bon j'ai mis du temps mais je pense être arrivée à un bon résultat

si si, cette fois promis, je l'aime bien ce chapitre

me tappez pas me tappez pas
Chapitre V
Abandonné
Une clairière entourée d’arbres sombres. Pas un bruit. Pas un souffle. Presque pas de lumière. Et puis soudain, deux ombres qui se jettent l’une sur l’autre. Son caractéristique de l’acier heurtant l’acier puis un cri de douleur. Du sang qui gicle. Et à nouveau le silence.
Kakashi essuya d’un geste brusque le sang qui maculait son visage avant de se pencher vers son adversaire qui haletait à ses pieds. C’était un garçon, cheveux blonds, yeux noirs, à peine plus vieux que lui. Un ninja de Kiri. Tapi dans l’ombre, il avait attaqué Kakashi alors que le garçon effectuait une mission de reconnaissance avec son équipe. Il s’était bien battu. Mais il avait fait l’erreur de sous-estimer Kakashi, justement à cause de sa taille et de son âge. Et ça lui avait été fatal. Certes Kakashi n’était pas grand mais comme tous les ninjas de petit gabarit, il compensait ce handicap par une vitesse supérieure à la moyenne. Sa tactique favorite ? Rompre sans cesse l’engagement et changer d’angle d’attaque afin d’obliger l’adversaire à modifier constamment sa garde. Kakashi savait par expérience, que tôt ou tard, une ouverture apparaissait. Il avait hésité un bref instant en voyant l’apparence juvénile de son adversaire ; mais cette hésitation avait brusquement cédé la place à une froide résolution quand il avait vu que le ninja ennemi n’avait, lui, aucun scrupule à attaquer plus jeune que lui. Instinct de survie oblige, il avait paré puis rendu les coups sans laisser la moindre chance au blond. C’était l’un ou l’autre. Pas d’alternative possible. C’était toujours comme ça. Et malgré la réticence qu’il éprouvait à combattre un garçon qui aurait pu être son frère, il fit son devoir. Et au bout d’à peine cinq minutes de combat, le blond s’était écroulé.
Kakashi s’accroupit devant lui et planta son regard froid dans les yeux vitreux du vaincu. Il n’aurait plus du respirer. Il aurait du mourir à la seconde où Kakashi avait frappé, visant le cœur avec précision. Seulement voilà, il n’était pas mort. Kakashi se mordit les lèvres. Il n’avait pas assez appuyé son dernier assaut. Il était obligé de l’achever s’il ne voulait pas passer la nuit à entendre dans ses rêves le gargouillement caractéristique de quelqu’un qui s’étouffe dans son sang. Il dégaina un kunaï et l’approcha de la gorge de son ennemi. Les yeux noirs se levèrent vers lui. Ils n’exprimaient rien d’autre que la résignation… et la peur peut-être aussi. Kakashi déglutit avec difficulté. Le poignard trembla légèrement.
- Pardon.
Les prunelles noires du jeune blond n’eurent même pas le temps de tressaillir de surprise. La lame d’acier entailla profondément sa gorge, le plongeant dans les ténèbres pour toujours. Kakashi le regarda fermer les yeux et s’affaisser doucement sur le côté avec un goût étrangement amer dans la bouche. C’était la première fois qu’il tuait quelqu’un d’aussi jeune. La sensation était très étrange. Une sorte de mélange entre… le dégoût… et la douleur. C’était comme si… il s’était tué lui-même. Il plaqua inconsciemment sa main droite sur son cœur. Pourquoi est-ce que ça faisait si mal tout à coup ?
- Kakashi ?
Le petit garçon releva légèrement la tête. En temps normal, il se sentait soulagé quand il entendait cette voix ; mais cette fois… cette fois il en était presque mécontent. Depuis quelques temps, il avait tendance à rechercher la solitude et à fuir les discussions. Or, il y en avait une qui s’amorçait derrière cet appel, il en aurait mis sa main à couper. Il se retourna.
- Oui, sensei ?
Si Arashi détecta le soupçon de sècheresse dans la voix de Kakashi, il n’en montra rien.
- Tu vas bien ?
- Oui.
- Sûr ?
- Oui, je vous dis. C’était un combat comme un autre.
Arashi fronça les sourcils avant de s’agenouiller devant son élève.
- Tu me le dirais si tu avais un problème, non ? Tu sais que je suis prêt à t’écouter si jamais tu as un souci.
Et voilà… ça n’a pas loupé.
- Je sais oui.
