Sang et cendres

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

lebibou a écrit :Qu'il y'a une légère faute dans la dernière ligne de Tsunade
CET ENFOIRE EN VEUT KYUBI
En veut à Kyubi, ou veut Kyubi ? Comme tu n'arrivais pas à te décider, tu as choisi de couper la poire en deux. Par contre, le sens change selon la phrase que tu écris. Veux Kyubi signifie qu'il souhaite le capture, par contre, en veux à Kyubi a une connotation plus guerrières. Ca veux dire qu'il veut s'en prendre à lui.
.
Oh, jolie comme faute...
Je te remercie de me l'avoir indiquer, j'imagine que c'est l'expression de mon inconscient. Du mal à me décider entre les deux sens. Je trouve "qu'en vouloir à" sonne mieux, mais l'autre est plus proche du sens recherché.
Résultat, je me suis emmélé les pinceaux... Vala, rectifié!

Sinon merci pour tous tes compliments, suis trés flattée! :oops:
J'avais un peu hésité sur ce chapitre, donc je suis rassuré de le voir bien accueilli.
L'humour surnagera, enfin j'essaierai...

Merci d'avoir laissé une review Neo Sky!
Ca fait toujours trés plaisir de voir de nouvelles personnes s'intéressaient à cette fic! Je compte sur toi pour la suivre jusqu'au bout, hein? :lol:
Jainas
Jounin
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Message par Jainas »

Ch'ui en retard, mais vaut îeux tard que jamais n'est ce pas ? (j'avais déjà lu ce chapitre, mais pas eu le temps de reviewer...)

Que dire ?
Que c'est très bien écrit ?
Très original ?
Que WAAAAAAAAA, TSUNADE ELLE A COUCHE AVEC OHIRA !!!!! :shock: (hem hem... non, franchement, j'ai été surprise, mais au final ça passe merveilleusement bien, et j'ai beaucoup apprécié la narration du début, ainsi que la manière de se comporter de Tsunade, même si elle à un peu tendace à se laisser mener par les évènement sur la fin... c'est une saninn et un ninja que diable, elle devrait savoir qu'on attaque pas à l'aveugle...)


Enfin, pour les Rôdeurs, je dois avouer que je bute un peu sur le terme, sans doute parce que l'aspect Dunedain lui donne une connotation plutôt positive pour moi (ceux qui ne voient pas à quoi je fais référence peuvent aller se faire foueter pour leur ignorance ^^)
Tayuya
Gennin
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Message par Tayuya »

Je vais finir par croire que tu n'en es pas à ton premier coup d'essai :lol: c'est vraiment admirablement mené !
Voir Tsunade se laisser faire comme ça, ouais, ça m'a surpris mais au final, ça passe plutôt bien. Le personnage d'Ohira est vraiment bien construit ^^

Jain' > moi j'ai compris euh ! :lol: c'est vrai que sur le coup, j'ai aussi pensé à ça. Mais c Arakasi l'auteur ;-)
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Jainas a écrit :Que WAAAAAAAAA, TSUNADE ELLE A COUCHE AVEC OHIRA !!!!! :shock: (hem hem... non, franchement, j'ai été surprise, [/size]
Tu veux que je te dises? Moi aussi! :lol:
C'était pas vraiment prévu au programme à l'origine, mais tout compte fait une fois le chapitre commencé, ça m'avait l'air de couler de source (dans le sens de la narration je veux dire, ne vous y trompez pas)... Vous me croiriez si je vous disais qu'ils ont fait ça tout seuls? :lol:

C'est vrai qu'elle perd un peu beaucoup son sang-froid, trop facilement peut-être, mais elle ne m'a jamais parut être du genre à pouvoir facilement se contrôler (pas forcément l'idéal pour un hokage mais bon...) Et puis Ohira a tendance à énerver les gens, allez savoir pourquoi...

Tayuya:
Je vais finir par croire que tu n'en es pas à ton premier coup d'essai
Si, si, c'est mon premier essai je confirme, mais j'imagine qu'il faut compter avec je-ne-sais-plus-combien d'années de lecture acharnée, à raison de deux ou trois heures par jours... A cause de ça, je n'ai peut-être pas un style trés personnel, mais des histoires et des personnages, j'en ai brassé dans ma tête depuis tout ce temps!
Vive les bouquins!!! comment ferait-on pour vivre sans eux???

Pour le terme "rôdeur", je vois bien à quoi fait allusion Jainas ;-) , mais à l'origine je trouve ce terme plus inquiétant qu'autre chose: les loups, les vampires et les fauves rôdent dans la nuit à la recherche d'une proie... Rien de bien agréable.

Sur ce et bien entendu, merci beaucoup pour les reviews!
Jainas
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Message par Jainas »

Coucou, juste une dernière chose que j'avais oublié de dire, et qui m'est revenu ...
A cette époque Tsunade à la phobie du sang normalement, donc sa réaction au village n'est pas tout à fait logique...
Toi qui est adepte des craquages t'en as loupé un beau là... :D
Kydash
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Message par Kydash »

petite review pour les deux derniers chapitre pour t'encourager de mon coté. je trouve que le style a gagné en profondeur depuis le début, ce qui est assez interressant.

Bon pareil que Jainas : le terme rodeur, tu n'as pas du aller le chercher bien loin XD. je m'attendais à des petites bêtes, des petits diables ou autres choses ayant un non un peu plus gargantuesque.
Aussi sur les rodeurs, j'ai relevé un défaut tout a fait mineur. c'est d'attendre 2 ou 3 chapitres pour connaître le nom qui leur est associé qu'alors que tu en avais fais la description.
C'es un peu curieux comme choix m'enfin bon, c'est tout a fait mineur.

Maintenant pour le scénario, je le trouve complet et très attractif comme au début bien que pour l'instant Ohira et l'autre bénet d'Hijo retiennent vraiment mon attention.
D'ailleur au sujet de ce dernier, je le trouve beaucoup trop laissé en retrait d'un seul coup: tu as voulu l'incorporé à la mission mais surtout à mon avis, du à sa très grande popularité au niveau des lecteurs.

Sinon en dehors de ces deux aspects, je note pareil que smog la surpuissance de ton Teshiro même si pour l'instant on n'a pas encore vu ce qu'il valait devant un réel perso.

Voili voilou,

A très bientot!
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Jainas: Mea culpa, j'avais complétement zappé la phobie du sang de Tsunade. Ca aurait pu être intéressant pourtant... Si vous remarquez d'autres incohérences avec le manga n'hésitez pas à me les signaler, un peu trop tard pour réparer celle-là mais tant pis... merci tout de même!

Kydash: Pourquoi est-ce que personne n'aime le terme de "rôdeurs"? :cry: Moi je l'aimais bien pour son côté décalé justement, parce que sa signification n'était pas immédiatement évidente. Moi et mes idées tordues...
Leur nom est révélé un peu trop tard, mais en fait c'est encore ma faute, les chapites ont souvent tendance à être plus longs que prévu et de nouveaux éléments s'incorporent au récit. Donc certains passages sont retardés, retardés, retardés... C'est le probléme d'une fic écrite au fur et à mesure, j'imagine. J'ai plan de l'histoire mais il n'est pas éxagérement détaillé.
Pour Hijo, on ne l'a pas trop vu ces temps-ci, mais il n'avait pas encore de rôle important à jouer, ça aurait été un peu superflu mais promis, je lui ai réservé du boulot pour la suite! J'aime écrire les passages où il est là mais j'avoue lui préférer pas mal d'autres personnages qui possédent plus d'ampleur.

Bon, ceci dit, voici la suite!
Un chapitre assez particulier, intéressant à écrire mais je ne sais pas vraiment si vous aimerez... Mais je l'espére!
Alors reviews, please.

CH11 : Perdu entre les ombres.



