Crise - équipe 8 next Gen

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Jainas
Jounin
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Crise - équipe 8 next Gen

Message par Jainas »

Voici ma seconde fanfic.
Elle se focalise sur l'équipe 8 (Shino, Hinata et Kiba), qui sont finalement très peu dévelopés dans le manga. Bien que je n'ai aucun engouement spécial pour Kiba, c'est de lui que l'idée m'est venu, il a donc l'honneur du premier chapitre. (Ledit chapitre est plutôt violent, mais rassurez vous les suivant sont moins sanglants.)
Au niveau du style, je me suis inspirée de l'excellente novélisation de l'épisode 3 de Star Wars, de M.Stover. Ce qui ont lu comprendront, aux autres je ne peux que conseiller la lecture, c'est un superbe ajout au film, nottament au niveau psychologique. Une perle.
Prochain chapitre, Hinata. :) Il est presque fini.

Petite note avant de commencer la lecture, la fanfic se passe pendant next generation, après la confrontation contre Akatsuki, mais ne comporte aucun spoiler. Et une dernière chose, que je trouve amusate : "kiba" signifit "croc" en japonais (d'ou un jeu de mot dans la fic).

***
CRISE

Un : Kiba

Kiba se tassa un peu plus sur lui-même et adressa au ninja qui se dressait devant lui un regard bouillonnant de colère et d’animosité, assortit d’un grondement menaçant.
" Tu peux aller te faire voir, espèce de fils de pute, tu n’obtiendras rien de moi… »
Le regard du ninja au visage scarifié s’assombrit de contrariété, et sans un mot il s’avança d’un pas et allongea un coup de pied magistral dans le ventre de Kiba, projetant le jeune homme vers le mur.
Quand les pierres anguleuses entrèrent en contact avec son dos, meurtrissant la chair, un râle involontaire s’échappa d’entre les lèvres serrées du jeune ninja. Ignorant la douleur, il ramena tant bien que mal ses jambes sous lui, et appuyant ses avant bras sur le mur derrière lui, il parvint à se stabiliser en position accroupie.
Ses bras étaient attachés dans son dos, tirés vers l’arrière dans une position incroyablement douloureuse, qui lui démettait lentement mais sûrement les épaules, et autours de ses doigts étaient passées les entraves que l’on utilisait pour empêcher les ninja captifs de former des sceaux.
La sensation était pour le moins… désagréable.

Mais malgré cela, le grondement rauque et menaçant était de retour, s’échappant de la gorge du jeune homme. Ses lèvres se retroussèrent dans un mouvement de défit instinctif, révélant des canines anormalement longues et effilées ; et malgré sa position ramassée, il sembla véritablement se hérisser, émettant une aura dangereuse et fluctuante…
Le ninja du son aurait dû écouter ses instincts.
S'il n'avait pas été tellement sûr de sa position de force, s'il s'était autorisé à accorder ne serais-ce qu'une attention machinale au vague malaise qui s'emparait de lui tandis que des instincts bien trop érodés se mettaient en branle, il aurait sans doute pu éviter beaucoup d'ennuis.
Il aurait dû écouter ses instincts…
Mais malheureusement pour lui il ne le fit pas.

Le clan Inuzuka avait signé un pacte de sang avec les chiens.
Mais, contrairement à ce que beaucoup pensaient, cela allait bien plus loin que la simple aide au combat, bien plus loin que se battre, manger, dormir ensemble… Cela allait plus loin que les quelques caractéristiques physiques définitivement animales que les membres du clan partageaient avec leurs chiens…
Cela signifiait qu'ils faisaient partie de la meute.
Et si le ninja du son avait écouté ses instincts, il aurait reconnu la posture de Kiba, et réalisé que, tout comme un loup, c'était acculé qu'il était le plus dangereux.

Avec un cri de guerre rauque et inintelligible, le jeune homme bondit, et referma ses crocs sur la gorge de l'homme, l'entraînant avec lui dans sa chute.
Aussitôt la pièce plongea dans le chaos.

Autour de lui, il pouvait entendre les jurons paniqués et surpris des autres ninjas, et les râles de sa proie qui se débattait, mais tout cela ne lui parvenait qu'en arrière plan, couvert par la détermination farouche qui l'habitait.
Quand un coup de pied dans son visage lui fit exploser la pommette, il ne desserra pas les dents. Il n'avait réussit à atteindre la jugulaire, mais s'il lâchait prise il n'aurait pas d'autre occasion.
Aussi se cramponna-t-il à l'homme, serrant désespérément les dents, ignorant le goût cuivré du sang qui envahissait peu a peu sa bouche, la douleur et les coups de ninjas déterminés à lui faire lâcher prise.
Il ne su pas combien de temps il avait tenu comme ça, uniquement concentré sur l'homme auquel il se raccrochait de toutes ses forces. Mais soudain, un spasme de douleur le traversa et il ne pu retenir un cri, relâchant sa prise de la gorge de sa proie : en désespoir de cause, l'un des ninjas du son venait de lui casser le bras.
Aussitôt des mains ennemies le clouèrent au sol, l'immobilisant et le rouant de coup, tandis que d'autres mains lui arrachaient sa proie, l'aidaient à se relever.
Kiba se débattit en vain, donnant des coups de pieds dans le vide, et tentant de mordre tout ce qui passait à sa portée, se contorsionnant inutilement. L'un des ninjas cala son genou dans son dos, et d'une main tordit le bras cassé tandis que l'autre saisissait sa nuque d'une poigne de fer et aplatissait son visage ensanglanté contre le sol glacial.
Il entendit indistinctement une voix irritée et vaguement hystérique ordonner qu'on lui trouve un bâillon. Il ne se passa que quelques secondes avant qu'il ne sente une main enserrer sa mâchoire, le forçant à ouvrit la bouche tandis qu'on forçait sans cérémonie un tissu rêche et épais entre ses dents.
Un troisième homme s'agenouilla derrière lui, serrant le nœud au maximum et lui coupant presque la respiration…
Et soudain la pression sur son dos et sa nuque disparue alors que les hommes qui l'avaient immobilisé se redressaient et reculaient de quelques pas, le laissant le souffle court et incapable de faire le moindre mouvement, quand bien même sa vie en aurait dépendu.

L'homme que Kiba avait attaqué haletait lourdement, une main crispée une compresse qui rougissait lentement. Le sang avait coulé et noircissait ses vêtements.
Un ninja médical s'approcha et, découvrant la plaie, tenta de masquer une grimace désapprobatrice qui n'échappa cependant pas à Kiba.
" Commandant, il faudrait que vous me suiviez à l'infirmerie… "
Le ninja scarifié fit signe qu'il avait entendu mais se dirigea vers Kiba avec une lenteur délibérée. Le jeune homme lui adressa un regard farouche et tenta de se redresser, mais d'un coup de pied l'homme le retourna sur le dos, lui arrachant un cri de douleur étouffé quand l'angle de son bras se fit un peu plus anormal…
"Je m'occuperait moi-même de… l'interrogation… de ce chien… Il fera moins le fier quand on lui aura limé les crocs…"
Kiba constata avec une vague satisfaction que la voix de 'tête de sillon', comme il avait intérieurement baptisé le ninja, était rauque, et que les gargouillis qui accompagnaient chaque mot signifiaient que le sang coulait dans sa gorge et, avec un peu de chance, dans ses poumons.
Rassemblant ses forces tandis que les ninjas du son quittaient un à un la cellule, il chargea son regard de toutes les promesses de mort violente auxquelles il pouvait songer dans l'instant et les toisa férocement les shinobi, jusqu'à ce que la porte se referme sur le dernier d'entre eux.
Même après cela il continua à fixer farouchement le panneau de bois, comme s'il espérait creuser un trou à travers par la seule intensité de son regard. L'odeur entêtante du sang brouillait peut être son odorat, mais son ouïe lui indiquait clairement que les ninjas ennemis étaient encore derrière la porte.
Puis, peu à peu, les voix se turent et le bruit des pas décru dans les couloirs.
Alors seulement, Kiba autorisa sa tête à retomber sur le sol et ses yeux à se fermer.

Au prix de quelques douloureuses contorsions, il parvint à se basculer sur le flanc, dégageant son bras cassé et cherchant la position dans laquelle il avait le moins de mal à respirer.
Le sol était froid, et il avait mal partout. Avec un gémissement imperceptible, il se roula un peu plus sur lui-même, adoptant une position fœtale réconfortante.
Akamaru lui manquait.
Tout ce qu'il souhaitait en cet instant précis était son meilleur ami.
Akamaru se roulerait en boule contre son ventre, le réchauffant et l'assurant que tout irait bien, poussant de petits grognements quand il rêverait qu'il pourchassait des lapins...
Et tout irait bien.