Il n’ajouta rien d’autre. Ça faisait maintenant quelques semaines depuis la dernière grosse attaque de Kiri mais la guerre n’en était pas finie pour autant. Elle avait même redoublé de vigueur depuis une ou deux semaines et le rythme des missions s’en ressentait douloureusement. Et si on ajoutait à cela les regards chargés d’animosité dont Kakashi était indirectement victime quand il se trouvait en compagnie de Sakumo, on ne pouvait pas vraiment dire que le petit garçon menait une vie très épanouie. Arashi savait tout cela mais il savait également que Kakashi se sentirait humilié s’il lui en parlait ouvertement.
Kakashi soupira intérieurement. Il savait très bien ce qui se passait dans la tête de son maître. Arashi n’était pas idiot et dans un sens, il ressentait les choses. Mais il n’avait pas envie d’en parler avec lui. Il n’était pas sûr de garder son calme. Plusieurs personnes étaient déjà venues le voir pour parler de Sakumo et pas toujours en des termes très élogieux. A croire qu’ils essayaient de le monter contre lui, et cela, Kakashi ne le tolérait pas. Il ne comprenait pas le sois disant bien fondé de leur stratégie. Et même s’il considérait Arashi comme un ami, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la méfiance à son égard. Il s’efforça donc de mettre un terme à la discussion.
- Où sont Rin et Obito ? dit-il d’un ton brusque.
Arashi comprit aussitôt le message et se releva.
- Ils vont bien. Ils nous attendent un peu plus loin ; je leur ai dit de nous attendre.
Kakashi hocha la tête et emboîta le pas à son sensei. Ils n’étaient qu’à quelques kilomètres de Konoha. Le Village de la Feuille regagnait peu à peu du terrain sur Kiri et des missions de sécurisation des zones récupérées, comme celle-ci, étaient régulièrement assignées à leur équipe. C’était dangereux mais Kakashi ne s’en plaignait pas. Ça lui permettait de se changer les idées, de sortir du village. La seule chose qui le dérangeait un peu, c’était…
- Obito ? C’est nous.
Un petit garçon aux cheveux bruns et le visage affublé d’énormes lunettes sortit aussitôt d’un buisson, un sourire soulagé sur le visage. En le voyant agir ainsi, Kakashi secoua la tête, partagé entre l’exaspération et la lassitude.
Pathétique. Un vrai novice…
- Et si ça n’avait pas été « nous », tu aurais fait quoi ? fit-il d’un ton cassant.
Pris au dépourvu, Obito rougit violemment. Arashi soupira.
- Kakashi a raison. Fais attention, s’il te plait.
- Mais comment ils auraient su mon prénom ? bredouilla le garçon en guise de défense.
Kakashi leva les yeux au ciel.
- Les ninjas négligent rarement les détails lors de missions de ce genre, expliqua patiemment Arashi. Ils auraient aussi pu nous entendre t’appeler.
- D’accord, j’ai compris, marmonna le jeune Uchiwa. Rin est deux cents mètres vers l’est, ajouta-t-il, espérant sans doute se sortir de cette situation gênante.
- Très bien. On va la chercher et ensuite, on rentre à Konoha. Arashi approcha de sa bouche l’émetteur radio qu’il portait au cou Equipe de relais ? Equipe 7 au rapport. Périmètre B54 sécurisé. … Très bien, je vous retrouve au point de ralliement. Bon, dit-il après avoir coupé la communication, allons chercher Rin.
Quelques minutes plus tard, ils étaient tous réunis et faisaient le point.
- Donc, tout s’est bien passé. A peine six ninjas dans la zone, c’est parfait, résuma Arashi. Obito, ça va mieux ?
Kakashi haussa un sourcil et se tourna vers son équipier. Apparemment il avait eu un problème, mais ce n’était pas vraiment une surprise en soi.
- Oui, je vais bien, bredouilla le brun. J’ai juste… juste un peu paniqué.
- Tu as eu peur, quoi. Qu’est-ce que ça a d’exceptionnel ?
Les regards d’Arashi, Obito et Rin convergèrent d’un seul coup vers le garçon aux cheveux argentés. Une lueur de mépris inhabituelle s’était allumée dans ses yeux bruns. Arashi fronça les sourcils. Rin écarquilla les yeux. Obito serra les poings.