- J’ai l’étrange impression de vous avoir mal compris… J’ai une fâcheuse tendance à devenir dur d’oreille vers le fin de l’hiver, attristant, hein ? Peut-être pourriez-vous répéter ?
Le jounin agenouillé fit des efforts héroïques pour conserver un minimum de sang-froid, concentrant son regard sur le sol poussiéreux et dallé qu’il distinguait entre ses genoux repliés. Ignorant de son mieux la sueur glacée qui lui coulait dans le dos, il s’inclina encore plus bas, le nez frôlant presque la pierre et réussit à marmonner d’un voix qui ne tremblait presque pas :
- Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire nous… nous avons perdu la trace de Sasuke Uchiha.
Un silence.
Une goutte de sueur se détacha de son front et s’écrasa sur le pavage avec un bruit beaucoup trop sonore à son goût. L’écho dans cette maudite salle était bien trop important, avait-on idée de construire des salles d’une telle envergure ? Un frôlement soyeux lui indiqua que son interlocuteur s’était levé, il ne doutait pas instant que le bruit ait été intentionnel, si il le désirait il pouvait être aussi silencieux qu’un souffle d’air. Il rassembla tout son courage pour continuer lamentablement, le regard fixé sur une petite faille à proximité de son genou gauche :
- Mais nos patrouilles sont à sa recherche ! Si la chance est avec nous, nous l’aurons rejoint avant…
- La « chance » ? le coupa une voix sifflante tout prés de son oreille.
Il n’avait pas entendu le sanin se déplacer. Il ouvrit la bouche, la referma, happant l’air comme un poisson sans réussir à produire un son.
- Qui vous parle de « chance » ? Vous aviez pour mission de surveiller un genin de quinze ans à peine, un débutant. Etait-ce vraiment trop demander à un groupe de shinobis supérieurs, entraînés par mes propres soins ?
- N… Non, Orochimaru-sama.
La colère dans la voix suave du sanin n’était maintenant que trop visible, il ne s’agissait même plus de colère : il était fou de rage. Le jounin tremblait et avait à présent besoin de toutes ses ressources pour réussir à produire une réponse compréhensible.
- Pourtant quelqu’un a traversé nos frontières…
- Ou…Oui, Orochimaru-sama.
- Evité nos patrouilles…
- …
- A atteint ma demeure…
- …
- Et a enlevé l’Uchiha sous votre nez, sans rencontrer la moindre difficulté.
- Ou… Oui Orochimaru-sama, répondit bêtement le shinobi, mais aucune autre remarque sensée ne lui venait pour l’instant à l’esprit.
L’homme serpent poussa un soupir éxédé et le ninja reteint sa respiration dans l’attente d’une mort aussi rapide que cruel. Mais rien n’arriva. Il attendit, attendit jusqu’à que la situation devienne insupportable, il osa alors relever le nez du sol et jeter un coup d’œil craintif devant lui. Le sanin au longs cheveux noirs était vautré avec nonchalance dans son fauteuil à prés de vingt mètres de distance. Malgré son apparence détendue, ses yeux jaunes brûlaient de fureur.
- Une absence d’une semaine et regardez-moi le résultat ! Où se trouve Kabuto ?
Le jounin du son se courba à nouveau, à bien y réfléchir, il avait encore de fortes chances de se faire tuer.
- Kabuto-sama… J’ai le regret de vous annoncer que Kabuto-sama est… mort.
- Mort ? s’étrangla le sanin. Qui… ? Il se reprit presque aussitôt et murmura : Konoha, hein ?
- Et bien justement, nous pensions qu’il y avait de fortes chances…
- Peut-être, le coupa la voix acérée, ou peut-être pas…
- Je… je ne suis pas sûr de comprendre.
- Qui vous le demande ?
Mais le sanin ajouta après un temps d’un ton songeur :
- Envoyer un homme seul et isolé pour une mission de cette importance, cela ne ressemble pas aux méthodes de Konoha. Les missions-suicides n’ont jamais été leur fort et les hokages n’ont jamais juré que par leur fameux « travail d’équipe ».
Les derniers mots vibraient de mépris, puis le maître d’Oto lâcha un froid :
- Partez d’ici, j’ai à réfléchir. Et faites votre travail ! Ne laissez pas l’Uchiha quitter le territoire du village et ramenez son ravisseur. J’aurai probablement quelques questions à lui poser…
Le jounin fila sans demander son reste, courant exécuter sa mission, trop heureux de s’en tirer à si bon compte. Il prit tout de même le temps de passer par ses quartiers pour changer son uniforme trempé d’urine.


* * * * * * * * * * * * * * * * * *





Les ombres avaient envahi le monde.
Partout où se tournait son regard, dérivaient des lambeaux de brume et de brouillard. Plus de vie, pas un souffle d’air ou de vent pour agiter ces étendues grisâtres qui s’étalaient à perte de vue. Rien. Le vide. Le néant, à la fois si familier et si étrange. Plus un son, plus un cri, pas même un murmure. Il abaissa les yeux et ne fut pas surpris de ne rien distinguer, le bas de son corps tout comme le reste de la scène se perdait dans les ombres. Il étendit sa main droite devant son visage, en agita les doigts, son œil fut incapable de repérer le moindre mouvement.
Il était seul, sourd et aveugle, perdu dans un nuage sans consistance.
L’air lui-même semblait amorphe, dépourvu de vie et de mouvement. Si c’était bien de l’air qu’il respirait… Respirait-il vraiment d’ailleurs ? Il n’en était pas tout à fait sûr. Pendant quelques secondes, il se demanda s’il était mort. Il n’en éprouva ni terreur, ni angoisse, à peine une vague curiosité mêlée à un peu d’espoir.
Etait-ce cela la mort ? L’Enfer ? Une étendue grisâtre, vide, sans fin, ni commencement où l’on restait seul, désespérément seul à jamais. Pourquoi pas, au fond ? Il y avait probablement pire châtiment, mais il n’en était pas sûr non plus. Il ne croyait pourtant pas être mort, il était quasiment sûr de ne pas avoir été tué, du moins il ne s’en souvenait pas. Se rappelle-t-on de sa mort, un fois seul dans les ténèbres de l’au-delà ?
Mais il n’était pas seul, il ne l’était plus.
Autour de lui les ténèbres semblèrent prendre consistance, des formes dansantes et mouvantes s’y agitaient, virevoltaient en tout sens, devenant de plus en plus nettes, de plus en plus reconnaissables. Elles s’approchaient de lui, le frôlaient, le cernant de toutes parts. Leurs mains brumeuses effleuraient sa peau, ses habits et il sentit son dos et sa nuque se couvrir de sueur froide alors qu’il tentait de battre en retraite, d’échapper aux touchés glacials. Mais il n’avait nulle part où reculer. Il était cerné, paralysé.
Certains spectres prenaient corps, éveillant dans son esprit de vagues souvenirs.
Un homme vêtu comme un ninja passa en dansant devant ses yeux. Le signe qui ornait son bandeau était invisible, mais l’on pouvait clairement distinguer la blessure béante qui ornait sa gorge, donnant l’illusion d’un sinistre et écarlate double sourire. Tripes et boyaux pendaient d’une blessure au ventre. Un pan de l’accoutrement du spectre effleura sa main au passage avant qu’il ne s’évanouisse, aspiré par le brouillard opaque.

Sa main s’enfonçant dans les chairs à vif, les tordant, les déchirant.
Un hurlement.

Il tressaillit, tenta à nouveau de reculer, de fuir. Mais les ombres l’assaillirent, poussant dans son dos, lui bloquant tout échappatoire.
Un nouveau spectre apparut encore plus net que premier : une jeune fille, si jeune… à peine 17 ans peut-être, ses yeux affolés, agrandis par la terreur la faisant paraître encore plus jeune, presque une enfant… Du sang encore frais couvrait sa poitrine. Elle tendit le bras vers lui. Paralysé, il ne put éviter le contact.

Des sanglots dans la nuit.
Une peau douce et glacée sous ses doigts.

Ses mains tremblaient à présent, un tremblement violent qu’il était incapable de contrôler. Et les spectres venaient, de plus en plus nombreux, de plus en plus pressants…
Un homme vêtu de gris lui saisit la manche.

Du sang sur les murs. Crissement d’ongles labourant le sol.

Un adolescent gémissant.
« Vous en supplie… Pas ma faute… supplie »

Un vieillard dépenaillé.
Le fer tranchant le chair.

Chaque effleurement lui faisait l’effet d’un coup de poignard, la douleur lui transperçait le corps, comprimant sa respiration. Il étouffait, impuissant, incapable d’articuler une parole.
Une petite silhouette pâle, si petite qu’elle atteignait à peine sa hanche, bondit brusquement hors de la brume et s’éloigna presque aussitôt. Sa gorge se dessécha et il se tendit, soudain glacé de la tête aux pieds.
Non, pas cela ! Oh, s’il vous plaît ! S’il vous plaît, pas cela !
Mais le silhouette enfantine était déjà sur le point de disparaître, il lutta avec l’énergie du désespoir et au prix d’un effort surhumain s’arracha à l’étreinte des ombres et se jeta à sa poursuite.




Sasuke ouvrit les yeux.
Des nuages gris défilaient devant son regard, il était couché sur le dos, bras étendus au dessus de sa tête jambes allongés au sol. Dans une grognement, il tenta de se relever mais échoua. En revanche, une douleur violente lui traversa aussitôt les bras et les mollets.
Il serra les dents à s’en briser les mâchoires. Plutôt crever que de lâcher un seul gémissement. Il était un Uchiha, et les Uchihas ne se plaignent jamais, il ne gémissent jamais. Dans un monde où le doute et la crainte régnaient en maîtres, il pouvait au moins garder cette unique certitude, un pilier auquel s’accrocher, une ancre à laquelle s’agripper au milieu de la tempête dévastatrice qu’était devenu sa vie : un Uchiha ne renonce jamais.
Et même couché au sol, ligoté comme un gibier, trempé à la fois par la boue et la neige, le corps parcouru de crampes plus douloureuses les unes que les autres, Sasuke n’avait pas l’intention de déshonorer son clan.
Vraiment ? Voilà qui est curieux… Parce que trahir ses frères d’arme, abandonner sa patrie, tenter de tuer son meilleur ami, tout cela n’a rien à voir avec le déshonneur ?
Malgré sa résolution de ne pas produire un son qui pourrait être interprété comme une marque de faiblesse, le jeune ninja laissa échapper un nouveau grognement. Encore cette maudite voix ! Cette petite voix insistante, cynique et railleuse, cette petite voix qui semblait ressurgir de fin fond de son esprit aux moments les plus inattendus, dés qu’il se laissait aller… non pas à rêvasser ! Il ne rêvassait jamais, ça c’était bon pour les.. les… les insupportables rêveurs dans le genre de l’autre ahuri.
A qui pouvait-elle bien appartenir ? Ce n’était pas celle de Naruto, elle reflétait trop de dureté et de froide lucidité. Pas celle de son père non plus, trop familière et railleuse pour appartenir à l’austère patriarche dont il avait gardé le souvenir. Une autre hypothèse lui traversa l’esprit et un frémissement le parcourut. Mais non, impossible ! Ce ne pouvait être cela. Rien dans ces accents métalliques ne rappelait les chuintements d’Orochimaru et il en remerciait le ciel. L’idée que le serpent puisse ainsi se faufiler dans ses moindres pensées le révulsait à un point inimaginable.
Va au diable, saleté de reptile, quoi que tu fasses tu n’auras jamais le contrôle de mon esprit !
Mais le contrôle de ton corps, en revanche tu le lui laisses ? Mmmh ? Comme c’est digne d’un élève attentionné !

