Je te nais à remercier sincèrement tous ceux qui lisaient et commentaient ma fic ^^. En relisant les différents commentaires, j'ai retrouvé la motivation pour la continuer. Je le reconnais elle me fait un peu peur. Je la trouve, un peu... énorme... Le terme est mal approprié mais qu'importe
. En tout cas merci et laissez des comms
!
Chapitre XIX/ Une étrange voie, voix.
Antoine chancela. Il ne comprenait pas réellement ce qu’il lui arrivait. La pièce muette, l’accablait de son silence. Il n’avait pas pris conscience de cette suite d’évènement, et tentait de faire le vide dans son esprit, rassemblant ses souvenirs et les différents faits, tentant de leur trouver un lien, un fil conducteur. Mais les ténèbres et les méandres de son cerveau ne lui permirent guère de discerner quoi que ce soit. Il restait donc là, immobile.
Machinalement, il se dirigeât vers la salle de bain, ouvrit le robinet d’eau chaude et laissa couler l’eau afin de remplir la baignoire. La nécessité de se ressourcer, de retrouver ses esprits l’avait obligé à accomplir cet acte. Il ne prêtait pas tellement attention à ses gestes, son esprit semblait dissocié de son corps, perdu dans quelques contrées inaccessibles. Après avoir de nouveau traversé le salon, il s’orienta vers la cuisine pour se servir un verre d’eau. Depuis cet incident, il se sentait la gorge sèche et éprouvait le besoin de s’hydrater. Il prit un verre dans l’égouttoir, situé à proximité de l’évier. Il resta quelques secondes, bloqué, saisit d’effroi. Il ne comprenait pas. Sa main ! Sa main , n’en était plus une, ou du moins en avait perdu l’apparence. Au si, il demeurait toujours ces cinq doigts, l’articulation du poignet et des phalanges mais tout le reste avait changé. Une étrange impression s’éveillait en lui, cette image paraissait fort bizarre. L’ensemble blanc, comme si les os de son bras avait recouvert sa peau mais non content de le recouvrir avait changé la physiologie de celui-ci. Un plâtre osseux l’avait enveloppé et contemplant ce spectacle étrange, il n’osait croire à une quelconque réalité mais plutôt à un songe perpétuel dont il ne pouvait s’extirper.
Antoine, désarmé face à un tel phénomène, continua finalement son petit manège et après avoir bu son verre, se plongea dans son bain. Cela le dépassait complètement, mais étrangement au fond de lui, cela lui paraissait naturel, comme dans la continuité de ce qu’il vivait depuis plusieurs jours. Et puis il savait que même s’il devenait un monstre, un cafard, ou une fourmi géante, personne ne serait surpris plus que cela. Tout le monde vit dans son monde, déconnecté des autres, ne se souciant guère de l’avenir de son prochain. Les gens ont plus de compassion pour les chiens abandonnés que pour leur voisin crevant de faim. Quelle pourriture abominable, se mit à songer Antoine. Si l’on pouvait annihiler ces insectes insignifiants de la surface de la terre, tout le monde ne s’en porterait que mieux. Et il riait, un rire tendre, mélancolique et dément. Vous savez un de ces rires de méchant que l’on apprécie uniquement dans les films, légèrement trop grotesque pour être vrai, trop grand guignol pour être sincère. Un rire de cinéma, une figure déformée par le rictus de satisfaction face à ces cadavres entassés sous ses yeux. Mais Antoine n’appartenait plus à la réalité. Il l’avait fui, et son seul lien désormais était ce téléphone et cette voix qui résonnait dans sa tête.
L’eau lui avait définitivement éclairci les idées, il se souvenait à présent avec précision le moindre de ses gestes de la veille, les cris des enfants, les larmes des adultes engoncés dans leur costume trois pièces, détruisant la vie de famille entière d’un trait de crayon mais pleurant et implorant une humanité les ayant quitté lorsque face à eux se dresse impitoyable la faux d’un homme croyant à la justice inexorable d’un châtiment suprême. Toute notion du juste et de l’injuste avait fui, notre fragile étudiant. Tiraillé par ce pouvoir qui apparaissait mais aussi à ce sang qu’il venait de faire couler, le long de ses joues glissaient quelques larmes, perles se dispersant au milieu de l’eau crasse de son bain. Que pleurait-il ? La fin du temps de l’innocence probablement. La fin d’un monde, le sien.