Tel est Kiba Inuzuka, quinze ans, chuunin du village caché de Konoha : un grand jeune homme brun au visage énergique, aux pupilles noires étrangement fendues et au sourire carnassier, portant fièrement les marquages faciaux de son clan. Un jeune homme ouvert et rieur, un peu fauteur de trouble sur les bords – mais après tout il faut bien assurer l'animation du village, maintenant que Naruto n'est plus là – et farouchement fidèle à ceux qu'il considère comme sa meute. Un jeune homme enthousiaste, prompt à la colère mais aussi à la réconciliation, un jeune homme qui promène dans sa veste son meilleur ami, un petit chien blanc à l'aspect inoffensif.
C'est aussi un excellent ninja.
Peut-être n'a-t-il pas l'efficace précision de Shino, ni la fluidité létale d'Hinata, mais c'est un combattant audacieux et féroce, aux sens aiguisés et à l'esprit vif. Et quand Akamaru est à ses côtés, qu'ils se battent ensemble comme s'ils n'étaient que les deux morceaux d'un même être, il semble inarrêtable.

Quand il était encore enfant et que quelque chose n'allait pas, Kiba se glissait hors de sa chambre par la fenêtre et s'introduisait dans le chenil. Là, il se roulait en boule dans la paille sèche et attendait que les chiens viennent.
C'était d'abord Kala, la vieille chienne boiteuse de sa mère, celle qui l'avait allaité après sa naissance, quand son père avait été porté disparu en mission et que Tsume était partie à sa recherche. Elle lui léchait les oreilles et se couchait contre son dos, le museau posé dans le creux de son cou. Ensuite venait Elsh et ses deux frères, les chiens de sa sœur, qui posaient leurs lourdes têtes sur ses jambes. Puis suivaient tout les autres : les chiens trop vieux ou trop gravement blessés pour se battre, les jeunes non encore dressés, même les chiots. Parfois même, Kuromaru le grand mâle borgne venait s'allonger auprès de Kala, plaçant sa tête contre celle, minuscule en comparaison, du garçonnet…
Et là, enfoui au centre du nid de fourrures douces et chaudes, Kiba parvenait enfin à trouver le repos.

En grandissant il a perdu cette habitude, à peu près à l'époque ou Akamaru est arrivé, né de la dernière portée de Kala, et maintenant c'est lui qui se roule contre la poitrine de Kiba, grognant si un chiot inconscient fait mine de venir squatter sa place…

La première fois qu'il a tué un homme, Kiba est rentré normalement à la maison. Seule sa sœur à remarqué le léger tremblement des ses mains, mais elle n'a rien dit.
Après le repas, couché dans sa chambre, Kiba a essayé de dormir, mais même la chaude présence d’Akamaru n'était pas suffisante. Alors il est descendu jusqu'au chenil, et là il s'est couché parmi les chiens jusqu'à ce que les tremblements cessent. Jusqu'à ce que la chaleur revienne.
C'est sa manière à lui de craquer.

Konoha à trois règles d'or. Elles ne sont écrites nulle part, mais chacun les connaît.
Ne trahis pas ton village.
N'abandonne pas tes camarades.
Ne craque jamais en mission.

Et en silence, sans jamais en parler, les ninjas et les kunoïchi respectent ces trois règles.
Tous craquent à un moment ou à un autre, quand la pression devient trop forte, quand trop d'horreurs s'accumulent, quand la goutte de sang fait déborder le vase.
Certains peuvent tenir des années sans s'effondrer. D'autres – souvent les anbu - craquent régulièrement pour pouvoir continuer sans devenir complètement fous…
Certains l'extériorisent en se noyant dans l'entraînement le plus intensif, jusqu'à l'épuisement. D'autres alignent les conquêtes, espérant effacer dans un lit les cauchemars du champ de bataille. D'autres pleurent toutes les larmes de leur corps dans les bras d'un amant, d'un ami. D'autres encore sont pris de crises de fièvre qui peuvent durer plusieurs jours avant de disparaître aussi brutalement qu'elles sont arrivées…
Et une fois la crise passée, ils retournent en mission, et nul n'en parle. Parce qu'ils sont des ninjas de Konoha.

Et maintenant, couché sur la pierre froide, épuisé et meurtrit, avec pour seule compagnie le sifflement laborieux de sa respiration et sous la langue la saveur d'un sang qui n'est pas le sien, avec la certitude qu'il va être torturé, Kiba sent monter la peur abjecte.
Mais il ne craquera pas.
Ses amis sont peut-être morts. Peut-être Akamaru n'a-t-il pas réussit à s'enfuir... Et peut-être lui-même va-t-il mourir…
Mais il ne craquera pas, car il est un ninja de Konoha, et que s'effondrer serait trahir.

Tel est Kiba Inuzuka.

***


Que vous ayez aimé ou pas,une petite review me ferait énormément plaisir, au moins je sais que je suis lue comme ça .
Et puis un commentaire entousiaste ou même simplement constructif est toujours une aide pour poursuivre l'écriture :).
Feitan
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Message par Feitan »

J'aime bien comme tu presente kiba, c'est cllasse et le ton tragique du flash back et des 3 regles donne l'impression qu'il va mourir.

Bravo! A quand la suite?
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Tinton
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Message par Tinton »

J'avais déjà posté à l'époque de l'ancien forum (ahlala... c'était l'bon temps... ca nous rajeunit pas tout ca...). Et j'avais déjà dit que j'aimais, donc je v me répéter, j'aime vriament bien ton style, tchuss.
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vampire-master
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Message par vampire-master »

yep je me répète aussi c'est vraiment excellent!
t'assures vraiment bien 8)
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Jainas
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Message par Jainas »

la suite pour bientôt, le chapitre est presque fini.
C'est Hinata, et il s'est révélé finalement bien plus long que tout ce que j'avais pu prévoir... Peut être parce que je pensequ'Hinata est l'un des personnages qui aura sans doute le plus évolué, et de manière un peu complexe...
Et puis il faut bien faire avancer l'histoire... :wink:
Invité

Message par Invité »

fyou elle claque ton histoire en plus avec la team 8 pour une fois(quoique j'ai pas lu beaucoup de fanfic)la tienne est excellente j'attend la suite :D
hiso-hiso
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Message par hiso-hiso »

Franchement sa pète bien, voir très bien.
Jainas
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Message par Jainas »

la suite, enfin


***

Deux : Hinata

La nuit est tombée.
Ils se sont rapprochés au maximum des positions ennemies sans se faire remarquer, mais maintenant la progression va se faire plus difficile.