Sasuke aurait vraiment aimé pouvoir chasser cette maudite petite voix qui refusait de lui laisser vivre sa vengeance en paix, mais au fond de lui il se doutait bien que la chose était impossible, il se doutait bien de la vérité : cette voix n’appartenait à personne… à personne d’autre qu’à lui-même. Un Uchiha n’éprouve pas de remord, mais Sasuke était assez lucide et honnête avec lui-même pour reconnaître la vérité. Quelque part, quelque part tout au fond de son esprit, bien dissimulé sous les couches de haine et de rancœur, le doute s’était incrusté. Et chaque jour, chaque heure qui s’écoulait, il prenait un peu plus d’emprise sur sa volonté.
Il prit une profonde inspiration et fit jouer doucement ses muscles douloureux, tentant sans succès de ramener les bras le long de son corps. Une bonne chose que l’on pouvait noter à la décharge de la voix, c’est qu’elle lui apportait un peu de calme bien nécessaire dans certaine situations. Il considéra d’un œil plus clairvoyant sa position actuelle. Pas de quoi paniquer.
S’il ne pouvait bouger ni bras, ni jambes c’était parce que des cordes imbibées de chakra les entouraient solidement, fixées par une de leurs extrémités à trois arbres d’aspect imposant, le tenant ainsi paralysé et écartelé sur le sol.
Si des crampes atroces parcouraient tout son corps, c’était probablement du à la position extrêmement inconfortable dans laquelle il avait dormi.
Si sa mâchoire et sa tête étaient si douloureuses, cela pouvait s’expliquer par les quelques souvenirs très nets qu’il avait de la veille, à savoir et avant tout, le souvenir très… frappant d’un poing ganté fonçant à une vitesse phénoménale en direction de son visage, suivi d’un trou noir et à présent d’un réveil assez nauséeux.
Sasuke gronda tout bas et tournant prudemment la tête, sonda du regard les environs.
Personne de ce côté.
Il s’autorisa une grimace de douleur, vite réprimée. L’autre enfoiré ne devait pas être bien loin.



La brume s’était dissipée.
Mais l’enfant avait également disparu, évanoui entre les arbres noirs qui se dressaient maintenant là où seul le désert régnait quelques instants auparavant.
Il avait couru.
Couru comme un fou, appelant l’enfant, le suppliant d’attendre, de lui laisser un peu plus de temps… S’il te plaît… S’il te plaît… Je n’en peux plus… Je t’en prie… Je t’en supplie…
Et même après le disparition de la petite silhouette blanche qui n’avait peut-être jamais été réellement là, il avait continué à courir, ignorant les branches maigres qui le fouettaient jusqu’au sang, ignorant les ténèbres qui s’épaississaient, ignorant la pluie froide qui lui glaçait les os. Le peu de lucidité qui lui restait encore se doutait bien que rien de tout cela n’était réel, ne pouvait l’être, ni les branches acérées, ni le forêt surgie de nulle part, ni la pluie.
Tu te rappelles ? Il ne pleut pas, il neige. Il neige…
Mais depuis combien de temps n’avait-il pas joui de toute sa lucidité ? Il avait conscience d’une certaine façon d’avoir atteint à cet instant une frontière, le frontière fragile qui sépare la raison vacillante de la folie. Mais cela n’avait pas d’importance, vraiment aucune importance.
En ce moment précis, il ne voulait qu’une seule chose : rattraper l’enfant en fuite. Mais le petit spectre courait bien trop vite et il avait beau appelé, supplié, il restait sourd à ses cris.
Ne me laisses pas…
Une éclaircie entre les arbres. Une clairière. Une maison de bois.
Une porte ouverte, grande ouverte, comme invitant les voyageurs à y entrer… Les assassins à y pénétrer.
Il leva une main tremblante repoussant de son front les mèches trempées par la pluie, comme il l’avait fait il y avait dix ans.
S’approcha de l’entrée d’un pas chancelant, le cœur au bord des lèvres, la poitrine comprimée dans un étau d’acier, tout comme il l’avait fait il y avait dix ans.
Tendit la main pour s’appuyer sur une des parois de chêne, remarqua la large tâche sombre et poisseuse qui couvrait le bois tout prés de ses doigts.
Les mêmes gestes, la même peur, la même panique qui s’éveillait en lui se propageant tel un feu dévorant dans tout son corps, obscurcissant sa raison.
Non, je ne veux pas ! JE NE VEUX PAS ! Pas cela, s’il vous plaît, pas cela !
Il ne voulait pas rentrer, il ne devait pas rentrer. S’il le faisait, il savait pertinemment qu’il deviendrait fou, complètement fou.




Sasuke avait eu droit à un réveil et à une raclée à peu prés comparables à ceux-ci, trois jours auparavant lors de sa première rencontre dans la clairière d’entraînement avec cet homme.
La tête de Kabuto avait roulé à ses pieds et le temps qu’il reprenne ses esprits, l’autre s’était présenté avec un calme parfait et lui avait froidement fait part de son intention de l’amener avec lui. De gré ou de force, avait-il précisé. Le jeune Uchiha était resté figé sur place, sans savoir quelle réaction adopter.
La présence de cet homme à quelques kilomètres à peine du repaire d’Orochimaru, son attitude assurée, ce qu’il venait de faire, ce qu’il venait de dire, tout cela paraissait tellement… énorme. Tellement improbable. Mais la stupeur qui avait en premier lieu paralysé le jeune homme avait vite disparu ou plutôt avait été éclipsée par un tout autre sentiment, pour qui donc se prenait ce type ? Comment pouvait-il lui annoncer avec tant de tranquillité son intention de l’enlever, sans s’attendre de toute évidence à une quelconque réaction ? Pour qui le prenait-il ?
Il ne désirait pas spécialement jouir encore longtemps de la présence du serpent, mais n’avait pas l’intention non plus d’accéder docilement à ce genre de « requêtes ».
Grinçant des dents sous l’effet de le fureur, il avait retenu la réplique cinglante qui lui montait au lèvres, préférant garder un silence plus digne. Une telle réaction aurait été désespérément puérile, pourquoi passer par la parole quand on peut lui suppléer l’action ?
Il ne s’était pas jeté aveuglément en avant, comme il aurait pu le faire, il n’y avait pas si longtemps.
Sasuke était fier mais loin d’être stupide.
Trois ans en compagnie du sanin et un certain nombre de raclées mémorables lui avait au moins appris une chose : la prudence. Son adversaire paraissait fatigué et peu motivé à l’idée d’un nouveau combat, il était déjà blessé, Sasuke pouvait voir le sang couler le long de son avant-bras, mais il venait d’assassiner Kabuto. Et il était bien placé pour connaître la force du jounin, dont la réputation aux alentours du village du son était sans pareille, si l’on exceptait bien entendu le maître du village lui-même. Malgré son apparence, le nouveau venu n’était pas à prendre à la légère.
Il avait feinté à gauche, obliqué brusquement à droite.
Un bond léger, quatre kunais tranchant l’air, prendre appui de la main droite sur une branche d’arbre, se projeter en l’air plus vif qu’un chat sauvage, atterrir derrière l’advers…
Il se fit la réflexion après coup qu’il aurait du activer immédiatement son sharingan. Il l’aurait pourtant fait en temps normal, une manœuvre classique, il aurait du y penser ! Si projeter nonchalamment la tête de Kabuto d’un bout à l’autre de la clairière était une manœuvre de déstabilisation, il fallait croire qu’elle avait parfaitement réussie.
Il avait fait une erreur, l’avait réalisée au moment même où le pied du ninja ennemi l’avait percuté en pleine mâchoire, l’envoyant valdinguer en arrière. Le coup avait été rapide, vraiment rapide, mais s’il avait eu son œil activé, il aurait eu une chance de le voir venir, une chance de le parer. Peut-être… Un peu trop tard pour se faire ce genre de réflexion malheureusement…
Le combat avait été aussi rapide qu’humiliant, Sasuke avait rarement eu l’occasion de prendre aussi rudement conscience de sa jeunesse et de sa relative inexpérience face à un adversaire entraîné et dépourvu de scrupules. Humiliant… Et en matière d’humiliations, le fier Uchiha devait vite se rendre compte que son périple ne faisait que commencer.
Il avait repris connaissance, la vision floue et les oreilles bourdonnantes, avait à peine eu le temps de reprendre ses sens et de remarquer les cordes qui lui enserraient les poignets qu’une poigne de fer le hissait sur ses pieds et le faisait rudement pivoter sur lui-même. Il avait plongé son regard pour la première fois dans deux yeux bleus cernés et fatigués. L’autre l’avait considéré sans un mot pendant quelques secondes puis :
- Il est temps d’y aller, Uchiha.
Il avait ajouté de la même voix éraillée, bien qu’avec plus de douceur :
- Et ne joue plus à ce genre de jeu avec moi. La prochaine fois, je serai peut-être forcé de te faire vraiment du mal.
Sasuke lui avait renvoyé un regard étincelant de colère mais muet. Et il l’avait suivi, l’autre option clairement sous-entendue étant de se faire trimbaler sur l’épaule comme un sac à patates.



