
Tout est dans le titre et dans le sous-titre

Cela dit mieux vaut prévenir ceux qui s'attendent à voir un film d'action et de conquêtes, ça n'est pas le sujet ici.
Ce film raconte comment le petit Temudgin, plus tard connu sous le nom de Genghis Kahn, est devenu la légende qu'il est. De son enfance ordinaire à la mort de son père, de sa réduction en esclavage à sa fuite, de sa fuite à sa re-réduction en esclavage et en bête de foire, de sa re-re-fuite (oui il s'enfuit beaucoup dans ce film

Relativement classique sur la forme, le film nous montre néanmoins un Kahn humain, loin du tyran sanguinaire passé à la postérité. On peut voir comment son parcours assez hallucinant forge sa personnalité, ses idées et sa volonté d'en finir avec les guéguerres de pacotilles pour unifier les clans Mongol. Sa femme Borte (prononcer "Borteuh") lui servira d'appui et de motivation tout au long de son parcours, et elle sera toujours là pour attendre son retour. Une femme qui a mine de rien son caractère et qui, passez-moi l'expression, foutra bien la merde par moments.

Les deux gros points forts du films ce sont ses décors (les stepes de Mongolie, des plaines à perte de vue qui vont de pair avec le gigantisme de l'ambition du Kahn) et ses musiques, discrètes mais envoûtantes qui accompagnent tout le métrage. Les scènes de batailles sont suffisamment bien gérées (ni trop courtes, ni trop longues, ni trop nombreuses) pour qu'on s'y laisse prendre et les plans rapprochés lors des combats ne font qu'en souligner la violence impitoyable.
Concernant les personnages on peut en retenir trois principaux : Temudgin, sa femme, et son "frère" Jamukha, un Kahn (un chef de clan) qui le sauva lors de sa première fuite après la mort de son père. Ce frère deviendra tour à tour son meilleur allié et son ennemi juré. Tout au long de l'histoire, il continue d'appeler ironiquement Temudgin "mon frère" et semble insouciant voire parfois dénué de sentiments. Son espèce de "tic" qui consiste à faire vibrer ses cordes vocales le rend par moments assez flippant, comme possédé je trouve.
Le principal défaut du film je dirais c'est sa relative platitude par moments. Souvent, on a un peu l'impression d'attendre qu'il se passe quelque chose ; certaines scènes paraissent dispensables et d'autres au contraires passées trop rapidement, voire carrément zapées (on passe de "Temudgin quitte sa femme" à "Temudgin à la tête d'une armée" sans préavis, c'est un peu déroutant). Il y en a peut-être trop à raconter en seulement deux heures, mais de ce fait le film manque du souffle épique qui l'aurait rendu passionnant. Un autre défaut, mais le réalisateur et les acteurs n'y sont pour rien, c'est que malheureusement on passe une large partie du film sur l'enfance de notre gentil tyran sanguinaire. Je dis "malheureusement" car, si la VF des personnages adultes est tout à fait convenable, les voix d'enfants sont particulièrement atroces tant elles transpirent la lecture et la non-spontanéité. Certaines scènes furent une rude épreuve pour mes oreilles, ce qui m'a quelque peu gâché le plaisir au début...
La fin du film laisse transparaître deux aspects paradoxaux du Genghis Kahn : à la fois le tyran qui n'hésite plus à sacrifier des vies pour réaliser son ambition et l'homme qui tient ses promesses quoi qu'il arrive...
Pour finir ce film n'est pas ce que j'appellerais un chef-d'oeuvre mais il est tout de même intéressant dans le traitement de la vie d'un personnage finalement assez méconnu. Et puis ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et des oreilles (je parle des musiques, pas de la VF q-__-p) il vaut le coup d'être vu. Moi et les 10 péquenauds qui squattions la salle sommes ressortis instruits (bien que je ne doute pas que l'histoire ait été un poil romancée) et divertis, c'est bien le principal. On rêverait presque de vivre aussi simplement et sainement que les nomades Mongols.

J'aurais aimé le voir en VO pour une meilleure immersion mais on ne peut pas tout avoir...
Réalisateur : Sergei Bodrov
Scénaristes : Sergei Bodrov, Arif Aliyev
Acteurs principaux : Amadu Mamadakov (Targutai), Honglei Sun (Jamukah), Khulan Chuluun (Borte), Tadanobu Asano (Temudgin)
Durée : 2h00
Voulà voulà, je suis pas très doué pour la critique de films, quelqu'un le fera peut-être mieux que moi

A noter que ce film est le premier volet d'une trilogie semble-t-il... On peut donc espérer que le souffle épique n'est pas ce qui manquera aux volets suivants (celui-ci se terminant sur le début de son règne) et qu'il y aura moins de longueurs inutiles.