Hinata s'agenouilla et enfonça sa main dans la terre meuble. Le sol avait gardé l'empreinte chaude du soleil printanier, le contact était intime, réconfortant.
Avec un soupir imperceptible elle fit un discret signe de tête à son compagnon.
Accroupi à ses côtés, sa silhouette sombre se découpant sur le ciel encore marbré des lueurs crépusculaires, Shino répondit par le même hochement de tête presque invisible et, d'une main, traça quelques signes avec une rapidité incroyable.
Hinata n'eut pas besoin de se concentrer sur le chakra de son ami pour savoir que de minuscules particules se détachaient de son aura pour aller se perdre dans l'obscurité.
En silence, elle forma ses propres sceaux et articula silencieusement : "Byakugan !"
Elle avait réalisé depuis longtemps qu’il n'y avait aucun intérêt à hurler le nom de la technique à tout bout de champ comme le faisaient la plupart des ninjas. Il fallait le prononcer, certes, mais le crier à toute voix était d'une stupidité sans faille, réduisant l'effet de surprise à néant et informant l'adversaire sur la nature de l'attaque…
Aussitôt, les veines se mirent à pulser sur les tempes de la jeune fille, focalisant le chakra dans ses immenses yeux blancs. Une infime ride de concentration se forma entre ses sourcils tandis qu'elle fouillait la nuit.
Au bout de quelques minutes elle dissipa le Byakugan, et, saisissant doucement la main de Shino, elle se mit à tracer les explications.
La nuit était maintenant trop sombre pour qu'ils puissent communiquer par signe, et dans le silence nocturne, le moindre son risquait de trahir leur présence...
'Le fortin est à treize heures, à environ huit cent mètres d'ici. J'ai repéré au moins quinze auras différentes, sans compter celle de Kiba.' Ses doigts hésitèrent un instant. 'Il va mal. Son aura est faible, et elle fluctue de manière inquiétante…'Shino resta un moment silencieux, avant de serrer brièvement la main d'Hinata.
'Ne t'inquiète pas', signa-t-il finalement, 'Il ira bien. Il en faut plus que ça pour le briser.'
Caché par la nuit, un faible sourire naquit sur les lèvres d'Hinata. Shino parlait peu, mais quand il le faisait, il trouvait les mots justes. Elle se demanda un instant s'il n'avait pas dit ça autant pour la réconforter elle que pour se rassurer lui-même, mais elle chassa vite la pensée dérangeante.
Il n'arrivera rien à Kiba. C'est à nous de nous en assurer.
'Je sais,' signa-t-elle finalement. 'Allons y. Il y a une sentinelle à midi, dans six cents mètres. Et deux autres à quatorze heures, d'ici sept cent mètres… Tu penses que tu peux t'occuper de la première ?'
Shino hésita un instant, le regard perdu dans l’obscurité, comme s’il écoutait une voix qu’il était le seul à entendre. Il frôla finalement la main d’Hinata.
‘Oui. Mais il va falloir nous rapprocher.’
Avec un hochement de tête, Hinata réactiva le Byakugan et s’enfonça dans la nuit, suivie de près par son compagnon. Les insectes de Shino l’aidaient peut être à se repérer dans le noir, mais pour les déplacements nocturnes, c’était encore les yeux de la jeune Hyuuga le moyen le plus sûr. Le jeune homme calqua ses pas sur ceux d’Hinata tandis que la jeune fille naviguait avec assurance entre les îlots de végétation, s’arrêtant parfois pour vérifier que la voie était libre avant de repartir de plus belle.
Au bout d’une dizaine de minutes de progression prudente, Hinata s’immobilisa et, tendant sa main dans son dos, saisit celle de Shino.
Il est à droite, dans le bosquet. Je ne pense pas qu’il nous ait senti approcher.’
Le jeune homme fit signe qu’il avait compris et, s’agenouillant silencieusement, il fouilla dans l’une des poche intérieur de sa veste et en tira une minuscule boite percée qu’il ouvrit avec délicatesse. Le Byakugan toujours activé d’Hinata lui permit d’identifier la particule de chakra qui en émergea comme un insecte.
Devinant le regard interrogatif de sa partenaire malgré l’obscurité, Shino sourit de manière rassurante, sachant que s’il ne pouvait voir son visage, elle pouvait voir le sien. Puis, ramenant ses mains à hauteur de sa bouche, il forma un sceau que la jeune fille ne connaissait pas. Elle l’observa avec curiosité, le signe ressemblait un peu à celui qu’Ino utilisait pour son jutsu de possession de l’esprit mais en plus basic, en plus... animal.
Elle ne pu tout à fait supprimer un frisson inquiet tandis que l’insecte de Shino papillonnait en direction du bosquet, jusqu’au ninja à l’affût. Là, son aura vitale se confondit avec celle, plus puissante, de l’homme, mais au bout d’une poignée de secondes cette aura commença à fluctuer. Sous les yeux attentifs d’Hinata, la silhouette de l’homme fut prise de légères convulsions tandis que le flux de chakra se tarissait. Sans un cri le ninja bascula, roula à terre, et ne bougea plus.
Hinata effleura la manche de Shino, et en deux bonds ils furent près du corps du ninja. Hinata s’accroupit et prit le pouls de l’homme, qui lui apprit ce que ses yeux lui avaient déjà dit.
‘Il est mort,’ signa t’elle d’une main un peu tremblante dans la paume de Shino. ‘Que... Qu’as tu fais ? Cette technique est incroyable... Il n’a même pas compris qu’il était attaqué...’
Abandonnant la main de Shino, elle se redressa et, avec un dernier regard pour le corps sans vie, reprit sa progression prudente vers le fortin.
Derrière elle, Shino récupéra l’insecte et le relâcha après lui avoir donné un peu de chakra. Puis, en quelques sauts, il rejoignit Hinata. Le regard fixé sur la forme claire de son dos devant lui, il utilisa le langage des signes pour répondre, sachant que la jeune fille pouvait parfaitement le lire avec son Byakugan.
‘Ce n’était pas une technique. L’un de mes insectes m’a dit qu’il avait sur lui l’odeur d’une guêpe tekki. Leur venin est très fort… Il avait sans doute déjà été piqué, alors j’en ai envoyé une. C’est le choc anaphylactique qui l’a tué.’
Hinata ne montra pas si elle avait entendu, et continua la progression sans ralentir, le regard soucieux de Shino fixé sur sa forme gracile.
Hinata détestait tuer, ce n’était un secret pour personne. Et même si le moment venu elle ne faiblissait pas, Shino savait très bien que la mort d’un être vivant, fut-il ennemi, ne la laissait pas indifférente.
‘Hinata... ça ira ?’
La jeune fille s’immobilisa et Shino failli la percuter. Il la sentit se retourner et glisser sa fine main dans la sienne. Elle tremblait légèrement.
‘Dé-désolé... Je... suis inquiète pour Kiba, et...’
Shino hésita un instant sur la conduite à tenir... Hinata avait visiblement besoin de réconfort, et il ne pouvait pas la laisser dans son état d’esprit actuel sans compromettre la récupération de Kiba. Mais d’autre part... il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire pour apaiser la jeune fille.
Il pouvait... quoi, lui promettre que tout irait bien ? La prendre dans ses bras ?
Si ça avait été Kiba, il aurait donné une claque amicale sur l’épaule de son coéquipier, les insectes supportaient sans trop de problème les contacts brefs et cette simple marque de support aurait suffit au jeune Inuzuka... mais Hinata...
Soudain, il sentit les mains de sa partenaire se tendre dans les siennes, puis se relâcher à nouveau. Quand elle recommença à signer sur sa paume, ses mains ne tremblaient plus et ses gestes étaient de nouveau assurés.
‘Excuses moi Shino. Ca va aller maintenant.’ Elle changea abruptement de sujet. ‘Les deux sentinelles suivantes sont à une cinquantaine de mètres. Je suppose qu’il est inutile de compter sur une autre réaction allergique ?’ Shino acquiesça silencieusement. ‘Ils sont en terrain découvert, nous ne pourrons pas approcher sans être remarqués...’
‘Il faudrait s’assurer qu’ils ne donnent pas l'alarme...’
Il se tu un instant, évaluant les différentes possibilités. ‘Si j’envois les insectes, ils auront le temps de donner l’alerte... Tu pourrait frapper les tenketsu de leur gorge ?’
‘Oui... Je m’assurerait qu’ils restent silencieux, puis nous en prendrons un chacun. OK ?’
‘Comment compte tu t’approcher suffisamment ?’

Les doigts d’Hinata hésitèrent à peine avant de répondre.
‘Je vais utiliser un genjutsu que Kurenaï-sensei m’a apprit pour me dissimuler.’
Shino réfléchit un instant.
‘La technique du chasseur de l’ombre ? C’est judicieux. Et ça pourrait marcher... Mais sois prudente, quand ils auront découvert ta présence, tu seras seule contre deux le temps que je te rejoigne.’
‘Oui.’

Ils s’avancèrent encore d’une dizaine de mètres, puis Hinata forma quelques signes, et soudain ce fut comme si une partie des ombres s’était fixée autour d’elle, la masquant entièrement. Même Shino qui savait qu’elle était là avait du mal à distinguer sa présence dans l’obscurité fluctuante.
Ils étaient à la lisière de la zone dénudée de végétation, et bien que sans lune, la nuit était suffisamment claire pour qu’il puisse vaguement distinguer, de l’autre côté de la clairière, les silhouettes des ninjas de garde. A ses côtés, un infime déplacement d’air l’informa qu’Hinata s’était mis en mouvement.
Suivant la progression de la jeune fille grâce à l’odeur de la femelle agrippée au col de sa partenaire, Shino laissa un instant ses pensées vagabonder.
Il s’était encore fait avoir... Il l’avait encore sous-estimée...
Bien qu’elle ait grandit et gagné énormément de confiance en elle, le comportement toujours un peu effacé d’Hinata et sa silhouette fragile pouvaient parfois faire oublier à quel point elle avait changé, à quel point sa volonté et son contrôle presque parfait de son chakra en faisait une adversaire mortelle. L’ombre d’un sourire sardonique lui échappa. Si même lui, son coéquipier, se laissait encore quelquefois avoir par l’aspect paisible et inoffensif de la jeune femme, les ninjas ennemis allaient au devant d’une bien belle surprise...