Pendant ce temps là, au Quai des Orfèvres, toujours vêtu de son trench coat, Jacques buvait paisiblement son café. Les premiers échantillons d’ADN relevés, n’avaient pas pu permettre de déterminer l’auteur du massacre, aucune personne de leur fichier ne correspondait. Il s’agissait donc, d’une première fois… Il n’avait raté son coup pour son entrée en matière, le salaud, songea l’Inspecteur en contemplant la voûte nuageuse du ciel parisien. Paul, allait et venait, tout agité par cette affaire exceptionnelle.
Avant de se lever, et de rentrer chez soi, il regarda une dernière fois dans ses tiroirs vérifiant méticuleusement si chacun de ses dossiers, étaient soigneusement rangés, si rien ne manquait. Cet obsession de l’ordre, était quelque chose d’inné chez lui, et lorsque ses enfants étaient plus jeune, il ne pouvait supporter de voir le bazar dans leur chambre. Et régulièrement, profitant de leur absence, passait l’aspirateur et nettoyait la poussière sur les étagères. Evidemment, sa progéniture n’appréciait guère ces attentions, lui reprochant de déranger leur capharnaüm et de ne plus retrouver leurs affaires. Tout cela lui paraissait étrangement aberrant, et maugréant, il se réfugiait devant la télévision, se demandant d’où ils pouvaient tenir cette manie du désordre.
Enfin rentré chez lui, après avoir une nouvelle fois profité des sempiternelles embouteillages parisiens, il s’affala dans son canapé, tentant de faire le vide, après cette pénible journée de reconnaissance des corps. Le triste défilement des familles en deuil venant reconnaître un proche. Sa femme, vint lui poser un doux baiser avant de lui servir un verre de whisky. Tendrement, il l’enlaça et la glissa à ses côtés, plus de trente ans qu’ils étaient mariés et malgré les écueils de la vie, restaient toujours amoureux comme au premier jour. Elle, toujours au petit soin, pour ce mari dont elle savait à quel point ses journées pouvaient être rudes psychologiquement et déteindre imperceptiblement sur son humeur du soir.
La sonnerie du téléphone rompit cette quiétude. Traînant des pieds pour arriver jusqu’à lui, il se saisit finalement du combiné, pour maugréer, un « Allô ? » peu avenant. Après un léger silence, un petit rire discret se fit entendre.
_Je vous prie de m’excuser, M. Jacques, fit son interlocuteur dans un français parfait malgré un fort accent asiatique. N’étant pas suffisamment expert en langues orientales, notre inspecteur n’aurait pas pu déterminer le pays.
_A qui ai-je l’honneur ?
_Mon nom est bien peu intéressant, pour une personne telle que vous.
_…
_Vous aimez le sang ?
_Ecoutez Monsieur, ce genre de petit jeu m’insupporte, au revoir.
Il raccrocha mais dans la foulée le téléphone se remit à sonner, avec au bout du fil, la même personne, à la voix légèrement railleuse.
_Une personne telle que vous ne devrait pas se montrer si grossière. Surtout à l’encontre d’une personne comme moi, pouvant lui fournir de nombreuses pistes.
_Vous parlez de quoi ?
_Allons ne jouez pas les innocents… Je parle des évènements qui se sont produits dans le métro, très cher.
_Oui… et ?
_Je ne pense pas que le téléphone soit le meilleur endroit pour en discuter. Que diriez-vous de me retrouver près de la fontaine à Saint-Michel. Bien sûr, je souhaiterai que vous veniez seul. Mais une personne aussi intelligente que vous, l’avait immédiatement compris.
_Hmm… oui… ok, à quelle heure ?
_14h30 ?
_D’accord
Ce sont sur ces mots que la conversation prit fin. Un étrange pressentiment animait Jacques. La voix de son interlocuteur l’avait particulièrement mis mal à l’aise. Et le regard vide, il se rassit sur le canapé, vidant d’une traite son verre, alors que sa femme lui demandait de qu’il s’agissait. Plongé dans ses pensées, il ne l’entendait pas.