
LE FILM
Libria, cité futuriste, monochrome et austère, abrite les survivants de la troisième guerre mondiale, désormais gouvernés par un "Père" à l'omnisciente sagesse et dont les enseignements prônent l'annihilation de toute émotion, source de chaos et de destruction. Grâce à la découverte du sérum Prozium, annihilateur de sentiments, une paix relative semble régner sur le monde alors que ses habitants, machines obéissantes, vaquent à leurs travaux quotidiens avant de s'en retourner à leur domicile attitré, appartement dépouillé et impersonnel, en tout point identique à celui de leurs voisins. Ce nouvel ordre du monde, bien qu'infaillible en apparence, repose toutefois sur un piédestal relativement fragile, à savoir la nature humaine, tantôt conciliante, tantôt insubordonnée, à l'image de ces rebelles "transgresseurs", accusés de ressentir et donc, condamnés à la peine capitale.
LA LOI, C'EST MOI
D'entrée de jeu, cet avenir plausible apparaît impitoyable, tandis que les Ecclésiastes, une élite de combattants anti-transgresseurs formée au gun-kata, redoutable technique de combat à main armée, exécute les sanctions sans merci avant d'incinérer les pièces à conviction tels qu'objets d'art et autres reliques musicales ou littéraires, susceptibles de susciter une quelconque émotion. Parmi ces chevaliers aux tuniques noires et au regard froid, John Preston (Christian Bale), impitoyable défendeur de la Loi à la foi inébranlable, que le sourire de la Joconde ne saura charmer. Persuadé du bien-fondé de sa mission, il s'acquitte pieusement de ses tâches meurtrières avec une mortelle précision, et le cadre de ces exécutions sommaires ressemble bientôt à un sanctuaire feutré aux odeurs de catacombes et aux vitraux de fortune, petits orifices de lumière poussiéreuse témoignant d'une hérésie enfin tue. Le parallèle avec la religion, une constante du film, est accentué de façon visuelle mais aussi sonore, grâce à des chants aux intonations sacrées qui se mêlent aux coups de feu et aux cris des martyrs de la liberté.
Suivant cette brusque - mais efficace - entrée en matière, on n'est donc pas surpris de retrouver la croix des croisés comme symbole de l'ordre de Tetragrammaton, dont l'influence sur la population ressemble étrangement à une forme de christianisme moyenâgeuse en son totalitarisme hypertrophié et son implacabilité. Les Ecclésiastes ne sont autres que des moines guerriers, investis de pouvoirs conférés par le "Père" (allusion évidente au Saint Père), en chasse aux transgresseurs (à défaut de sorcières). La vie monacale des Ecclésiastes est également illustrée dans tout son ascétisme, sans que leur soit accordé aucun plaisir ni dans le sommeil, ni dans la nutrition (à aucun moment ne voit-on quiconque s'alimenter). Seuls les entraînements physiques aux arts martiaux sont conduits selon les règles d'un art venu d'Asie, où l'on retrouve la souplesse du Tai Chi Chuan, le bruit sec du Jo (sabre de bois utilisé en Aïkido) et la magnificence du costume des Samouraïs.
Au delà de l'action, dont les scènes aux chorégraphies impressionnantes préservent le divertissement, le film reste avant tout un voyage intérieur, une quête initiatique, celle d'un homme à la recherche d'un air qu'il n'a jamais respiré et qui le fera vivre enfin. Pour Preston, la progression vers la découverte de ses cinq sens se fait progressivement, en commençant par le toucher, lorsqu'il ôte ses gants de cuir, qu'il effleure le mur et qu'il "sent" la lumière. Peu après, lorsque les premières mesures d'une symphonie de Beethoven résonnent pour la première fois au creux de ses oreilles, l'émotion de cette nouveauté auditive le submerge. Puis vient le tour de ses yeux, de voir enfin une aube se lever, vision qui, jusqu'à présent, lui avait été cachée. Enfin se fait la découverte de l'odorat, suite à la subtilisation d'une bouteille de parfum et d'un ruban rouge. Et on imagine que ses larmes ont réveillé en lui le goût atrophié.
source : http://www.filmdeculte.com/video/video.php?id=117
Avis personnel
Ce film ma mit un claque, tout comme Fahrenheit 451, il montre à quel point l'art et les sentiments sont important, que sans eux tout le monde serait identique. Je ne sais comment décrire ce que fait resentire le film, surtout que nous sommes pas passé loin d'un monde comme celui d'écrit dans le film avec le nazisime. Je conseil vivement ce film.