Hinata s’avança avec précaution, prenant bien soin de ne faire aucun bruit mais habitée par la désagréable impression qu’elle avançait à la vue de tous. Pourtant, les ninjas ne la voyaient visiblement pas. Pas un instant ils n’interrompirent leur conversation à voix basse, même quand elle s’immobilisa à quelques pas d’eux. Ils n’avaient pas l’air très inquiets d’une éventuelle attaque, songea-t-elle...
« Pfff... j’ai hâte que ce tour de garde soit fini », soupira l’un...
« Ne m’en parle pas, il ne se passe jamais rien dans ce trou... Je ne comprend pas à quoi pensait Orochimaru-sama en installant un avant-poste ici, » répliqua l’autre.
A ces mots, le premier ninja jeta un coup d’œil nerveux autour de lui.
« Imbécile, tais toi... » souffla-t-il. « Tu veux nous faire tuer tout les deux ou quoi ? Tu sais ce qu’il en coûte de critiquer Orochimaru-sama... »
« Et alors, » gronda l’autre, « ça n’empêche pas que depuis qu’il a perdu l’usage de ses bras, il semble aussi avoir perdu l’esprit... »
Hinata qui s’apprêtait à activer son Byakugan suspendit son geste. La conversation devenait intéressante... Depuis le début de la guerre, les ninja du Son faisaient preuve d’une dévotion fanatique envers Orochimaru, combattant jusqu’au bout sans jamais se rendre, comme celui que Kiba avait affronté lors de la tentative avortée pour récupérer Sasuke... La nouvelle que certains d’entre eux commençaient à perdre confiance en leur chef intéresserait certainement Tsunade-sama...
Le premier ninja émit un bruit méprisant et se pencha pour se gratter la jambe.
« Tu ignores de quoi tu parles... Orochimaru-sama sait parfaitement ce qu’il fait... - bon sang, saletés de moustiques... - La preuve, ce matin la patrouille nord à attrapé un éclaireur... »
Le cœur d’Hinata manqua un battement. Il devait s’agir de Kiba...
Le ninja continua.
- Un gamin avec un chien... Koretsu m’a dit qu’ils avaient eu un mal fou à le prendre sans le tuer... Le Vieux veut l’interroger... » Il laissa échapper un rire étouffé. « J’en viendrais presque à le plaindre... quand le Commandant en aura fini avec lui, il n’en restera pas grand chose. »
Il se tu et recommença à se gratter.
- Rhaaa... Putains d’insectes... On dirait que je les attire...
Hinata ne pu s’empêcher de sourire... ça, c’était très certainement une contribution de Shino, visant sans doute à détourner un peu plus l’attention des ninjas du Son, et peut-être aussi à lui faire savoir qu’il se tenait prêt à intervenir.
Elle attendit encore une fraction de secondes, durant lesquelles le premier ninja continua à se gratter en pestant tandis que le second faisait des commentaires sur le printemps tardif. Une conversation banale de ninja en faction... Elle n’apprendrait rien de plus.
Se plaçant entre les deux ninjas, elle se prépara à former les seaux du Byakugan. A l’instant même ou sa faculté génétique s’activerait, les ninjas du Son sauraient qu’elle était là.
« Byakugan ! »

Elle frappa d’abord le second ninja.
Avant que celui-ci ait réalisé ce qui ce passait, la paume droite d’Hinata rencontra sa gorge, lui arrachant un glapissement étranglé quand le flux de chakra étranger heurta le sien. Puis, détournant son attention, elle pivota sur un pied, et fondit sur le premier ninja qui se redressait précipitamment en formant les sceaux de rupture du genjutsu, un kunaï en main. Il feinta sur la droite avant de frapper à gauche, laissant une ouverture infime en direction de son cou. Hinata n’était pas armée, et il devait penser que la victoire valait le risque...
La jeune fille saisit sa chance, et se baissant avec vivacité, elle immobilisa un instant le bras gauche du ninja avec le sien tandis que sa main droite trouvait son chemin vers la gorge de l’homme. Sans prendre le temps de voir si le coup avait porté elle rompit l’engagement, mais pas suffisamment rapidement pour éviter le kunaï qui laissa une coupure sur sa joue. Elle avait eu de la chance.
Le second ninja forma à son tour le sceau de rupture et, avec un cri rageur, se jeta sur elle.
Ou plutôt avec une tentative de cri rageur, puisque sa voix s'étouffa dans son gosier, les muscles traumatisés par le coup d’Hinata ne parvenant qu'à moduler un son ridiculement étranglé.
En fait, ce fut même une tentative de jet, car la main droite de la jeune fille jaillit à nouveau, bloquant l’attaque et faisant insensiblement pivoter son adversaire pour que celui-ci se trouve entre elle et le ‘ninja numéro un’. Une tentative également, parce que l’autre main du ‘ninja numéro deux’, celle qui pointait le kunaï vers le ventre d’Hinata, retomba soudainement, comme si elle avait perdue toute force.
Le kunaï s’échappa des doigts gours et toucha le sol avec une note métallique.
L’avant-bras était couvert d’une onde instable plus sombre de la nuit, qui se tordait et fouettait l’air en remontant le membre en direction du corps du ninja. S’il avait pu produire un son, Hinata était certaine qu’il aurait hurlé de terreur.
L’abandonnant à son sort déjà fixé, elle se détourna et fixa son attention sur ‘ninja numéro un’ qui s’était repositionné et formait les seaux à toute allure. C’était mauvais. S’il préparait un jutsu puissant, la décharge de chakra serait sans doute perceptible depuis le fortin, et leur travail d’infiltration tomberait à l’eau.

Sans prendre le temps de réfléchir, elle bondit vers le ninja avec toute la vitesse dont elle était capable. Son Byakugan lui permit de voir que son ennemi avait presque fini de modeler son chakra. Il ne lui restait qu’une poignée de secondes.
Tout en formant le dernier sceau, le ninja battit en retraite, espérant se mettre hors de porté de la jeune femme, mais avant qu’il ait totalement réalisé ce qui ce passait, la paume d’Hinata frappa violemment ses mains encore en position, projetant une décharge de chakra dans les canaux déjà submergés, les brûlant gravement.
Le mouvement avait été rapide. Le ninja trébucha d’un autre pas en arrière tandis qu’avec fluidité la kunoïchi ramenait sa main droite et enchaînait avec une frappe précise au niveau du cœur. Ses longs cheveux aile de corbeau dansèrent dans son dos, accompagnant ses mouvements, et une longue mèche s’échappa du lien qui les tenait en arrière.
‘Ninja numéro un’ resta un instant debout, un filet de sang s’échappant de sa bouche et ses mains brûlées repliées comme par réflexe contre son ventre.
Puis, lentement, comme une marionnette désarticulée, il s’effondra sur lui-même.
Hinata maintint sa position de combat quelques secondes de plus, le temps de s’assurer que son adversaire avait bien perdu connaissance. Puis elle relâcha sa posture et se retourna, à temps pour voir Shino placer une manchette bien nette sur la nuque de son ninja.
Projeté en avant par la force du coup, l’homme roula à terre et s’immobilisa à deux mètres du jeune homme, inconscient. En silence l’essaim ondula au dessus de son corps avant de voler vers Shino et de se mêler à son aura.
Et, aussi brusquement qu’il avait commencé, le combat fut fini.

‘Hinata, ça va ?’
La jeune fille hocha la tête avant de se souvenir que Shino ne la distinguait pas suffisamment dans l’obscurité. Elle se rapprocha de lui et glissa à nouveau sa main dans la sienne. Avec calme il acheva :
‘Je sens l’odeur du sang. Les insectes aussi.’
‘… Oh.’

Hinata passa sa main sur sa joue et frôla du bout des doigts la plaie qui saignait encore. Même bénignes, les blessures au visage avaient tendance à répandre beaucoup de sang.
‘Ce… ce n’est rien, rassures toi. Juste une coupure… Et toi, tu n’es pas blessé ?’
Quand Shino secoua négativement la tête, elle ne put s’empêcher de se détendre un peu.
Fermant les yeux, elle concentra avec précaution son chakra – juste ce qui fallait - dans les doigts et les passa au dessus de l’entaille, qui se referma lentement.
Se soigner soit même n’était pas facile, mais la blessure était superficielle… Et puis si elle laissait saigner la coupure, l’odeur du sang risquait de la trahir.
Quand sous ses doigts la peau fut redevenue lisse, elle entreprit d’extraire une compresse de son paquetage, mais une fois de plus Shino la devança et lui tendit un mouchoir en silence.
Hinata s’empourpra légèrement – histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes – et essuya soigneusement toute trace de sang de sa joue.
Puis en silence, sans même avoir à se consulter, ils se mirent au travail.

En l’espace de dix minutes, Shino eut ligoté et traîné les corps des deux ninjas inconscients loin dans les fourrés où il les abandonna sous un buisson. Pendant ce temps Hinata les avait délesté avec efficacité de toutes leurs armes, récupérant quelques parchemins explosifs pour leur propre arsenal avant d’aller balancer le ballot de kunaï et de shuriken dans un massif d’orties.
Cela leur fit perdre un peu de temps, mais c’était l’une des premières règles que l’on enseignait aux jeunes ninjas : Ne laisse jamais une arme potentielle à la portée d’un ennemi potentiel. (Etant considéré comme une arme potentielle n’importe quoi d’assez lourd et contondant pour faire un bon projectile, ou d’assez pointu pour traverser la peau, ou d’assez solide pour parer n’importe quel objet entrant dans les deux précédentes catégories…)
Toujours sans un mot, ils se rejoignirent à l’endroit ou s’étaient tenu les deux ninjas et, après un bref signe de tête de Shino, se remirent en route.