- Je n’ai pas eu peur ! répliqua-t-il d’une voix mal assurée. Mais ils étaient nombreux et…
- C’est ça. Ils devaient être deux grands maximums…
- Kakashi, intervint Rin avec douceur, deux ninjas pour des Genins comme nous, c’est beaucoup tu sais…
Kakashi eut un sourire moqueur qui ne lui ressemblait pas.
- C’est vrai, j’oubliais, ricana-t-il. Il se tourna vers Obito. Tu portes le nom d’Uchiwa mais t’es loin d’avoir le niveau !
Obito tressaillit. Rin ouvrit la bouche de saisissement. Arashi eut une moue désapprobatrice. Qu’est-ce qui lui prenait tout à coup ? L’origine et le niveau d’Obito étaient des sujets tabous, ils s’étaient mis d’accord là-dessus. Alors pourquoi ?
- Comment… comment oses-tu dire une chose pareille ? bredouilla Obito, mais de rage cette fois.
Kakashi soupira et se détourna en haussant les épaules. A quoi bon leur répondre ? A quoi bon leur faire partager sa souffrance ? Ils ne comprendraient pas. Ils ne pouvaient pas comprendre. Ils appartenaient trop à Konoha. A ses habitants. A ses mœurs. Comment pourraient-ils comprendre sa souffrance ? Comment pourraient-ils voir un homme loyal et malheureux là où tous les autres voyaient un traître ? Non. Il était seul. Seul à soutenir son père. Seul avec sa souffrance.
Arashi se mordit les lèvres. Il aurait du y penser. Comment avait-il été assez idiot pour croire que le traumatisme psychologique dont Kakashi était victime ne se répercuterait pas sur l’ambiance au sein de l’équipe ? Il était bien trop jeune. Un autre enfant en aurait sans doute discuté. Mais ce n’était pas le genre de Kakashi. Il n’aimait pas parler de lui. Ça ne faisait pas de lui un garçon froid pour autant – il savait parfaitement rire et plaisanter lorsque les circonstances le permettaient – mais compte tenu des événements, il ne fallait pas s’étonner de sa violence.
Il détacha son regard de Kakashi pour regarder Obito. De toutes évidences, il était sous le choc. Ce n’était pas facile pour lui non plus. Détenteur d’un nom prestigieux mais l’honorant dans une très faible mesure, il vivait dans la crainte permanente de se faire humilier. Pour un rien et par tout le monde. Comme à l’instant. Arashi savait que ça n’aurait pas eu grande importance venant de quelqu’un d’autre. Après tout, on s’habituait à tellement de choses... Malheureusement, ç’a n’était pas venu de n’importe qui : Obito venait d’être insulté par celui qu’il admirait probablement plus que quiconque. Que devait-il ressentir à cet instant en voyant la moue dédaigneuse de Kakashi, Arashi n’osait même pas l’imaginer.
Les choses auraient été tellement plus simples si les deux garçons avaient pris conscience de leur souffrance respective. C’en était même ironique. Ils étaient là, si proches et pourtant si distants, souffrant dans leur coin en silence, attendant secrètement que l’autre fasse un pas en avant. Mais ils ne faisaient rien. Trop indépendants, trop fiers pour réaliser qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir mal. Il aurait pourtant suffi d’un mot, d’un geste. Mais c’était probablement le geste en trop. Au fond, ils se ressemblaient beaucoup. Il aurait souhaité que Kakashi s’en rende compte.
Puis il regarda Rin. Paralysée, tendue, elle contemplait ses équipiers avec l’expression de quelqu’un qui sait qu’il ne peut rien faire. Le fossé était bien trop vaste, les deux garçons trop éloignés. Et elle, au milieu, elle ne savait plus quoi faire pour les réunir.
- Bon, finit par dire Arashi pour dissiper une ambiance qui commençait à devenir vraiment tendue, écoutez. On réglera ça plus tard, d’accord ? Vous, rentrez à Konoha. Moi, je dois attendre l’équipe de relais ici. Faites attention et s’il y a le moindre problème, on garde le contact par radio. Compris ?
- Oui, Sensei, répondit Kakashi tandis que Rin hochait la tête.
Les épaules affaissées et la tête basse, Obito ne répondit rien. Mal à l’aise à l’idée de les laisser partir seuls, Arashi donna cependant le signal et quelques secondes plus tard, ses trois élèves avaient disparu. Il soupira.
J’espère que tout se passera bien.
