drabbles ? topic général

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Aya Völsunga
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Message par Aya Völsunga »

Non, Lebibou, le Yellow Moon vient d'un truc tout simple: je me suis inspirée de l'ending de Naruto avec la musique Yellow Moon d'Akeboshi. Et oui, c'est pas très original, il est vrai. :oops:
Sinon, ma phrase est grammaticalement correcte, j'ai hésité à la mettre mais les autres formulations étaient trop lourdes à mon goût. :razz:

Jainas>> Tomates Mozarella, je préfères (avec un filet d'huile d'olive ;-) )Depuis le temps que je n'avais plus produit, depuis Asahi pour être exacte, je pensais ne plus être dans le coup, c'est tout. Avec tous ces gens doués 8-). J'ai pas beaucoup confiance en ce que je fais, je le sais. :oops:

Sinon, il est vrai que l'idée d'une Sakura qui explose la tête de Sasuke est délicieuse... J'ai pas mal ralé après elle en disant: "mais frappe-le pour lui remmettre les idées en place!" M'enfin... ;-)

Merci pour vos commentaires.
Jainas
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Message par Jainas »

Attention, yaoï. Si ça vous gène ne lisez pas.
Ben... mon premier yaoi les gens... Y'a bien un début à tout hein... :roll:


Rouge.


La première fois qu’ils couchent ensemble, les yeux de Sasuke sont en sharingan.
Ils ne couchent pas ensemble d’ailleurs. Ca tient plus de l’accouplement sauvage que d’autre chose, et à ce moment là il y a entre eux le même potentiel de douceur qu’entre deux tigres mâles forcés de partager la même cage.
Ils s’accouplent, et le sang qui macule le plastron d’anbu de Sasuke est de l’exacte couleur de ses yeux.
Naruto ne pense pas qu’il soit même conscient que sa faculté héréditaire est encore activée, et de toute manière il n’a probablement plus assez de contrôle sur lui-même pour pouvoir la désactiver.
Il est appuyé de tout son poids sur son bras valide, la main enfoncée dans la boue et les doigts griffant convulsivement la terre. Son bras cassé est replié contre son torse, et la douleur doit être insupportable mais Sasuke l’ignore comme il l’a toujours ignorée, et continue à marteler en Naruto comme si sa vie en dépendait. Peut-être en dépend elle d’ailleurs, et peut-être a-t-il besoin de la douleur également…

Naruto ne sait pas bien comment ils en sont arrivé là, à s’accoupler comme des déments dans la boue noire, couverts de sang, à quinze pas du corps encore chaud d’Itachi.
Il se souvient du katana s'échappant des doigts tremblants de Sasuke, des quelques foulées trébuchantes de celui-ci, des virgules du sharingan qui tournent à toute vitesse dans le regard fou de son ami. Il se souvient parfaitement de la manière dont il a agrippé Sasuke par l'épaule pour le forcer à se tourner vers lui et à l'écouter, et de celle, frénétique, dont le bun s'est débattu pour qu'il le lâche.
C'était comme si le combat avait retiré toute la carapace de Sasuke, ses mouvements n'étaient plus ceux d'un guerrier mais d'une bête sauvage acculé, paniquée.
Et puis à un moment ils se sont heurté, et Naruto a disctinctement sentit contre sa cuisse le contact d'une érection. Ils se sont figés, tout les deux, et la décharge de chaleur est allée se nicher directement dans son propre bas-ventre, achevant d'éveiller son corps déjà rongé par la tension du combat. Sasuke s'est arraché à la prise, son souffle déjà irrégulier à présent étrangement labouré.
Ensuite... ensuite il ne sait plus vraiment. La friction, l'empoignade qui change de nature.
Mais à vrai dire il s’en moque. Tout se qu’il ressent c’est un besoin immense. Tout ce qu’il sait c’est qu’il veut, il veut, il veut… Plus vite, plus fort encore, à tel point que les bords de sa vision se teintent de rouge à leur tour tandis que ce qu’il reste de son énergie se libère.
La douleur pourrait être insoutenable si elle n’était pas balayée par le torrent de lave qui le traverse de part en part, les langues de feu qui irradient le moindre de ses nerfs.
Les traits de Sasuke sont crispés. Le masque est parti, brisé, et les larmes qui coulent sur ses joues tracent des motifs abstraits de peau pâle sur le sang qui couvre son visage. Naruto sait instinctivement qu’il a eu raison de lui laisser prendre le dessus. C’est ce dont Sasuke à besoin maintenant, pour ne pas sombrer. Un point d’ancrage qui ne soit pas seulement la souffrance et la folie.
Ressens, tu es vivant. Tu as des raisons de rester.
Reste avec nous Sasuke. Ne part pas où je ne peux te suivre.


