Prologue

Et pour cause. La bâtisse était en réalité un vieux manoir, racheté par un riche inventeur. Il l'avait mise à disposition d'un organisme qui gérait l'adoption des enfants.
Le manoir datait du XVIe siècle et avait été fabriqué dans le pur style élisabéthain. Entièrement en pierre de Portland, il donnait l'impression que six maison avait été accolées les unes aux autres tant son découpage était chaotique. En effet, lorsqu'on la regardait de face, six pointes se dessinaient clairement au niveau du toit, au lieu d'une seule pointe comme il était habituel de voir. Six cheminées se côtoyaient sur un toit entièrement fait d'ardoise pour un noir bleuté du plus bel effet. Sur la face principale, on dénombrait une dizaine de fenêtres d'environs trois mètres carrés.
Les murs étaient recouverts de lierre grimpant, colorant les fondations d'un vert pâle assez joli, conférant gaieté à cette habitation qui aurait vite fait de devenir morne. Les jardins, immenses, était très travaillés bien que conservant cet anarchisme propre au jardin anglais, permettant de mettre en évidence tel ou tel plante rare. Si un étranger se décidait à les visiter, il était surpris par l'absence de balisage de l’itinéraire : la promenade dans un jardin à l'anglaise laissait une grande part à la surprise et à la découverte. Pas d’allées rectilignes guidant les pas du promeneur mais plutôt une sorte d'errance poétique.
Cependant lorsque Quillish Whammy arriva, il faisait nuit noire. Le manoir de Gravetye perdait alors ce côté accueillant pour revêtir une nouvelle forme autrement plus inquiétante. Il se dégageait alors une espèce d'aura fantomatique qui dissuadait bon nombre de cambrioleurs.
« Cette maison est vivante, marmonna t'il pour lui même. »
Et c'était tout ce qu'il l'importait. Le jour, elle semblait faîte pour accueillir les enfants et semblait les surveiller d'un oeil protecteur. La nuit, elle les protégeait contre les intrusions de l'extérieur, en se camouflant dans l'obscurité et dissuadant toutes personnes de s'approcher avec de mauvaises intentions.
Elle était loin la maison rachetée pour une bouchée de pain, totalement décrépie et en ruine. Le plancher se décrochait par bloc entier et il était inconcevable que l'on puisse y habiter. Mais Quillish s'était accroché et avait entrepris de la faire rebâtir pierre par pierre.
Et voilà le résultat, jugea t'il alors que son chauffeur ouvrait la porte de la Rolls. Il sortit d'un pas léger et entreprit d'éliminer tous les plis de son costume Russel & Hodge. Il s'avança vers la porte et usa du heurtoir en forme de lion pour signaler sa présence. Il fit attention à ne pas faire trop de bruit afin de ne pas réveiller les enfants.
Une minute après quelqu'un arriva et ouvrit la petite porte incrustée dans la grande (Cette dernière n'étant ouverte qu'en de rare occasion tant elle était lourde.) Quillish reconnut la personne ayant eu la bonté de lui ouvrir. Il s'agissait d'Annie Valnod.
De petite taille, les cheveux encore noirs malgré sa soixante passée, elle était l'exemple vivant de ce qu'on appelle «une sacrée petite dame. » Fille d'un père anglais et d'une mère française, elle avait été infirmière pendant la guerre d'Algérie, avant de complètement changer de voie, marquée à vie par la cruauté des hommes. Cela faisait cinq ans qu'elle s'occupait de l'orphelinat et ce, avec brio.
Ses petits yeux noirs s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnut Quillish Whammy et elle lui fit signe de rentrer immédiatement.
« Mais que faîtes vous ici ? Je ne vous attendais pas avant de demain Mr. Whammy. »
Le vieil homme, d'un âge proche de son interlocutrice, eut quelques toux d'hésitation.
« Et bien… J'avoue qu'il me tardait de revoir cet endroit. Donc si je pouvais passer la nuit ici…
- Mais bien sûr Mr. Whammy. Vous êtes ici chez vous, ajouta t'elle avec un clin d'oeil. Je vais vous faire faire préparer une chambre pour vous et votre chauffeur. »
Quillish eut un petit sourire, bien que peut visible sous sa moustache grise.