La plancher grinça sous ses pieds.
Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas… Je ne veux pas !
Pourquoi était-il rentré ? Ses bras et ses jambes ne lui obéissaient plus, comme si une volonté supérieure à la sienne avait soudain pris leur contrôle, le forçant à continuer, à aller jusqu’au bout. Il aurait pourtant tout donné, donné sa vie elle-même pour le peu qu’elle lui importait, pour pouvoir repartir, pour fuir cet hideux cauchemar.
Un cauchemar ? Je rêve. Je rêve !
Tout cela fait partie du passé, je dois pouvoir me réveiller. Je veux me réveiller !
Un bruissement s’éleva d’une pièce adjacente.
Doucement, tout doucement quelqu’un se mit à rire, à rire, à rire, à rire de plus en plus fort.
Il connaissait ce rire. Il tenta encore de lutter.
Je rêve !
Tu ne peux pas y couper, il te faut aller jusqu’au bout. Jusqu’au bout. Jusqu’au bout.
Je rêve…
Pourquoi encore une fois ? Pourquoi de nouveau, à chaque fois ?
Je rêve…
Je r…



Le voyage qui avait débuté il devait y avoir maintenant trois jours, avait lui aussi amené son lot d’humiliations et de vexations. Non pas que l’autre l’ait brutalisé plus que de raison, en fait il n’avait même pas pris la peine de secouer de temps en temps son prisonnier. Depuis ces premières paroles, il n’avait pas ajouté plus de deux ou trois mots par journée, traitant le jeune ninja avec la plus parfaite indifférence.
Sasuke pouvait supporter la brutalité, la violence et la cruauté et garder en tout instants la tête haute, mais être complètement ignoré, c’était tout à fait autre chose ! Personne n’avait le droit de l’ignorer, de le traiter pas comme si il n’était qu’un simple poids mort dont il fallait se débarrasser au plus vite. En fait, son gardien ne semblait même pas le considérer comme un poids, il se contentait de ne pas le considérer du tout.
Depuis trois jours presque aucun mot n’avait été échangé. La première journée de marche, juste après avoir repris connaissance, Sasuke avait bien tenté de se renseigner sur leur destination mais n’avait obtenu aucune réponse, pas même un signe indiquant que la question avait atteint le cerveau de son interlocuteur et suscité une réaction intelligente. Il ne l’avait pas renouvelé, bien conscient qu’aucune réponse ne viendrait et trop fier pour s’obstiner en vain. Le voyage avait continué, dans un silence buté d’un côté et indifférent de l’autre.
A chaque fois que les yeux vides se posaient par hasard sur lui, ils se détournaient avant qu’il ait pu y lire quoi que ce soit.
L’homme semblait reprendre conscience de la présence de son jeune prisonnier à la tombée de la nuit, lui faisait signe de s’arrêter, l’immobilisait pour le nuit, lui jetait sans cérémonie une cape chauffante sur le corps et le réveillait au matin en lui secouant l’épaule sans brutalité puis il semblait l’effacer de son esprit pour le reste de la journée. Les nuits étaient courtes, à peine trois à quatre heures de sommeil pour ce qu’il pouvait en juger : les ninjas du son devaient être à leurs trousses et son ravisseur le savait. Ils se déplaçaient le plus rapidement et le plus discrètement possible, et n’avaient affronté qu’à trois reprises des patrouilles d’Oto. En fait Sasuke s’était contenté d’observer le spectacle d’un œil impassible, ou du moins qu’il espérait tel. Il existait encore beaucoup de choses contre lesquelles il n’était pas encore tout à fait endurci.
A la troisième occasion, profitant de l’apparente distraction de son gardien, il avait tenté de s’enfuir.
Ce qui expliquait son réveil douloureux de ce matin et sa position extrêmement inconfortable.
Cette pensée en éveilla une autre. Les nuits étaient bien trop courtes et jusqu’à ce matin, il avait toujours été éveillé par le contact de la main du ninja sur son épaule. Mais pas aujourd’hui.
Il roula doucement la tête sur le côté gauche et se figea, surpris.
Assis sur le sol à quelques mètres de lui, les jambes étendues et le dos appuyé contre un arbre, le menton reposant sur la poitrine, Teshiro Nihame dormait.



Il y était.
Et rien n’avait changé.
Il savait, il savait bien avant de pénétrer dans cette salle, ce qu’il allait y trouver, ce qu’il avait tenté de fuir encore et encore durant toutes ses longues années. En vain.
On en revenait toujours au même point, à ce soir de pluie et de vent, à cette maison isolée, beaucoup trop isolée, au sang. Au sang partout, sur la porte d’entrée, sur le seuil éclairé par les rayons de lune, sur les murs de cette petite salle, sur le sol, les nattes tissées, le kimono blanc comme neige.
Et là, gisants dans les ombres, gisants dans le sang…
Mais les choses étaient différentes ce soir là et ils se dressaient devant lui, tout les deux, elle, plus belle encore que dans ses plus doux souvenirs et lui, si petit, si fragile. Ils souriaient. Et c’était peut-être pire que tout.
Alors même que ses jambes se dérobaient sous lui, qu’il tombait à genoux, foudroyé, le rire continuait à résonner de plus en plus fort, de plus en plus fou, de plus en plus moqueur.




L’homme ne dormait pas. Du moins jamais Sasuke ne l’avait vu assoupi. Quand il fermait les yeux le soir, ou se faisait assommé, chose bien moins agréable mais qui lui était déjà arrivé deux fois en moins de quatre jours, le ninja à la barbe noire était éveillé et regardait la nuit d’un œil inexpressif. Quand il les ouvrait, c’était réveillé silencieusement par la main de son imperturbable ennemi.
Les cernes sous les yeux de l’homme pouvaient témoigner du manque de sommeil et de repos mais Sasuke n’aurait pu dire s’il s’agissait d’une nécessité ou d’un refus délibéré de se laisser aller au sommeil ne serait-ce que quelques heures.
Mais il dormait maintenant. Il rêvait. Le jeune ninja pouvait voir ses mains se crisper convulsivement. Un pied racla le sol et l’homme laissa échapper un bruit étranglé proche du gémissement et du sanglot. Les mèches sombres qui lui tombaient sur le visage dérobaient celui-ci à la vue du jeune ninja.
Teshiro se tendit brutalement.



Ils souriaient et ce sourire le détruisait plus sûrement que n’importe quelle arme ou torture.
Ils souriaient et il aurait donné n’importe quoi, n’importe quoi pour pouvoir juste un instant, rien qu’un instant…
Et lui vrillant les nerfs, lui déchirant le cœur, Meiyamoto Ohira se tordait de rire.
Mais les deux silhouettes, fantômes du passé, disparaissaient déjà, revenant au néant qui les avait laissées échapper un instant.
Non… Pas maintenant… Ne me laissez pas encore une fois ! NE ME LAISSEZ PAS !




- KISURA !!!!!
Un hurlement déchirant. Un rugissement animal.
Un terreur et une horreur sans noms.
Réveillé en sursaut, à moitié prisonnier encore de son propre songe, l’homme se rejeta en arrière dans un mouvement de fuite, de refus désespéré. Sa tête heurta avec un bruit sourd le tronc contre lequel il s’appuyait et le sang coula, lui dégoulinant le long de la nuque, se mêlant aux cheveux noirs ébouriffés.
Le visage hagard, le regard fou, il fixa un instant encore le vide, hypnotisé par quelque vision insupportable invisible au reste du monde.
Il posa les yeux sur le garçon.
Pendant quelques secondes, quelques minutes, quelques siècles, l’adulte et l’adolescent se dévisagèrent. A visages découverts.
Sasuke déglutit difficilement, incapable de détourner les yeux, fasciné, terrifié et rempli d’un autre sentiment qu’il ne se serait jamais attendu à éprouver, pas dans ces conditions, pas face à cet homme : une pitié horrifiée.
Il n’avait jamais vu un visage comme celui-là.
Ne voulait plus jamais en revoir.
Il aurait voulu détourner le regard, savait qu’il n’avait pas le droit de regarder une telle expression, chez un ennemi comme chez n’importe qui. Mais il ne baissa pas les yeux.



Le gamin le regardait.
Et il lui rendait son regard, pour la première fois le considérant tel qu’il était réellement, un gosse, juste un gosse. Jusqu’à ce moment, Sasuke Uchiha n’avait rien signifié pour lui, il se mêlait dans son esprit à la foule de fantômes sans consistance et sans importance qui semblaient peupler le monde autour de lui, un spectre au milieu d’un monde de brumes grises. Rien de plus qu’une ombre passagère qui disparaîtrait à la fois de sa mémoire et de sa vie dés que cette mission serait terminée.
Mais dans son monde de brouillard, tout semblait maintenant ressortir en couleurs éclatantes : le jeune Uchiha n’était plus un pâle fantôme, mais un adolescent au visage un peu trop dur, un peu trop pâle, aux yeux trop sombres, trop tristes pour son âge, un adolescent qui avait trop souffert et dont les souffrances n’étaient probablement pas terminées. Quinze ans. A quinze ans, on est encore un enfant.
Et tu vas le livrer à Ohira. Et il va le tuer.
Il ferma les yeux, refusant d’affronter le regard du garçon mais les rouvrit aussitôt en retenant un cri, sous ses paupières closes d’autres visions se dessinaient : une nuit de pluie, une porte grande ouverte, une femme. Pourquoi ? Pourquoi une telle peur, une telle panique ? Il avait pourtant fait bien pire que condamner un innocent à mort.
Parce qu’il n’a que quinze ans.
Parce qu’il a l’âge qu’aurait eu ton fils.

Il tremblait et ne pouvait se maîtriser. Si seulement l’autre avait détourné le regard, juste une seconde, il aurait eu une chance d’y parvenir. Mais il ne baissait pas les yeux.
Regarde ailleurs petit ! Au nom du ciel, REGARDE AILLEURS !
Dernière modification par Arakasi le dim. 05 mars 2006, 16:25, modifié 1 fois.
Jainas
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Message par Jainas »

ok.
bon...


Je te déteste. :mad:


... Je l'avais déjà remarqué avant, mais cette fois c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase... On a exactement les même idées, la même conception des personnages, c'est terrible. Maintenant ma fic va avoir des relents de repompages... Je fais quoi moi ? :pleur:


Bref bref...
C'est toujours aussi bien écrit, les passages avec Sasuke sont vraiment très bons, avec l'introspection et la petite voix cynique du doute qui s'infiltre, ainsi que son obstination et sa fiereté copyright Uchiha...
Et le passé de Teshiro est très bien amené, par petites touches. Tourmenté (comme il se doit) et plein de contradictions.