Le corps de Naruto se convulse soudain, se contracte, se tend comme un arc. Les yeux rouges se dilatent et dans un dernier mouvement de hanche, avec un cri rauque qui ressemble bien trop à un sanglot Sasuke se vide en lui. La tête de Naruto retombe dans la boue, et la prise de fer qu’il avait d’une main sur son tachi et de l’autre sur les hanches de Sasuke se relâche. Il y aura des bleus.
Mais ce n’est pas comme s’ils n’étaient pas tout les deux suffisamment blessé pour cinq, de toute façon.

Sasuke se retire, maladroitement, en poussant sur son bras, et du coin de l’œil Naruto sait qu’il réajuste son pantalon. Il bouge lentement, ou peut-être est-ce le cerveau du blond qui tourne au ralentit. Ses mains tremblent un peu, mais pas autant qu’avant, et certainement pour de meilleures raisons.
A sa vague surprise, Sasuke ne se relève pas. Il reste agenouillé entre ses jambes, et s’appuie sur l’un des genoux de Naruto. Son visage est étrangement ouvert, plus vulnérable que tout ce dont Naruto se souvient. C’en est presque terrifiant.
Ses yeux sont toujours rouges.

Gauchement sa main gantée vient se poser sur l’abdomen du blond, non loin de son sexe vidé. Le contact est infime, plus léger qu’une caresse, et Sasuke ne bouge pas, ne dit rien. Reste simplement là le regard dans le vide, le bout des doigts posé sur le ventre de Naruto.
Quand ce dernier se redresse finalement et commence à se rhabiller il se relève en silence, et recule de quelques pas. Son regard glisse sur le corps de Kisame tombé sur le sol labouré par le combat, s’arrête sur celui, décapité, d’Itachi.
Naruto se demande ce qu’il pense. Le masque est de nouveau en place.

Il fini d’ajuster son pantalon, remet le tachi dans son dos, et prend dans sa ceinture le sac qui contiendra la tête. Il fait un pas dans sa direction et tend la main.
« Viens Sasuke. On rentre à la maison. »
Le silence dure, et l'espace d'une fraction de seconde qui subsiste une éternité, Naruto est terrorisé ; la folie et la mort sont des compagnes trop proches. Trop familières...
Puis Sasuke hoche la tête.
« Ok. »
Ses yeux sont de nouveau noirs.


-
Dernière modification par Jainas le ven. 07 juil. 2006, 13:24, modifié 2 fois.
Kanji
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Message par Kanji »

Pas mal. J'aime bien l'idée de la tension tellement forte qu'elle demande une compensation immédiate. L'idée d'un désir impérieux de se raccrocher à autre chose qu'à ce vide laissé par une vengeance achevée.

Sinon Jainas, tu n'as toujours pas reviewé mon os...
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Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

J'ai du mal à imaginer Sasuke prendre Naruto après un combat comme ca... Ca, c'est ce que je me suis dit en lisant ton os. Par contre je constate que tu as à atteint un niveau supérieur dans les descriptions, l'environnement s'impose à nous de manière assez saisissante et rien que pour ca ton os valait la peine d'être lu.

Néanmoins, j'ai une question à poser à toutes les fan de yaoi... Pourquoi c'est toujours Naruto qui se fait bourrer? (seme, c'est comme ca qu'on dit?)
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Jainas
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Message par Jainas »

Kanji :

oups ? :lol:

Je l'ai lu pourtant :oops: ...