Les yeux d’Hinata avaient repéré une sente tracée par les fréquents passages de ceux du Son, et grâce au terrain plus égal ils progressaient rapidement. Derrière elle, elle pouvait voir le visage concentré de Shino dont les yeux fouillaient la nuit tandis qu’il bondissait silencieusement. Soudain, elle s’immobilisa brusquement et le jeune homme dérapa un peu avant de stopper à ses côtés, kunaï prêt à l’emploi.
‘Deux ninjas. Dans notre direction. Distance cinquante mètres.’
Hinata avait agrippé sans manière la main de son partenaire et signait à toute vitesse, son esprit calculant frénétiquement trajectoires d’interception et moyens de se sortir de ce mauvais pas.
Elle n’avait pas sentit les ninjas se rapprocher avant qu’ils ne soient proches – trop proche… Ils dissimulaient leur chakra avec une étonnante efficacité, et elle-même s’était trop concentrée pour voir loin, jusqu’au fortin, poussant ses yeux à leur maximum. Elle se mordit la lèvre inférieure avec colère.
‘Doit être relève…’ Acheva-t-elle de manière concise en abandonnant la main de Shino.
Le visage de ce dernier resta de marbre, mais Hinata savait qu’en lui-même il devait émettre l’équivalent Aburame d’un grognement de mécontentement.
D’une poussée, Shino bondit et disparu dans les feuillages au dessus du sentiers, aussitôt imité par Hinata. Elle atterrit sur la même branche que lui et se stabilisa tout en gardant un œil sur les deux faibles traces de chakra qui se rapprochaient.
Un chacun. Kunaï. Je prend la droite.’
Les yeux d’Hinata s’étrécirent aux ordres de Shino, mais elle ne dit rien. Il avait raison –comme toujours. Cette fois ci ils étaient trop près pour se payer le luxe d’un combat, aussi bref soit-il, sans risquer de se faire repérer.
Elle admirait Shino pour cela. Cette capacité à faire ce qui devait être fait en toute circonstance, sans même hésiter une fraction de seconde. Cette capacité à faire abstraction de tout le reste sans que rien n’en transparaisse dans son langage corporel. Mais, peut-être pour la même raison, elle ne pouvait totalement s’empêcher de le plaindre.

Les deux équipiers restèrent immobiles dans les branches près d’une minute, dissimulant leur chakra, jusqu’à ce que le son presque imperceptible de la végétation frottant contre le tissu se fasse entendre. Ceux du Son progressaient avec prudence – c’était très certainement la procédure standard – mais ils n’étaient pas en alerte.
Trop confiants, hein ?
Shino hocha la tête et leva une main, trois doigts dressés. Lentement il commença le décompte. Les ninjas étaient presque sous eux à présent.
‘Deux.’
’Un
.’
A l’instant même où le dernier doigt de Shino s’abaissait, les deux shinobi se laissèrent tomber simultanément derrière les ninjas du Son. La main gauche d’Hinata se glissa dans le cou de sa cible, lui relevant la tête de force, et sans hésitation, le kunaï ouvrit un sourire écarlate dans la gorge du ninja.
La jeune fille relâcha sa prise, et l’homme s’affala comme une poupée de son. Un bref coup d’œil de côté apprit à Hinata que le ninja de Shino gisait au sol, imbibant lentement la terre de son sang.
Sentant le regard interrogatif, il hocha la tête et ses doigts volèrent devant lui, traçant une suggestion qui arracha à Hinata un signe d’approbation et un vague plissement des lèvres qui n’avait rien d’amusé.

Modelant son chakra avec précaution, elle se concentra et forma les sceaux, consciente que Shino faisait de même.
« Transformation ! »
Il y eu deux « pop » simultanés, et relevant les yeux, Hinata vit qu’à la place de Shino se tenait la silhouette un peu dégingandée du ninja que les insectes avaient vidé de son chakra quelques minutes plus tôt. Elle savait que sa propre apparence avait changée. Elle était à présent beaucoup plus grande, et une touffe de cheveux violet très foncé surplombait sa veste grise de chuunin. Son visage s’était allongé, acéré, et quand elle tendit la main pour attraper celle de Shino, elle eut la désagréable sensation de se débattre dans de la poix.
Ses muscles répondaient bizarrement, et la conscience qu’elle avait de son propre corps était altérée, comme si elle s’était glissée dans une combinaison deux fois trop grande pour elle qui suivait tant bien que mal ses mouvements.
Jetant un coup d’œil critique, elle commença à épeler maladroitement dans la main de Shino.
Les cheveux, plus clairs. Un peu comme ceux de Shikamaru.
Rhaa… Sa main était trop grande, elle ne répondait pas comme il fallait…
La veste plus longue. Et le nez un peu plus large.’
Au fur et à mesure qu’elle donnait ses instructions, Shino modifiait son apparence, jusqu’à ce qu’Hinata estime qu’il ressemblait suffisamment au ninja du Son dont il endossait l'aspect. Ses cheveux étaient à présent raides et bruns, et il était un peu plus petit qu’à l’accoutumée.
Ok, ça devrait faire l’affaire si personne n’y regarde de trop près.’
Et si nous ne sommes pas obligé de parle rplus de trois mots. Et en espérant qu’aucun des ninjas du Son n’a ne serais-ce que le quart de l’odorat que Kiba. Et si aucun d’entre eux n’a une putain de technique héréditaire ou quoi que ce soit d'autre qui lui permette de voir à travers le jutsu
Bon sang… tant de choses pouvaient mal tourner…
Hinata se força à respirer lentement, calquant ses inspirations sur les battements de son cœur comme Shizune le lui avait apprit. Ce n'était pas le moment de paniquer. Kiba avait besoin d'eux, besoin d'elle…
Rouvrant les yeux, elle appela le Byakugan pour observer la cible une dernière fois.
'Sa cellule est dans le bas du bâtiment. Troisième porte à droite dans le couloir d'entrée, puis… à gauche, l'escalier, et…' un, deux, trois… 'quatrième cachot.'
Pour le moment il y a deux hommes avec lui. Niveau chuunin minimum je dirais.'
Tout son être tendu dans l'observation, les yeux presque douloureux à cause de l'énorme concentration nécessaire, Hinata continua à décrire le terrain à Shino, essayant de lui donner la meilleur idée possible de ce qu'elle percevait de la disposition du bâtiment et de ses occupants.
Elle n'avait réalisé qu'elle pouvait estimer le niveau des gens grâce au Byakugan que très récemment, peut-être à cause de son entraînement médical. Même Neji, qui excellait pourtant à jauger ses adversaires du premier coup d'œil, n'avait jamais pensé à se servir de leur niveau moyen de chakra pour les évaluer. Là encore, cela demandait une concentration démesurée, et ce n'était pas très précis… Mais dans ce genre de situation, elle savait que chaque miette d'information augmentait un peu plus leurs chances de se sortir de là en vie. Et à peu près entiers de préférence.
Sans son Byakugan, la mission aurait été vouée à l'échec avant même de débuter.
Elle n'en tirait aucune gloire, c'était une simple constatation. Mais si cela pouvait permettre de tirer Kiba du guêpier dans lequel il s'était fourré, alors elle était contente.

Parmi les quinze adversaires qu'elle avait repérés plus tôt, cinq étaient à présent hors d'état de nuire.
Ce qui en laisse dix. Soit beaucoup trop pour qu'on puisse espérer s'en sortir en combat régulier une fois qu'ils auront repéré notre présence.
Il y avait deux, peut-être trois, genins, environs cinq chuunins et deux hommes qui étaient à coup sur des jounins. Ca aurait pu être bien pire, mais ça aurait aussi pu être mieux.
Même s'il n'avait pas encore passé l'examen, Shino pouvait sans problème tenir tête à un jounin, et sans doute même le défaire sans y laisser trop de plumes.
Quelques mois auparavant, Kiba avait lancé un pari géant pour savoir lesquels des 'huit novices' restants seraient les premiers à rejoindre Neji dans les rangs des jounins. Le harcèlement surexcité de son équipier avait fini par lui arracher son pronostique : Shino évidement, Lee, sans doute, et bien entendu Shikamaru, si toutefois ce dernier décidait qu'il était moins galère de passer l'examen que de supporter le harcèlement constant et combiné d'Ino, Asuma et Temari.
Elle-même aurait peut-être pu, mais elle n'était pas très sûre de vouloir passer ninja de niveau supérieur… Elle n'avait fait part de ses hésitations à personne, mais la perspective de devenir une ninja médicale lui paraissait de plus en plus séduisante.
Même si ce n'était en aucun cas une condition que l'Héritière du Clan Hyuuga pouvait se permettre…
Enfin bref, à eux deux ils avaient une bonne possibilité de s'en sortir s'ils étaient obligés de faire face aux jounins. Et si la chance était avec eux, ils n'auraient pas à affronter plus de deux ou trois adversaires en se traçant un chemin vers la sortie.
Elle devina qu'à ses côtés Shino achevait les mêmes réflexions et, désactivant finalement le Byakugan, elle se remit en route.