Alors, va t'il trahir pour aider Sasuke ?
Suspens...
lebibou
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Message par lebibou »

Hum… 
Première question, as tu commencé à lire Stephen King ? Si je demande ça, c'est que le principe de la petite voix dans sa tête et quelque chose dont il use beacoup (d'ailleurs, il a écrit un bouquin où il n'y a qu'un seul personnage dans une seule salle. Je suis sur le cul quand j'y repense.) Ton utilisation et judicieuse et surtout, il permet à Sasuke d'avoir une autre vision de ses actions.
Je ne sais que trop penser de Teshiro… J'avoue que je ne sais pas si il est sous l'effet d'un chantage ou autre pour suivre Ohira, ou bien s'il le fait de sa propre volonté. C'est sur ce détail que va se jouer, je pense, la suite de la fic. D'ailleurs, ça changerait aussi ma vision du personnage car je me demande s'il est naturellement fort, ou bien si Ohira lui a filé un coup de pouce lors de la " conversion. "
C'est vraiment bien écrit. Nan, sans rire, j'aime beaucoup la façon dont tu écris. Par contre, au vu de certaines de tes descriptions, j'aurai tendance à penser que tu ne lis pas que des classiques.
Les rodeurs…Hum… j'avoue que sur le coup, je n'avais pas fait le rapprochement avec un certain Aragorn, fils d'Aratorn (je n'ai pas lu la trilogie. Honte à moi je sais, mais pourtant je l'avais commencé. Sauf que j'avais perdu le livre). Ce mot donne l'impression que ça va faire très longtemps qu'ils sont là. Mais où rodent ils ? Entre la Terre et un Autre monde ? Que de questions.
Et notre petite équipe 6.66 dans tout ça ? Enfin bon, beacoup de question peu ou pas de réponse.
Que du tout bon, continue !
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Tayuya
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Message par Tayuya »

ourf... saisissant ce chapitre dis donc... la détresse et la semi folie de Teshiro est terriblement bien rendue, ça retourne le ventre :???: Et la dernière phrase alors là... summum absolu... une chute brutale et... saisissante je ne trouve pas d'autres mots.
En tous cas, je comprends pourquoi Jain est pas contente :lol: vos descriptions de Sasuke se ressemblent beaucoup. Vraiment, c super.
Jainas
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Message par Jainas »

Non, c'est pire : elle m'a piqué des scènes entières que j'ai écrites et pas encore posté !!!! :pleur:


:roll:
Arakasi
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Message par Arakasi »

Jainas a écrit :... Je l'avais déjà remarqué avant, mais cette fois c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase... On a exactement les même idées, la même conception des personnages, c'est terrible. Maintenant ma fic va avoir des relents de repompages... Je fais quoi moi ? :pleur:
Je l'ai pas fait exprés... :oops:
Meeeeeeeeeeuh non, elle va pas avoir des relents ta fic! De toutes façons si quelqu'un a des relents ici, c'est moi...
Pas ma faute, si ta trés bonne fic "marche dans les ténébres" m'a pas mal influencé dans ma vision du Sasuke. Et c'est vrai qu'on a souvent les mêmes idées sur des persos comme sur ce cher petit Kakashi par exemple ^ ^
Mais encore une foix, c'est paaaaaaaaaaas ma faute! :cry:


Merci pour vos reviews à tout trois, ce chapitre me plaisait personnellement mais puisque il n'y avait quasiment pas de dialogues et peu d'action, j'avais peur qu'il soit un peu long à lire. Mais vous m'avez rassuré.
De toute façon, je stresse à quasiment chaque chapitre posté, alors bon...
J'aime beaucoup Teshiro, il s'agit peut-être de mon personnage préféré, mais il a tendance à un peu me déprimer...

Et effectivement Lebibou, je viens de me mettre à Stephen King, comment as-tu pu deviner? :shock: Je viens de terminer "Shining" et je pense que je vais commencer autre chose bientôt, "Ca" peut-être...
Et enfin quelqu'un qui n'a rien à redire à mes "rodeurs"!
lebibou
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Message par lebibou »

Et effectivement Lebibou, je viens de me mettre à Stephen King, comment as-tu pu deviner? Je viens de terminer "Shining" et je pense que je vais commencer autre chose bientôt, "Ca" peut-être...
Non, je n'ai pas des dons de devin. Pour faire simple, je vais plutôt te citer :
avant de me mettre à lire Stephen King.
:lol:

J'aime bien Stephen King. Shining n'est pas mon préféré (mon préféré étant Sac d'Os) mais pas mal. Ça est très bien par contre.
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Arakasi
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Message par Arakasi »

:roll:
Bah... Chuis décue, je croyais que tu avais eu une intuition fulgurante ou un truc dans ce genre, alors que c'est moi qui oublie du jour au lendemain ce que je met dans mes posts...
Arakasi
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Message par Arakasi »

New chapitre! Pas le temps de faire un commentaire mais je vous souhaites une trés bonne lecture!


CH12 : L’appel de la chasse.


La chasse…
Depuis combien de temps n’avait-il pas eu l’occasion de chasser ? Un désir caché, refoulé mais qui réapparaissait à nouveau, rouge et flamboyant, embrasant son esprit, tendant ses muscles, hérissant sa fourrure.
Traquer. Avancer l’œil et l’odorat aux aguets, tendre l’oreille, sentir un frémissement de plaisir et d’excitation lui traverser la nuque quand une odeur douce, âcre, enivrante lui effleurerait les narines : l’odeur de la peur. Savoir la proie toute proche, si proche mais laisser durer le plaisir, lui laisser le temps de trembler, le temps d’espérer car sans l’espoir du salut, la traque n’est rien, à peine un vulgaire jeu de massacre. Puis, bondir.
Chasser. Courir après une proie terrifié, le vents sifflant à ses oreilles, le sol dansant sous ses pattes. Entendre ses halètements, ses cris, ses geignements, ses appels. Ne pas la rattraper tout de suite. Profiter pleinement du plaisir si rare de la course, de la montée du désir, retarder encore un peu la mise à mort qui n’en sera que plus délirante. Les proies savent très bien comment se finira la chasse, elles savent que le prédateur se révélera toujours plus rapide, plus fort, plus rusé qu’elles, elles savent qu’elles ne font que retarder l’échéance. Mais malgré tout, malgré la conscience de leur propre fin, les proies fuient toujours. Et cela pour le plus grand plaisir du prédateur, car que serait la chasse sans la fuite ?
Tuer. Déchirer à coups de crocs la nuque offerte, entendre s’élever les derniers hurlements, les derniers râles d’agonie. Sentir le sang chaud lui couler dans la gorge, prendre le temps de savourer ses premières lampées avant d’achever la proie, d’extirper de ses griffes la vie vacillante.
Dévorer. Le vrai prédateur ne chasse pas pour se nourrir, il chasse pour le plaisir mais c’est aussi un plaisir divin d’arracher à pleines dents la chair fraîche, vivante, gorgée de sang et d’adrénaline.
C’est dans l’ordre des choses, tout ce qu’il y a de plus naturel : le plus fort gagne, le plus faible périt.
Rien de plus naturel.
Si on leur demandait leur avis les proies ne seraient peut-être pas tout à fait d’accord, mais justement on ne le leur demande pas. La chasse n’appartient qu’au prédateur. Rien ne peut l’égaler, ni le simple carnage, ni même sentir une femelle féroce entre ses cuisses.
Et en ce moment même le désir de la chasse vibre dans chaque fibre de son corps, il en tremble presque. Il sent l’odeur des proies, elle l’entoure de toutes parts. Elles sont au nombre de trois, toutes proches, presque à le frôler et la tentation d’entamer la course le ronge, l’enfièvre. A l’odeur et sans même un regard, il peut savoir leur position, leur force et leurs sentiments.
C’est justement ce qui le trouble, le contrarie un peu : nulle trace de peur dans l’air, un peu de fatigue, de l’inquiétude, de la nervosité, mais pas vraiment de peur.
Il n’aime pas cela, ce n’est pas une réaction normale.
Les proies doivent ressentir de la terreur, le contraire est contre-nature, inquiétant.
Autre chose le trouble un peu : il n’est pas seul. Se promenant entre les proies, se détachant parmi elles comme un éclair rouge sur un ciel de nuages, se dresse un autre prédateur. Il peut sentir chez l’autre la même soif de sang qui le ronge lui-même, mieux contrôlée mais identique. Il se sent à la fois intrigué et méfiant. Dans son esprit le monde s’est toujours divisé en deux : d’un côté les proies, de l’autres les chasseurs, mais il n’a eu que rarement l’occasion d’être confronté à un autre chasseur de cette envergure.
Une main se pose sur son bras.
Il fait volte-face, crocs découverts dans un grondement féroce. Qui a osé… ? Une des proie a tendu la main vers lui, c’est la femelle. Ses griffes fendent l’air et se referment sur le poignet fragile, le serrant à le broyer.
Elle pousse un cri de douleur étouffé.
Mais pas de peur. Pourquoi n’a-t-elle pas peur ?
Elle dit quelque chose dont il ne saisit pas le sens :
- Naruto ! Mais qu’est ce que tu f… ?
Les yeux fixés sur la gorge délicate, sur la veine jugulaire qu’il peut voir se gonfler doucement charriant du bon sang chaud et épais, il n’entend rien. Il ne peut plus se contrôler, l’odeur affole ses sens, d’ailleurs pourquoi a-t-il tenté de se contrôler ? Il prend un peu de recul pour pouvoir attaquer plus commodément, se penche en avant…
Une gifle magistrale l’envoie tituber en arrière.
- NARUTO ! BAKA ! Qu’est ce qui te prend ?
Il bat des paupières, la regarde, la reconnaît.
- Sa… Sakura-chan…
- Quoi « Sakura-chan » ?! rugit-elle, tu as manqué de me tordre le bras !
Elle se tait brusquement et tend de nouveau la main dans un geste hésitant cette fois pour la poser sur son épaule.
- Naruto ? Ca ne va pas ? Tu est livide… il y a un problème ? Tes yeux, il y a un instant…
Il doit lutter pour ne pas se dérober, pour ne pas fuir cette étreinte. Pas par hostilité cette fois, mais parce que la terreur est apparue, le mordant au ventre, un terreur et une horreur épouvantables. A quoi ai-je pensé… ? Ce n’était pas moi ! Cela ne pouvait être moi ! Comment ai-je pu envisagé de…
Elle a peur maintenant, peur pour lui.
Il se force à sourire, lève le bras et repousse gentiment mais fermement la main posée sur son épaule. Il espère de toutes ses forces qu’elle n’a pas senti ses doigts trembler.
- Ce n’est rien. Je vais bien. C’est juste que tu m’as fait peur, c’est vrai ! Depuis que la vieille cinglée t’a prise pour élève, j’ai toujours la trouille que tu me casses un bras à la moindre connerie ! C’est que tu deviens de plus en plus violente…
Il rit, d’un rire qui sonne grinçant et faux. Il n’a jamais été un bon dissimulateur.
Elle ne le croit pas, ouvre la bouche pour lui parler mais il ne la laisse pas continuer :
- Ca va, je t’assure. Ne… N’en parles pas à Kakashi-sensei. Ce n’est pas la peine qu’il s’inquiète pour moi. Ce n’est rien. Vraiment. Ca va passer.
- Qu’est…
- Promet ! Promet que tu ne lui diras rien.
Elle fronce les sourcils, elle est furieuse mais pour l’instant c’est bien le dernier de ses soucis.
- C’est bon, c’est promis, répond-elle pourtant. Mais tu dois me donner des explications.
- Plus tard. Plus tard, je t’en donnerai, mais s’il te plait, maintenant…
Et il l’a plantée là, sans ajouter un mot, pour ne pas qu’elle le voit trembler, pour ne pas qu’elle voit la peur dans ses yeux.
Car il a peur, atrocement peur. Un sentiment qu’il n’avait jamais connu jusqu’à là. Peur car pendant quelques minutes, le démon s’est réveillé en lui. Pire que cela : à penser à sa place. Pendant quelques minutes, Kyubi a contrôlé son corps et son esprit.
Jamais ce n’était arrivé. Jamais. Et la terreur le submerge, une terreur qui était restée cachée au fond de lui durant toutes ces années, depuis le jour où Mizuki lui a craché la vérité à la face.
Démon.
Mes amis… Je ne veux pas… Je ne veux pas vous faire de mal.
Mais Kyubi s’est éveillé et s’est mis à gronder tout au fond de lui, plus présent qu’il ne l’avait jamais été, depuis maintenant six jours, depuis le moment où des yeux gris et glacés se sont posés sur son dos dans le bureau de l’hokage.