Que dire ? J'ai beaucoup aimé le côté très formel tant dans le fond que dans la forme.
Le mantra "La guerre a changé " est bien utilisé, et l'aura émise par la princesse est impressionante. J'ai apprécié la manière dont tu a charactérisé l'espace d'un one shot tout les personnages...

La seconde partie fait un peu "apocalypse now", si je puis me permettre l'expression. C'est bien écrit mais peut-être un peu bourin en contraste avec la première ? En tout cas c'est malgré tout bien écrit, pas de doute.

Et si au final on a une impression d'inachevé qui vient peut être du fait de la densité d'informations périfériques, ce n'est pas si génant que ça. En fait, quelqu'un qui n'y connait rien à Naruto peut quasiment tout comprendre... A ce niveau là ce n'est presque plus de la fic. ^^


----

Pour Naruto... et cette histoire de qui est au dessus, a mes yeux ça n'a aucune importance. Ca n'a pas de connotation négative... On sait très bien que les deux sont balaises et viriles et tout ce que tu veux.
En temps normal les deux se battraient sans doute comme des chifonniers pour savoir qui est au dessus, et ça pourrait très bien être Naruto.
Mais là il fait une sorte de faveur à Sasuke, parce que celui-ci perd compètement pied, et qu'il a besoin de quelque chose pour l'ancrer.
Enfin c'est comme ça que je perçois les choses.
Dernière modification par Jainas le ven. 07 juil. 2006, 13:28, modifié 1 fois.
Jade Von Memeth
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Message par Jade Von Memeth »

Néanmoins, j'ai une question à poser à toutes les fan de yaoi... Pourquoi c'est toujours Naruto qui se fait bourrer? (seme, c'est comme ca qu'on dit?)
Nan le Seme c'est l'attaquant et on qualifie le dominé d'Uke.
Et concernant ta question, je (on ?) vois mal Sasuke accepter un jour de se faire sodominer par quiconque (à part par Oro bien sûr :lol:) *hem*. Donc le rôle du Seme lui revient de force on va dire puisque Naruto est disons, plus conciliant. Mais bon, ils peuvent toujours former par la suite un couple réversible. C'est tout aussi satisfaisant.


Enfin bref, je tenais juste à dire que cet OS était fort sympathique et agréable à lire même si c'est totalement OOC ^___^. La tension est bien retranscrite et on comprend finalement assez bien les motivations de chacun.

Un OS intéressant en fin de compte.
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Jainas
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Message par Jainas »

Je ne serais pas aussi catégorique je crois... Le personnage de Sasuke est complexe, et une partie de son arrogance vient d'un complexe d'infériorité de la taille de la chine et de la russie réunies...
Il faudrait certainement que Naruto le lamine pour qu'il accepte d'être en dessous, mais une fois dans le forcé, ou du moins avec l'impression d'avaoir opposé une bonne résistance, il pourrait apprécier.
Mais plutôt crever que de l'admettre évidemment.

Enfin bref.
J'aurais peut-être du ajouter un paragraphe sur commznt ils en sont arrivé là, mais je n'y ai absolument pas pensé. J'avais ma première phrase, et a partir de là j'ai tout écrit d'une traite en composant au fur et à mesure.
Jade Von Memeth
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Message par Jade Von Memeth »

Jainas, si j'étais aussi catégorique que tu l'estimes, je n'aurais jamais alors mis :
Mais bon, ils peuvent toujours former par la suite un couple réversible. C'est tout aussi satisfaisant.
C'est moi où à chaque fois que je poste dans cette section, les gens ne me comprennent qu'à moitié =___= ? Et en plus, ils prennent bien le soin de choisir la moitié qu'ils préfèrent ¬___¬
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Aya Völsunga
Gennin
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Message par Aya Völsunga »

Hum... OS un peu... comme dire... surnaturel. :shock:

Mais foutrement bien mis en place. On ressent cette tension, ce flottement, comme si ce qui se passait était hors du temps, hors du tout.