Sakumo inspira à fond et levant une main légèrement fébrile, il frappa à la porte du manoir Uchiwa. Les trois coups portés contre le bois sombre eurent l’écho sinistre d’un gong sonnant une exécution. Sakumo frissonna. Il faisait froid en cette première journée d’hiver. Le ciel gris rendait le quartier terne et semblait se refléter sur le sol, plongeant l’espace dans une ambiance morne et triste. Des nuages sombres s’amoncelaient peu à peu. Il n’allait pas tarder à pleuvoir. Une bise froide se leva et vit tourbillonner des feuilles mortes autour du ninja. Au bout d’une minute ou deux, le lourd battant s’entrouvrit. Une vieille femme apparut dans l’embrasure. Reconnaissant Hatake Sakumo, elle hésita un bref instant puis s’inclina.
- Hatake-san. Que voulez-vous ?
- Je suis venu voir Tashiro. Est-il là ?
- Le maître est là, oui, répondit la servante en hochant la tête. Je vais l’avertir de votre présence.
Et avant que Sakumo ait pu dire quoi que ce soit, la porte se referma sous son nez dans un claquement sonore. Eberlué, Sakumo fit un pas en arrière. Ainsi, on laissait les gens à la porte maintenant ? Drôle de manière. Etait-ce une nouvelle mesure de sécurité ou bien… Son estomac se contracta douloureusement. Ou bien Tashiro avait-il donné des ordres le concernant ? Sakumo se mordit les lèvres. Il avait longtemps hésité à venir. Le fait qu’il n’ait pas été voir Tashiro durant sa convalescence ajouté à son actuelle impopularité ne le mettait pas vraiment en odeur de sainteté mais il ne pouvait plus rester sans rien faire. Il fallait qu’il lui parle. Il avait besoin de lui parler, de se confier à quelqu’un. Et après tout, Tashiro n’était-il pas son meilleur ami ? Ne s’étaient-ils pas jurés amitié et loyauté quoi qu’il arrive ? Si, bien sûr que si ! Il se rappelait même du jour. Avec Tashiro, c’était à la vie, à la mort. Il le savait. Alors pourquoi avait-il si peur de se retrouver face à lui ?
Une minute s’écoula. Puis deux. Puis cinq et dix. Et alors que Sakumo, déçu, s’apprêtait à partir, la porte se rouvrit enfin. Uchiwa Tashiro apparut sur le seuil. Sakumo eut tout d’abord un sourire. Il avait l’air d’aller bien. Mais en croisant son regard, il se figea. Jamais Tashiro ne l’avait regardé ainsi. Comme s’il avait fait face à un étranger ou pire… à un ennemi. Ses yeux noirs luisaient d’un éclat glacé et son visage n’exprimait aucune émotion particulière. C’était un masque d’impassibilité. Pétrifié, Sakumo resta sans voix.
Ce n’est pas possible. Pas lui…
Au dessus d’eux, le tonnerre se mit à gronder.
- Que veux-tu, Sakumo ?
Tashiro s’était finalement décidé à parler mais il aurait tout aussi bien pu garder le silence tant le ton de sa voix fut impersonnel.
- Euh… je te remercie, je vais bien, bredouilla Sakumo avec un petit rire nerveux. C’est gentil de demander.
- Je t’ai posé une question.
- Ce que je veux ? Sakumo fit mine de réfléchir. Oh ben, je ne sais pas. Te voir. Discuter avec toi, te raconter quelques trucs. Tu sais, le genre de choses qu’on fait entre amis… Mais apparemment, j’ai pas choisi le bon jour. Non seulement tu me fais patienter dehors dans un froid glacial mais en plus tu me parles comme si j’étais un étranger. A quoi tu joues ?
- Tu n’es plus le bienvenu chez les Uchiwa, Sakumo.
Quelques gouttes de pluie se mirent à tomber. Les yeux de Crocs Blancs s’agrandirent sous le choc. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre contenance.
- Q… Quoi ?
- Tu as bien compris.
- Mais… mais… Tashiro…
- Ne te présente plus ici. Ne parle plus avec nous. Disparais de nos vies.
Les mots étaient frappés, durs comme de l’acier. Le ninja tituba intérieurement.
- Attends, attends ! La panique lui nouait l’estomac à tel point qu’il en avait mal. Tu n’es pas sérieux ! Tashiro, je t’ai… je t’ai sauvé la vie ! Tu es mon meilleur ami ! J’ai besoin de toi ! Mon erreur de la dernière fois ne va quand même briser notre amitié ! Souviens-toi…
- Ton erreur de la dernière fois a fait bien plus que de briser notre amitié, répliqua froidement le Uchiwa. Il a brisé des vies, des centaines de vie. Et notre village. Par ta faute, il a été détruit. Quant à m’avoir sauvé…
Il détourna les yeux.