* * * * * * * * * * * * * * *



Depuis sa toute petite enfance, depuis en fait qu’il avait compris que pour quelques obscures raisons les trois quarts de ses connaissances le considéraient comme un aimable crétin certes très sympathique mais d’une incompétence crasse, Hijo conservait une unique et sinistre certitude : cela ne pouvait aller que de pire en pire.
Il était fermement persuadé qu’un de ces jours, quelque puissant ninja poserait les yeux sur lui, se demanderait ce qu’un ahuri pareil pouvait bien faire dans les rangs de Konoha et le renverrait dédaigneusement jouer le garçon de ferme et cultiver des choux dans la maison familiale. Cette seule pensée le faisait frissonner. Personne ne méritait un sort pareil ! Et surtout pas un pauvre chuunin innocent, seulement coupable de s’être trouvé de garde un nuit glacial d’hiver quand un souriant étranger s’était présenté aux portes de Konoha.
S’il fallait être tout à fait franc, c’était peut-être un tout petit peu sa faute…
S’il n’avait pas accepté de se laisser distraire par Gemna et ses cartes, s’il avait été assez vif pour s’éclipser avant l’arrivée de la kage, s’il avait réagi un tout petit peu plus vite, s’il avait été capable de trouver une excuse moins pitoyable qu’un glapissant « Ce… Ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! »… Il retint un gémissement : avec des « si », on mettrait Konoha en bouteille ! Avec des « si » Hinumara Hijo ne serait pas un misérable raté, forcé d’escorter un psychopathe en la compagnie du plus talentueux jounin du village, d’une jeune femme aussi autoritaire et violente que la kage elle-même et d’un démon sous forme humaine. Avec des « si », il serait, tant qu’on y était, l’hokage de Konoha, aurait son visage immortalisé dans la roche, un harem de jeunes filles à ses pieds et…
Il geignit à nouveau, mais pas trop fort tout de même. Aucune envie d’attirer l’attention : le bon côté de la médiocrité, c’est que la plupart du temps on n’exigeait pas grand-chose de vous. En temps normal en tout cas. Malheureusement, ces derniers jours avaient tout été sauf normaux et beaucoup trop de gens s’étaient intéressés de beaucoup trop prés à Hijo qui n’avait absolument rien demandé.
Tsunade avait de tout évidence complètement perdu la tête. En fait il se doutait depuis longtemps que la cinquième était une fêlée doublée d’un danger ambulant doté de tendances homicides, il en avait simplement acquis la certitude. Depuis six jours, six lamentables, épouvantables jours, il ne cessait de se poser et de se reposer la même question qui commençait à friser l’obsession :
Mais qu’est ce que je fais ici ?
Il ne s’était jamais senti aussi inutile. Le copy ninja, ainsi que leur client lui prêtaient tout deux à peu prés autant d’attention qu’à la boue qu’ils piétinaient. Ce qui lui convenait tout à fait. Qu’on le méprise pourvu qu’on lui foute la paix ! Il ne tenait absolument pas à attirer l’oeil noir et indéchiffrable du jounin sur sa pauvre personne, et encore moins le regard hilare et moqueur d’Ohira.
La seule à lui avoir accordé un peu d’attention et un minimum de gentillesse était la jeune chuunin, l’élève de la cinglée susmentionnée.
Luttant contre une déprime grandissante, il la chercha des yeux.
La main posée familièrement sur son épaule, elle parlait avec le démon.
Le démon…
Hijo détourna nerveusement les yeux. Encore une chose à laquelle il était incapable de s’adapter, comment les autres pouvaient-ils supporter avec tant de désinvolture la présence constante de ce garçon à moitié humain, à moitié… monstre ? Hijo n’était pas quelqu’un de mauvais et il détestait penser du mal de qui que ce soit, mais il avait été là le jour maudit où Konoha avait presque été entièrement détruit. Il avait fêté ses sept ans, cette année là, il était rentré à l’académie des ninjas.
Et il avait vu se déchaîner l’enfer.
Les flammes plus hautes que des murailles, les hurlements dans les rues, les cris d’agonie, ses propres pleurs de bambin terrifié. Et trônant au dessus de ce carnage, une forme monstrueuse dégageant une puissance et une rage défiants l’imagination, neuf queues gigantesques brassant l’air brûlant et fauchant bâtiments et vies humaines. Et deux yeux rouges, monstrueux qui semblaient à eux seuls remplir le monde.
Il n’oublierait jamais. Nul à Konoha n’oublierait jamais.
Comment pouvait-on mettre en rapport ce jour cauchemardesque et l’adolescent blond et braillard qui égayait les rues de Konoha par ses rires et ses cris ? Il n’en savait rien, mais à chaque fois que ses yeux se posaient sur le jeune homme, le souvenir du regard rouge et bestial lui revenait en mémoire. Comment pouvait-on se montrer aussi familier avec un tel être ?
Le démon était toujours là. Et il serait à jamais présent.
Le jeune ninja venait de se dégager de l’étreinte de son amie et s’éloignait pressant le pas pour la distancer. Hijo s’approcha et esquissa un sourire nerveux en direction de la chuunin qui ne le remarqua pas.
- Hum… Sakura-san ?
Elle tourna la tête et lui rendit faiblement son sourire. Hijo aurait été le premier à reconnaître qu’il n’était pas quelqu’un de particulièrement observateur si tant de gens n’avaient pas été déjà prés à le reconnaître pour lui, mais même lui remarqua la tension naissante qui marquait les traits de la shinobi. Les yeux verts semblaient voilés par quelque sombre pensée et l’effort de la jeune fille pour paraître de bonne humeur se solda par un magnifique échec.
- Franchement Hijo-kun, murmura-t-elle en secouant la tête. Nous sommes partenaires.
- Euh… Oui ! Tout à fait, Sakura-s… chan ! Est-ce que… Vous n’avez pas l’air très bien, quelque chose vous dérange ?
Question idiote. Bien entendu qu’il y a un problème, bougre de crétin ! Tout le monde est d’une humeur de chien dans cette foutue mission. Et toi tu es incapable d’ouvrir la bouche sans sortir une stupidité .
Mais elle ne se moqua pas de sa question étourdie et haussa les épaules avec un soupir.
- Rien de grave, j’imagine. C’est juste… Juste qu’il m’inquiète un peu. Il est si froid, si renfermé, cela ne lui ressemble absolument pas. Et il y a une minute, il…
Elle s’interrompit. Il sourit, ou tenta de sourire avant de répondre sans trop réfléchir :
- Oh ! Vous ne devriez pas vous inquiéter ainsi pour lui.
Elle pivota vers lui, le regard soudain étréci.
- Je ne devrais pas ?
Hijo continua avec une inconscience joyeusement suicidaire et l’aveuglement le plus parfait :
- Au fond, il n’est pas tout à fait comme nous. C’est peut-être quelque chose de normal, un truc mensuel comme pour les bonnes femmes, ah… euh… Excusez-moi, ce n’est pas ce que je voulais dire. Enfin ce n’est pas vraiment important, hein ?
Un silence pesant lui répondit qui aurait du logiquement lui mettre la puce à l’oreille, mais Hijo appartenait à cette classe particulière d’individus qui, une fois engagés dans les sables mouvants, continuent à marcher droit devant eux jusqu’à que la boue leur soit arrivée jusqu’aux genoux…
- C’est vrai chacun sait qu’ils sont un peu instables !
Jusqu’au nombril…
- Pas qu’un peu même, hahaha.
Jusqu’au cou…
- Au fond, il n’a peut-être que ce qu’il mérite, ce n’est qu’un…
Le poing de Sakura entra violemment en contact avec son visage et il manqua de s’écrouler en arrière, les oreilles sonnantes. Une main le saisit au collet et la jeune femme se mit à lui hurler au visage :
- Qu’un orphelin, c’est ça ??? Un orphelin, un cancre dont personne n’a rien à faire ? Que tout le monde méprise car il n’a jamais eu droit à une vraie famille ! C’est ce que vous voulez dire ???
Sonné, il ouvrit machinalement la bouche pour souligner que ce n’était pas tout à fait un orphelin comme les autres, mais son cerveau rattrapa enfin ses paroles : elle ne savait pas, elle n’était pas censée savoir, ni pour le démon, ni pour son réceptacle. Comment avait-il pu oublié ? Hijo baka ! BAKA ! Il resta donc la bouche béante et faillit se trancher la langue d’un coup de dent quand elle se mit à le secouer comme un prunier :
- Dire que je vous prenez pour quelqu’un de bien !!! Espèce de… de… de salopard ! Comment peut-on être aussi obtus ?!