Tu as réussi à transmettre une certaine sensation de malaise. Sasuke a besoin de quelque chose pour ne pas se sentir vide après sa vengeance.

Je ne polémiquerais pas sur le Seme/Uke. Comme l'a dit Jade, c'est reversible et même que Naruto aurait pu prendre la place de Sasuke. C'aurait pu être une délivrance d'une autre façon.

M'enfin... Un bon OS mais un peu déroutant :razz:
Jainas
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Message par Jainas »

Il était pas prévu pour l'être à l'origine, mais bon. Je considère que "déroutant" est un résultat pas si mal. :grin: ^^
'fin de toute façon cette idée était bizarre depuis le début.

Jade, dsl si tu as mal pris ma remarque. Ce n'était pas du tout voulu... :oops:
Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

Bizarre, à mes yeux, c'est Sasuke qui est le plus susceptible d'être 'dominé' surtout par un type comme Naruto. Fin bon, c'est un point de vue personnel et les apparences sont parfois trompeuse...

Ceci dit tu devrais faire une suite à ton os avec les conséquences des actes de nos deux lascards... Je crois que pour Naruto, il y aura des séquelles :lol: !
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Jainas
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Message par Jainas »

mdr...

Mheu nan, :lol:
A quoi ça sert d'avoir un démon renard de compagnie s'il ne peut même pas te soigner le derrière dans ce genre de cas ? ^^


PS
J'ai édité l'OS, et rajouté une poignée de paragraphes...
Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

C'est beau d'avoir pris en compte nos remarques... :lol: et d'améliorer ton texte encore...

PS: J'avais oublié le pouvoir regenerateur de kyubbi...Je susi impardonnable.
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Arakasi
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Message par Arakasi »

One-Shot magnifiquement écrit!
Tu devrais t'essayer plus souvent au yaoi, Jain'! :grin:

Assez violent mais une violence bien placée et trés bien décrite et dire que c'est moi qu'on accuse de tomber dans le glauque... ^ ^
Je ne trouve pas cette fic particuliérement OS, bien qu'il y ait probablement peu de chances que Kichi nous sorte une scéne pareille :roll: M'enfin sait-on jamais...

Pour en revenir à mes moutons, on m'a conseillé il y a quelques temps d'écrire quelque chose d'un peu plus joyeux que "Sg et Cd", histoire de me changer les idées. Au vu des derniers chapitres, je me suis dis que ce ne serait pas forcément une mauvaise idée.
So...

Nouvel OS sur BLEACH (et oui, je m'obstine...)
Spoil jusqu'au tome 15 sauf erreur de ma part.


* * * * * * * * ** * * * * * * * *

A trop jouer avec le feu…



« Le conseil a rendu sa sentence. Haute trahison.
Fuis. »




