, j'ai pas trop compris l'histoire du poignard dans la poitrine, mais peut etre est ce dû à l'état de fatigue avancé dans lequel je suis.
En tout cas, j'ai hâte de lire la suite, bises.
Par contre, j'ai pas trop compris l'histoire du poignard dans la poitrine, mais peut etre est ce dû à l'état de fatigue avancé dans lequel je suis.
En tout cas, j'ai hâte de lire la suite, bises.
-
- Chunnin
- Messages : 679
- Inscription : mer. 27 juil. 2005, 06:36
- Localisation : Sûrement au pieu
Merci de vos commentaires, ça fait vraiment plaisir ^^
La présence de Sai s'explique assez facilement : j'ai imaginé cette histoire à partir du chapitre 283, donc après l'apparition fracassante de ce personnage. Et comme il me plaisait, j'ai eu envie de l'intégrer à l'histoire
Aizen +-> C'est un cousin éloigné
en voyant Sai dans le 283, j'ai pas pu m'empêcher d'imaginer le personnage de Shigei ... voilà ce que ça donne de rester trop longtemps sans rp =D (et j't'en veux pas pour le pseudo, Sagarage xD)
La suite arrive, le temps d'un edit ^^
La présence de Sai s'explique assez facilement : j'ai imaginé cette histoire à partir du chapitre 283, donc après l'apparition fracassante de ce personnage. Et comme il me plaisait, j'ai eu envie de l'intégrer à l'histoire

Aizen +-> C'est un cousin éloigné

La suite arrive, le temps d'un edit ^^
-
- Sannin
- Messages : 4107
- Inscription : lun. 25 juil. 2005, 13:57
- Localisation : Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes
Oula qu'est ce qui se passe
!
Un Shinka motivé
!
Ca court pas les rues ça
!
Bon revenons à notre chapitre, excellent qui ne demande qu'une seule chose... avoir une suite
.
J'aime bien comment tu présentes les relations entre Saï et Sakura
.
Sinon c'est Kakashi/Shigei, c'est en préparation d'un futur combat entre l'écureuil fou et le dessinateur déprimé
.

Un Shinka motivé


Ca court pas les rues ça

Bon revenons à notre chapitre, excellent qui ne demande qu'une seule chose... avoir une suite

J'aime bien comment tu présentes les relations entre Saï et Sakura

Sinon c'est Kakashi/Shigei, c'est en préparation d'un futur combat entre l'écureuil fou et le dessinateur déprimé

Excellent second chapitre. Tu écris très bien, et l'histoire commence à etre prenante.
Par contre je te conseille de ne pas publier tous tes chapitres dans le meme message, ca deviendra vite super chiant à lire, la page fera quatre kilomètres de long et puis les commentaires en relation avec ton dernier chapitre publié ne seront pas juste après.
Après tu fais com tu veux, c toi le chef !
En tout cas, bonne continuation, je parlais sur le topic général que ce fofo est chanceux niveau qualité des fics, et bien tu rentres tout à fait dans cette catégorie.
Bises
**EDIT** : Copieur lebibou, c'est moi je l'ai dit en premier...
Par contre je te conseille de ne pas publier tous tes chapitres dans le meme message, ca deviendra vite super chiant à lire, la page fera quatre kilomètres de long et puis les commentaires en relation avec ton dernier chapitre publié ne seront pas juste après.
Après tu fais com tu veux, c toi le chef !
En tout cas, bonne continuation, je parlais sur le topic général que ce fofo est chanceux niveau qualité des fics, et bien tu rentres tout à fait dans cette catégorie.
Bises
**EDIT** : Copieur lebibou, c'est moi je l'ai dit en premier...

Dernière modification par Tinton2 le mer. 16 nov. 2005, 22:13, modifié 1 fois.
-
- Sannin
- Messages : 3872
- Inscription : mer. 14 sept. 2005, 23:06
- Localisation : Qui t'as dis que j'existais ?
L'Art, ça me fait penser à un sujet de philo.
Bref, pour le moment ça avance bien. Intrigue géo politique bien tordu.
( j'adore le pov' chuunin qui fait face à Kakashi et qui ose pas lui dire qu'il se demande ce que l'homme au sharingan fout ici.)
Continue.
PS : Je vais passer pour un chieur, mais je préfère quand les chapitres sont posté au fur et à mesure. J'aime pas lorsque l'on édite sur le premier post. Surtout qu'au bout d'un moment on finit par plus avoir de place et on est obligé de poster à la fin. Et puis, je trouve ça plus sympa lorsqu'on lit les commentaires entre chaque chapitre.
Bref, pour le moment ça avance bien. Intrigue géo politique bien tordu.
( j'adore le pov' chuunin qui fait face à Kakashi et qui ose pas lui dire qu'il se demande ce que l'homme au sharingan fout ici.)
Continue.
PS : Je vais passer pour un chieur, mais je préfère quand les chapitres sont posté au fur et à mesure. J'aime pas lorsque l'on édite sur le premier post. Surtout qu'au bout d'un moment on finit par plus avoir de place et on est obligé de poster à la fin. Et puis, je trouve ça plus sympa lorsqu'on lit les commentaires entre chaque chapitre.

-
- Corbeau Myope
- Messages : 10387
- Inscription : lun. 01 août 2005, 13:05
- Localisation : Konoha... autrefois
Le illeur ami de Deidara ça le fait
Me disait bien qu'y avait pas mal de coïncidence
C'est tjs aussi bon, de plus en plus même, mais comme mes 2 prédécesseurs, je te conseille de ne pas publier tous les châpitres dans un même post 



Nanarland, le monde des mauvais films sympathiques
Reflexions of fear make shadow of nothing...
Shadow of Nothing...
You're still blind if you see winding road
'cause ther's always a straight way to the point you see.
Pour arrêter le hoquet, prendre un sucre avec du vinaigre : dégueu mais efficace
Reflexions of fear make shadow of nothing...
Shadow of Nothing...
You're still blind if you see winding road
'cause ther's always a straight way to the point you see.
Pour arrêter le hoquet, prendre un sucre avec du vinaigre : dégueu mais efficace