Même sans le Byakugan, les yeux blancs des Hyuuga voyaient bien des choses, sous les apparences et même encore au-delà. Et si sa vision de nuit 'normale' ne valait certainement pas celle que lui donnait sa technique héréditaire, Hinata n'eut cependant aucun mal à se déplacer dans l'obscurité.
Ils parvinrent rapidement en vue du fortin. La bâtisse était aux trois quarts enterrée, et seule une torche brûlait faiblement près de l'entrée. Une jeune kunoïchi engoncée dans un épais manteau qui gommait sa silhouette montait la garde. Elle se tendit brièvement quand ils surgirent de l'obscurité, mais dès qu'elle eut une meilleur vue des nouveaux venus, elle se relâcha et ses salua respectueusement.
"Ashiki-san, Yularu-san. Tout s'est bien passé ?"
Hinata hocha brièvement la tête. Vu la manière dont la fille se comportait elle était certainement une subordonnée… C'était l'une des gennins qu'elle avait sentit plus tôt.
"Bien.", répondit-elle brièvement en imitant de son mieux la voix de son ninja. "Rien à signaler."
Puis, à l'attention de Shino :
- Waaaaa, je suis crevé, viens, allons faire notre rapport, et au lit.
La gennin se décala pour les laisser passer, et ils s'engagèrent dans le bâtiment mal éclairé.
Dans son fort intérieur, Hinata serra brièvement un poing en signe de victoire, avant des se concentrer sur l'obstacle suivant.
L'entrée des cachots était gardée, et deux ninjas dont l'un des jounins étaient en compagnie de Kiba. Elle et Shino étaient d'accord sur un point : chaque minute passée sous déguisement augmentait dramatiquement leurs chances de se faire prendre. Il valait mieux se lancer maintenant en force, pour profiter de l'effet de surprise, plutôt que de le perdre parce que l'un d'entre eux ne saurait pas comment réagir quand il faudrait interagir avec les autres ninjas.

Ils passèrent le hall sans problème, suivant l'itinéraire indiqué précédemment par Hinata. Shino poussa la lourde porte en bois, et précéda la jeune femme dans la salle des gardes.
La pièce était grande, froide, et les torches brûlant aux murs ne parvenaient pas tout à fait à faire disparaître les recoins d’ombre.
Trois chuunins jouaient machinalement aux cartes, les jambes paresseusement étendues sous la table. Un autre était assis dans un coin et polissait avec tendresse un set de kunaï.
Hinata fit un vague signe de tête dans leur direction – suffisamment marqué pour qu’il puisse passer pour un salut – et repassa devant Shino, poussant la porte à sa gauche. Elle s’ouvrait sur un escalier étroit, fermé en bas par une seconde porte, qu’Hinata ne poussa qu’une fois que la première fut refermée et que Shino l’eut rejoint.
Le bois était épais, et ancien. Deux couches de goudron noirci avaient été passées sur l’envers du panneau.
Pour atténuer le bruit des cris.
Le couloir derrière la porte était très long et étroit, mais, de manière surprenante propre et bien éclairé. Un jeune ninja se tenait adossé au mur, à l’autre bout, la tête tournée dans leur direction, légèrement penchée sur le côté.
La première chose qui frappa Hinata fut les yeux laiteux du jeune homme, étonnamment semblables à ceux des Hyuuga. Sauf que les siens étaient morts et ternes : il était aveugle.
La seconde chose qui s’imposa dans sa tête, à peine un quart de seconde après la première, fut que sa posture était celle de l’écoute attentive. Et immédiatement après, l’infime mouvement de tête signifiant que l’attention du ninja la quittait pour se focaliser sur Shino.
Et encore un quart de seconde plus tard, l’expression incroyablement choquée qui se peignit sur le visage du ninja, avant de disparaître aussi vite qu’elle était apparue.
En deviner la cause n’était pas bien difficile. Si le ninja se repérait au son, alors le bruit des insectes grouillant sous la peau de Shino devait résonner à ses oreilles comme une tonalité dangereuse et crépitante. Et fondamentalement non naturelle...
En d’autres termes ils étaient grillés.

Ensuite, les choses se passèrent très vite.
En moins de temps qu’il n’en aurait fallu pour décider de retenir son souffle, le jeune ninja aveugle avait formé quelques signes à une allure telle que ses mains parurent momentanément floues.
Il n’y eut pas de résultat évident au jutsu qu’il avait formé – pas de boule de feu, de déferlante de vent ou d’eau, pas un son, pas même un petit nuage de fumée – mais la porte d’une des cellules placée entre lui et les ninjas de Konoha s’ouvrit, et un jounin en jaillit, armes en main.
Le couloir était étroit, laissant très peu de place pour manœuvrer. C’était à peine si Hinata et Shino tenaient de front… Pas d’espace pour esquiver sur le côté, même pas suffisamment d’écart entre le sol et le plafond pour effectuer un saut correct. Et il était exclu de faire demi tour.
« Rupture ! »
Le ninja haussa un sourcil à la vue de la frêle kunoïchi aux yeux blancs et du grand jeune homme, mais il ne ralenti pas. Plongeant ses mains dans ses manches, il en tira deux longs chapelets de shuriken et forma deux sceaux, déclanchant un quelconque mécanisme d’amorçage. Les armes jaillirent.
« Désolé, mais vous êtes cuits, vous n’avez aucun moyen d’éviter ça. »
Hinata se figea. Il avait raison.
Non !
Pas maintenant. Pas comme ça. Kiba à besoin de nous… On ne peut pas…

Son corps agit de lui-même, et elle bondit en avant à la rencontre des shuriken, repoussant rudement Shino contre la porte.
« KAITEN !!! »
Prenant appui sur sa jambe gauche, elle se lança de toutes ses forces, et relâcha son chakra par toutes les ouvertures.
La flamme bleue visible à l’œil nu enfla, formant une sphère crépitante autour d’elle. Bornées par les murs de pierre trop proches, les langues céruléennes de chakra jaillirent dans toutes les directions. Les shuriken furent balayés, rebondissant dans tout les sens en une grêle de claquements métalliques. La plupart se perdirent contre les murs, mais certains furent renvoyés en direction des ninjas du Son.
Pris par surprise, le jounin n’eut pas le temps d’éviter deux des étoiles, dont l’une vint se loger dans son épaule tandis que l’autre s’enfonçait profondément dans sa jambe, déchirant la toile épaisse de son uniforme. Il laissa échapper un grognement douloureux. Son expression composée s’était désintégrée, et ses yeux étaient à présent dilatés par la stupeur et la colère.
« Co- comment… ? »
Hinata ralenti sa rotation et s’immobilisa en position basse, ses yeux blancs plus froids que la glace.
« Rendez nous Kiba, et vous vous en tirerez vivant. »



Telle est Hinata Hyuuga, seize ans, kunoïchi du village de la Feuille. Une jeune fille de petite taille à la silhouette gracieuse, et au maintient régalien. Aux longs cheveux noirs coulant dans son dos comme de la soie, à la peau pâle et aux immenses yeux blancs. Une jeune fille visiblement discrète et timide, qui passe souvent inaperçue malgré son apparence peu commune et sa fragile beauté.
Qui la rencontre pour la première fois à du mal à croire que cette jeune fille si paisible est aussi une redoutable combattante au corps à corps, que ces longues mains fines enserrées dans des bandages puisse frapper avec force et précision, brûlant irrémédiablement le système circulatoire de chakra. Qu’elle puisse passer des heures à s’entraîner dans la poussière plutôt qu’à s’occuper aux activités hautement passionnantes qu’affectionnent normalement les héritières de clan.
Et en vérité, Hinata elle-même n’aime pas vraiment ça. Elle tend plutôt à rechercher l’équilibre, l’harmonie. C’est grâce à sa présence patiente que Kiba et Shino ne s’entretuent pas complètement quand le ninja au chien se laisse aller. Elle n’aime pas se battre autour de détails sans importance, provoquer les gens.

Et pourtant elle est kunoïchi, et se battre est sa vie, le chemin qu’elle à choisit il y a des années, et auquel elle se tient.
Parce que c’est son moyen à elle de devenir une meilleur personne, plus sure d’elle, plus digne d’être regardée par celui dont elle admire la détermination. Et elle se bat, parce que c’est ce qu’il faut faire. Elle aime son village, et sa famille, aussi disfonctionnelle soit-elle, et se battre est le seul moyen de protéger ceux qui sont précieux à ses yeux. Ses amis.