Onze heures du matin.
Dans un petit bureau situé dans l’aile ouest des quartiers de la douzième division, un homme est assis et retourne entre ses mains un carré de papier blanc.
Ses doigts minces et agiles effleurent le papier, le plient machinalement en deux puis en quatre avant de le déplier à nouveau. Pour peut-être la dixième fois depuis que le billet a été glissé sous sa porte, il le relie, sourcils légèrement froncés, passant ses doigts dans ses cheveux blonds. L’ombre d’un sourire un peu désabusé glisse sur ses lèvres. Puis il reprend son petit jeu : en deux, en quatre, en huit et ainsi de suite, jusqu’à réduire le morceau de papier à une petite boule chiffonnée qu’il se met à faire sauter d’une main à l’autre. Droite. Gauche. Droite. Gauche. Droite.
Bravade que tout cela, fanfaronnade d’autant plus absurde qu’elle ne s’adresse à personne en particulier ou peut-être à lui-même éventuellement. Une manière comme une autre de repousser l’échéance, le moment où il devra prendre pleinement conscience de la signification de ces quelques phrases griffonnées.
Fanfaronnade encore quand il se lève, jetant par-dessus son épaule le billet qui s’en va rouler jusqu’à l’autre bout de la pièce pour se diriger vers une armoire fixée au mur opposé. Le bouteille de saké et la coupe qu’il en sort sont tout ce qu’il y a de moins réglementaire mais où va le monde si l’on ne peut plus se permettre quelques plaisirs à peu prés innocents ? Et il ne va tout de même pas commencer à obéir aux règlements à deux cent ans passés. Surtout un tel jour et dans de telles circonstances.
Un comble vraiment.
L’homme aux cheveux blonds se drape pompeusement dans ses robes blanches et noires et s’inclinant vers une assemblée imaginaire, porte un toast solennel.
« A votre santé, Kisuke Urahara, capitaine de la douzième division… ! » déclame-t-il.
Et de se mettre à rire en concluant :
« … du moins pour quelques minutes encore. »
Mais son rire se teinte aussitôt d’amertume et il ne peut s’empêcher de noter avec un peu de déplaisir la légère altération de sa voix quand il prononce ces derniers mots. Avant d’être un shinigami et un officier, Urahara n’en reste pas moins un scientifique et en tant que tel il n’a pas l’habitude de s’illusionner sur sa propre humeur, ni sur celle d’autrui. Sa légèreté apparente ne l’a jamais empêché de poser un regard attentif et perspicace sur son entourage. Quand on s’est mis en tête d’élever l’impudence et la provocation au niveau d’art de vivre, bien juger son entourage et ses limites est une précaution des plus élémentaires.
Il semblerait qu’il se soit cette fois un peu surestimé.
Peut-être n’est-il pas un aussi bon analyste qu’il s’était plu à l’imaginer.
Ou peut-être a-t-il tout simplement poussé le bouchon un peu trop loin cette fois-ci. Il avait pourtant toujours réussi à s’en tirer jusqu’à là à force de charme, d’habilité et d’intelligence, toujours réussi à éviter la catastrophe d’une pirouette, d’un entrechat. Baratineur. Enbobineur. Charmeur. Joueur. Jongleur. Véritable « vendeur de salades » aurait dit Yoruichi. Tant de domaines où il s’est révélé si incroyablement doué.
Mais il est une leçon que tout escogriffe, tout escroc doit bien finir par apprendre tôt ou tard.
A trop jouer avec le feu…
… on se brûle.



Un claquement sec.
La porte s’ouvre dans son dos.
Déjà ?
Sans se retourner Kisuke abaisse un regard vaguement ennuyé sur la coupe qu’il tient toujours à la main et n’a pas eu le temps d’entamer. Voilà ce que l’on gagne à vouloir jouer au petit malin. Puis jette un bref coup d’œil au sabre adossé à une des cloisons de la salle. Un bond et il pourra s’en saisir.
Mais il n’a pas à se donner cette peine.
« On peut savoir à quoi tu joues ? »
L’interpellé se retourne nonchalamment et sans s’émouvoir, dédie son plus beau sourire à la jeune femme à la peau sombre debout sur le seuil, une main sur la poignet, des éclairs rageurs dans ses beaux yeux dorés.
« Bonjour ! Bonjour déesse ! Que me vaut l’honneur d’une visite aussi matinale ? » débite-il gaiement sans prêter la moindre attention à la colère de Yoruichi.
Celle-ci lève un regard agacé vers la plafond avant d’indiquer d’un coup de menton la fenêtre ouverte par où entre à flot la lumière du soleil.
« Matinale ? Il est presque midi, rétorque-t-elle sèchement. Kisuke, est-ce que tu as la moindre idée du merdier dans lequel tu t’es fourrée ? »
Haussement d’épaules. Son ami porte la coupe à ses lèvres, montrant d’un vague mouvement du pouce à la jeune femme le coin de la pièce où a atterri le billet si indignement traité. La regarde du coin de l’œil s’agenouiller, se saisir du bout de papier, le déchiffrer rapidement.
Il la voit pâlir.
Quelques secondes suffisent à l’héritière de la noble maison des Shihouin pour se ressaisir mais son trouble n’a pas échappé à l’œil exercé de son compagnon. Il n’en a cure et quand elle se tourne à nouveau vers lui, il la contemple avec un demi-sourire, indéchiffrable et serein.
« Si tôt… souffle-t-elle avant de répéter avec conviction : Mais quel putain de bordel de merdier… !
- Je ne te fais pas dire, acquiesce-t-il gravement. Une coupe de saké ?
- Les hommes du conseil seront là d’un instant à l’autre. Et toi pendant ce temps… tu bois ?
- Je ne buvais pas. Je m’apprêtais à boire, tu m’as d’ailleurs coupé en plein élan et… »
Averti un peu tardivement par la lueur dangereuse brûlant dans l’œil de la belle mulâtre, Urahara s’empresse d’adopter un sourire diplomate. Et tendant le bouteille d’un air engageant :
« Et… vous ne refuserez tout de même pas de partager une ou deux coupes avec un pauvre homme malchanceux bientôt pourchassé comme un gibier de potence, hmm ? N’est-ce-pas ? »
Yoruichi fronce les sourcils, semble osciller un instant entre la colère et le rire avant de se décider pour une solution intermédiaire en saisissant l’alcool offert. Après quelques gorgées à même le goulot, elle repose les yeux sur son compagnon. Celui-ci s’est vautré à nouveau dans le seul fauteuil du bureau, pieds posés négligemment sur la table, plongé pour le moment dans la contemplation méditative de sa coupe. A le voir ainsi, souriant d’un air goguenard, détendu, nul ne se douterait que cet homme-là vient de passer en l’espace de quelques heures du statut de capitaine respecté bien que doté d’une réputation d’excentricité plus que méritée à celui de criminel traqué. Une vie chamboulée de fonds en combles en moins d’une journée.



