ben... maintenant

ce chapitre est très long (un truc genre dix pages word) mais vous inquiétez pas, ya pas beaucoup de psychologie ^^ ya deux parties distinctes mais ça aurait pas fait terrible de les séparer jtrouve. Enfin bon voilà.
J'ai pris de petites libertés avec certains personnages, j'espère que ce sera pas trop... euh enfin vous voyez quoi ^^
Chapitre VII
Faire pénitence
- T’es qu’une merde, Obito !
- Tu crois que t’es mieux toi, à prendre tout le monde de haut !
…
- Les règles ne font pas tout, Kakashi.
…
- On doit continuer la mission, avec ou sans Rin.
- Va te faire foutre, toi et tes règles à la con ! On ne peut pas l’abandonner, pas après tout ce qu’elle a fait !
Obito se retourne lentement vers lui et tout à coup, la lueur de son regard change. Ce n’est plus de la rage ou de la colère. C’est de la déception. Et les mots qu’il prononce bouleversent son cœur.
- Je crois que Crocs Blancs est un vrai héros.
…
- Les gens qui ne se soucient pas de leurs amis sont pires que des déchets !
…
- Va exécuter ta putain de mission puisque tu y tiens tant ! Moi, je vais sauver Rin.
Et il se détourne. Lui fait de même. Il court longtemps. Puis les paroles de son équipier lui reviennent. Et soudain le doute. L’inquiétude. Le remord. Il fait demi tour.
Une course. Un choc. Un deuxième. Le bruit d’un corps écrasé. Du sang qui gicle.
Il ne peut pas le croire… C’est un cauchemar, il va forcément se réveiller ! Il ne peut pas être là, à le regarder se vider de son sang, écrasé sous un rocher de dix fois son poids… Il sent les larmes lui monter aux yeux pour la première fois depuis très longtemps. Lui il ne pleure pas. Au contraire, il sourit.
- Je… je ne t’ai rien offert pour ta promotion de Jounin. Prends mon Sharingan ; Rin le greffera pour remplacer le tien…
- Obito…
- Protège Rin, s’il te plait…
…
Une brûlure dans l’œil gauche, des couleurs qui reviennent.
…
- Rin, il faut partir.
Elle ne bouge pas.
- Rin !
- Rin, s’il te plait… vas-y…
Du mouvement derrière eux. Ils approchent. Un jutsu. Les pierres qui recommencent à tomber. La peur… la panique
- Rin !! Prends ma main !
Un dernier regard en arrière…Une pierre. Un cri d’agonie.
…
- Obito !!!
Kakashi se dressa en sursaut sur son lit, le visage ruisselant de sueur. La respiration haletante, il attendit quelques secondes pour essayer d’apaiser les battements affolés de son cœur et passa une main tremblante devant ses yeux. Toujours le même cauchemar, les mêmes paroles, les mêmes images et la même douleur au réveil qui lui déchirait les entrailles. Cela faisait une semaine maintenant. Une semaine qu’Obito était mort à cause de lui, une semaine que l’équipe 7 avait cessé d’exister, une semaine qu’il portait au creux de son œil gauche la marque, le témoin de son échec, de sa stupidité.
Il se leva avec lenteur, chassant les dernières bribes de son cauchemar. Il ne pouvait plus rester ici, chez son sensei. Il n’en était plus digne. Il irait ailleurs, n’importe où, là où personne ne serait blessé à cause de lui. Il avait pris sa décision la veille : il allait quitter l’équipe et entrer chez les ANBU. Là-bas, on ne se posait pas de question, on agissait en solitaire et on mourrait en anonyme. Il lui semblait voir dans cette option la possibilité d’oublier ce qu’il avait fait, de cicatriser et avec un peu de chance, de mourir. La vie ne l’intéressait plus. Tuer, il savait faire. Il était même doué pour ça. Mais avoir la mort d’un ninja de Konoha sur la conscience, ça, c’était trop pour lui. Depuis ce jour maudit, il n’osait même plus se regarder dans la glace le matin. Il se haïssait. Comment les gens pouvaient-ils encore vivre à ses côtés ? Comment Arashi pouvait-il encore le garder sous son toit ? Comment Rin pouvait-elle encore sourire en le voyant ? Non, il ne voulait plus ; il ne pouvait plus supporter tout cela. Il voulait mourir. Disparaître. Et quoi de mieux que les ANBU pour cela ?