Il lui a fallu du temps pour arriver à cette conclusion, pour dépasser le complexe d’infériorité profondément ancré en elle par la dureté de son père, par les règles strictes du clan Hyuuga. Bien qu’elle soit aussi discrète qu’avant, elle ne rougit presque plus, et le bégaiement a quasiment disparu, ne se rappelant à elle que pour les grandes occasions ou les situations inconfortables.
Elle n’ignore pas que peu après le premier examen chuunin, ses deux équipiers ont entrepris de l’aider à suivre son nindô d’un accord tacite. Elle n’est pas aveugle, et elle a très bien compris pourquoi Kiba, surmontant sa tendance naturelle à la protéger, s’est soudaine mis à la provoquer sans cesse sur des sujets sans intérêt, jusqu’à ce qu’elle oubli un instant de rougir et de balbutier pour lui dire de se taire.
Et les remarques positives de Shino à ses efforts ne lui ont pas échappées non plus, pas plus que la ténacité et la prévenance nouvelle qu’il mettait dans leurs matchs d’échauffement.
Neji lui-même a prit son entraînement en main. Se faire battre par Naruto lui a visiblement fait le plus grand bien, et quelque part en chemin, sans qu’elle s’en rende vraiment compte, il est passé du cousin terrifiant au grand frère protecteur…
Le changement a été déstabilisant, mais pas désagréable. En tant que digne élève de Maïto Gaï, Neji est un professeur sévère et inflexible, l’entraînant jusqu’à l’épuisement et ne tolérant aucune erreur. Mais en même temps il se montre étonnamment encourageant et prévenant…
Il lui à répété encore et encore qu’elle est trop gentille, qu’elle devrait arrêter de voir les bons côtés de gens, qu’ils en aient ou pas, d’avoir de la compassion pour ses ennemis. Mais elle se contente de secouer la tête et de rougir. Neji est peut-être un génie, mais elle aussi possède le Byakugan, et elle fait confiance à ce que lui disent ses yeux.
D’une certaine manière sa vision est bien plus perçante que celle de son cousin. Elle se tait, et elle observe. Pour elle le moindre frisson, le moindre regard disent bien plus que n’importe quelle confession noir sur blanc.

Hinata a fait de son mieux, s’est entraînée sans relâche. Elle a progressé de manière impressionnante, même s’il est évident qu’elle ne maîtrisera jamais le Poing Souple aussi bien que Neji.
Mais sous la direction de Kurenaï-sensei elle a commencé à développer d’autres techniques que celles de son clan.
Le Byakugan seul n’est pas suffisant pour développer le Poing Souple de manière un tant soi peu satisfaisante. Toutes les techniques transmises dans le clan de génération en génération, même les plus simples, demandent une maîtrise parfaite de son chakra. C’est cette habileté hors paire, même parmi les siens, qui a permit à Hinata de progresser si vite dans l’utilisation du genjutsu, impressionnant même son enseignante.
C’est cela, peut-être plus que ses progrès avec Neji, qui l’a aidé à surpasser son peu de confiance en elle. C’est la preuve qu’elle vaut quelque chose, qu’elle n’est pas une simple Hyuuga, une pâle copie de Neji utilisant les mêmes techniques avec moins de succès. Ca, et la fois ou Shizune-san, après l’avoir vu administrer un traitement d’urgence avant l’arrivée de l’équipe médicale, lui a proposé de venir une fois par semaine à l’hôpital, pour suivre l’entraînement de base des médics.
Là encore Hinata a révélé des talents insoupçonnés, et le jour par semaine s’est rapidement trouvé multiplié. La plupart du temps elle s’entraîne avec Shizune et Sakura, mais parfois l’Hokage elle même leur accorde quelques heures. Sa prévenance naturelle, sa douceur et son Byakugan font d’Hinata une bonne médic : elle peut voir le flux de chakra de ses patients et remarquer immédiatement toute anomalie.


Le jour ou Kiba est rentré chez lui en tremblant, Hinata a regagné le complexe Hyuuga d’un pas lent, un peu déséquilibré. Quand elle a passé la porte principale, elle a croisé Neji en pleine discussion avec Tenten mais l’a ignoré. Elle avait froid, comme si un vent glacial filtrait sous ses vêtements pourtant épais, et sa nausée revenait en force.
Hésitant vaguement entre aller prendre une douche bouillante ou courir s’enfouir directement sous ses couvertures, elle a longé les corridors désertés, les yeux fixés sur le sol devant elle.
Perdue dans ses pensées moroses, elle ne l’a pas vu venir et a heurté Jyao Hyuuga au détour d’un couloir. Jyao est un autre de ses cousins, mais il appartient à la Branche Principale. Il a une poignée d’années ainsi qu’un bon nombre de centimètres de plus qu’elle et vient tout juste de passer jounin. Ses cheveux noirs sont coupés très court, son visage est long et acéré, et le regard qu’il lui lance alors qu’elle recule d’un pas en rougissant et en balbutiant une excuse n’a rien d’amical.
Mais pour être honnête, Jyao n’a jamais rien eu d’amical envers elle. Il ne l’a jamais appréciée, et bien que son rang d’Héritière de la Branche Principale lui interdise toute déclaration ouverte d’inimitié, son regard a toujours été froid et empreint de dédain.
Mais quelque chose a changé ce jour là, parce que Jyao ne s’est pas contenté de lui lancer Le Regard. Elle n’a pas réagit, d’abord parce que question ‘Regard qui tue’, la compagnie de Neji l’a blindée, puis parce que moins encore que les autres jours elle n’a l’intention de le remettre à sa place. Le mépris n’est pas tout à fait non mérité.
« Hinata… -sama… » Le ‘sama’ a été ajouté avec réticence, sans une once de respect. C’est à peine un salut.
En lui jetant un bref coup d’œil, Hinata a réalisé qu’il était ivre. Oh, pas beaucoup, mais suffisamment pour expliquer l’absence du verni habituel, le manque flagrant de sobriété dans son langage corporel et son inhabituelle loquacité.
- Déjà de retour Hinata-sama ? Dans ce cas je suppose que vous ne connaissez pas encore la nouvelle ?
La jeune fille s’est demandée si elle pouvait l’ignorer et filer jusqu’à sa chambre avant de vomir partout dans les couloirs du complexe, mais il s’est repositionné, lui bloquant le passage.
- Le conseil des Anciens a enfin ouvertement abordé le sujet de votre valeur en tant qu’Héritière… Ce n’est pas trop tôt d’ailleurs, je ne comprend pas pourquoi ils n’ont pas fait ça bien plus tôt… Et vous savez quoi ? Je crois que cette valeur n’est pas très haute…
« Jyao-sama… »
Hinata a pâli en entendant la voix grave derrière elle.
C’est tout simplement excellent, comme si elle ne se sentait pas suffisamment mal sans que Neji la voit dans son état actuel…
- Auriez vous l’obligeance de laisser passer Hinata-sama ?
Le regard que Jyao a adressé à Neji valait presque celui qu’il réservait à Hinata.
« Je vois… Heureusement que votre laquais de la Branche Inférieure est là pour voler à votre secours… »
Elle ne voyait pas les yeux de Neji, mais elle a deviné qu’ils s’étrécissaient en une fente dangereuse tandis que le jeune homme faisait un pas en avant.
« Je vous conseille de surveiller vos paroles quand vous vous adressez à Hinata, Jyao-sama… » a-t-il grondé d’un ton menaçant.
Pour toute réponse, l’autre s’est contenté de sourire et de former un sceau. Neji s’est immobilisé net, comme frappé par la foudre, une expression de choc total un instant peinte sur son visage.
Le premier signe active le sceau de l’oiseau en cage, le second le déclenche, il suffit de le tenir aussi longtemps que nécessaire pour tuer le porteur.

Une fraction de seconde, Hinata a été certaine de voir un éclair de peur animale dans les yeux de Neji, mais tel il s’est repris et son expression est redevenu illisible. Il a toujours porté le sceau. Et toujours su que c’était une menace immuable, latente.
Mais il n‘a jamais vraiment imaginé y être soumis. Et certainement pas comme ça, en protégeant Hinata.
Elle le connaît, et elle sait qu’une colère sans nom a recouvert la peur dans ses yeux, et qu’il calcule à toute vitesse les différentes trajectoire lui permettant d’atteindre Jyao et de l’abattre avant qu’il ne déclanche le sceau.