Nul ne s’en douterait mais elle-même n’est pas dupe.
Et elle note son visage un peu trop pâle, ses traits un peu trop tirés, les cheveux clairs un peu hirsutes, les cernes presque imperceptibles qui se dessinent sous les yeux bruns à l’éclat légèrement terni, le sourire un peu figé, un peu forcé. Il est habile comédien, l’a toujours été, un talent dont il a usé à tort et à travers durant toutes ces années et pourrait donner le change à presque n’importe qui.
A n’importe qui mais pas à elle.
Ceci il n’en a jamais été tout à fait capable bien que ce ne soit pas faute d’avoir essayé. Et il en a parfaitement conscience.
Elle sait que son vieil ami n’est pas spécialement surpris de sa condamnation, tout comme elle sait qu’aussi calme qu’il désire paraître, ces mots-là « Haute Trahison » l’ont frappé comme une gifle, un coup si violent qu’il en est encore à moitié assommé, lui qui s’est pourtant toujours moqué si allégrement de l’opinion d’autrui. Elle sait également qu’il préférerait crever ou bien pire : se voir arracher toutes ses précieuses recherches que reconnaître ou laisser percevoir cette faiblesse. Une faiblesse qu’il est incapable de complètement lui dissimuler.
Elle se demande s’il a beaucoup dormi cette nuit-là. Se demande également s’il en est vraiment à sa première bouteille depuis l’aube.