Il se doucha et s’habilla rapidement. Puis il attrapa son bandeau et le noua soigneusement de façon à ce qu’il cache le Sharingan. Il s’était en effet aperçu qu’il lui était impossible de le désactiver et que par conséquent, garder l’œil gauche ouvert trop longtemps lui coûtait la majeure partie de son chakra. Encore une donnée qu’il avait du mal à intégrer et n’avait fait qu’augmenter son respect pour Obito. Il soupira et descendit. Il devait parler à son sensei de son projet d’intégrer les ANBU avant qu’ils ne partent rejoindre Rin. En bas, Arashi était là, prêt à partir. Il sourit en le voyant mais ce n’était plus le même sourire qu’avant. La mort d’Obito avait brisé quelque chose en lui également et même s’il n’en parlait pas, Kakashi savait Arashi profondément affecté.
- Ah, Kakashi, te voilà. Tu es prêt ?
- Ouais mais… sensei, je… je voulais vous dire quelque chose…
- Qu’y a-t-il ?
- Je veux devenir ANBU.
Silence.
- ANBU ?
- Je ne peux plus rester dans cette équipe. Je ne le mérite plus. Il faut que je parte.
Arashi ferma les yeux, comme à chaque fois qu’il accusait le coup. Ce n’était pas comme si la nouvelle le surprenait. Il s’était en quelques sortes attendu à ce que Kakashi veuille quitter l’équipe. Mais il n’avait pas pensé à l’option ANBU.
- Kakashi, je t’ai déjà dit cent fois que tu n’étais pas responsable de tout cela…
Les mâchoires du garçon se contractèrent instantanément.
- Vous n’étiez pas là, répondit-il d’une voix sourde et tendue. Vous n’étiez pas là, vous ne savez pas…
- Tu crois peut-être que je n’ai jamais vu d’amis mourir sous mes yeux ? Que j’ignore ce que l’on ressent lorsqu’on perd un membre de son équipe ? Qui plus est un ami alors qu’on était capitaine ?
Kakashi rougit et baissa les yeux.
- Pardon, sensei… je… je ne voulais pas dire que…
- Je sais bien. Tu sais Kakashi, les gens sont toujours persuadés qu’ils souffrent plus que n’importe qui quand ils traversent des épreuves douloureuses. A tel point qu’ils sont convaincus que personne ne les comprendra et finissent par se murer dans leur chagrin et refusent qu’on les aide. Bien souvent par fierté.
Le garçon s’agita nerveusement. Jamais il n’avait eu aussi honte. Arashi était en somme en train de lui dire qu’il était toujours le garçon prétentieux et hautain qui avait provoqué la mort d’Obito et cette idée lui donnait la nausée. Arashi vit le malaise de son élève et lui ébouriffa affectueusement les cheveux.
- Ne fais pas cette tête. Tout le monde passe par là. Considère que c’est un coup de pouce pour te faire prendre de l’avance, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
- Merci, sensei. Alors… vous… vous voulez bien ?
- Que tu intègres les ANBU ? Je pense que ce n’est plus à moi de juger de tes actes, Kakashi. Tu es assez grand. Et d’ailleurs, je suppose que tu veux aussi partir d’ici.
Le garçon n’osa pas répondre et se contenta de hocher la tête.
- Tu es libre, continua Arashi. Cela dit, sache une chose : être ANBU ne te fera pas oublier la douleur, pas plus que ça ne t’apportera la rédemption.
Kakashi regarda ailleurs. C’était justement comme ça qu’il avait vu les choses…
- Ce n’est pas en fuyant ou même en oubliant que l’on résout les problèmes, tu le sais. Enchaîner vingt à trente mission par semaine, de rang S de préférence, ne t’apportera pas la paix. Kakashi, ajouta-t-il en se penchant vers lui, tu n’as rien à te faire pardonner. Ne va pas braver la mort sous prétexte qu’elle a emporté Obito.
- Rien à me faire pardonner ? Je l’ai tué, sensei… J’ai… j’ai tué Obito !
- Non, répliqua Arashi fermement. Entre-toi ça dans la tête : Obito a choisi de te sauver la vie. En aucun cas il n’était obligé de le faire.
- Mais…
- Il t’admirait à un point que tu n’imagines pas, Kakashi. Vivre dans ton ombre était à la fois un bonheur et une torture pour lui. En te sauvant, il a acquis ton amitié et récupéré son honneur. Quelle meilleure fin aurait-il pu souhaiter ?
- Il aurait peut-être préféré vivre, tout simplement… Il le méritait cent fois plus que moi.
- Je regrette d’avoir à te le dire mais tu ne connaissais pas Obito. Pas assez en tous cas. Moi si et je peux t’assurer que si on lui avait donné le choix, il aurait sans hésiter choisi cette fin à sa vie faite d’humiliations et de regrets.
Une larme roula sur la joue de Kakashi.