- Je peux savoir à quoi vous jouez ?
Bras croisés, regard un peu lasse, le copy ninja les observait.
Sakura encore tremblante de fureur, tourna les yeux vers lui.
- Sensei ! C’est lui, il a parlé de Naruto d’une façon tellement… ignoble ! Comme s’il n’était pas un être humain, une sorte de bête de cirque…
- Aaaah… le jounin dévisagea tour à tour Hijo et la jeune fille mais son expression reflétait plus de fatigue et un peu de tristesse que de colère. Certaines personnes semblent incapables de se débarrasser de certains préjugés stupides. Je crains bien que ni toi, ni moi n’y puissions grand chose, Sakura.
Il déplia les bras et ajouta calmement :
- Ceci dit, étrangler un coéquipier est toujours contre-indiqué lors d’une mission en équipe. Les supérieurs apprécient rarement, ça fait désordre dans les rapports…
Le jounin fit mine de se retourner, se ravisa.
- Oh… Et lâche le gorge d’Hijo, tu veux ? Il commence à virer au violet, là.
Les doigts se décrispèrent enfin et Hijo recula en chancelant, les poumons au bord de l’explosion, rouge de gêne et de manque d’oxygène. Ils n’osait lever le regard vers aucun de ses deux partenaires.
- Alalala… Il semblerait que vous ayez un peu de mal à tenir vos coéquipiers, hein ? Hatake-san ?
Deux regards irrités, comprenant celui de Kakashi lui-même, pivotèrent dans le direction de Meiyamoto Ohira. Une lueur sombre, qui n’existait pas quelques secondes auparavant, s’était allumé dans l’œil de jounin. Depuis le début du voyage, Hijo avait à peine osé lever une ou deux fois le regard sur les deux hommes, mais il put sentir distinctement l’antipathie vibrer dans l’air. Kakashi ne se donnait même plus la peine de dissimuler sa mauvaise humeur.
- Tout se passe à merveille. Merci. Maintenant, si vous pouviez avoir l’obligeance de vous mêler de vos …
Il s’interrompit, écarquilla soudain son œil visible.
Ohira leva les yeux, sourit.
Un sifflement aigu retentit. Un éclair argenté à la limite du champ de vision d’Hijo.
Sakura laissa échapper un bruit étranglé.
Le copy ninja bondit en avant.
Qu’est …
Un kunai au poing.
ce que c’est…
Droit sur Ohira.
que ce…
Qui ne cessa pas de sourire.
BORDEL ?!!!
Le kunai s’immobilisa à quelques centimètres de la gorge de leur client, déviant au dernier moment l’arme destinée à la perforer. Le shuriken, jailli des fourrés, s’envola dans les airs, scintilla dans la lumière sous le regard ébahi du chuunin avant d’atterrir avec sur la neige vierge creusant un petit cratère sombre. La scène n’avait du durer qu’une ou deux secondes.
Hijo déglutit, détacha avec difficulté son regard de la petite tache sombre et du bout de métal à présent inoffensif. Ses partenaires avaient déjà réagis, encadrants de part et d’autre leur client, prêts à l’action. Et voilà ! Encore une fois à la traîne, espèce de crétin, même dans un pareil moment tu n’arrives qu’à te ridiculiser…
Le démon Renard n’était visible nul part.
Absolument pas perturbé pour quelqu’un qu’on avait tenté d’assassiner quelques secondes auparavant, Meiyamoto lâcha un de ses petits rires et adressa un clin d’œil à la nuque de Kakashi, immobile devant lui.
- Hééé, Hatake-san, je vous avais bien que l’on finirait par nous attaquer.


* * * * * * * * * * * * *


Pour la première fois depuis qu’elle avait débuté sa carrière de ninja, Sakura éprouva un certain soulagement à l’arrivée du combat. Elle n’avait jamais pensé qu’attendre le début des hostilités pouvait être aussi éprouvant pour les nerfs : rien ne justifiait cette maudite mission ! Pas une seule agression, pas même une petite embuscade ! Ce voyage prenait des allures de farce, une farce étrangement amère et assez sordide. A croire que leur client se payait leur tête depuis le début, une hypothèse qui en fait ne paraissait pas invraisemblable.
L’humeur de ses coéquipiers reflétait à peu prés la sienne : Kakashi muet comme une tombe, ce sale petit crétin d’Hijo et Naruto… Naruto devenu si étrangement silencieux, Naruto dont elle avait cru entendre trembler la voix alors qu’il s’adressait à elle d’un ton presque suppliant qui ne lui ressemblait pas, Naruto dont les yeux avaient brillé d’une lueur rouge quand il avait posé son regard sur elle. Des yeux rouges et fendus, à la manière de ceux d’un fauve. Elle aurait voulu croire à une illusion d’optique, un étrange reflet de lumière mais savait bien qu’il n’en était rien.
Il y avait quelque chose. Il y avait toujours eu quelque chose. Elle se demanda furtivement si Sasuke l’avait su, mais repoussa aussitôt cette pensée. Trop douloureux… N’y penses pas… Vraiment pas le moment… Kakashi-sensei savait lui et elle arriverait bien à lui tirer les vers du nez, quitte à que ce soit à coups de menaces ou de diverses tortures physiques et morales. Elle saurait, mais plus tard. Quand cette fichue mission serait terminé. Quand les kunais et autres projectiles auraient cessé de fendre les airs.
Le jounin s’était précipité en direction des bois, après avoir lancé quelques ordres par-dessus son épaule. Obéissant ou trop ébahi pour agir, ce minable enfoiré d’Hijo était resté planté sur place et elle s’était placée aux côtés de leur client.
Une suite d’explosions et des ninjas étaient apparus de toutes parts et sans une menace, sans un cri mais emplis d’une froide résolution s’étaient élancés à l’attaque.
Ils ne s’intéressaient pas le moins de monde aux ninjas de Konoha, ils se trouvaient entre eux et leur cible rien de plus. La cible en question arborait une expression de franche jubilation, comme si tout un groupe de assassins assoiffés de sang ne tentaient pas de l’écorcher vif. Est-ce que ce type est complètement cinglé ? Il ne fit en tout cas pas le moindre mouvement pour fuir ou se défendre.
Il était temps de mettre en pratique la force fabuleuse qu’elle avait acquise durant ses années d’entraînement.
Les premiers agresseurs, croyant naïvement s’attaquer à une frêle débutante, eurent droit à une des plus belles surprises de leur vie. Des éclats de terre, de boue et de roche volèrent en tous sens, ainsi qu’une demi-douzaine de ninjas ahuris qui allèrent s’écraser au sol ou contre les arbres les plus proches.
Mais les autres n’eurent pas un moment d’hésitation devant cette première démonstration.
Ils attaquaient avec une obstination fanatique presque suicidaire, entièrement centrés sur leur but : atteindre par tous les moyens l’homme au kimono blanc et au large sourire, toujours planté derrière la chuunin, le dos droit, les bras croisés sur la poitrine, comme s’il invitait les agresseurs à venir tenter leur chance.
Sakura avait entendu quelques glapissements du côté de ce misérable avorton apathique et geignard d’Hijo, mais n’y avait guère prêté d’attention. Qu’il s’arrange tout seul, il était censé être chuunin, non ?
Elle devait protéger leur client. Une certitude rassurante, dans certaines circonstances le devoir avait son bon côté.
La chuunin s’immobilisa devant Ohira, posa un genoux à terre et frappa le sol du poing, dosant son coup du mieux qu’elle le put. La terre se fendit avec un craquement sinistre, et les douze ou treize ninjas adverses encore debouts bondirent en arrière dans un tonnerre de jurons quand tout un pan de roche et de terre bascula, créant un mur de quatre à cinq mètres de haut entre elle et leurs assaillants. Elle sourit dans un petit moment d’autosatisfaction : un peu brutal certes, mais leur client serait à l’abri des projectiles.
C’était sans compter les intentions de ledit client.
- Restez ici, je me charge de…
Un bond, l’homme prit appui des deux mains sur le sommet du mur improvisé et se projeta avec une élégance désinvolte de l’autre côté, sans un regard pour la jeune fille pétrifiée.
Un silence.
Puis le premier hurlement s’éleva.