Et c’est d’une voix un peu adoucie que Yoruichi reprend la parole :
« De qui cette lettre ? demande-t-elle au bout d’un court silence.
- Mmmh ? »
Un nouvel haussement d’épaule, tandis qu’il fait osciller entre ses doigts la coupe à moitié pleine.
« Et comment diable le saurais-je moi ? répond Kisuke. Jyuushiro ou Shunsui, j’imagine. Ils n’ont pas eu l’obligeance de signer. »
Un filet d’amertume, une note un peu désabusée qu’il laisse filtrer malgré lui. Un peu de colère vite réprimée, un peu de peine aussi. Il est dur de sentir les anciens amis s’éloigner prudemment quand la disgrâce s’abat sur vous, emportant tout sur son passage, position sociale, pouvoir, richesse, amitiés…
« Je devrais peut-être m’en débarrasser, songe-t-il tout haut avant d’ajouter avec un gloussement assez peu convaincant : Je leur rendrais un bien mauvais service en la laissant traîner par ici. Hum… Tu penses que je devrais… ? »
Yoruichi ne prend pas la peine de répondre et renverse la tête en arrière, s’accordant deux ou trois gorgées supplémentaires. Kisuke l’observe sans un mot. La coupe danse entre ses mains sans verser une goutte. Droite. Gauche. Droite. Gauche. Droite.
Il hésite.
Elle ne se rappelle la dernière fois où elle l’a vu en proie à l’hésitation. Des années, des siècles auparavant probablement, au temps où ils n’étaient encore tous deux que des gamins avides de prouver leur valeur. Il y a si longtemps de cela.
« Yoruichi… finit-il par lâcher presque à contrecœur.
- Oui ?
- Il serait temps que tu partes également. Tu n’as pas tord, ils ne tarderont pas à arriver et il est hors de question que je reste là à les attendre. Il vaudrait mieux pour toi qu’ils ne te trouvent pas ici. »
La jeune femme ne répond pas et il se sent forcé d’ajouter :
« Je suis… désolé de te créer tant de problèmes…
- Foutaises. »
Urahara sursaute légèrement, la fixe en battant des paupières. Yoruichi lui renvoie un regard amusé : cela va faire bien longtemps également qu’elle ne l’a pas vu réellement surpris. Pour tout dire, elle en éprouve même une certaine satisfaction.
« Foutaises ? répète-il interdit.
- Conneries si tu préfères.
- Et pourquoi ?
- Parce que tes maudits d’ennuis je les ai sur le dos quoi qu’il arrive, bougre de crétin. Je viens avec toi. Tu ne t’imaginais tout de même pas forcer les portes de la Soul Society à toi tout seul ? Finis-moi cette coupe et filons d’ici tant qu’il en est encore temps. »
Et le visage pâle et rasé à la diable s’illumine.
Des petits changements presque invisibles que seul un ami proche pourrait remarquer : le sourire qui s’élargit imperceptiblement, une lueur allègre bien connue qui s’allume au fond des yeux bruns et tant de petits détails qu’elle seule est à même de percevoir. Comme si un voile d’abattement, d’inquiétude invisible aux yeux du profane s’était soudainement levé.
Et le rire qu’il laisse échapper sonne plus franc et plus gai que tous ceux qu’il a émis jusqu’à là, un rire contagieux, joyeux, propre à réchauffer les cœurs et les âmes. Et sans même y songer, Yoruichi se surprend à rire avec lui.
Toujours hilare il porte le saké à ses lèvres, se ravise et tendant la coupe dans sa direction :
« Un toast, déesse ?
- Si tu y tiens, sourit-elle. A Kisuke Uraha…
- Ah non ma belle ! la coupe-t-il indigné. Je n’ai pas besoin de compagnie pour me porter des toasts, tu le sais bien. »
Et se campant devant elle, dos courbé dans une révérence extravagante :
« A Yoruichi Shihouin, déesse de la vitesse ! Puisse-t-elle nous faire encore longtemps bénéficier de sa divine lumière, pauvres mortels que nous sommes ! »
Il vide sa coupe d’un trait et lui tend galamment le bras, assortissant ce geste d’un mouvement de tête expressif vers la porte. Yoruichi secoue la tête en souriant, prend le bras offert et se laisse entraîner. Arrivé au seuil, Urahara s’immobilise, fronce un instant les sourcils comme frappé par une idée soudaine.
« Hum… M’accordes-tu instant, ma belle ? »
Elle le regarde faire volte-face, se diriger à pas vifs vers le bureau où trône toujours la bouteille à moitié vide qu’il considère d’un air songeur. L’ex-capitaine de la douzième division détache de son épaule son insigne brillante, s’en frotte un instant le menton avant d’aborder l’expression extrêmement satisfaite de l’enfant de sept ans s’apprêtant à commettre un mauvais coup. Un petit geste désinvolte et la fine plaque métallique atterrit au fond de la cruche soulevant quelques éclaboussures au passage. Son ancien propriétaire se fend aussitôt d’un large sourire puéril.
Yoruichi se met à rire.
« Gamin » se moque-t-elle gentiment.
Kisuke lui décoche un clin d’œil crâne, tire une plume de poche et de sa plus belle écriture lyrique trace quelques lignes à même la table. Considère gravement son œuvre pendant quelques secondes puis rejoint la jeune femme.
« Tu sais comment on appelle cela ? diagnostique-t-elle, haussant un sourcil railleur. De la provocation infantile. »
Son ami hoche la tête, tout en l’escortant vers la sortie, bras dessus, bras dessous. Un sourire faussement navré :
« Je le sais bien. Que veux-tu ? Je suis un incurable.
- Gamin…
- Yoruichi ?
- Mmmh ?
- Je suis heureux que tu sois venue. Et je t’en remercie. »
Et aussi improbable, aussi surprenant que cela puisse paraître, il pourrait jurer l’avoir vu fugitivement rougir.
« Pas de quoi. »