- Si… si j’avais fait plus attention… commença-t-il. Il serait encore vivant… et on aurait été amis…
Et pour la première fois depuis cinq ans, il éclata en sanglots. C’était devenu trop dur, trop douloureux. Le visage d’Obito lui revenait à chaque instant et entendre sa voix la nuit devenait insupportable. Tout était de sa faute. Jamais il ne se le pardonnerait.
Plein de compassion, Arashi le prit par l’épaule et le serra contre lui. La vie n’était décidément pas clémente avec ce pauvre garçon.
- ANBU ??
Kakashi hocha la tête. En face de lui, Rin semblait partagée entre la surprise et la colère.
- Tu te rends compte de ce que ça veut dire ?!
- Oui.
- C’est tout ce que ça te fait ? L’équipe 7 va disparaître et toi, tu…
- Elle a déjà disparu, Rin, murmura Kakashi. Ça fait une semaine aujourd’hui.
Rin se figea, le visage soudain décomposé. Il y eut un lourd silence, plein de larmes contenues puis Kakashi reprit :
- Notre équipe n’avait déjà pas beaucoup de sens quand il était encore en vie. Alors maintenant…
- Je suis toujours là, moi ! Et Arashi-sensei aussi !
- Ce n’est pas la question, Rin. Je ne suis plus digne de l’équipe. Il faut que je m’éloigne.
- A t’entendre, on croirait que tu es une bombe à retardement, répliqua la jeune fille. Combien de fois on devra te le dire, Arashi-sensei et moi ? Ce n’était pas de ta faute !
- Mais si ! Bien sûr que si c’est de ma faute ! Si j’avais accepté dès le début de venir à ton secours, je n’aurais pas perdu bêtement mon œil et il n’aurait pas eu à me sauver !
- Et il aurait continué à vivre dans la souffrance ! Kakashi, s’il te plait, cesse de te croire responsable de sa mort…
- Tu crois que c’est aussi facile ? riposta le garçon, la voix soudain mal assurée. J’aimerais bien, Rin. J’aimerais vraiment arrêter de voir son visage partout et d’entendre sa voix dans mes cauchemars. Malheureusement je ne peux pas. C’est inscrit en moi, ça ne me quittera jamais. Cet œil, ajouta-t-il en appuyant sa main à l’emplacement de son œil gauche, me rappelle à chaque instant ce que j’ai fait et ce que j’ai perdu ce jour là.
- Il t’a donné ce Sharingan parce qu’il t’admirait ! C’était ce qu’il possédait de plus précieux ! Tu devrais être honoré…
- Honoré ?! Je l’ai toujours traité comme de la merde et lui, il me donne cet œil, le trésor de sa famille ! Tu n’as pas la moindre idée de ce que je ressens en ce moment. Je me trouve abjecte. J’ai envie de vomir quand je me vois dans la glace et si je m’écoutais, je me jetterais tout de suite du haut d’un ravin !! Je n’en peux plus, Rin. Je ne me supporte plus.
- Et tu crois que devenir ANBU t’aidera à aller mieux ?
- Peut-être pas. Mais au moins, je ferai pénitence.
- Pénitence ?! Kakashi, tu n’as rien fait de mal !
- Mais si bon sang ! C’est ça que moi, je ne comprends pas ! Comment peux-tu encore me parler après ce que j’ai fait ? Comment peux-tu encore te tenir près de moi sans être dégoûtée alors que j’étais prêt à t’abandonner sans aucun remord ? Je préfèrerais encore que tu me haïsses, ça ce serait normal ! Je ne suis pas digne de toi alors pourquoi tu restes avec moi ? Pourquoi ?
- Pourquoi ? répéta Rin à peine plus haut qu’un murmure. Parce que j’ai besoin de toi, Kakashi. Parce que je t’aime.
Kakashi écarquilla les yeux sous le choc. Quoi ? Que venait-elle de dire ? Il avait certainement mal entendu.
- Je… quoi ?!
- Je t’aime, répéta Rin comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Ça ne t’évoque sûrement pas grand-chose, tu n’as jamais été amoureux. Mais c’est comme ça, ajouta-t-elle avec un mouvement d’épaule.
- Mais… mais… non… non, tu ne peux pas… gémit Kakashi en se prenant la tête à deux mains. Rin… Rin, il t’aimait !
La bouche de Rin se tordit en une grimace douloureuse.
- Je le sais, merci. Et je me sens suffisamment coupable à ce sujet, Kakashi.
- Alors ne dis pas que tu m’aimes ! Tu n’as pas le droit, tu ne peux pas m’aimer !
- Et pourquoi pas ?
- Parce que tu trahis sa mémoire !