« Merci Annie. »
Elle s'écarta de la porte pour le faire entrer. Il se retourna, faisant signe à son chauffeur qu'il pouvait venir. Ce dernier, sous sa gigantesque casquette noir, acquiesça avant d'indiquer qu'il préférait d'abord cacher la voiture dans le garage. Les enfants étaient charmants mais avait beaucoup de difficultés à doser leur tir lorsque leur prenait l'envie de faire une séance de football.
Whammy retira son chapeau-melon avant d'entrer, dévoilant un épaisse crinière grise domestiquée vers l'arrière. Il avait toujours beaucoup aimé ces cheveux, épais et gracieux, mais pestait contre cette propension familiale à se dégarnir les tempes avec les années.
Annie et lui longèrent un grand couloir. Le sol, en marbre blanc, était des plus jolis même s'il accusait déjà un grand nombre de taches de chocolat chaud et autres substances collantes et indélébiles. Il ne s'en formalisa pas, sachant à l'avance comment cela allait finir. Tout juste ajouta-t'il dans son carnet mental d'allouer des fonds pour recouvrir le marbre par une substance facilitant le nettoyage.
Les murs étaient recouverts de dessins et de peintures enfantines, remplis de couleur éclatante respirant la joie de vivre. L'inventeur ressentit une vague de chaleur, joie indescriptible envahir son organisme. Il aimait ses enfants.
Ils passèrent devant le salon où les enfants regardaient un dessin animé par temps de pluie. Il fut surpris de voir un enfant hors de son lit à cette heure tardive.
La télé était allumée sur la chaîne des informations, débitant son lot d'inepties. Dans le gros canapé rouge, un enfant était assis en position fœtale, une couverture sur le dos. C'était un garçon, les cheveux de jais partant dans tous les sens. Une pince à cheveux perroquet empêchait ses mèches de lui tomber dans les yeux. Il dormait profondément, sa poitrine s'abaissant et se redressant avec calme.
Il resta bouche bée pendant quelques secondes, surpris l’apparence débraillée de l'enfant puis ses yeux se détournèrent et il reprit sa marche.
Ils continuèrent leur progression d'un pas rapide.
« Mr Whammy ? Voulez-vous que je vous conduise directement dans votre chambre ou bien préférez-vous prendre une légère collation. »
Quillish agita son doigt d'un air accusateur tout en souriant.
« Annie, je croyais vous avoir déjà dit que de m'appeler par mon prénom. Cela va bientôt faire cinq ans que nous nous voyons régulièrement.
- Je vais essayer Mr… (Elle hésita une courte seconde.) Quillish.
- C'est mieux. Je pense que je ne serais pas contre un petit whisky avant d'aller me coucher. J'ai quelques insomnies ces derniers temps et un ami m'a conseillé ce remède. D'ailleurs, la première fois que j'ai essayée, j'ai un peu abusé et je me suis réveillé avec un violent mal aux cheveux le lendemain. »
Sa voix souriait à la remémoration de ce souvenir. Annie eut un sourire complice. Elle aussi avait quelques insomnies, ce qu'on pouvait considérer comme la plus belle litote du monde. Depuis son retour d'Algérie, ses heures de sommeil n'avaient jamais dépassé les trois heures. Ses visites chez les médecins se soldaient toujours par une prise de somnifère, la forçant de vivre dans un univers gris et monotone. Elle avait fini par arrêter. Si elle devait ne dormir que trois heures et bien soit, elle s'y habituerait.
« Pour ma part, je me contente d'une tisane. Avec les enfants… »
Elle laissa sa phrase en suspend. Quillish leva la main, elle n'avait nul besoin de finir sa phrase.
Ils arrivèrent dans le réfectoire. Il flottait dans l'air cette odeur râpeuse caractéristique de la Javel. Le sol, d'un plastique ou latex quelconque, était un habitué des assiettes renversées comme en témoignaient les diverses taches. Les chaises étaient toutes retournées et posées sur les tables sur les tables en PVC afin de faciliter le balayage. Les halogènes éclairaient la salle de sa lumière tirant sur le jaune.