* * * * * * * * * * * * *


Tsss, tsss… Des amateurs…
Cela avait été sa première pensée quelques minutes après le début du combat.
Des amateurs.
Un second groupe d’assaut se dissimulait entres les arbres enneigés, prés à rejoindre leurs compagnons si le combat s’averrait trop difficile. Kakashi n’avait éprouvé aucune difficulté à les surprendre. Leur manque de discrétion frôlait le scandaleux pour des ninjas aguerris et il en aurait ricané s’il avait eu du temps à perdre à ce genre de puérilités. Ils parlaient fort, vite, juraient beaucoup.
Et ils puaient littéralement la peur.
Peur de qui ? Peur de quoi ? Une bande de brigands n’auraient pas montré un telle terreur, ni une telle haine… Ils étaient nombreux, mais mal entraînés, pour la plupart sous-alimentés, fatigués, voire déjà blessés, mais aucun n’avait fui, aucun n’avait reculé.
Quand le copy ninja s’était laissé tomber parmi eux, pareil à un tigre atterrissant au milieu d’un troupeau de moutons désorganisée et terrorisés, deux hommes gisaient déjà au sol l’un la gorge tranchée, l’autre le cœur transpercé. Morts tout deux. Il n’avait pas vraiment le temps de faire dans la dentelle, les agresseurs étaient bien trop nombreux et en vérité, ils ne lui laissaient guère le choix. Dominés par une rage et une haine aveugles, les assaillants le pressaient de tous côtés dans le chaos le plus total, manquant de s’éborgner eux-mêmes à coups de sabre dans leur hâte d’atteindre le jounin.
C’était facile, d’une facilité presque déconcertante.
Un jeu d’enfant.
Kakashi bondissait, virevoltait, tournoyait, dansait… Tuait.
Il sentait les os craquer sous ses pieds, le sang éclabousser ses mains et d’une certaine façon ce n’était pas… désagréable. Une idée dérangeante, un peu malsaine venue d’une partie de lui-même qu’il n’appréciait pas vraiment mais qu’il ne pouvait totalement renier pour autant. Il n’aimait pas tuer. Mais quel ninja, quel guerrier aurait pu nié en toute franchise qu’il n’y avait pas un certain plaisir au combat, au sang versé, voire à certains moments au meurtre ? Non, il n’aimait vraiment pas cette part de lui-même qui avait une désagréable tendance à se réveiller quand il était sous pression.
Arraché de ses pensées par une brève douleur à l’avant-bras, il remarqua avec un peu de surprise que ses assaillants n’étaient plus que deux dont l’un assez agile pour lui avoir fait une assez jolie coupure au bras droit.
« WHAHAHA !!! Et ça se dit un génie ! Incapable de surveiller ses propres fesses ! Qu’est ce que tu ferais si je n’étais pas là, HEIN ? Je… »
Kakashi intima mentalement à Gai de la fermer, s’efforçant de ne pas paraître trop perturbé. Il ne tournait vraiment pas rond, ces temps-ci. D’un autre côté, la voix tonitruante de son « meilleur rival » avait eu comme effet positif de chasser de son esprit la petite pensée pernicieuse et dérangeante qui regrettait un peu que le combat ait duré si peu de temps.
Il jaugea plus froidement ses deux derniers adversaires. Ils s’élancèrent simultanément à l’attaque, l’un se jetant sur son flanc gauche, l’autre sur le droit. Pas idiot… Le mouvement était bon, le timing acceptable, il ne leur manquait juste qu’un peu de rapidité.
Son pied rentra en contact avec la poitrine d’un des ninja, il sentit les côtes se broyer sous le choc alors que l’homme décollait du sol et s’écrasait sur le dos quelques mètres plus loin. Dans le même mouvement, il agrippa le poignet de l’assaillant de droite, le tordit, banda ses muscles. L’homme hurla quand son bras se cassa dans un bruit sec.
Une seconde plus tard, Kakashi était accroupi devant lui et lui appliquait une lame sur la gorge.
- Bon, assez plaisanté. Qui vous envoie ? Et quel était votre but ?
L’homme grogna de douleur mais leva un regard débordant de haine sur le visage du jounin :
- Personne ne nous envoie, espèce de foutu fils de pute ! gronda-t-il. Et nous voulons tuer cet enfoiré et tous les salopards qui l’aideront ! Il ne s’en tirera pas cette fois !
Le jounin battit des paupières, un doute désagréable s’infiltrant dans son esprit.
- Meiyamoto Ohira ? Que vous a-t-il fait pour que… ?
Un regard incrédule, puis l’autre laissa échapper un ricanement rauque :
- Quoi ? Vous ne savez même pas qui vous escortez ? Qui vous protégez ?
Kakashi le fixa en silence, attendant qu’il continue.
- Ce n’est pas seulement un bâtard d’assassin, marmonna l’homme, ce n’est même pas un homme, c’est un démon, un véritable démon. Et vous êtes tous foutus, si vous lui apportez votre aide parce que lui, il n’en a absolument rien à foutre. Il vous tuera dés qu’il n’aura plus besoin de vous. Vous ne savez pas ce qu’il a déjà fait ! Il s’est présenté un jour aux portes du villages et il…



Quelque chose frôla la joue du jounin, entaillant légèrement son masque.
Une gerbe de sang.
Une seule détente, à peine le temps d’un souffle et Meiyamoto fut projeté en arrière, percuté de plein fouet à la vitesse d’un boulet de canon. Il heurta violemment du dos le tronc d’un arbre, la poitrine écrasée par le bras gauche du copy ninja, l’autre bras lui appuyant un kunai sur la gorge. A quelques centimètres de son visage, l’œil noir et unique étincelait de fureur.
- Un peu excessive comme réaction, vous ne trouvez pas ? commenta-il calmement, haussant le sourcil. Je ne…
- Fermez la, Ohira. Pourquoi avez-vous tué cet homme ? Il était inoffensif !
- J’ai pensé qu’il s’apprêtait à vous attaquer. Vous êtes le chef d’équipe, cela aurait été plutôt embarrassant pour moi que vous mourriez maintenant. Je ne voulez que vous aid…
- Et arrêtez de vous foutre de moi, gronda le jounin.
La lame du kunai s’avança et un mince filet de sans coule le long de sa pointe aiguisée. Les yeux gris ne montraient qu’un amusement poli et un certain intérêt.
- Si j’étais vous, j’écarterais cette arme, Hatake-san. Vos supérieurs risquent de ne pas beaucoup apprécier que vous égorgiez un client. Cela ferait de la mauvaise publicité à Konoha.
- Vous jouez avec nous et je n’arrive pas à deviner à quel jeu mais je compte sur vous pour me renseigner, et maintenant !
- Aaaah… Cela, ça ne va pas être possible, répondit l’autre d’un ton faussement navré. Vous m’en voyez désolé.
La pression s’accentua et le filet de sang grossit sans amener de réaction notable.
- Nous n’irons nulle part, ni à Hashika, ni nulle part ailleurs, tant que je n’aurais pas eu d’explications.
Pour la première fois, Ohira fronça légèrement les sourcils.
- Mauvaise idée, Hatake-san. Je dois être à Hashika demain…
Le sourire railleur avait disparu.
Kakashi serra les dents.
- Vous auriez tort de me sous-estimer, Ohira.
Un silence puis Meiyamoto laissa échapper un ricanement étouffé :
- Vraiment ? J’apprécie le soucis que vous vous faites pour moi. En remerciement, veuillez également accepter un conseil…
Le jounin se raidit et sa gorge se dessécha, le regard soudain plongé dans deux yeux rouges dépourvus de pupilles.
- Vous auriez tort de vous surestimer.
Son cœur se déchaîna, ses tripes se nouèrent et il dut lutter pour maîtriser un tremblement incontrôlable, absurde qui menaçait de l’envahir tout entier. La main, qui tenait le kunai rendu soudain glissant et traître par la sueur, eut un frémissement. Une chaleur brûlante semblait émaner par vagues de l’autre homme, s’il s’agissait réellement d’un homme… Il ne détourna pas le regard, se refusa à le faire, conscient de commettre peut-être une erreur mais persuadé que l’alternative serait pire.
« Mais reprend toi, imbécile ! C’est toi qui tiens le kunai, cet enfoiré n’a même pas d’armes ! » mais même Gai s’époumonant à tue-tête ne put faire disparaître l’idée qui emplissait son esprit, le paralysant temporairement.
Il va me tuer.



Ohira leva soudain les yeux, avec un feulement étouffé mi-homme, mi-animal.
Kakashi en fit autant une demie seconde plus tard.
Six ninjas se laissèrent tomber des arbres les plus proches et atterrir en souplesse, se redressant d’un bond une fois touchés le sol, lançant à peine un regard aux cadavres entassés sur le sol.
Celui qui semblait les diriger carra les épaules et s’approcha de quelques pas, le visage dissimulé sous un masque de lièvre :
- Sixième unité des anbus de Konoha. Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire, là ?
Kakashi tourna la tête, le regard de son vis-à-vis était redevenu gris, froid, parfaitement impassible.

* * * * * * * * * * * * *


Et pensez à mettre des reviews pour une pauvre petite (auteuse? autrice? :???: ) sans défense...
Dernière modification par Arakasi le mar. 21 mars 2006, 08:56, modifié 4 fois.
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