Mais il n’y en a aucune, et tout à coup Hinata a sentit ses muscles se nouer douloureusement dans son ventre. L’expression de Neji l’a tirée de la semi torpeur dans laquelle elle se trouvait. Elle sait parfaitement que même s’il n’a aucune chance il va attaquer, c’est Neji après tout…

Avec un mouvement sec elle s’est glissée devant lui, et avant qu’il ne puisse réagir, elle a bondi sur Jyao.
Bien que pris par surprise, il est parvenu à éviter la main d’Hinata qui a giflé le vide au niveau ou son cœur aurait du se trouver. Jyao n’étant pas jounin pour rien, le combat a été violent, rapide. En temps normal Hinata n’aurait pas même songé à l’engager, mais cette fois une froide colère à l’idée de ce qu’il a failli faire à Neji l’occupe tout entière.
Elle esquive frappe, esquive à nouveau, cherche une ouverture dans la garde impeccable de Jyao. Et soudain, alors qu’il engage un enchaînement de haut niveau, sa main atteint son épaule de plein fouet, le forçant à reculer, coupant quasiment la circulation de chakra dans son bras droit.
Jusque là l’expression de son cousin a vacillé entre le mépris le plus total et une certaine surprise due à sa décision de le combattre, mais quand son bras est retombé le long de son corps, une grimace de haine est apparu.
Malgré un bras endommagé, Jyao reste incroyablement rapide, mais sa propre colère soutient Hinata. Elle évite avec grâce un coup de pied tournant et se coule dans le dos de son adversaire, parvient à toucher au flanc avant de rompre à nouveau l’engagement.
Décidée à en finir, elle a utilisé la feinte qu’elle a développé lors de ses combats contre Neji. La première fois qu’elle l’a utilisée elle est parvenue à le vaincre, mais ensuite il ne s’est plus jamais laissé avoir et ses tentatives suivantes ont systématiquement échouées…
Elle a plongé à droite et esquissé quelques sceaux. Il s’est laissé prendre et a transféré sa garde, et après un enchaînement complexe, elle s’est retrouvée dans la position de départ du Hakke.
« LES SOIXANTE CINQ POINTS DU HAKKE ! »
Jyao a bien essayé de se défendre, mais face à la pluie de coups du Hakke il n’a rien pu faire. Hinata a frappé avec force et précision, sans aucune retenue.
Quand elle est arrivée aux soixante quatre points, il a craché du sang, et ses pupilles se sont dilatés tandis qu’Hinata armait son bras pour l’ultime frappe.
Les soixante cinq points sont totalement similaire à l’attaque de Neji, mais avec un coup en plus, juste un. Et alors que les soixante quatre points du Hakke se contentent de bloquer toutes les ouvertures de chakra, provoquant de graves dommages mais sans tuer, le soixante cinquième coup est létal. Toujours.
Le point d’impact est situé sur la face, et le chakra infligé au cerveau provoque une mort cérébrale instantanée.
Jyao a tenté de se dégager, le visage figé dans un masque de terreur, mais il a simplement trébuché vers l’arrière, trop blessé pour pouvoir espérer esquiver.
« SOIXANTE CINQ ! »
Les yeux de son cousin se sont révulsés, et un spasme violent l’a traversé. Il lui a fallu une bonne demi-minute pour réaliser qu’il n’était pas mort, et une autre de plus pour parvenir à fixer son regard instable sur Hinata.
La jeune fille le fixait intensément, et ses yeux blancs aussi profonds et calmes que la mer promettaient les mêmes dangers, les mêmes forces irrévocables tourbillonnant sous la surface. Sa main droite scintillait de chakra bleu, et s’était immobilisé contre son front, si près qu’il a pu sentir la morsure de son aura.
Avec un gargouillis étouffé, il s’est effondré.
Ou plutôt il a essayé, parce que la main minuscule d’Hinata a agrippé son col d’une poigne de fer.
« Que les choses soient claires. Je vais rapporter ce qui s’est passé ici à mon père. »
Jyao a acquiescé faiblement.
- Et si jamais tu t’attaques a nouveau à Neji-nee-san, je te tuerais personnellement. C’est bien compris ?
La voix d’Hinata a une sonorité que nul ne lui a jamais entendu, c’est le même timbre, mais elle est froide, et terriblement menaçante.
Elle a lâché Jyao, et celui-ci a fini sa chute. Elle a respiré lentement et s’est tourné vers Neji toujours figé là ou elle l’a laissé, livide et le regard stupéfait.
Il a finalement repris ses esprits, et a hoché doucement la tête.
« Magnifique enchaînement, Hinata. Mais tu devrais faire attention, tu as mal placé ton poids au quarante sixième... Contre un adversaire plus talentueux cela pourrait te valoir des ennuis. »
« Ou- oui. »
Hinata a soudainement rougit, et a frotté nerveusement ses doigts ensemble, réalisant soudain ce qu’elle a fait, non pas qu’elle regrette, mais la pluie d’implications lui apparaît soudainement… Mais malgré tout elle se sent étrangement calme, avec la bizarre euphorie du devoir accompli.
Et soudain, avant qu’elle ne réalise, Neji s’est agenouillé et l’a saluée très bas, une chose qu’il n’a pas faite depuis bien des années.
« Merci. »


Elle a fait exactement ce qu’elle a promis, et exposé posément la situation à Hiashi, sans frémir ni détourner le regard un instant. Il n’a fait aucun commentaire, l’a écouté attentivement et l’a froidement congédiée, mais a la brève lueur de son regard, elle a eut l’intuition qu’une fois sortit de l’hôpital, Jyao passerait un très mauvais quart d’heure.
Après cela, Jyao l’a soigneusement évitée, et étrangement, les anciens ont officieusement décidés de reporter le problème de l’héritage du clan à sa majorité…
Rétrospectivement, Hinata sait que c’est ce combat qui l’a le plus changée. Elle n’a pas arrêté du jour au lendemain de rougir ou de balbutier, mais la certitude était là.
Elle n’aurait jamais cru pouvoir un jour sauver Neji. Il est fort, bien plus qu’elle, et c’est dans l’ordre des choses qu’il puisse se débrouiller seul.
Mais là, elle lui a sauvé la vie. Et nul autre n’aurait pu le faire.
Elle s’est dressée contre Jyao pour Neji, alors qu’elle ne l’aurait pas fait pour elle-même, et c’est cette certitude que c’est ce qu’il fallait faire qui l’a soutenue contre cet adversaire bien plus fort qu’elle.
Et même si elle n’a pas avec Kiba et Shino la même relation presque fraternelle qu’avec Neji, ils sont importants pour elle, bien plus proches que sa vraie famille. Et tout deux sont forts, plus qu’elle, ils n’ont pas besoin d’elle.
Mais encore maintenant, la certitude l’envahie, Kiba est en danger, et il est hors de question qu’elle le laisse mourir sans se battre de toutes ses forces, sans mettre toute sa volonté dans la lutte.

Parce que telle est Hinata Hyuuga. Et tel est son nindô.
Algent
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Message par Algent »

:shock: :D Fabuleux, vraiment très bien ecrit. Vivement la suite. 8)
jeece
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Message par jeece »

et bien, çà valait le coup d'attendre :D
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Jainas
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Message par Jainas »

Ravie de vous l'entendre dire... j'avais peur qu'il soit un peu long, mais d'autre part il y a vraiment beaucoup à dire au sujet d'Hinata, et je me suis bien amusée à décrire l'infiltration et son interaction avec Shino.


Question : quelqu'un a t'il identifié la référence pour le coup du choc anaphylactique ?
Si quelqu'un trouve il gagne.... heu, je sais pas, quelquechose. A lui de choisir lol.
vampire-master
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Message par vampire-master »

toujours excellent 8)
la petite hinata qui se révéle ça fait plaisir :P
et le travail d'équipe avec shino, bravo ça n'a pas du être facile à penser à la méthode d'infiltration tout en accentuant sur le travail d'équipe 8)
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Tinton
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Message par Tinton »

La référence, c dans Banzaï non ?

Sinon, je trouve que t'écris bien, mais com tu le dis toi mm, au bout d'un moment c'est long, surtout qu'on peut pas trop sauter de lignes la, donc ca fait vachement compact. Enfin, ca n'enlève rien à la qualité de ton texte :D .

Tchuss
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Jainas
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Message par Jainas »

Hé non, la référence n'est pas dans banzaï, try again ^^ (d'ailleurs c'est quoi Banzaï ??? :lol: )

Pour ce qui est de l'articulation travail d'équipe/infiltration/personalités, il ne m'a pas vraiment posé de problème, parce qu'après tout, la personnalité des persos apparait dans la manière dont ils réagissent, dont ils se battent.
Et puis je me suis vraiment éclatée à écrire l'infiltration et l'interaction d'Hinata et de Shino... :D

Pour ce qui est de la longueur et du manque d'aération du texte... Je suis consciente que ça peut faire lourd, mais je ne vois pas trop de solution a part plus de sauts de ligne, mais j'ai un style assez littéraire, et du mal à sauter des lignes si ce n'est pas strictement nécessaire pour le rythme du texte... :?
Tayuya
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Message par Tayuya »

bon alors euh... tu imagines une fille, petite, brune, lunettes et devant toi. ça y est ? bon eh bien maintenant, tu mets la fille à genoux une expression émerveillée sur le visage. Voilà c moi après avoir lu ce deuxième chapitre. Je m'incline vraiment très bas.
mais nom d'un chien comment tu fais ? je me sens méga ridicule :lol: tu es la meilleure Jain' ^^ bravo bravo !
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