Annie voulut prendre une chaise pour la mettre à l'endroit mais elle fut devancer par Quillish qui en saisit deux et les retourna. Puis, comme il avait appris quand il était petit, il éloigna légèrement la chaise de la table pour qu'Annie puisse s'asseoir.
« Un véritable gentleman, murmura Annie. »
Quillish se mut en face d'elle, sur le deuxième fauteuil qu'il avait saisi.
« J'ai été éduqué en ce sens là. Et puis, ajouta t'il avec un petit rire, il faut avouer que dans ma jeunesse, les rustres n'avaient que peu de succès.
- Les mauvais garçons ont toujours eu du succès, précisa t'elle avec une pointe de fard sur les joues. »
Sans doute a t'elle aimé l'un de ses mauvais garçons, pensa t'il avec une pointe de jalousie. Il ne savait que trop bien que les femmes s'entichaient toujours des pires garçons possibles. Pour le risque bien évidemment. Parce que, comme tout le monde, ell rêvait de sortir de la monotonie de leur univers monochrome. En soit, il n'avait rien contre ça. C'était quelque chose de tout à fait normal. Pourtant il regrettait que ce fut presque toujours au dépend d'un amoureux qui aurait comblé la femme sur tous les aspects.Une petite boule de rancune monta en lui mais il eut vite fait de la faire disparaître.
Face à lui, Annie se tapa le front d'un geste rageur.
« Mais quel idiote. J'ai oublié la bouteille de whisky dans mon bureau. Ne bougez pas, je file la chercher. »
Sur ces mots, elle s'effaça.
Ce réfectoire éveillant en lui une nostalgie estudiantine, il entreprit de se balancer sur sa chaise tout en se tenant à la table.
Tout à coup, un petit garçon émergea entre les deux portes coulissantes. Quillish n'eut aucune difficulté à le reconnaître. C'était l'enfant qui dormait dans le salon. Des grosses cernes bleuté sous les yeux, il traînait derrière lui sa couverture, beaucoup trop grande pour qu'il puisse la porter (au même instant, Quillish bénit l'invention de la javel). Dans sa main libre, il tenait un journal.
Les sourcils relevés, le vieil homme suivit la lente migration du petit garçon qui semblaient avoir comme destination finale la table où il était accoudé.
« Monsieur, fit il d'une voix endormi lorsqu'il arriva au niveau de la table. Monsieur, y'a un problème avec le journal.
- Un problème ? dit l'inventeur d'une voix pleine de douceur. »
Pour toute réponse, le petit garçon lui tendit le journal. Quillish s'en saisit et parcourut la première page du Times d'un oeil négligent.
Il était question d'un attentat en Arabie Saoudite, du suicide d'un homme d'affaire et de la chute en bourse qui en avait résulté et les potins habituels à savoir les frasques de la famille royale.
« Et bien, je ne vois aucun problème, posa t'il d'une voix convaincu.
- Mais si il y a un problème Monsieur. »
Sa voix trahissait un agacement semblable à celui d'un professeur expliquant quelque chose qu'il trouvait trivial à un étudiant peu attentif. Cette comparaison arracha un petit rire à Quillish.
« Bon, tu vas me montrer quel est le problème mais en échange, tu me promets d'aller te coucher après. »
Le petit garçon agita sa tête de haut en bas avec conviction.
Quillish le saisit par la taille et le posa sur ses genoux. Le petit garçon étala la feuille du quotidien de façon à en avoir la totalité sous les yeux. Puis, surprenant son fauteuil transitoire, il grimpa sur la table pour se mettre en position fœtale.
D'un geste que l'on hésiterait peu à qualifier de rageur, il posa son doigt sur l'un des articles de la page. L'inventeur fronça les sourcils et se pencha en avant, redressant au passage ses petites lunettes rondes afin de mieux lire le début d'article.
Suicide du géant de l'informatique
George Sears, célèbre homme d'affaire, s'est donné la mort le 22 septembre. La balle, tirée à bout portant dans la tempe droite, ne laissait aucun doute quant à la funeste conclusion. Il laisse une veuve. George Sears s'était surtout illustré dans le commerce de micro composant et préparait une OPA offensive sur son principal concurrent… suite page 5
Courte biographie… page 6
« Et bien, qu'y a t'il ? Je ne vois aucun problème.
