
Après avoir vu ce film je suis bien resté 10 bonnes minutes assis devant l'écran a reprendre mes esprits. Je n'arrivais pas à y croire, j'avais vu un chef d'œuvre non seulement visuel mais aussi philosophique. Ce film on l'adore ou on le déteste, je fais partit de ce qui le venere . Parce que sous son apparence violente, ce film nous parle d'amour. Et si David Fincher prend le partie d'une mise en scène spectaculaire, il n'en éclipse pas pour autant le discours au contraire il le sert. Car rien n'est plus ordinaire qu'un type qui se sent tellement anonyme et seul qu'il n'a ni nom et ni personne pour en parler. Se taper dessus c'est le côté gentil du film, car le fond, le vrai discours du film est bien plus dérangeant que quelques coups de poings.
Fight Club est une révolution, dans le sens où le film porte un certain regard critique sur la société de consommation. Est-il sain pour nous de penser que le fantasme ultime de la perfection soit incarné par Brad Pitt ? Ainsi quand le scénariste écrit "les choses que vous possédez finissent par vous posséder", le réalisateur nous le démontre avec l'ameublement de l'appartement du narrateur, filmé comme un catalogue Ikéa. Nous voyons un monde aseptisé, enfermé dans du papier glacé. Est-il possible de vivre quand on travaille pour se payer une vie qu'on nous suggère à grand renfort de publicité remplie d'anorexiques et de mannequins retouchés par Photoshop ? Et si Ikéa est pris comme cible ce n'est pas par hasard. Fléau des temps modernes, certes sous la forme de lampes en papier recyclé, mais fléau quand même dans le sens où c'est la culture des apparences, fragiles, temporaires, voyantes, et périmables faites pour être perpétuellement remplacées.
Puis Tyler arrive avec ses discours rafraîchissants directs et efficaces, sa vision critique de la société nous semble juste, et quand les choses dérapent petit à petit, on ne peut déterminer le moment où nous avons eu tort de le suivre. Car tous les actes de révoltes contre la société semblent très sympathiques du moins au début. Nos hommes vont faire exploser les cafés franchisés, symbole de l'uniformisation et de la standardisation, (José avait-il vu Fight Club ? ^^) faire voler des pigeons sur de belles BMW, ou plus fort faire de faux braquages nommés "Human Sacrifice" pour redonner le goût de vivre aux victimes. Pour cela Tyler forme une armée de singes de l'espaces, en référence aux animaux sacrifiés pour la course à la lune. Et là on se rend compte que rien n'a changé: au lieu de gagner en liberté, les membres du Fight Club suivent Tyler Durden comme autrefois ils suivaient fidèlement le style Calvin Klein. La liberté est-elle une illusion ?
Et c'est ainsi que le film nous ballade en nous donnant l'impréssion d'avancer alors que nous retournons en fait sur nos pas. Nous pensons nous échapper, mais nous nous retrouvons en face des mêmes problèmes sans en avoir résolu aucun. Et si le film est aussi fort c'est parce qu'il pose les base d'une réflexion sans prétendre avoir de solutions miracles. Il pointe les dangers de notre société tout en nous mettant en garde contre la folie de vouloir la changer par une idéologie si belle sur le papier.
Mais ce n'est pas le seul message que l'on pourrait en tirer malgré une image très sombre et un portrait ravageur de notre vie, il ne tient qu'à nous d'être heureux, et c'est bien sur cette note d'espoir que nous quittons le film ( avec en passant un superbe titre des Pixies ).
Pour ne rien gâcher, la démonstration du réalisateur rend le discours encore plus accessible. Le film est un bon résumé de tous les procédés cinématographiques possibles pour illustrer un propos, cela va des fameuses images subliminales de Tyler, aux flash-backs, en passant par les plans recréés entièrement par ordinateur. En clair quand le fond, égal à la forme, atteint un tel niveau peu importe son nombre de détracteurs, vous ne pourrez juger que par vous-même des influences que ce film aura ou non sur votre façon de penser. Peut-être confirmera-t-il votre façon de voir le monde, peut-être qu'il vous fera changer d'avis. Mais ce film ne devrait pas vous laisser indifférent. Vous ne pouvez passer à côté car ce film n'est pas standardisé, c'est un film unique dont on ne peut pas parler sans l'avoir vu. Je ne vous conseille pas ce film je vous l'ordonne

je suis d'ailleurs en train de finir le bouquin de Chuck Palahniuk