A ces mots, Rin recula profondément choquée.
- Trahir sa mémoire ? répéta-t-elle d’une voix tremblante. Je ne lui avais rien promis que je sache. Il savait que je n’étais pas amoureuse de lui !
- Bien sûr qu’il le savait ! Il en était malade même ! Et ça n’aurait pas été grave si tu avais aimé quelqu’un d’autre, mais moi !
- Quoi, toi ? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas t’aimer ?
- Parce que je l’ai tué, Rin !! Et parce qu’il t’aimait ! Essaie de comprendre ! Il est mort et il est en train de réaliser que c’est moi que tu as aimé jusqu’à présent ! Comment doit-il le vivre d’après toi !
- Le vivre ? Mais Kakashi, il est mort !
- Ce n’est pas une raison. Je l’ai suffisamment fait souffrir quand il était encore en vie. Pas question que je recommence.
- Kakashi, reprit Rin plus doucement, je ne t’ai jamais demandé d’éprouver la même chose que moi. Je te dis juste ce que je ressens.
Kakashi ferma les yeux en secouant la tête. Ça ne changeait rien. Le mal était fait. Jamais plus il n’oserait la toucher, la regarder comme avant, jamais plus il n’oserait penser à elle. Pour rien au monde il n’offenserait la mémoire d’Obito. Il l’avait déjà assez fait souffrir. Il devait s’éloigner d’elle. Il se redressa et la regarda dans les yeux.
- Rin… Je suis venu te dire au revoir.
- Quoi ?
- Je vais devenir ANBU. Je n’aurai certainement plus le temps de te voir. Arashi-sensei prendra d’autres élèves pour nous remplacer, Obito et moi et tu resteras avec eux. Peut-être même que tu tomberas amoureuse de l’un deux. Mais moi… moi, il faut que tu m’oublies.
- T’oublier ? répéta Rin qui pleurait à présent. Kakashi, je viens de perdre mon meilleur ami ! Ne m’abandonne pas toi aussi…
- C’est mieux comme ça, je t’assure. Tu ne seras jamais heureuse près de moi.
- Qu’en sais-tu ?? Qui te dis que je n’ai pas été heureuse depuis que nous sommes dans la même équipe ?
- Je suis désolé…
- En quoi ça m’avance que tu sois désolé ! Tu me laisses toute seule, comment je suis censée le prendre ?
Kakashi ferma de nouveau les yeux. Son cœur saignait tellement qu’il lui semblait se vider de son sang.
- Laisse-moi partir, Rin, murmura-t-il. Laisse-moi tout oublier. Je t’en prie, laisse-moi retrouver la paix.
Rin le regarda longuement, les larmes roulant sur ses joues. Son visage s’était durci.
- Si c’est absolument ce dont tu as besoin… Eh bien, pars. Mais ne reviens plus jamais me parler. Plus jamais, tu entends ?
Kakashi déglutit difficilement.
- Très bien.
Mais la journée n’avait pas fini de livrer son lot de malheurs. En rentrant chez Arashi pour prendre ses affaires, il passa devant le quartier Uchiwa et en longeant un haut bâtiment, il eut un coup au cœur : Tashiro lui-même et trois autres hommes du clan se trouvaient justement sur son chemin et selon toute vraisemblance, ils l’avaient vu. Kakashi déglutit péniblement. Il n’avait jamais eu affaire aux Uchiwa et jusqu’à une date plutôt récente, il les avait même profondément admirés. A ses yeux, ils avaient incarné les ninjas parfaits : puissants, intelligents, rapides et capables du plus parfait détachement face à la mort. Voilà ce qu’il aurait aimé être… avant. Avant la mort d’Obito.
En passant devant Tashiro, il s’arrêta inconsciemment et le regarda. Il ne connaissait de cet homme à l’apparence si austère et aux yeux si froids que sa réputation de ninja accompli et reconnu. Il avait entendu bien des éloges à son sujet et avant, il aurait considéré ces compliments comme normaux. Seulement voilà, il ne parvenait plus à éprouver la moindre once de sympathie ou d’admiration à son égard. Il avait fait de la vie d’Obito un enfer, le rabaissant constamment et ne lui accordant aucune chance de prouver sa valeur. En somme, tous les deux s’étaient conduits de la même façon et cette pensée lui soulevait le cœur.