- Mais si il y'a un problème ! gronda le petit garçon. Regardez bien la photo. »
Quillish fronça les sourcils. Il n'avait même pas fait le rapprochement entre la photo du dessus et l'ébauche d'article. Dans l'image, un homme, la soixante grisonnante, se tenait debout derrière son bureau. Sur le bureau, on pouvait lire sur une plaque : [/i]Georges Sears, PDG. [/i] A côté, il y avait un petit porte-stylo duquel dépassaient quelques crayon ainsi qu'une paire de ciseau.De sa main gauche, il semblait tenir quelque chose d'infiniment petit. Un rapide coup d'oeil sur la légende lui apprit qu'il s'agissait de la nouvelle micro-puce mise au point par ses laboratoires. Quelque chose sur l'image gênait Quillish mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Pourtant, ce fut d'une voix égale qu'il dit :
« Et bien, je ne vois toujours aucun problème.
- Mais si ! Les ciseaux, et ben, il sont pas normal. C’est des ciseaux pour Edward. Pourtant, le monsieur qui a écrit l'article, il dit que George s'est tiré une balle dans la tête à droite. »
Quillish reposa ses yeux sur l'image et même s’il ne connaissait pas ce Edward, il comprenait ce qu’il venait de dire. C’était des ciseaux pour gaucher
C’est donc ça le détail qui me génait. À cause de la résolution de l'image, il ne pouvait en être certain mais les ciseaux semblaient bel et bien inversé par rapport à ceux qu'il utilisait habituellement. Que ce garçon si jeune ait été capable de le remarquer tenait d'un grand sens de l'observation.
Il lança un coup d'oeil au garçon. Ce dernier était toujours en position foetal, son pouce droit collé à ses lèvres sans qu'il ne le tette. Il y avait quelque chose d'étonnement charmeur et effrayant dans ses yeux. Cette façon froide d'analyser tout ce qui l'entoure tout en s'impliquant pleinement dans chacune de ses décisions. Ce refus de laisser les autres porter ses responsabilités. Tout ce qui allait faire le L de plus tard transpercer déjà ses petits yeux rêveurs.
Peut-être que ce n'est que de la chance, murmura un petite voix dans l'esprit de Quillish.
Peut-être n’était ce que de la chance. Pourtant, ce détail était assez troublant. Néanmoins, il existait une autre possible :
« Peut-être que l'image a été inversée. Ça arrive souvent tu sais.
- Mais la plaque, elle est pas à l’envers elle. »
Il marquait encore un point. De plus, l'article précisait qu'il était marié et Quillish remarqua l'alliance sur sa main droite.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé alors ?
- Et ben, et ben, le monsieur, il est pas mort tout seul, répliqua t’il d’une voix enfantine. »
Quillish prit conscience de la situation dans laquelle il se trouvait et trouva la scène surréaliste. Il était tranquillement en train de discuter d'un meurtre avec un garçon qui ne dépassait pas les huit ans, venant de mettre en évidence une contradiction de taille grâce à une photo et un début d'article.
Pourtant, ce qu'il trouvait d'encore plus étonnant, c'était lui-même, donnant la réplique tel un Watson à un Sherlock Holmes. Pendant quelques secondes, il n'était plus certain d'être le plus âgé des deux.
Il coula un long regard sur cet enfant aux cernes si bleu tout en se caressant sa moustache. Le petit garçon l'observait aussi, avec ses grands yeux noirs donnant l'impression de vous transpercer de part en part pour vous analyser des pieds à la tête.
« Lucka ! cria Annie. »
L'inventeur sursauta. Il avait tellement été subjugué par le garçon qu'il n'avait même pas vu la directrice s'approchait. Le dénommé Lucka se retourna pour faire face à Annie et lui lança son sourire le plus joyeux.
« Lucka, qu'est ce que tu fais ici ? Il est très tard tu sais, tu devrais être en train de dormir. »
Le garçon acquiesça avec hargne et descendit précautionneusement de la table avec l'aide de Quillish. Il saisit sa couverture et sortit de la pièce de la même façon dont il était rentré. Avec une démarche pâteuse et fatiguée. La porte coinça sa couverture et il dut la rouvrir pour pouvoir la récupérer.