* * * * * * * * * * * * * * * *



Cinq minutes plus tard quand les capitaines Kaname, Ukitake et Komamura délégués par le conseil pour se charger de la personne de l’ex-capitaine Kisuke Urahara, arriveront dans l’ancien bureau du renégat, ils le trouveront vide.
L’oiseau se sera envolé ne laissant derrière lui qu’une bouteille de saké à demi pleine posée bien en évidence sur la table et un court message gravé à même le bois.
Un message qui fera brièvement froncer les hautains sourcils du capitaine Kaname, arrachera un sourire vite réprimé aux traits pâles et maladifs du capitaine Ukitake et une bordée de jurons des plus expressifs au si flegmatique capitaine Komamura.



« A messieurs les capitaines des treize divisions,
Veuillez recevoir l’expression de mes plus profonds respects, ainsi que mes sincères condoléances pour la perte d’un de vos membres les plus estimés. Un homme des plus brillants dont la disparition, je n’en doute pas, causera un vide irréparable dans la Soul Society.

Kisuke Urahara,
ex-capitaine de la douzième division, actuellement en vadrouille pour cause de divergence d’opinions avec l’autorité en place.

PS : L’insigne se trouve quelque part au fond de la bouteille de saké. Mon successeur peut se la fourrer là où je pense avec ma bénédiction. »


* * * * * * * * * * * * * *


Pas à franchement parler un Urahara/Yoruichi mais dans ma tête si.
Plus ou moins pathologique je le crains bien.
Dernière modification par Arakasi le lun. 17 juil. 2006, 18:47, modifié 2 fois.
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lebibou
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Message par lebibou »

One Shot Jainas :

Bien, bien, bien…
Comme d'habitude je n'ai rien à redire sur la forme. C'est superbement écrit et ça pose une atmosphère avec une facilité déconcertante (voire moqueuse).
Par contre, pour le fond… Moins glop déjà. Certes, tu décris ce qui apparaît la seule relation sexuelle inimaginable entre ses deux là (selon moi du moins).
Néanmoins, ce n'est pas parce que c'est la seule valable que je l'apprécie pour autant.
Bref, un très bon One-shot qui ne m'a pas plus pour autant.

One Shot Arakasi :

Arakasi, Arakasi…
Ce n'est pas en lisant Sang & Cendre qu'on s'attend à lire des petits passages de rien et très mignon.
A croire que l'hypothétique couple formé par Kisuke et Yoruichi t'a tappé dans l'œil.
Je ne vais pas me plaindre parce que c'est beaucoup plus relaxant à lire. On a moins l'impression d'avoir un couteau sous la gorge.
Enfin bref, je m'égare. One-shot très crédible et très bien avec un Kisuke au sommet de son art en alcoolique anonyme, avec toujours ses petites pointes d'humour sarcastiques. (J'adore quand il joue le rôle du narcissisque dans la lettre. C'est tellement dans le personnage)
Par contre, je trouve que si ton objectif était de faire un Yoruichi/Kisuke, j'ai le regret de te dire que pour moi c'est raté.
Ça passe plus pour une amitié très forte que de l'amour.
Bref, un très bon One shot.
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