Perdu dans ses pensées, il ne réalisa pas qu’il était en train de dévisager le Uchiwa d’une façon très peu correcte. Une gifle magistrale heurta alors sa joue si violemment qu’il tituba en arrière en ayant l’impression d’avoir la mâchoire fracassée. Furieux mais plus que tout choqué, il resta un instant sans bouger, essayant de calmer les battements de son cœur. Puis il leva lentement les yeux et croisa le regard d’acier de Tashiro. Le Uchiwa n’avait pas bougé. Jamais le chef du clan le plus puissant de Konoha ne se serait abaissé à frapper un enfant. Il avait des hommes pour le faire à sa place. Et apparemment, c’était monnaie courante chez les Uchiwa car il ne sembla pas particulièrement choqué. Obito en avait sûrement fait les frais. Une haine terrible s’alluma dans l’œil visible du garçon. Une lueur que Tashiro dut voir car il sourit froidement.
- Quel regard.
Il se rapprocha lentement de Kakashi.
- Tu me hais, n’est-ce pas ? Je te rassure, ce n’est rien comparé à ce que j’éprouve à ton égard. Ne seraient les lois et ce maudit Eclair Jaune qui veille sur toi, je te tuerai sur le champ de mes propres mains.
Une grimace haineuse étirait à présent ses traits. Mais curieusement, Kakashi n’éprouvait aucune peur. Au contraire. Savoir qu’il déclanchait une telle réaction chez ce grand ninja le remplissait de satisfaction.
- Déclaration ô combien courageuse de la part d’un homme que tout le village vénère, répondit-il en souriant avec insolence. Mais toute légende a son côté noir…
Il s’arrêta et retint un gémissement. Tashiro venait de l’attraper sans ménagement par les cheveux et lui tirait à présent la tête en arrière. Ses yeux noirs flamboyèrent d’une telle haine que Kakashi en fut terrorisé.
- Je t’interdis de me faire la morale, fils de chien, gronda Tashiro. Le vrai meurtrier dans l’histoire, c’est toi et seulement toi. Malheureusement, tu es trop jeune pour que je te traduise en justice. Mais si encore il n’y avait que ça. Non seulement tu es responsable de la mort d’un Uchiwa mais tu es en possession du trésor de notre clan…
- Je n’ai jamais voulu… commença péniblement Kakashi.
- De son vivant, ton père nous a déshonoré, coupa Tashiro sans prendre garde à l’interruption. Ne pense pas que tu pourras te défiler comme lui.
La fureur gonfla la poitrine du garçon.
- Mon père ne s’est pas…
- Difficile d’interpréter un suicide de façon différente, tu ne trouves pas ? répliqua le Uchiwa en accentuant la pression sur la nuque de Kakashi. D’ailleurs si je me souviens bien, tu ne t’es pas privé de faire savoir ton opinion à ce sujet.
Kakashi rougit de honte. La douleur resurgit, intense, violente. Evidemment, ce n’était pas en une semaine qu’il allait rattraper cinq années d’erreurs et Tashiro le savait très bien. Mais la phrase avait eu l’effet escompté. Le Uchiwa sourit méchamment en voyant la détresse illuminer le regard du garçon. A défaut de le tuer, il pouvait toujours le briser. Il ne laisserait pas un gamin de douze ans humilier son clan plus longtemps. Le fait même que quelqu’un d’extérieur au clan possède le Sharingan relevait du blasphème.
- Cet œil te marque à jamais comme le meurtrier d’Obito. Si tu crois que tu vas pouvoir augmenter ta gloire grâce à lui, tu te trompes. Il requiert une puissance mentale et physique que tu es loin d’avoir.
- Je…
- Et n’oublie pas, continua Tashiro en ignorant de nouveau le garçon. Ce n’est pas parce que tu possèdes notre œil que tu es un Uchiwa, Hatake. Jamais nous ne te considérerons comme tel.
- Si c’est ce qui vous inquiète, vous pouvez dormir tranquille, articula faiblement Kakashi qui commençait à manquer d’air.
Il s’interrompit en voyant les yeux de Tashiro devenir rouge sang. Un rouge hypnotique seulement rompu par trois virgules noires tournoyantes. Sa respiration se coupa et il réalisa soudain avec effroi qu’il ne pouvait plus bouger. Tashiro lui tira un peu plus la tête en arrière, provoquant cette fois un gémissement de douleur. Puis, dans un geste plein de froide cruauté, il lui arracha son bandeau d’un geste sec. Le Sharingan d’Obito apparut dans un éclat rouge. Immédiatement, il se vrilla dans celui de Tashiro. Une terrible brûlure éclata dans l’orbite gauche de Kakashi qui retint difficilement un hurlement. Il voulut fermer les yeux mais ses paupières refusèrent de lui obéir, contraignant ses pupilles douloureuses à rester fixés dans les deux Sharingan étincelants en face de lui.