L'inventeur se surprit à vouloir l'arrêter avant qu’il ne s’en aille. Il voulait rester avec ce garçon encore quelques minutes. Pour en savoir plus. Il n'appréciait pas ce départ précipité, presque fuyant, pourtant indépendant de sa volonté.
En un mot comme en mille, il avait comme envoûté, capturé par le sillage de ce garçon au regard trop mature pour n'avoir que huit ans. Peut-être n'était-ce qu'une enveloppe abritant quelqu'un d'autre. Avec le potentiel qu'il cachait, il lui serait possible de… Non il ne voulait pas y penser.
Annie le fit redescendre sur terre, posant bruyamment la bouteille de whisky sur la table et à côté, deux verres en cristal.
« Je vois que ce garçon vous fascine, dit elle en s'asseyant face à lui. Il fait cet effet à beaucoup de monde.
- Qui… Qui est il ? Il n'était pas là la dernière fois que je suis venu. »
La pièce fut envahi par le glou-glou caractéristique d'un verre que l'on remplit. Elle en tendit un des deux à Quillish.
« Tenez. (Il saisit le verre.) Lucka Lawliet est arrivé il y'a quelques semaines. Il a échoué d'en notre orphelinat après avoir erré de famille d'accueil en famille d'accueil. »
Il fit claquer sa langue. Ce vagabondage et cette impossibilité de se fixer signifiait qu'il y avait un problème. Annie lut dans son regard sa question avant même qu'il ne la pose.
« Il faisait peur à toutes ses familles. C'est tout du moins ce qu'elles m'ont rapportée lorsque je les ai interrogés. Je ne sais pas pourquoi mais toutes lui reconnaissait énormément de qualité, pourtant elle se refusait à le reprendre. »
Quillish acquiesça. Même s'il n'avait passé qu'un temps limité avec Lucka, il avait entrevu la vivacité d'esprit du garçon et le sentiment d'omniscience qui en résultait. Nul doute que c’était un pouvoir qui faisait peur.
« Est ce qu'il pose des problèmes quelconque ? demanda Quillish. Je veux dire, il n'est pas turbulent par exemple ? Je demande ça parce que j'ai vu qu'il dormait à l'écart des autres.
- C'est plutôt le contraire. Il est très calme et asocial. S'il dort dans le salon, c'est parce qu'il dit ne pas réussir à dormir autrement qu'en position fœtalz. On a bien essayé de le faire dormir normalement mais après plusieurs nuits d'insomnie, on a abandonné. De plus, comme il dort assis, il fait peur aux autres enfants. Il a préféré s'isoler tout seul dans le salon. De toute façon, il doit dormir aussi longtemps que moi comme en témoigne ses cernes.
- Je vois… Et vous avez essayé de contacter un psychologue ou un pédopsychiatre pour en discuter avec lui ? »
Connaissant le crédit qu'apportait Annie à la psychologie et tout ce qui avait un rapport de près ou de loin à Freud, il savait que ce ne serait pas le cas. Un jour, elle lui avait avoué qu'elle n'aimait pas la notion d'inconscient et la perte de contrôle que cela impliquait. Elle préférait alors penser que ce n'était qu'une formidable erreur à l'échelle mondiale plutôt qu'une réalité. Et puis, ça n'avait aucune réalité neuro-anatomique comme elle aimait si bien le dire lorsqu'on l'entraînait sur ses débats.
« Non, fut la seule réponse qu'il obtint. »
Il porta ses lèvres le verre remplit de whisky.
Il est peut-être temps de prendre des nouvelles de mon vieil ami Roger.
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Mon nouveau projet qui me tient à coeur. J'avais au départ prévu de l'écrire entièrement avant de le poster mais étant donné que ça va faire un mois que je n'ai écris qu'un seul chapitre, avoir un semblant de devoir face à mes lecteurs me motiveras un peu plus.
Je prévois, en plus de la génèse de L, quelque chose comme une petite enquête, une moyenne et une grosse.
Je n'ai aucune idée quand à la taille de l'histoire. Vous verrez bien et moi aussi.