C'est l'occasion d'embrayer, vu que personnellement, j'ai kiffé
Sky Crawlers.
The Sky Crawlers de Mamoru Oshii :
La construction même de
Sky Crawlers est à double tranchant, à l'image du
Shutter Island de
Scorsese. Le film dans son ensemble met en exergue une réalité, un état d'esprit. Si
Shutter Island fonctionnait tel un théâtre de marionnettes,
Sky Crawlers, lui, prend la tangente qui l'oriente vers le travail de
Mendes sur
Jarhead, où l'inaction est le maitre mot. Les personnages sont enchâssés dans un smili purgatoire, en attente de jugement. Narration et mise en scène fonctionnent de concert, articulés par le score de
Kawai dans le but unique de traduire la neurasthénie des personnages. Les kildrens, plus machines – d'où le chara-design ultra standardisé – qu'humains, errent tels des fantômes, dans l'attente d'un conflit-spectacle orchestré par la société.
Sky Crawlers est l'exemple même du film concept; film dans lequel je me suis perdu, tout comme les personnages semblent perdus dans les décors les environnants. L'expérience est vivante à travers l'effet de contre-coup. On évolue dans un univers mélancolique, une nébuleuse où artificialité, réalité et souvenirs se confondent.
127 Heures de Danny Boyle :
127 heures ou le calvaire d'un homme plongé dans la tourmente. Après l'épouvantable et Mtvesque
Slumdog Millionnaire, fable douce-amère proprement écœurante,
Boyle revient – une nouvelle fois en compagnie de son scénariste
Beaufoy – avec la chronique minimaliste d'un homme confronté à la nature. Le dynamisme inhérent à la mise en scène de
Boyle enlève – souvent – le film et ce dès l'ouverture faisant office d'exposition énergique et idyllique.
Franco est impérial. On rit avec lui, on souffre avec lui. Car l'argument de vente est là : la vision du sacrifice physique pour vivre, traduction du masochisme populaire, du plaisir du sang et de la complaisance pour la souffrance d'autrui. Illustration parfaite du talent de
Boyle pour retranscrire par l'image et le son la douleur absolue de son personnage principal, cette scène n'en demeure pas moins étonnamment intimiste et finalement peu frontale. À la réussite notable de cette séquence s'oppose la lourdeur lacrymal du temps perdu. L'ombre du "slumdog" plane encore sur un cinéaste dont le show commence à tourner en rond.
Parfois hallucinant, souvent halluciné.
Les Beaux Gosses de Riad Sattouf :
Pas revu depuis le ciné. C'est toujours aussi frais et agréable.
Sattouf joue à merveille avec ses personnages et traduit avec justesses les maux de l'adolescence. Tour à tour, on s'esclaffe à la vue des situations auxquels sont confrontés Hervé et Camel, on a presque honte d'avoir été un tant soit peu comme eux. On contemple aujourd'hui d'en haut ce microcosme scolaire et les comédies et tragédies qui s'y déroulent. Les dialogues sont hyper savoureux, à l'image de
Retour au Collège. C'est bien interprété et bien shooté.
Un premier film impressionnant de caractère et de lucidité.
W. d'Oliver Stone :
Le seul
Stone qui me manquait. Certes, ce n'est pas du niveau de
J.K.F,
Any Given Sunday ou
Alexandre, mais ça n'en reste pas moins puissant. Troisième volet de sa trilogie présidentielle,
W. est un film déroutant. La démarche du réalisateur pour étudier l'ex-président lorgne plus du côté de
Nixon, tout en gardant la spécificité même de
Bush Jr. Pathétique, tragique, comique.
Stone présente l'homme à travers la saga familiale, adoptant une construction de récit éclatée alternant moments clés de la présidence et passé, pour se clôturer sur la pente descente résultant du bourbier irakien.
W., l'homme bâti par son entourage, écrasé par le poids du père et constamment dans l'ombre du frère. La construction du récit est en phase avec le personnage lui même raconté;
W. le film est un agglomérat de scènes, d'épisodes qui construisent
W. l'homme. Lui qui n'était rien se construit à travers les autres, mais dans un cadre purement familial. C'est incisif, fascinant ( la scène validant l'attaque en Irak constitue le sommet du film) et diablement bien interprété.