- Tu ne seras jamais un Uchiwa, Hatake. Tu entends jamais. Tu n’es qu’un bâtard, un fils de chien opportuniste, un meurtrier. Je voudrais que tu endures une souffrance éternelle pour ce que tu as fait.
Kakashi ne répondit rien mais son corps était à présent agité de tremblements incontrôlables. Sa respiration sifflante et saccadée ne traduisait pas le quart de ce qu’il ressentait. La sueur se mit à ruisseler sur son visage. La brûlure de son Sharingan devenait insupportable. Combien de temps ce supplice allait-il durer ? Il avait l’impression que des flammes le dévoraient de l’intérieur. Des larmes de souffrance perlèrent de ses yeux. Mais plus que tout, il y avait la douleur morale. Sa culpabilité et sa honte venaient d’exploser de nouveau, menaçant de le rendre fou. Il se haïssait tellement ! Il était coupable. Coupable ! Par pitié, qu’on l’achève !
- Tashiro-sama ! Bon sang mais qu’est-ce que vous faites !
Kakashi entendit cette voix et crut défaillir de soulagement.
Arashi-sensei !
En effet, Arashi venait d’apparaître à une dizaine de mètres d’eux, l’air proprement hors de lui. Voyant cela, Tashiro lâcha immédiatement Kakashi qui s’effondra à terre, sans force. Le jeune homme blond se précipita vers lui et prit rapidement son pouls. Irrégulier. Saccadé. Le garçon était brûlant de fièvre. Il fallait le transporter d’urgence à l’hôpital. Furieux, Arashi se tourna vers Tashiro.
- Vous êtes fous ?! Qu’est-ce qui vous a pris ?
- Je lui ai exposé mon point de vue sur sa situation actuelle, répondit tranquillement le Uchiwa. Rien de plus.
- Comment avez-vous osé vous servir du Sharingan sur lui ? Alors qu’il se remet à peine de la greffe et de tout ce qui est arrivé !! Vous n’avez donc pas la moindre idée de ce qu’il endure ?
- Ce que je sais, c’est qu’il porte notre œil et que ce simple fait est intolérable, Arashi-kun. Je voudrais le voir mort.
Arashi le considéra, scandalisé, choqué.
- Ne dites pas des choses pareilles ! Ce n’est qu’un enfant !
- Un enfant dangereux ! Combien de personnes a-t-il tuées ?
- Nous formons les enfants pour qu’un jour, ils deviennent des ninjas, répondit calmement Arashi, conscient que la situation dérapait. Des soldats. Tuer fait partie de leur quotidien. Nous-même avons été ainsi. Pourquoi Kakashi serait-il différent ?
- Parce qu’il a tué quelqu’un de ma famille !
- Vous savez aussi bien que moi que c’est faux. Et je regrette de constater que vous vous servez de la mort d’Obito comme d’un prétexte pour faire souffrir Kakashi, simplement parce qu’il possède un œil qu’il est loin d’avoir voulu…
Tashiro rougit de fureur. L’un de ses hommes eut un geste pour s’avancer vers Arashi mais le Uchiwa lui fit signe de ne pas bouger et reporta son attention sur le jeune homme blond.
- Surveille tes paroles, Arashi. Ça pourrait te coûter cher. Ta prochaine nomination en tant que Yondaime par exemple.
Arashi haussa un sourcil dans une attitude de parfait mépris, une réplique cinglante lui venant à l’esprit.
- Je ne vous ferai pas l’insolence de vous dire le fond de ma pensée mais sachez que je trouve lamentable que quelqu’un de votre rang s’abaisse à de telles menaces.
Et avant que Tashiro ait pu répondre, il souleva Kakashi évanoui dans ses bras et se téléporta avec lui à l’hôpital.
Le garçon n’y resta que peu de temps. D’une manière générale, il ne supportait pas les hôpitaux. Trop blancs, trop vides, trop froids. Et la mort, partout. Alors il partit dès qu’il en eut la force. Et il ne parla pas de ce qui s’était passé avec Arashi. Il ne le voulait pas et d’une manière générale, s’il voulait entrer chez les ANBU, il devait couper les ponts avec ses amis. Alors il se contenta d’enfouir cette confrontation au fond de son cœur, là où se trouvaient désormais tous les événements de la semaine passée et tout ce qu’il s’efforçait d’oublier.
Quelques jours plus tard, il était intégré dans l’ANBU. Grâce à ses résultats, la procédure administrative fut vite bouclée. En endossant pour la première fois son nouvel uniforme – une tunique noire sans manche, un pantalon de la même couleur, des protections au niveau des avants bras, des tibias et de la poitrine ainsi que des bottes – une étrange impression mêlée de nostalgie et de soulagement face à la nouvelle vie qui s’ouvrait à lui l’envahit. Il était trop tard pour revenir en arrière à présent.
