Oula, ça poste trop vite sur ce forum ...
Guts Rendan > Le débat n'a absolument rien de politique ^^ on parle économie, conjectures et éventuellement géologie, la seule touche politique vient lorsqu'il faut parler de la non-responsabilité de nos dirigeants par rapport au peak oil. J'ai cité les Verts à titre d'exemple - parce qu'à ma connaissance Yves Cochet est le seul politique français qui se préoccupe du problème - et le débat n'a pas vraiment dévié sur les Verts et la politique en France ... donc ...
Et même si j'adore les bon gros délires de groupes avec huit smileys à la ligne, j'pense qu'un petit débat sur quelque chose de sérieux ne peut pas faire de mal. Ca permet de lire des opinions et de se faire la sienne. Perso je ne veux pas "influencer le jeune public" mais juste l'inciter à se poser des questions, et à se documenter sur le problème.
Pour finir, les questions sur les autres énergies ne sont pas totalement hors topic, puisque c'est aussi un sujet abordé par le site donné un premier lieu.
Nil Sanyas =
Heu... ça fait très très très longtemps qu'on en parle (certains à l'époque disaient qu'on aurait plus de pétrole avant l'an 2000 ou 2010 je sais plus - belle connerie d'ailleurs).
On parle de la fin des réserves de pétrole, mais est-ce qu'on parle du Pic de Hubbert ? Non, et c'est pour cette raison que l'idée la plus répandue est que la production de pétrole va aller croissante jusqu'à total épuisement des réserves. Ce qui n'est pas le cas, et c'est bien ça le plus dangereux.
Non, le problème n'est pas du tout couvert par les médias, et encore moins les politiques (c.f.
cette review d'une émission de "C dans l'air" dédiée au pétrole ... une émission 'intellectuelle' qui passe pourtant à côté du problème.)
Tiens, prise sur le topic sus-cité, une phrase intéressante qui résume un peu l'état d'esprit général ...
Faisons confiance à la technologie pour résoudres les problèmes de la technologie (Doctrine US et également de Jean XXIII - il ne s'en remettait pas qu'à Dieu !)
Le forum d'Oléocène est assez instructif
http://www.oleocene.org/phpBB2/index.php
Samkuragi > Je ne connais pas bien la fusion nucléaire ... je ne sais pas si ça peut vraiment remplacer le pétrole, une énergie facile à produire et à utiliser qui jouit déjà d'une chaine de production et de consommation énorme ...
Personnellement, j'ai pas confiance en l'homme. Je pense qu'on est largement capables de s'amener vers une crise économique majeure par nous-mêmes. Ce n'est pas parce qu'un filon est rentable qu'une entreprise va défier les lois de la physique pour parvenir à l'exploiter. Ce n'est pas parce qu'il y a de l'argent à se faire dans un domaine que ça se fera. L'avidité n'engendre pas de miracles ...
Pyjama > C'est pas gentil de me faire douter comme ça
Je me suis donc documenté sur la question et voilà ce que j'ai trouvé.
Tout d'abord, un rappel de la thèse de Jean-Marc Jancovici :
Différentes sortes de réserves. Les réserves publiées par les opérateurs pétroliers aux USA correspondent à la seule première ligne (les réserves prouvées), mais ailleurs dans le monde la notion de "réserve", sans autre précision, signifie généralement l'addition de 100% des réserves prouvées, de 50% des réserves probables, et de 25% des réserves possibles.
Ces deux dernières classes de réserves correspondent soit à du pétrole dont la découverte n'a pas encore eu lieu, mais qui est considérée comme plus ou moins probable, soit à du pétrole déjà découvert mais non encore mis en exploitation, soit à des réévaluations "déjà prévues mais futures" du potentiel de réservoirs déjà découverts, parce que les technologies vont s'améliorerou la taille du gisement va être revue à la hausse.
Notons aussi que les réserves dépendent de manière cruciale du taux de récupération, c'est-à-dire du rapport entre le pétrole présent dans le réservoir au début de l'exploitation (qui peut ne jamais être connu avec précision ! ), et la partie qu'il sera possible de remonter du début à la fin de l'exploitation.
En gros : il y a les réserves connues de pétrole, les réserves qu'on suppose être réelles selon des indices scientifiques, et les réserves à propos desquelles on n'a aucune idée (!).
Cette estimation permet donc de conjecturer sans grande précision les réserves de pétrole. Mais le côté approximatif de la chose n'est pas le plus important.
Ce sîte aborde le problème du peak oil ; la partie qui suit est particulièrement intéressante vis-à-vis du problème des réserves.