- Jamais je n’ai eu aussi honte d’être en vie, Sakumo. Jamais.
La pluie s’intensifia brusquement mais Sakumo n’y prit pas garde. Il était bien trop assommé.
- Je… je ne peux pas croire ce que j’entends… Sa voix n’était plus qu’un murmure. Tashiro, je t’en prie ! Je t’en supplie !! On est amis !
- On
était amis. Tu n’es plus qu’un traître à mes yeux, Hatake. Et les Uchiwa n’ont pas d’affinité avec les traîtres.
Et sur ces mots, il lui claqua la porte au nez. Pour Sakumo, ce fut comme si la terre venait de s’ouvrir sous ses pieds. Son dernier espoir, la dernière main qui aurait pu le sortir du gouffre venait de disparaître pour toujours. Un éclair blanc zébra le ciel noir, accompagné de nouveaux coups de tonnerre. Le désespoir l’envahit. Il était seul. Après Tsunade, Tashiro venait lui aussi de l’abandonner.
Il l’avait craint sans vraiment y croire. Il avait sincèrement pensé que son ami le soutiendrait, qu’il l’aiderait. Mais il avait oublié qu’avant d’être un ninja, qu’avant d’être un ami, Tashiro était surtout le leader du clan Uchiwa. De fait, il devait se montrer ferme. Mais ça faisait mal. Très mal. Son meilleur ami l’abandonnait, tout le monde le méprisait. Il ne lui restait plus rien… hormis son fils. Mais à ce stade, était-ce encore suffisant ? Bouleversé, le cœur meurtri, il se détourna sans entendre les sanglots de l’autre côté de la porte de bois sombre.
Ses pas le portèrent devant le mur des Hokages. Il ne savait pas trop pourquoi et puis au fond, quelle importance ? Il leva les yeux vers les visages sculptés, un rictus amer sur les lèvres. Avaient-ils eux aussi subi un jour la calomnie ? Peu probable. Durant toute leur vie, ils avaient fait les bons choix, pris les bonnes décisions au bon moment ; ils avaient vraiment protégé leur peuple. C’est ce qui faisait la différence avec lui. Des larmes coulèrent de ses yeux gris, se mêlant à la pluie qui avait depuis longtemps trempé son visage et ses cheveux. Le découragement lui gonfla la poitrine. Pourquoi ? Pourquoi s’escrimaient-ils tous à ne pas comprendre ? Il avait agi dans le seul but de les sauver. Les sauver, nom d’un chien ! Bien sûr que ça n’excusait pas le résultat ! Il l’avait compris avant même qu’eux ne découvrent la vérité. Mais bon sang, il ne méritait pas tout cela. Pas après tout ce qu’il avait fait pour eux !!
- Je ne cherchais qu’à les protéger !!! hurla-t-il en levant le visage vers les cieux tandis que l’averse redoublait de violence.
Les visages de pierre restèrent impassibles, silencieux témoins du désespoir d’un homme. Seul le grondement furieux de l’orage lui répondit. Les rues s’étaient vidées. Quelques habitants surpris par la pluie coururent se mettre à l’abri mais aucun ne fit attention à Sakumo. Trempé, épuisé, crucifié par la douleur, il restait là. Il ne pouvait plus bouger. Il ne voulait plus se battre. C’était devenu trop dur. Il était écoeuré. Ecoeuré du manque de reconnaissance des habitants du village, écoeuré de sa propre bêtise, écoeuré de la vie. Ce n’était pas juste. Mais il n’y pouvait plus rien désormais.
Quand il rentra chez lui quelques heures plus tard, il découvrit Kakashi endormi sur le canapé du salon. Une assiette vide traînait sur la petite table. Sans doute l’avait-il attendu assez longtemps, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus résister au sommeil. Sakumo soupira. Pauvre gosse. La vie n’était pas juste avec lui non plus, et c’est ce qu’il supportait le moins. Kakashi n’avait rien fait pour mériter cela. Il était bien trop jeune. Soupirant de nouveau, il le prit dans ses bras, le souleva sans aucun effort et alla le porter jusqu’à sa chambre. Puis il alla se coucher à son tour. Peut-être se réveillerait-il demain en réalisant que sa dernière mission n’avait pas encore commencé…
voilà ! j'avais prévu de le faire plus long mais finalement je le laisse comme ça. je pense que le prochain sera le dernier consacré à Sakumo...