Un ANBU le conduisit au quartier général de formation des recrues, situé en périphérie du village. C’est là qu’il fit connaissance avec son premier capitaine, un homme de taille moyenne et très mince mais à l’aura imposante. Il portait un masque de chien.
- Je suis le capitaine Okara, se présenta-t-il d’une voix profonde qui inspira tout de suite le respect à Kakashi. C’est moi qui suis responsable de ta formation et je ferai mon possible pour t’enseigner tout ce que je sais. Si tu y mets du tien, ça sera rapide. Dans le cas contraire, tu t’es trompé de vocation.
Kakashi déglutit. Ç’avait le mérite d’être clair.
- Trois autres ANBU confirmés composeront notre équipe. Ils sont là pour t’aider à progresser alors n’hésite pas à prendre exemple. Compris ?
Kakashi hocha la tête mais grimaça intérieurement. Son ego resurgit brusquement. Prendre exemple ? Et puis quoi encore ? Il n’était pas un novice. Pour qui le prenait-on ? Comme s’il avait lu dans ses pensées, Okara ajouta :
- Sache qu’Arashi-sama m’a parlé de toi.
Sa voix était posée, sans aucune émotion et de toutes évidences, il n’était nullement impressionné par ce qu’il avait pu entendre.
- Il dit que tu es un excellent élément et au vu de tes résultats, il serait inutile de le nier. Cela dit, ajouta-t-il en voyant la lueur d’autosatisfaction, aussi brève fut-elle, dans l’œil visible du garçon, je te conseille de remettre ton échelle d’auto évaluation à zéro dès maintenant. Nous sommes l’élite. Discipline, anonymat et efficacité sont nos mots d’ordre. Aucune erreur, aucun échec n’est toléré. Est-ce que c’est clair jusqu’à maintenant ?
Kakashi hocha la tête. C’était exactement ce dont il avait besoin.
- Nous sommes des assassins, continua l’ANBU. Des soldats. Le combat est notre univers, la mort notre quotidien. Si tu n’as jamais regardé mourir quelqu’un dans les yeux, inutile d’aller plus loin. Tu n’auras pas les tripes.
- La mort ne m’effraie pas, répondit froidement Kakashi. J’en ai vu bien plus que ce que vous pensez.
- Parfait. Ça évitera bien des problèmes. Je te parlerai du reste plus tard. On va choisir ton masque maintenant.
- Très bien.
Ils se rendirent dans une petite pièce sombre remplies d’étagères sur lesquelles étaient alignés des dizaines de masques d’animaux. Kakashi repéra immédiatement ceux représentant des chats et des oiseaux qui étaient les plus courants. Il distingua aussi quelques masques de grenouille et de singe. Mais aucun ne lui convenait. Il ne sentait pas d’affinité avec ce type d’animaux. Non ce qu’il cherchait c’était…
Soudain, son regard fut accroché par un masque un peu en retrait par rapport aux autres. Il se rapprocha, comme attiré par une force magnétique. L’expression même dessinée sur le plâtre blanc le fascina. Une expression lointaine, distante, froide. Et en même temps féroce. Un masque de loup. Kakashi avança lentement sa main et effleura le masque du bout des doigts. Oui. C’était le sien, il le savait. Ce masque était son reflet même. Il serait à lui et à personne d’autre. Il le prit et se tourna vers son capitaine.
- Celui-là.
L’ANBU hocha la tête, impassible.
- Bien. Suis-moi, on va passer au tatouage.
Okara le mena dans une autre pièce, plus petite et plus sombre au sol dallé où trois autres ANBU attendaient.
- Mets-toi au centre et assieds-toi, ordonna le capitaine.
Déconcerté, Kakashi obéit. Les autre ANBU se placèrent aux quatre points cardinaux et après s’être légèrement coupé à la main, ils entreprirent de dessiner des symboles sur le sol avec leur sang jusqu’au centre où se trouvait le garçon. Là, un des ANBU lui tendit un kunaï.
- Coupe-toi la main gauche.
De plus en plus surpris, le garçon regarda un instant son aîné avant d’obéir, une légère crispation au niveau de l’estomac. Les quatre ANBU souillèrent alors leur index droit avec son sang puis reprirent leur place initiale avant de dessiner d’autre symboles le long de leur bras gauche à partir de leur tatouage. Quand ils eurent fini, Okara se tourna vers Kakashi.
- Prêt ? ça risque de brûler.
- Je suis prêt.