Des réserves "prouvées" bien subjectives
L’Aspo pointe du doigt des biais et des tricheries systématiques dans la mesure, le report et l’agrégation des réserves des champs pétrolifères de la planète.
Le docteur Colin Campbell est le fondateur de l’Aspo. Après avoir soutenu sa thèse à Oxford en 1957, cet Anglais a passé près de 40 ans dans l’exploration et l’évaluation de champs pétroliers. Il dit : "La mesure de ce que contient un champ pétrolier est toujours en partie subjective. C’est un simple pari de géologue." L’expert anglais ajoute : "Pour parler de ce qui reste dans un champ en exploitation, on utilise l’expression "réserves prouvées" qui ne correspond en fait qu’à un calcul de probabilité dont les critères varient selon que l’on travaille pour les Etats-Unis, la France ou la Russie."
Les chiffres officiels sur les réserves "restant à découvrir" sont exprimés à travers trois valeurs différentes, appelées F95, F50 et F5. La première indique la quantité de pétrole disponible avec une probabilité de 95 %, la seconde avec une probabilité de 50 %, la troisième avec 5 %. Pour l’Algérie, les données de référence publiées par l’organisme officiel américain USGS (United States geological survey) indiquent que ce pays a :
- 95 % de chances de découvrir encore 1,7 milliard de barils de pétrole conventionnel ;
- 50 % de chances de découvrir 6,9 milliards de barrils ;
- 5 % de chances d’en découvrir 16,3 milliards.
Or dans les rapports sur lesquels s’appuient les gouvernements, les banques ou les actionnaires, on ne retient en général qu’une valeur médiane, appelée ("Mean"), entre les trois niveaux de probabilité. Pour l’Algérie, cela donne 7,7 milliards de barils. Peu importe qu’un rapport de presque 1 à 10 sépare F95 et F5. Et que le chiffre finalement retenu ait moins d’une chance sur deux de chances d’être atteint !
Tout ça pour dire qu'il faut ABSOLUMENT se méfier des chiffres communiqués par les états et les grandes firmes pétrolières. Ils sont souvent falsifiés. Je sais, ça fait très 'théorie du complot', mais malheuresement je pense que c'est la réalité.
Pour quelle raison, me direz-vous ? La voici.
Sous la pression financière
Si les pays producteurs exagèrent leurs ressources, c’est aussi parce qu’elles permettent d’obtenir plus facilement des prêts bancaires. Jean Laherrère commente : "Les chiffres officiels des réserves pétrolières, sont loin d’être des données purement scientifiques. C’est le reflet d’un patrimoine financier que les Etats valorisent ou déprécient selon leur intérêt du moment."
Pour l’Aspo, l’ensemble de ces sources d’exagérations contribuent à faire croire que le peak oil, et la flambée qu’il entraînera sur les prix, n’arrivera pas avant après-demain. La réalité pourrait être tout autre : "Compte tenu de l’opacité des données, il se peut très bien que le pic soit déjà derrière nous", prévient Colin Campbell.
L’expert fondateur de l’Aspo a publié un article dans lequel il estime à 1750 milliards de barils les réserves totales de pétrole conventionnel (déjà découvertes + probables). Côté USGS, le chiffre officiel est de 3000 milliards de barils, soit 1,7 fois plus.
Pyjama =
Enfin, la fin du pétrole n'est quand même pas synonyme de fin du monde.
Non, mais plus probablement la fin du monde que nous connaissons. Plus de transports, plus de mondialisation, moins de nourriture ... bref une vie infiniment plus dure que ce que nous vivons actuellement. C'est le pire des scénarios ; mais malheureusement il reste probable.
Pyjama =
Et l'optimisme que je montre comme d'autres forumeurs est un truc qui s'argumente pas trop. C'est plus du feeling qu'autre chose dans mon cas.
Ce genre de phrase me rassure pas du tout =D.
Se baser sur un 'feeling' est assez approximatif, avouons le. Je comprends que la plupart des gens n'aient pas envie de croire au peak oil. C'est normal de se montrer dubitatif, mais il faut savoir se rendre à l'évidence plutôt que de suivre un 'feeling'. C'est une course contre la montre.
Pour finir, deux liens somme toute indispensables :
http://aspofrance.org/ et son pendant international
http://www.peakoil.net/.
[EDIT : Pyjama > Tu trouves dans la
liste des membres d'ASPO France le nom de Jean-Marc Jancovici. Je ne pense pas qu'on puisse interpréter ses écrits comme réfutant le peak oil.]