Le capitaine hocha la tête et jeta un regard circulaire à ses hommes. Les quatre ninjas entamèrent alors un long enchaînement de signes dans un parfait synchronisme.
Cochon, coq, singe, buffle, serpent, tigre, rat, dragon, chien, cochon, chien, serpent, dragon, tigre, cheval, rat, coq, singe, cheval, tigre.
Sceau des deux soleils !
Les quatre ANBU posèrent simultanément leur main gauche sur le sol. Aussitôt, les caractères tracés rougirent et remontèrent le long du corps de Kakashi jusqu’en haut de son épaule gauche. Là, ils fusionnèrent en deux flammes couleur sang avant de s’inscrire en grésillant dans la peau du garçon qui grimaça sous la brûlure. Puis les ninjas reculèrent et le sceau cessa d’être lumineux pour adopter une couleur sombre. Kakashi regarda son sceau pendant quelques secondes avant de se tourner vers Okara.
- Je ne pensais pas qu’il s’agissait d’un sceau. A quoi sert-il ?
- C’est à la fois un moyen d’alerter les membres de l’équipe et un signal de téléportation, expliqua le capitaine. Pour l’activer, tu fais les signes du singe, cheval, chien et tigre. A ce moment là, si nous ne sommes pas avec toi, notre propre sceau brillera et on saura que tu as un problème.
- Et on arrivera tout de suite, ajouta l’ANBU à droite du capitaine Okara et qui s’avéra être une femme.
Kakashi hocha la tête.
- Je pensais qu’il s’agissait d’un simple tatouage…
- Et c’est le cas. Ce sceau ne reste activé que pendant la période de formation. Ça permet d’instaurer un climat de confiance au sein du groupe et ça rassure les nouveaux. Une fois que l’on devient officiellement ANBU, le sceau est définitivement désactivé.
- Mais est-ce que ça ne pourrait pas continuer à servir, même après ?
Il y eut un silence gêné puis Okara répondit :
- Une fois que l’on devient ANBU, on est soldat à part entière. On fait partie de l’élite. Et ce qu’il faut que tu comprennes, c’est qu’ici, la mission est plus importante que nos vies. Si on nous confie les missions les plus importantes et les plus dangereuses, ce n’est pas pour rien. C’est parce que nous sommes les meilleurs et que nous n’avons pas la moindre marge d’erreur. Nos vies sont secondaires. Utiliser ce sceau entraverait notre efficacité. Tu comprends ?
Kakashi déglutit péniblement. Il comprenait, oui. Mais ce n’était pas pour autant qu’il approuvait. Il avait oublié à quel point la dimension « ninja = outil » était présente dans la vie d’un ANBU et ça le mettait mal à l’aise. Avant la dernière mission, avant la mort d’Obito, ça n’aurait pas causé le moindre problème. Ç’aurait été normal. Il se sentit perdu. Il avait juré sur la tombe d’Obito de ne plus refaire la même erreur mais d’un autre côté, il avait choisi de devenir ANBU. Personne ne l’y avait poussé. Il inspira à fond. Son regard se durcit.
- J’ai compris, oui.
- Parfait, répondit froidement le capitaine Okara. A présent, tu vas faire connaissance avec ceux qui feront désormais partie de ton équipe. Il jeta un regard aux autres ninjas. Enlevez vos masques.
Ils s’exécutèrent. Un visage de femme et trois d’hommes en comptant Okara apparurent. Kakashi s’efforça aussitôt de graver leurs traits dans sa mémoire. Il devait pouvoir les reconnaître au cas où.
Le capitaine semblait assez jeune, sans doute un peu plus que la vingtaine. Grands yeux noirs, cheveux mi longs, cicatrice le long du menton. Malgré sa taille en dessous de la moyenne, son visage calme et impérieux inspirait l’obéissance.
La femme répondait au nom d’Isane et avait de longs cheveux blonds et des yeux dorés. Kakashi pensa avec un pincement de cœur qu’elle ressemblait beaucoup à Tsunade. Son masque était celui d’un oiseau.
Les deux autres hommes se nommaient respectivement Shinji et Kaito. Shinji était le plus grand et portait un masque de grenouille. Kaito lui était plus musclé et portait un médaillon autour du cou. Le chat était son animal.
Tous trois le saluèrent poliment, sans démonstration particulière d’enthousiasme ou de respect. Il ne leur en voulut pas. L’heure n’était plus à ce genre de détails. Il le comprit à l’instant même où tous les visages disparurent de nouveau derrière les masques.
Discipline, anonymat, efficacité.
Une autre vie commençait. Ou peut-être pas.
voilà ^^ je pense faire deux ou trois épisodes avec les ANBU et après j'entre dans le tragique
